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#3901 23/01/2022 13h29
- GoodbyLenine
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Je vous laisse faire vos recherches en ce sens, si ça vous intéresse tant.
Les mêmes prêtent aussi à d’autres pays (et pas que), d’ailleurs.
Lorsqu’une entreprise (même si la comparaison avec un Etat est assez artificielle), qui cherche des financements, a de multiples propositions de prêts, pour des montants bien plus élevés que ce qu’elle demande, et pour des durées allant jusqu’à des décennies, je pense que toute personne qui prétendrait qu’elle serait "en faillite" se couvrirait de ridicule.
Et pourtant, quand il s’agit de la France, certains (qui parfois osent même se vanter d’être plus patriotes que leurs concitoyens !) n’hésitent pas, avec quelques raisonnements savants,… et il se trouve plein de personnes pour les croire sur parole, sans vraiment émettre d’objection.
Après, on peut considérer qu’il serait plus sain d’être créditeur que débiteur. Mais en fait, ce n’est pas la situation créditeur/débiteur qui importe, c’est la capacité à faire face dans le futur, ça dépend de ce qu’on a fait de l’argent emprunté, s’il a servi a acquérir des bons actifs (matériels et immatériels), et si on dispose ainsi de générateurs de flux futurs pour faire face à ses échéances (et à ce niveau, les prêteurs donnent leur opinion avec leur pieds : ils prêtent ou pas, et à des taux fonction de leur perception du risque).
J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)
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#3902 23/01/2022 13h36
- Aigri
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Je vous remerc1e infiniment pour votre réponse, qui est en fait votre sentiment.
GoodbyLenine a écrit :
Les mêmes prêtent aussi à d’autres pays (et pas que), d’ailleurs.
Cette phrase voudrait dire que savez qui sont ces adjudicataires ?
Donne un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour s'enfuir.
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#3903 23/01/2022 13h36
- carignan99
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@GBL
Je n’ai rien compris à votre dernière phrase, qui avait l’air intéressante mais formulée de façon très cryptique. Que vouliez-vous dire?
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#3904 23/01/2022 14h03
- Oblible
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GoodbyLenine a écrit :
Une bonne nouvelle pour l’avenir économique de la France: il y a toujours plus qu’assez de monde disposé à prêter à la France à des taux très bas, et sur des durées longues (voir Dernières adjudications | Agence France Trésor ). Et eux mettent leur argent en jeu, pas juste leur opinion ou leurs théories.
Pas vraiment, les acheteurs de la dette Française sont en majorité des compagnies d’assurance, des OPCVM et des banques, elles investissent donc l’argent de leurs clients et pas le leur
https://www.aft.gouv.fr/files/medias-af … 202021.pdf
https://www.economie.gouv.fr/facileco/c … e-publique
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#3905 23/01/2022 16h22
- GoodbyLenine
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Oblible a écrit :
Pas vraiment, les acheteurs de la dette Française sont en majorité des compagnies d’assurance, des OPCVM et des banques, elles investissent donc l’argent de leurs clients et pas le leur
Avec ce genre d’argument, il n’y aura certes rien qui pourrait vous convaincre, qu’il existe une réelle confiance dans la dette de la France.
Les assurances, comme les banques, engagent des fonds (s’ils ne viennent pas d’OPCVM, où effectivement les fonds sont bien ceux des clients, mais ça semble limité à 2% de l’encours) qui, s’ils sont perdus, impacteront leur résultat, leurs fonds propres, et pourraient même les mettre en difficulté.
Vous passez fort rapidement sur 24% de l’encours détenus par des "autres(résidents)", 25% de l’encours détenu pas des "entités non bancaires non résidentes", et 18% de l’encours détenus par le "secteur public non résidents" par exemple. Donc ce que vous appelez "majorité" semble en fait … minoritaire.
Remarquons que les non résidents investissent ces sommes en fonction de leur perception du couple rendement/risque, et que vous pouvez difficilement considérer qu’ils le feraient selon les instructions de quiconque en France…
Rien que la très grande variété des détenteurs de l’encours est un signe de la confiance en cette dette, et illustre le fait que ce ne sont pas les difficultés d’un seul type d’acteur qui pourraient faire revenir l’ensemble du papier sur le marché (ce qui alors poserait un problème pour émettre de la nouvelle dette). Je ne sais pas bien ce qu’il pourrait y avoir de plus résistant que ça…
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#3906 23/01/2022 16h36
- doubletrouble
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@GoodByLenine : J’admire votre optimisme permanent, mais franchement tout le monde sur ce forum s’accordait à déplorer la dette de l’Italie lorsqu’elle atteignait 130% du GDP, vous espérez sérieusement nous vendre que 115% d’endettement, du jamais vu depuis l’après guerre, c’est une chance pour la France ? Encore heureux qu’il y ait encore des gensbanques centrales pour en vouloir de cette dette, sinon on aurait de sérieux ennuis. Vous vous rappelez peut-être de ce qui est arrivé à la Grèce il y a quelques années ? Ou comment ce petit pays est devenu une colonie allemande sous couvert d’austérité ?
✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.
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[+1 / -1] #3907 23/01/2022 16h47
- franck71
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Comme d’habitude GBL vous êtes dans l’admiration et l’optimisme béat. Vous choisissez de voir uniquement ce que vous voulez voir…comme d’habitude.
Dire que les étrangers ont une totale confiance en l’état français c’est un peu comme dire qu’un propriétaire qui loue son studio à un étudiant a total confiance en lui. Il a juste confiance en lui car il a l’APL et papa/maman en garant. Vous remplacez l’apl par la BCE et papa/maman par l’Allemagne pour la France et on comprend beaucoup mieux pourquoi les créanciers prêtent si facilement à la France.
D’ailleurs, si vous preniez un peu de recul par rapport à ces placements de dettes et ces taux, vous constateriez que l’ensemble des européens (y compris Grèce et compagnie) obtiennent des taux relativement intéressants. Est-ce à dire que les investisseurs ont une confiance totale en ces pays (alors même qu’ils n’en accordaient aucune en 2011 avec une situation financière pourtant bien meilleure !) ?
Enlevez l’Allemagne de l’EURO et le chateau de cartes s’effondre…
Que vous vous-rassuriez comme vous pouvez, c’est une chose, mais permettez aux autres d’être en désaccord avec vous sans prendre votre tonn (obligé de mettre 2n sinon le filtre bloque;) ) condescendant habituel svp….
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#3908 23/01/2022 18h17
- Flavius
- Membre (2017)
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Qui achète la dette française?
La France, comme la plupart des grands pays, a un systèmes de grossistes, les Spécialistes en Valeurs du Trésor (en anglais primary dealers). Il s’agit d’une vingtaine de grosses banques qui absorbent l’intégralité de la dette dans un premier temps. Elle n’a pas vocation à y rester et on observe qu à ce jour, la politique de Quantitative Easing de la banque centrale absorbe quasiment 50% des émissions de la France; cela devrait baisser quand la création monétaire aura elle aussi baissé.
Le stock de dette reste en bonne partie détenu par nos assureurs, mais le fait est: quand un remboursement a lieu, il est de moins en moins réemployé dans la dette d’Etat (les OAT) car à des taux de 0%, donc au-dessous de l’inflation, c’est du masochisme obligataire et nos institutionnels sont obligés d’acheter de la dette privée et de l’immobilier pour maintenir un équilibre actif/passif fragilisé par la baisse des taux. Il ne faut pas compter sur eux, à ce niveau de taux, si la BCE se retire.
Alors qui reste-t-il? les banques.
Mouvement tectonique, les réglementations (Bale 3 avec ses ratios de liquidité et de capital) ont poussé les banques européennes à accumuler des sommes considérables de dettes d’Etats.
Le taux absolu de l’OAT est moins déterminant pour la banque que pour l’assureur: pourquoi? Le passif n’est pas celui de l’assureur. La banque a accès au robinet de la BCE (taux négatif, TLTRO etc.) qui lui permet de financer à des taux zéro, et à faire non plus de la transformation de crédit comme jadis, mais de la transformation depuis la BCE vers les obligations d’Etats.
C’est donc l’écart entre les taux (courts) auxquels se financent les banques, et le rendement des OAT qui détermine l’attractivité d’en porter pour celles-ci.
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4 #3909 23/01/2022 18h22
- GoodbyLenine
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Là où certain voient de "l’admiration et l’optimisme béat", je me suis contenté, dans mon message #3898 de répondre à une sollicitation ("Si vous avez des bonnes nouvelles pour l’avenir économique de la France j’aimerais donc les entendre !") du message juste avant, qui me semblait ne voir que le côté négatif de la situation économique de la France.
Ensuite, j’ai réagit à un message qui me semblait déformer la réalité en écrivant "les acheteurs de la dette Française sont en majorité des compagnies d’assurance, des OPCVM et des banques, elles investissent donc l’argent de leurs clients et pas le leur" (la majorité, c’est bien "> 50%" ?).
Si vous avez compris que je voulais dire que la situation économique de la France est idéale et garantit un avenir radieux, vous m’avez mal lu. Je pense que, dans la situation économique de la France, et ses perspectives d’avenir, il y a des points négatifs comme des points positifs (mais fort peu de monde en parle sur cette discussion…), et je considère qu’ignorer les uns ou les autres revient effectivement à se voiler la face.
