Je reviens quelques jours après avoir posté mon message et je lis vos réflexions intéressantes.
Flower a écrit :
Bizarre que vous ayez posté cette réflexion dans "la réussite m’écarte des autres", alors que vous laissez sous-entendre que réussir, dans l’environnement de votre fils, est plutôt une convention sociale et donc un facteur d’unité plutôt que de scission.
A vrai dire, je souhaitais poster dans la file dédiée à l’éducation des enfants, mais j’ai découvert que les sujets du "salon" sont fermés depuis mars 2022, aussi je me suis rabattue ici.
J’approuve autant que je me désole de cette fermeture. J’aimais bien échanger sur des sujets qui ne sont pas directement liés à l’indépendance financière, mais je m’étais éloignée du forum justement car il n’y avait plus que des discussions entre deux camps, les pour et les contre : la vaccination, la guerre en Ukraine,… et il n’y avait plus de posts sur l’immobilier, notamment les études de cas.
Je suis revenue en coup de vent sur cette année sur le forum et je découvre ces changements.
doubletrouble, le 21/12/2022 a écrit :
@amoilyon : Sauf votre respect, je crois que vous accordez trop d’importance à quelque chose d’anecdotique. Ce n’est qu’un exposé, votre enfant n’est qu’au CE1, tout cela n’aura aucune influence sur son avenir Franchement, dans 20 ans, qui sait si l’on utilisera encore PowerPoint ? Par contre on aura toujours besoin de gens capables de se documenter sur un sujet et d’en faire la synthèse.
Qui peut le plus, peut le moins
J’étais un peu comme vous, à me dire que ce n’est qu’un exposé pour un enfant de 7 ans. Puis je suis tombée sur une interview à la radio, à propos du grand oral du bac, et l’inégalité selon l’origine sociale et le sexe : le grand oral renforce les inégalités dont voici un extrait :
Parmi les « compétences essentielles » appréciées par le grand oral, l’Éducation nationale cite la « maîtrise d’une parole personnelle, structurée et argumentée » ou la capacité « à dialoguer et à débattre ». Les sujets de discussions étant connus de l’élève, son aisance à discourir devant un public restreint déterminera donc une bonne part de sa note. Et pourrait offrir un cadre d’évaluation moins rigide que les épreuves sur table.
« L’orthographe et la correction grammaticale sont extrêmement discriminatoires en termes de classes sociales, rappelle Isabelle Collet, professeure en sciences de l’éducation à l’université de Genève. L’oral permet de s’affranchir de ces règles et de valoriser d’autres compétences, comme l’habileté en public. Attention à ne pas faire d’angélisme non plus : un enfant des CSPsupérieures qui lit énormément aura plus de vocabulaire. » Une étude, publiée par l’Ined en 2018, constate des disparités dans le développement langagier dès 2 ans, selon notamment le milieu socio-économique des parents.
A 7 ans, il va présenter devant sa classe de camarades son exposé, avec des questions ouvertes, qu’il pose à ses camarades. C’est le début de la prise de parole devant un public.
Ce n’est qu’un exposé, mais avec le recul de ce reportage, j’y ai vu un premier pas vers l’art oratoire et la prise de parole en public pour défendre ses idées.
skywalker31 a écrit :
Je n’ai pas d’enfant mais j’ai pas mal de ressentiment envers certains comportements d’indifférence de mes parents envers moi lors de mon parcours scolaire. Je faisais ce que je voulais, bien ou pas, et même les profs me reprochaient directement à moi que mes parents ne venaient pas à la soirée de rencontre parent/prof ce qui était assez frustrant vis à vis des autres élèves. Pour l’orientation aucun intérêt de leur part ! Pour autant cela ne m’a pas tant porté préjudice. Donc je pense qu’il n’y a pas de règle générale et que des cas particuliers.
Si j’avais un enfant je rechercherais le juste milieu entre simplement s’assurer qu’on a réuni les bonnes conditions de son succès, de lui fixer un cadre pertinent, et de ne pas se substituer à l’effort de l’enfant par lui-même dans son propre intérêt.
J’ai eu les même parents, rien à leur reprocher, ils faisaient confiance à cette école de la République, et ne s’interessaient que de loin à ces réunions et programmes.
AleaJactaEst a écrit :
Il est vrai que l’égalité des chances était sans doute plus élevée il y a 1 ou 2 générations et que le "modèle" de la république française de l’après guerre est en train de disparaitre.
Je me trompe peut être, mais j’avais l’impression que l’école de la république fut un système d’égalité des chances qui consistait à "propulser" les meilleurs pour qu’ils servent le pays et l’intérêt commun. L’idée était de ne pas rater de talent potentiel pour le pays. Le reste se débrouilleront bien aux vues de la croissance du pays.
