Sur ce sujet il faut quand même aller un peu plus loin dans le questionnement.
- Orpea est une entreprise française et l’enquête réalisé est franco-française.
Néanmoins Orpea est le 1er opérateur européen et un des leaders au niveau mondial.
Il ne faut donc pas être franco-centré et Orpea est largement leader dans plusieurs pays européen, dont des pays ou Pierval (et d’autres) est positionné.
- Orpea est devenu leader en Europe notamment par des opérations de croissance externe. Des ehpad indépendants gérés par des entreprises familiales ont ainsi toute les chances de rejoindre à moyen long un grand groupe type Orpea ou autre. Phénomène classique de consolidation.
- Le groupe Orpea ne fait pas que des ehpad, mais intervient sur différents segments (résidence service, clinique SSR, psychiatrique, aide a domicile, ehpad, etc) et exploite plusieurs marques dans le secteur médical.
- Le sujet de fond qui est soulevé par cette affaire dépasse largement le groupe Orpea. Qui peut sérieusement croire que c’est juste Orpea le vilain petit canard de la bande et que tout le reste du secteur est nickel et irréprochable ?
C’est un sujet macro, et la réflexion doit être sectorielle.
Le sujet de fond est l’exploitation par des groupes privés, parfois coté en bourse, souvent archi-subventionné, et qui sont donc dans une logique de cout et d’arbitrage permanent cout / bien être, de façon a maximiser la rentabilité (dividende, cours de l’action) dans une approche, comme d’autres secteurs, très (trop) court-termiste.
- Quelle va être la réponse politique face au scandale sur un sujet qui concerne en 1er lieu les anciens qui sont une catégorie de population qui vote beaucoup (avec peu d’abstention) ?
Il parait probable que de nouvelles contraintes ou normes (les politiques en sont spécialistes) apparaissent dans les prochains mois. Ces contraintes ne seront pas uniquement applicables chez Orpea mais bien à l’ensemble du secteur, et ces contraintes vont se traduire sans nul doute par des augmentations structurelles des couts d’exploitation.
Le secteur de l’immobilier de santé est très binaire, et assez risqué.
- Rappelons que ce n’est pas le propriétaire des murs qui est titulaire de l’agrément mais bien l’exploitant.
- l’exploitant qui ne considère pas rentable un site (ou plus rentable si de nouvelles normes imposent des couts supplémentaires) peut rendre les clés, tenté renégocier le bail, déclarer en faillite la société d’exploitation, entre autres exemples.
- une clinique ou tout autre établissement de santé qui est lâché par un exploitant à toutes les chances d’avoir de grande difficultés à trouver un autre exploitant.
- un clinique ou tout autre établissement de santé qui est vacant perd beaucoup beaucoup de valeur. ce sont des actifs généralement mal situés, ce sont des actifs très spécifiques. Quid de leur éventuelle reconversion ? a quel prix ?
Déjà que personnellement l’afflux de capitaux massifs sur un marché assez étriqué en terme de profondeur me posait question (les prix sont à leur plus haut niveau jamais connus), ces nouveaux éléments ne vont pas dans le sens de me rassurer fondamentalement, bien au contraire.
La réalité est que l’équation vieillissement = besoin de santé est bien trop simpliste et que l’équation globale est bien plus complexe que ça.