Force est de constater que, pour le moment, il se trouve pléthore d’acteurs économiques (de nature et d’horizon très varié) disposant de cash qui font largement confiance à la qualité de la dette de la France (et donc également à l’avenir économique de la France). Et c’est bien un élément positif de la situation économique de la France.
Bien sur, on parle de la France telle qu’elle est actuellement, à savoir dans la zone Euro (laquelle comporte 19 pays qui trouvent TOUS leur intérêt à y être, Allemagne incluse, sinon ils en seraient sortis), dans l’Union Européenne (laquelle comporte 28 pays qui trouvent TOUS leur intérêt à y être aussi…), etc. Si on changeait tout ceci, la situation serait bien entendu différente, et la confiance dans la dette de la France, comme la situation économique de la France et son avenir, potentiellement aussi.
Je ne pense pas avoir un "ton condescendant habituel". Je pense que qualifier ainsi (pour discréditer la personne, à défaut de discuter ses arguments) quelqu’un qui présente quelque chose allant dans un sens qui ne vous plait pas, n’est pas une preuve de volonté de débattre sereinement.
J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)
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#3910 23/01/2022 18h55
- emilienlar
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Parmi les charges qui pèsent sur les entreprises, il en est deux qui prennent un tour particulièrement inquiétant et alimentent certainement les tensions inflationnistes :
- la hausse pharamineuse des coûts de l’énergie, qui pénalise les PME industrielles, au point que certaines d’entre elles envisagent d’utiliser des groupes électrogènes tant le coût de la facture énergétique devient insupportable :
Hausse des prix de l’énergie : les entreprises voient leurs factures flamber
- l’explosion des primes d’assurance ; non seulement elles augmentent mais la couverture diminue, en excluant systématiquement des risques majeurs comme les cyber-attaques ou la perte d’exploitation pour motif épidémique :
Explosion des primes, exclusions de garanties? le casse-tête de l?assurance entreprise - Capital.fr
Ce sujet, sur lequel on attendrait logiquement M. Macron ou Mme Pécresse n’avait jusqu’ici guère été abordé dans le débat électoral du moment, ce jusqu’à ce midi au "grand jury" où un "petit candidat" a carrément mis les pieds dans le plat.
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#3911 23/01/2022 19h13
- GoodbyLenine
- Modérateur (2010)
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Sans surprise, le "petit candidat" évoqué/promu par emilienlar (Stokes) est facile à reconnaitre (voir ici).
Je suis surpris de lire que le sujet de l’augmentation forte des coûts de l’énergie n’aurait pas été évoqué.
Le sujet des assurances me semble bien plus anecdotique, avec un impact financier plus faible (les assureurs répartissent le coût du risque sur tous ceux qui pourraient le subir; ils ne le font pas disparaitre; ils peuvent aussi inciter à des mesures permettant de diminuer le risque).
Ca n’a pas grand chose à voir avec la situation économique et l’avenir économique de la France, mais vouloir nier la réalité du monde dans lequel se situe la France (l’énergie coute plus cher, partout, et pas seulement parce qu’un cartel -OPEP- l’a décidé), ou demander à l’Etat de compenser cette réalité, ne me semble pas le meilleur moyen d’améliorer la situation. Les messages des divers candidats de gauche, absolument pas préparée à une alternance (et qui doivent désespérer leurs troupes), vont sans doute aller dans tous les sens ces prochains temps.
J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)
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2 #3912 23/01/2022 19h35
- emilienlar
- Membre (2020)
- Réputation : 206
“INTJ”
En l’espèce ce n’est pas un cartel mais l’Union Européenne qui a décidé de libéraliser les marchés du gaz et de l’électricité et contraint les états, dont le nôtre, à démanteler les monopoles publics qui vendaient cette énergie gazière comme électrique au coût marginal.
Non seulement, cette libéralisation n’a pas permis de faire baisser les prix comme l’annonçaient la bouche en coeur les experts de Bruxelles, mais au contraire elle conduit les entreprises à acquitter des factures exorbitantes car elles ne bénéficient pas des tarifs administrés comme les particuliers.
Comme si cela ne suffisait pas, aux ayatollahs du libéralisme s’ajoutent les mollah de la transition énergétique qui osent affirmer que la réduction des gaz à effet de serre passe le démantèlement de notre parc électronucléaire.
Il est pourtant crucial de mettre à disposition des ménages comme des entreprises une énergie électrique à bon marché ; notre pays, fort de ses centrales nucléaires et de ses grands barrages, dispose de tous les atouts pour ce faire.
