3 #1 18/01/2023 20h19
- Plutarque
- Membre (2019)
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Top 50 Immobilier locatif - Réputation : 133
Bonjour à tous,
En novembre 2022, j’ai eu une bonne opportunité sur un T2 à Nevers, qui ne s’est pas concrétisée à cause d’un DPE erroné et d’un vendeur retors : j’ai préféré me rétracter dans les 10 jours car l’affaire, qui s’annonçait belle au début, s’est révélée ne pas être pas aussi intéressante qu’escompté.
Depuis, ma réflexion immobilière a avancé, car j’ai remarqué que le marché n’a pas encore parfaitement intégré les changements importants à venir : le prix des passoires thermiques est amené à inexorablement s’effondrer, alors qu’à l’inverse celui des logements "vertueux" (DPE au max D) est amené à prendre de la valeur.
Mon pari est que ce changement n’en est qu’à ses débuts, ainsi je fais le pari que c’est le parfait moment pour acheter un logement récent en DPE C ou D, avant que leurs prix n’augmentent. Et bien sûr, l’idéal est de trouver un logement en sortie de défiscalisation, typiquement un logement sur la période 2006-2011. Le problème est que ces logements sont très souvent vendus chers, et commercialisés le plus souvent en off-market par les agences qui sont syndic de la résidence et s’occupent de la gestion locative dans la résidence : ces logements sont proposés à un bon prix (mais qui reste cher) à des "investisseurs" connus de l’agence, et ces "investisseurs" achètent souvent comptant au prix. La majorité de ces "investisseurs" ne sont pas des investisseurs au sens de ce forum, ils cherchent juste un rendement moyen (ils peuvent se contenter de rendements bruts pour lesquels personne ici ne se lancerait) pour placer leur argent.
Mon objectif est de trouver un logement récent autour de 50000€, avec un loyer autour de 450€ HC, soit un rendement brut autour des 10% en comptant les frais de notaire. Evidemment, à ce prix-là, difficile d’espérer une ville très dynamique, ni d’espérer un logement sans aucun défaut. Il faut donc être prêt à accepter quelques défauts, pour pouvoir bénéficier des avantages d’un logement récent.
Je suis donc parti sur le plan suivant : repérer 7 ou 8 villes à moins de 2h30 de Paris, et repérer dans ces villes l’ensemble des résidences construites entre 2006 et 2011 (l’info de l’année de construction étant présente sur Patrim). Une fois ces résidences repérées, je cherche à rentrer en contact avec le syndic pour avoir des informations, et chercher des vendeurs.
Après, quelques semaines de recherche, je suis tombé sur une opportunité sur une des résidences que j’avais repérée à Alençon. De nombreux appartements sont en vente, les acheteurs ont l’embarras du choix. D’autant plus, également, que l’affaire présente quelques points noirs qui en feront fuir beaucoup !
Le contexte :
- résidence de 60 lots, sur 4 étages, avec places de parking extérieures
- résidence achevée en 2007, et dont les appartements ont été vendus à prix d’or. Le 55 m² qui m’intéresse a été vendu 123000€ à l’origine, en De Robien (qui permet une défiscalisation de 65% du bien en 15 ans). On est dans le classique phénomène de défiscalisation, avec des logements qui sont très loin de valoir leur valeur faciale, et donc le seul objectif est de défiscaliser.
- la résidence a été construite dans un quartier populaire d’Alençon, le quartier Perseigne. Ce quartier, était plutôt un quartier mixte où il faisait bon vivre en 2007, mais il est devenu au fil des années un quartier plutôt sensible. Une aire pour 6 familles de gens du voyage a été installée à proximité de la résidence au début des années 2010, ce qui a fait baisser la valeur des logements. Pour autant, on est très loin des quartiers sensibles de la banlieue parisienne, ça reste relativement acceptable à mon avis, et il y a beaucoup de pavillons également. La résidence est entièrement fermée par un grillage, avec un portail d’accès sécurisé. Le quartier est à 2km du cœur d’Alençon, avec une continuité urbaine.
- concernant les ventes, Patrim nous apprend:
(1) aucune vente avant 2017, du fait de la défiscalisation
(2) quelques ventes autour de 40000€ en 2017-2019 (une en 2017, une en 2018, quatre en 2019)
(3) quelques ventes entre 45000€ et 50000€ en 2020
(4) en 2021-2022, on arrive sur un prix de vente entre 50000 et 55000€
- le syndic de la résidence, Citya, propose 5 appartements à la vente dans la résidence, du T2 au T3, allant de 53000€ à 68000€, frais d’agence inclus. En cherchant sur Castorus, on trouve que ces appartements sont en vente depuis longtemps (quelques mois, jusqu’à 2 ans pour l’un d’entre eux). Clairement, les ventes sont difficiles !
- le 4 mai 2022, un T2 a été vendu aux enchères, à seulement 23400€. Certainement une défiscalisation qui a mal tourné pour l’un des acheteurs de l’époque, avec une saisie de la banque. Un excellent coup réalisé, bravo à cet investisseur.
