@Vibe : Fin 2006, juste avant le déclenchement de la crise des subprimes, la prime de risque du marché actions US était proche de sa moyenne de long-terme de 4,2%. Impossible à mon avis d’en tirer la moindre conclusion : à ces niveaux (disons entre 3,5% et 5,5%), ça peut partir violemment d’un côté comme de l’autre.
Donc la prime de risque du marché actions ne fournit pas à mon avis une information "investissable" lorsqu’elle est à ces niveaux moyens (3,5-5,5%) : elle permet juste de dire qu’a priori on n’est pas en bulle, et que les prix ne sont pas non plus particulièrement attractifs. A ces niveaux, on ne peut pas se dispenser d’une analyse fondamentale sur les risques (en l’occurrence, en 2006, l’accumulation d’énormes risques dans le système bancaire mondial).
La prime de risque du marché actions fournit sans doute une information bien plus intéressante à l’investisseur lorsqu’elle s’éloigne beaucoup de sa moyenne de long-terme : par exemple, une prime (aux USA) au-dessus de 6% doit plutôt encourager l’investisseur à augmenter son exposition aux actions, alors qu’une prime en-dessous de 3% doit plutôt l’inciter à la réduire.
Des backtests montrerait sans doute l’intérêt d’une telle stratégie de variation contracyclique de l’exposition aux actions selon les "signaux" envoyés par la prime de risque du marché actions lorsqu’elle s’éloigne trop de sa moyenne de long-terme..
Mais une telle stratégie demande une grande discipline : par exemple, si l’on fixe les "déclencheurs" à 3% et 6% :
- l’investisseur aurait réduit son exposition aux actions dès 1997, loupant ainsi 3 années de très forte croissance des marchés (1997-1999) : pas du tout facile psychologiquement… Mais il aurait pris une revanche spectaculaire dès 2000, quand le bain de sang a finalement commencé ;
- l’investisseur aurait augmenté son exposition aux actions dès fin 2008 : choix très pertinent (le rebond commençant en mars 2009), mais plus facile à dire qu’à faire dans l’ambiance de fin du monde qui régnait fin 2008.
Perso le fait que la prime de risque du marché actions US, fin 2019, soit à 5,2% (1 point au-dessus de sa moyenne de long-terme), m’a rassuré sur l’absence d’une bulle (malgré l’existence d’indices comportementaux comme les cryptos, les stocks cannabis, Tesla etc.). Dès lors, j’ai considéré que si elle augmentait brutalement (ce qui a été le cas en février-mars 2020), cela devait être une opportunité d’achat.
Mais un élément au moins aussi important dans ma réflexion est que j’ai toujours considéré cette crise comme résultant d’un choc exogène (une pandémie), qui contrairement à une crise endogène (comme en 2007-2008) ne remet pas en cause les fondements du système économique et financier mondial, et qui devrait donc être suivie d’un schéma classique de rebond en V. Je crois que j’aurais eu plus de mal psychologiquement à investir en actions dès 2009, dans un contexte à mes yeux beaucoup plus dangereux de crise endogène.