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7 #3913 23/01/2022 19h55
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
On observe une lente baisse de la détention de la dette publique française par les non-résidents, mais effectivement à mon sens il ne faut pas y voir une supposée perte de confiance, parce que cette baisse reflète avant tout l’effet d’éviction du QE massif par la BCE - c’est-à-dire l’accumulation de titres d’Etats français par la Banque de France, au titre des programmes d’achats successifs de la BCE. (Selon ma compréhension, la BdF est comptée parmi les "Autres (français)" - ce serait mieux pour l’intelligibilité de ces graphiques de la distinguer clairement, compte tenu de l’importance de sa détention de titres.)
Autre signe de confiance des investisseurs dans la qualité de la signature de l’Etat français : la prime des Credit Default Swaps (CDS) à 5 ans sur la France est actuellement basse, à 18 points de base - comparé à 8 points de base pour l’Allemagne et 93 points de base pour l’Italie. La prime des CDS à 5 ans est fonction (1) de la probabilité de défaut des émetteurs d’obligations à un horizon de 5 ans et (2) de la perte pour le détenteur des obligations en cas de défaut (loss-given-default).
Prime de CDS à 5 ans pour la France (source : DataGrapple) :
Prime de CDS à 5 ans pour l’Allemagne :
Prime de CDS à 5 ans pour l’Italie :
On voit que pour l’Italie, les chocs exogènes (comme la pandémie COVID19) ou endogènes (comme la victoire électorale des partis populistes en 2018) ont eu un effet beaucoup plus important que pour la France (a fortiori pour l’Allemagne), probablement en raison d’une perception par les marchés que la qualité de la signature souveraine de l’Italie peut souffrir de tels chocs.
Cette sensibilité de la qualité perçue de la signature souveraine est un gros handicap pour l’Italie :
- en faisant monter (même temporairement) la prime de risque souverain sur l’Italie, les chocs renchérissent évidemment d’autant le coût de refinancement de la dette publique italienne, dégradant la soutenabilité de la dette publique au pire moment (quand l’Etat doit augmenter ses dépenses sociales et autres pour répondre au choc sur l’économie) ;
- l’augmentation de la prime de risque souverain se transmet à toute l’économie (car les rendements obligataires souverains sont utilisés comme benchmarks par les banques pour leurs taux de dépôts et de prêts), avec un effet procyclique très néfaste lors des chocs : par exemple l’augmentation de la prime de risque souverain de l’Italie au début de la pandémie "efface" l’équivalent de 6 baisses de taux de 25 points de base chacune par la BCE ! (en fait la politique accommodante de la BCE pendant la pandémie s’est faite essentiellement par le QE et des opérations de refinancement de très long-terme, et non par des baisses du taux directeur, déjà à 0%)
Si l’on met sur un graphique (a) l’encours de la dette publique en % du PIB et (b) la prime de risque souverain (le CDS à 5 ans), pour les 5 grands pays européens :
Note : En abscisses, il s’agit de la prévision du FMI pour la dette publique brute (general government gross debt) à fin 2021.
On voit que le marché continue à traiter la France comme plus proche de l’Allemagne que de l’Italie.
Mais on voit aussi que la dégradation rapide des fondamentaux budgétaires de la France la place sur une trajectoire dangereuse - parabolique bien plus que linéaire. (D’autant plus qu’au jeu des comparaisons certains pays, comme l’Espagne, ont mis en œuvre des réformes plus ambitieuses que nous pour stabiliser leurs dépenses publiques.)
Le risque principal à mes yeux, c’est celui d’une "italianisation" de la France si les pouvoirs publics persistent dans une auto-satisfaction dangereuse et ignorent le dérapage des fondamentaux budgétaires : cela ne signifie pas un risque élevé, pour la France pas plus que pour l’Italie, de défaut souverain à moyen-terme ; mais cela signifie une vulnérabilité bien plus grande aux chocs extérieurs (pandémies, crises géopolitiques, financières, commerciales etc.) ou intérieurs (instabilité politique ou sociale), très coûteuse pour l’économie française, avec pour conséquence un décrochage non seulement économique mais aussi politique par rapport à l’Allemagne. C’est sans doute l’un des enjeux importants de l’élection présidentielle de cette année, même si malheureusement peu de Français s’intéressent à ces sujets.
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#3914 24/01/2022 08h43
- toufou
- Membre (2017)
- Réputation : 115
Bonjour Scipion, vous pourriez expliciter ce que vous appelez un décrochage politique entre France et Allemagne ?
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#3915 24/01/2022 10h07
- zendoi
- Membre (2011)
- Réputation : 27
Bonjour à toutes et à tous
Scipion8, j’ai bien regardé l’ensemble de vos graphes sur le site idoine, et une question ne trouve pas de réponse, peut être pouvez vous y répondre.