- on trouve même trace d’une décision de la cour d’appel de Rouen, où un acheteur a attaqué le promoteur-gestionnaire : https://www.doctrine.fr/d/CA/Rouen/2021 … 2760C46D87
Acheté 123000€ à l’époque, et vendu 40000€ en 2019. Les gens du voyage y sont évoqués.
En plus de l’énorme moins-value, l’acheteur perd son procès, et est condamné à verser 13000€ en article 700.
- la moitié des appartements donnent sur l’avenue Pierre Mauger, ce qui n’est pas agréable, d’autant plus que certains ont une vue directe sur l’aire des gens du voyage de l’autre côté de la rue. L’autre moitié des appartements donnent sur le parking intérieur, avec vue sur le collège derrière.
- enfin, dernier point très important, le compte-rendu de l’AG de février 2022 a mis à l’ordre du jour un point informatif comme quoi le ravalement de façade sera étudié et certainement mis au vote lors de la prochaine AG. Cette AG aura lieu le 10 février 2023. Le syndic contacté (Citya) m’indique qu’il y en aura pour au moins 300000€ si les travaux se font. Une connaissance, syndic lui aussi, pense qu’il y en aura pour 150000€. Sachant que l’appartement visé compte pour 160 sur 10000 tantièmes. Il y a un fonds travaux ALUR qui serait utilisé, mais dont je ne connais pas encore le montant, car je n’ai pas encore l’état-daté et le syndic refuse de me communiquer l’information.
Mon calcul : sans même compter le fonds travaux, comptons 200000€, soit 3200€ pour moi. Si je les déduis de mes revenus fonciers, j’en récupère 30+17,2=47,2%, donc la dépense ne me revient qu’à 1700€.
Mais à mon avis, ce ravalement est loin d’être voté : dans une résidence qui vaut 50000x60=3M€, ces travaux sont proportionnellement énormes. Il est à prévoir de nombreux votes contre lors de l’AG.
- le syndic Citya ne me plait pas du tout, il faudra que je vois dans quelle mesure il est possible de les renverser, surtout qu’ils prendraient 5% du montant des travaux de ravalement.
- selon moi, ce ravalement de façade crée une opportunité, car des nombreux propriétaires-bailleurs vont vouloir vendre pour ne pas avoir à le payer. C’est donc le moment de tenter des offres agressives.
Dans ce contexte, je trouve une opportunité : un T3 de 55 m² proposé à un prix hors-marché de 67500€ FAI par une agence immobilière (autre que Citya), avec les caractéristiques suivantes :
- 3ème étage avec ascenseur
- DPE en lettre D, dans les standards pour un appartement de 2007
- place de parking privative
- balcon qui donne sur le parking intérieur, et non sur l’avenue
- charges de copropriétés standards pour un T3 de 2007 (autour de 1300€ par an), les parties communes sont de bonne qualité et propres
- cuisine aménagée (rangements, plan de travail, plaque vitro-céramique)
- appartement vendu loué en location nue, 440€ HC, à ce que j’estime être le prix du marché
- le bail ne présente aucun problème : indexation des loyers et clause résolutoire sont bien là
- lors de la visite, l’appartement est très propre
- les locataires m’ont paru très sérieux malgré leur jeunesse (un couple de deux jeunes de 20 ans), et ne souhaitent pas partir dans l’immédiat
- locataires présents depuis août 2022
- chauffe-eau récent, changé en 2020
- le vendeur a acquis le logement en VEFA, pour un prix de 123000€ (et en a défiscalisé 65%)
J’arrive à contacter en direct le vendeur de cet appartement, et nous entrons en pourparlers. Les différents points énoncés plus haut me permettent de bien négocier le prix, et nous tombons d’accord sur un prix à 48500€ avec l’absence de condition suspensive (mais avec un délai de 3 mois, qui me laisse le temps de chercher un crédit). En ce moment, les notaires sont en train de rédiger le compromis de vente.
Au niveau financier, on est légèrement au-delà des 10% bruts visés, pour une résidence récente, mais qui présente des défauts, le premier étant sa localisation dans un quartier sensible.
Au niveau locatif, j’ai une GLI avec laquelle je dispose d’excellentes conditions, et qui laisse de la latitude sur les dossiers (car je passe par une personne qui leur apporte un très gros volume). Cette GLI devrait m’assurer sans problème, et sans carence, s’il est attesté que le locataire n’a pas eu d’incident de paiement dans les 6 derniers mois.
Je me dis que j’ai fait une bonne affaire, mais je ne peux pas m’empêcher de me demander si je ne fais pas une bêtise, ou si je n’ai pas pris assez de précautions. J’ai bien sûr toujours la possibilité, une fois le compromis signé, de me rétracter dans les 10 jours. Très clairement, j’achète ici un rendement, car la revente serait forcément difficile.
Ainsi, je suis toujours à l’écoute des excellentes remarques que je peux lire sur ce forum ! Merci à vous.
Plutarque
Dernière modification par Plutarque (11/02/2023 22h19)
Mots-clés : immobilier, quartier sensible, sortie de défiscalisation
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