On voit une décorrélation qui (je parle au niveau européen) débute et semble (toute proportion gardée) se confirmer entre les certains groupes d’états depuis fin octobre 2021. Je n’arrive pas à trouver une explication particulière (peut être l’arrivée Omicron mais j’ai du mal avec cette idée là).
L’évolution est faible mais j’aime comprendre et là sauf oubli de ma part je ne vois pas d’explication
En vous remerciant
Bonne journée à tous
ps: je crois avoir réussi l’envoi, en espérant que le graphe soit assez représentatif de mon questionnement.
Bonne journée
Dernière modification par zendoi (24/01/2022 18h26)
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4 #3916 24/01/2022 23h00
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Zendoi : Plus qu’une décorrélation (puisque sur votre graphique les CDS de l’Italie et de la Grèce semblent monter de façon assez corrélée), il s’agit probablement d’un repricing des risques de crédit souverain au sein de la zone euro, par rapport à la référence (l’Allemagne). On le retrouve aussi dans les spreads obligataires souverains (par rapport à l’Allemagne), qui ont tendance à augmenter après une longue période de contraction.
En l’absence de nouvelles spécifiques sur le front politique ou budgétaire dans les pays perçus comme les plus risqués, l’explication la plus probable est que ce repricing du risque souverain dans la zone euro est la conséquence d’une anticipation d’une politique monétaire un peu moins accommodante de la BCE ces prochaines années (car il s’agit ici de CDS à 5 ans), notamment d’une diminution des volumes (les « flux ») de QE (voire à terme d’un tapering, comme aux USA, c’est-à-dire une réduction progression du portefeuille de QE, c’est-à-dire du « stock »).
Le QE a tendance à comprimer les spreads obligataires souverains, car il évince les investisseurs des obligations les plus sûres (allemandes, par exemple), et les pousse à chercher ailleurs (par exemple en Grèce) des obligations avec des rendements plus attractifs.
A contrario, quand le marché anticipe une diminution des volumes de QE, les rendements obligataires peuvent s’écarter par le jeu des anticipations.
Une autre façon de voir, c’est qu’une politique moins accommodante de la BCE (sans doute pas dans l’immédiat, mais à l’horizon de 5 ans du CDS) rendra plus coûteux le refinancement des Etats lourdement endettés, augmentant ainsi leur probabilité perçue de défaut, alors que les Etats peu endettés sont peu affectés par ce resserrement monétaire.
(On voit la même chose en bourse : une augmentation importante des taux d’intérêt peut peser davantage sur des entreprises endettées qui vont devoir refinancer plus cher leur dette venant à maturité, que les entreprises cash-rich qui vont au contraire profiter d’une opportunité de mieux rémunérer leurs liquidités.)
Ce n’est pas la seule explication possible (mais c’est la plus probable). Un autre programme clef de la BCE qui comprime les spreads obligataires souverains, c’est le programme OMT (Outright Monetary Transactions), qui est le « bouclier » de la zone euro (créé par Draghi en 2012) contre les crises obligataires souveraines comme celles de 2011-2015. Il n’a jamais été activé mais sa seule existence réduit beaucoup le risque de défaut souverain. Toute mise en cause de la pérennité de ce bouclier peut entraîner un écartement des spreads obligataires et des CDS.
@Toufou : Si vous classez tous les pays de la zone euro du plus solide budgétairement au plus vulnérable, en les pondérant par leur poids économique (ou par leur part au capital de la BCE, par exemple), alors la médiane est la France. (A gauche de la distribution : Allemagne, Finlande, Pays-Bas, Autriche etc. A droite : Italie, Espagne, Portugal, Grèce etc.)
Cela signifie que pour les nombreux débats européens qui tendent à opposer les fourmis et les cigales (par exemple à la BCE mais pas seulement, aussi à Bruxelles, par exemple sur la mutualisation de la dette publique, cf. le débat sur les corona bonds), la position de la France est déterminante. Sans elle, sur tous ces sujets, il est difficile voire impossible de réunir une majorité d’Etats européens (majorité simple ou qualifiée). Je sais bien que beaucoup de Français ne le réalisent pas, mais quasiment rien ne se fait à Bruxelles ou à Francfort sans l’accord de la France – alors que les Allemands, malgré leur poids économique, ont été mis en minorité par des coalitions (autour de l’Italie et de la France) à Francfort, sur des dossiers clefs (OMT, QE…), et que l’Italie a fait parfois face à des reproches peu diplomatiques de l’UE.
Cette position privilégiée dans les équilibres politiques européens, la France la doit en partie à sa position barycentrique et à sa puissance économique, et au fait qu’elle continue à faire figure de partenaire crédible et responsable aux yeux de nos amis d’outre-Rhin (en tout cas les plus tolérants parmi eux).
Mais si la France continuait à laisser dériver ses dépenses publiques, elle pourrait à terme rejoindre le camp des mauvais élèves, voire se faire dépasser, dans le classement des cigales et des fourmis, par les plus réformateurs parmi eux (Espagne) ; cela changerait la balance des équilibres européens. Je préfère pour mon pays qu’il défende le QE ou les Eurobonds au nom de l’Europe, et non pas pour se sauver de difficultés budgétaires, comme certains (à tort ou à raison) ont pu en soupçonner l’Italie.
Dans le pire scénario (ce qu’à Dieu ne plaise), une dérive populiste et budgétairement irresponsable de la France mettrait en péril l’attachement européen et francophile des Allemands, qui est pour nous un atout précieux, politiquement et économiquement (même si je suis bien conscient que ce point de vue n’est pas partagé par de nombreux Français, qui préfèrent jalouser le bon élève plutôt que de s’en inspirer, et l’accuser des problèmes créés par leur propres turpitudes).
L’irresponsabilité budgétaire, qu’elle soit sous la forme douce actuelle ou sous la forme plus rapide que certains populistes proposent, conduit inéluctablement à une perte de souveraineté nationale, puisqu’elle revient à mettre le destin du pays dans les mains des créanciers. Par exemple le bouclier de la BCE (le programme OMT) n’est pas « gratuit » : il est conditionné à l’engagement pour le pays bénéficiaire de souscrire à un programme de réformes agréé avec les créanciers publics internationaux, l’UE, via le MES/ESM (Mécanisme européen de stabilité), accompagné généralement par le FMI. On ne peut pas souhaiter cela pour notre pays.
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#3917 27/01/2022 18h33
- emilienlar
- Membre (2020)
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“INTJ”
serenitis, le 04/01/2022 a écrit :
emilienlar,
je suis désolé par avance d’être aussi tranchant, mais manifestement vous n’avez aucune idée des équations quotidiennes que doit gérer un employeur en France.
augmenter des salaires n’est pas un crevecoeur pour un DG mais un dilemme, juste une décision qui va peser sur l’équilibre des comptes de sa boite, et dans le même temps la satisfaction de donner à un salarié méritant sur une individuelle.
Une augmentation collective, c’est souvent, pour des milieux à faible valeur ajoutée que je connais bien, envoyer courir l’entreprise le 100m avec un sac de pierres en plus sur le dos contre Carl Lewis, même vieillissant !
Pour l’heure l’inflation constatée en France est inférieure à ce qui prévaut en Allemagne et aux Etats-Unis, ce dernier pays étant de surcroît confronté à une vague de démissions. Néanmoins, on peut s’interroger sur le caractère durable de ce différentiel en notre faveur.
La situation des chefs d’entreprise n’est pas toujours simple, mais la pression revendicative pour des hausses de salaire ne cesse de s’accroître comme l’illustre la journée de grève interprofessionnelle de ce jour :
Enseignants, cheminots, personnel hospitalier… dans la rue pour réclamer des hausses de salaire
Force est de constater que les revendications portent sur des augmentations générales, pas sur des augmentations "au mérite" ou des transferts de cotisations.
La période est propice avec les élections qui approchent et les pénuries de main d’oeuvre dans certains secteurs ; la plupart des mouvements sociaux débouchent en ce moment sur un petit ou un gros quelque chose accordé aux salariés.
De mon point de vue, le statu-quo est intenable et le patronat devra bien accorder des augmentations à son corps défendant. On note de ce point de vue que la candidate de la droite Valérie Pécresse s’est prononcée explicitement pour une hausse des 10% des salaires nets "petits et moyens", avant de légèrement rétropédaler sous la pression du patronat :
Présidentielle : Valérie Pécresse revoit ses plans sur les salaires face aux critiques du patronat | Les Echos
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#3918 27/01/2022 18h59
- carignan99
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Ce n’est pourtant pas compliqué la hausse des salaires. Il suffit de voter pour celui qui propose la plus importante. Il suffira ensuite :
- D’augmenter (de préférence de façon significative) les traitements des fonctionnaires
Financement : hausse des impôts et taxes des plus riches et des rentiers et des détenteurs d’avoirs financiers (quels qu’ils soient).
- De voter une hausse du SMIC de +10, +20, +30, +40 ou +50% (au choix, selon l’affinité politique). Financement : on augmente les impôts des classes moyennes (les riches, c’est déjà fait).
- Pour les autres (ni fonctionnaires ni au smic) : on nationalise (comme cela, ils deviennent fonctionnaires et bénéficient de la hausse massive des traitements, évoquée ci-dessus).
Financement : là, il faudra peut-être que les 50% de la population qui ne paye pas d’IR se mette à en payer puisqu’il faudra bien trouver les sous.
- pour les indépendants : qu’ils se débrouillent (ils gagnent bien assez et puis ils peuvent bien contribuer aux hausses de salaires).
Pas certain que tout ça fasse du bien aux équilibres macro que Scipion présente ci-dessus (avec pédagogie). Pas grave, il suffira sans doute de quitter l’UE (puisque c’est sans doute de sa faute si l’économie française souffre).
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#3919 13/02/2022 14h40
- Yumeria
- Membre (2020)
- Réputation : 65
Je crains énormément l’impact d’une hausse des taux sur la France. Nous sommes endettés jusqu’au coût, avec un taux d’imposition parmi les plus élevés au monde et une balance commerciale fortement déficitaire. Les salaires stagnent, et la seule chose qui fait gagner du pouvoir d’achat et de pouvoir s’endetter sur 25 ans à 0.75% pour s’acheter un pavillon en banlieue. Si on passe à 2% sur 25 ans, la différence entre les emprunts avant et après ne sera pas payés uniquement par les acheteurs il me semble.
Un jour peut être que l’on présentera la vraie facture de notre modèle social aux salaries, qu’ils sachent au final que si par exemple ils ne voient pas trop la couleur de l’inflation, c’est que pour leur donner 1€ l’entreprise doit en dépenser 2€. Et que sur l’euro du haut de leur fiche de paie, lorsqu’on arrive tout en bas de la fiche de paie il reste 50 centimes…
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#3920 13/02/2022 15h04
- carignan99
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@Yumeria
que 1€ de net corresponde à à peine moins de 2€ chargé, ok.
En revanche et sur 1€ en haut de la fiche de paye (le brut donc), il en reste plutôt 75 centimes en bas.
(note : chiffres bien entendu à la louche, dépend de plein de trucs dont CCN, taux d’IR pour brut vers net, etc.).
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#3921 13/02/2022 15h22
- Yumeria
- Membre (2020)
- Réputation : 65
Oui je suis d’accord j’étais parti sur 25 %de CS et autant d’IR, c’est une erreur. On doit plutôt être aux alentour de 10% d’IR voir moins, donc plutot 65_70 centimes en base de la fiche de paie.
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#3922 13/02/2022 15h47
- Bastien43
- Membre (2019)
- Réputation : 4
Bonjour Scipion8,
Merci pour vos analyses et les explications. C’est très intéressant.
J’ai une interrogation.
Ces enjeux sont très importants, c’est certains.
Scipion8, le 23/01/2022 a écrit :
Le risque principal à mes yeux, c’est celui d’une "italianisation" de la France si les pouvoirs publics persistent dans une auto-satisfaction dangereuse et ignorent le dérapage des fondamentaux budgétaires : cela ne signifie pas un risque élevé, pour la France pas plus que pour l’Italie, de défaut souverain à moyen-terme ; mais cela signifie une vulnérabilité bien plus grande aux chocs extérieurs (pandémies, crises géopolitiques, financières, commerciales etc.) ou intérieurs (instabilité politique ou sociale), très coûteuse pour l’économie française, avec pour conséquence un décrochage non seulement économique mais aussi politique par rapport à l’Allemagne. C’est sans doute l’un des enjeux importants de l’élection présidentielle de cette année, même si malheureusement peu de Français s’intéressent à ces sujets.
Cependant, quel candidat propose une solution pour éviter ce decrochage ?
Quel parti politique ?
Le "quoi qu’il en coûte" n’a pas amélioré la situation. Et aucun autre candidat ne semble apporter des solutions. Cette élection présidentielle ne me semble pas constructive. C’est un peu une impasse.
Les Français s’intéressent à ces sujets mais pour ces élections, je trouve que l’offre de candidats et les programmes sont déconnectés de ces problématiques et de la réalité que vivent la plupart des Français.
Je pense aussi que l’abstention sera énorme.
Bref en marche pour un 2e quinquennat ? Et "italianisation" à venir ?
Ou peut-être simplement, la France et l’Italie vont réussir à changer les règles budgétaires en leur faveur ? Et tout ira bien
Merci
Bonne journée
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1 #3923 19/03/2022 16h27
- doubletrouble
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Tiens, dans la file sur le conflit ukrainien j’avais relevé quelques points que je trouvais intéressants vis à vis des retombées positives de cette crise pour la France :
- M. Macron va enfin pouvoir concrétiser son projet d’armée européenne
- l’économie allemande va être affaiblie, prise en tenaille par les coûts de l’énergie et l’inflation dans ses satellites "usine" d’Europe de l’Est
- la France est comparativement moins touchée (a priori c’est surtout notre industrie automobile et l’approvisionnement en diesel qui vont en pâtir - un accord rapide avec l’Iran soulagerait les deux) et même en position de tirer avantage des déboires de son voisin
- le curieux échange de bons procédés au Mali, où la Russie nous permet de sortir d’un bourbier pénible tout en maintenant la sécurité des mines d’uranium au Niger
M. Lavrov apporte un point de plus à cette petite liste : Guerre en Ukraine : Macron est le seul dirigeant européen a ne pas s’être «couché» devant les États-Unis, estime Lavrov
✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.
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1 #3924 19/03/2022 23h32
- Ursule
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Bonsoir à tous,
doubletrouble a écrit :
- la France est comparativement moins touchée (a priori c’est surtout notre industrie automobile et l’approvisionnement en diesel qui vont en pâtir - un accord rapide avec l’Iran soulagerait les deux) et même en position de tirer avantage des déboires de son voisin
@doubletrouble: Je réagis au point sur le diesel, et seulement sur ce point : je ne pense pas qu’un accord avec l’Iran soulage le diesel à court ou moyen terme. Comme vous l’avez lu dans mon post qui se voulait explicatif (notamment celui-là), je pense que la situation du diesel en Europe était déjà dans une spirale infernale bien avant le conflit en Ukraine. C’est à dire que les stocks Européens, Américains et Asiatiques (hors-Chine) étaient déjà à leur plus bas historique avant la situation en Russie.
L’Asie, de manière inhabituelle sur une si longue période, est en train d’attirer les barils du Moyen-Orient et d’Inde depuis des mois maintenant, alors que les stocks Asiatiques (toujours hors-Chine) n’arrivent pas à se reconstituer. Ce faisant, les stocks Européens, qui dépendent des barils du Moyen-Orient et Indiens, se sont effondrés puisque l’Europe produit notoirement moins que ce qu’elle consomme. Les barils de Russie n’étaient déjà pas suffisants pour palier à cette chute vertigineuse, et la situation en Ukraine n’a évidemment rien arrangé.
A ma connaissance, les deux seules solutions pour que les stocks de diesel se reconstituent en Europe,sont :
- que la Chine exporte une partie de ses stocks (ce qui semble mal engagé puisque les quotas d’exports sont ridiculement petits depuis les décisions sur le LCO - produit dérivé servant notamment à produire du diesel) ;
- que la production de diesel soit si rentable que les raffineries choisissent de produire davantage de diesel à l’échelle du globe, au détriment d’autres produits.
Et pour que cette deuxième solution soit engagée, il faut :
1. Que le pétrole brut chute drastiquement - ce qu’un accord en Iran ne devrait pas provoquer puisque :
- il est en partie pricé par le marché
- l’augmentation de production de l’Iran se ferait de manière progressive et à priori dans 9-12 mois en cas d’accord rapide
- même avec une augmentation plus rapide, on ne parle que d’environ 1.5 millions de barils par jour, soit seulement 1% de la production mondiale actuelle
2. Que les prix du diesel augmentent, pour que les marges de production des raffineries (c’est à dire le prix de vente du diesel raffiné moins le coût d’achat du pétrole brut acheté pour le produire) s’envolent assez haut.
(davantage d’explications ici, pour ceux que cela intéresse).
Ce qui pourrait signifier que même avec une baisse du prix du pétrole brut, on pourrait continuer de voir ces prix à la pompe pendant un moment, si ce n’est plus haut. A mon sens, et cela n’engage que moi, seuls une intervention significative de l’OPEP ou un retour des barils Russes pourraient réalistement avoir une influence drastique sur les prix du diesel à terme. En d’autres termes, la France ne devrait pas être épargnée outre-mesure sur ce point.
Ravi d’échanger davantage à ce sujet,
Amicalement,
Ursule
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1 #3925 12/05/2022 14h06
- Concerto
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Le Figaro a écrit :
Selon la Banque de France, une hausse de 1% des taux d’intérêt coûte, à long terme, 40 milliards par an au budget.
Source
40 GEUR c’est l’équivalent :
- Du budget annuel ministère de la transition écologique (46 GEUR)
- De la charge de la dette actuelle (38 GEUR), ce qui reviendrait à doubler celle-ci
Source
Et on parle ici seulement de 1% de hausse des taux d’intérêt. Alors que selon la règle de Taylor (qui ne reste qu’un modèle frustre mais donne des ordres de grandeur), vu les niveaux d’inflation actuels le taux directeur devrait être autour de 8% .
La suite des événements va être intéressante… Au fond, j’ai du mal à croire que la BCE pourra vraiment relever les taux au-delà de quelques hausses presque marginales au regard du niveau d’inflation actuel. Ou sinon elle prendra le risque de faire imploser tous les états endettés de la zone euro.
Dernière modification par Concerto (12/05/2022 14h31)
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