J’y reconnais mes parents. Ils m’ont mis en public par conviction, pour "l’égalité des chances" et car ils étaient persuadés qu’elle amènerait tous les élèves de la classe au sommet de leurs capacités.
Adrien a écrit :
Vous décrivez un environnement scolaire privilégié, le simple fait d’y être scolarisé est une chance pour votre fils. Je ne parle même pas de l’aider pour son exposé.
Mon fils est scolarisé dans une école plutôt défavorisée, à la limite du rep. L’exposé n’est même pas au programme (d’ailleurs est-ce dans le programme officiel ?). On se concentre sur l’essentiel, déjà acquis dans votre cas. Ayant bénéficié de l’ascenseur social, il me semblait impensable de changer d’école. Je parle au passé car je considère que l’EN abandonne l’école publique et je revois mes positions. Manque de moyens, direction très molle, pas d’autorité (je me souviens encore de l’appel 1 à 1 le jour de la rentrée quand maintenant c’est chaque enseignant qui essaie de récupérer ses élèves) qui a pour effet de faire fuir les meilleurs éléments ou les plus exigeants pour au final, réduire la mixité.
En écrivant cela, j’en suis encore navré. L’état abandonne son éducation. Je n’en avais pas conscience avant d’y être confronté. Je trouve cela profondément injuste. J’attends peut être trop de l’école, quand on voit certains parents, mais je suis convaincu qu’on pourrait être plus exigeants, définir plus de cadres…
C’est triste à dire mais dès le cp/ce1, je pense que certains enfants sont déjà perdus. Ils n’ont pas les bons codes, les fondamentaux ne sont pas acquis…
J’ai vraiment du mal à m’y résoudre mais c’est la dure réalité de la vie.
J’ai été dans un collège REP. Où seulement une poignée vont au lycée, la grosse majorité vont en BEP ou CAP, et une minorité attend ses 16 ans. J’ai détesté cet endroit, des profs qui partent en dépression / burn out au bout de quelques mois, des prof démotivés qui attendent que l’heure se finissent, et quelques prof qui essayent de faire de leurs mieux.
J’en ai discuté avec ma soeur et ma cousine, elles aussi ayant été au même collègue. Il était évident que leurs enfants n’iraient pas dans ce collège, même si c’est toujours le collège du secteur.
Ma cousine avait été à toutes les portes ouvertes des collèges alentour, s’était investie et avait choisi un collège privé. Le même que celui de ma tante.
Après avoir essuyé les platres d’un établissement REP, on ne peut que souhaiter mieux pour ses enfants. Je ne leur souhaite pas d’aller la boule au ventre en cours, tout ça parce qu’ils ont l’envie d’étudier et sont moqués pour cela.
RadioInvest a écrit :
Lorsque l’on a pas vécu dans un milieu privilégié, on est mû par l’envie de s’en sortir, de s’élever, en regardant avec envie/jalousie ceux qui sont bien-nés, c’est ce moteur qui crée les conditions de la réussite.
Une fois arrivé à l’âge adulte, en véritable transfuge de classe, il peut être difficile d’évoluer dans un entre-deux mondes avec un conflit de loyauté envers le milieu que l’on a quitté. Et l’ambivalence de la réussite : pouvoir offrir à ses enfants ce à quoi l’on a pas eu droit tout en ressentant la culpabilité d’appartenir à ceux qui ont plus que les autres (tout en l’ayant mérité) et se retrouver dans la peau de ceux que l’on critiquait 20 ans plus tôt.
Vos mots traduisent exactement ma reflexion. J’aurais été des 2 côtés. Etre devenue ceux que je détestais il y a quelques années.
Flower, vous amenez un point de vue que je n’avais pas envisagé, vu que je n’y avais jamais été confrontée : Les parents trop impliqués, ceux qui vivent avec encore plus d’angoisse le parcours de leurs enfants.
Flower a écrit :
Euh… Si, elles ont dû gérer le stress de leurs mères ! Sisisi, j’imagine que leurs mères n’étaient pas en mode "hystérie". Mais quand même : cette façon non-dite de signifier à leurs filles "c’est un moment TRÈS important, alors je loue une chambre d’hôtel et je f’attends à la sortie des oraux" ou " C’est un moment TRÈS important et, ma pauvre chérie, t* ne vas pas y arriver seule. Ça vaut bien que je sacrifie mes vacances. Avec moi à t*s côtés, t* auras plus de chances."
Je me permets cette réflexion parce que moi, mes oraux de concours, je les ai passés seule…Enfin, non, il y avait mes potes de prépa disséminés dans Paris. Une présence parentale aurait été tout à fait incongrue. J’ai adoré ! J’ai découvert Paris, en été c’est franchement pas dégueu. L’ambiance du 5eme arrondissement, se rendre compte du coût des courses alimentaires, se rendre compte de tous ces étudiants qui viennent de partout en France pour se battre sur les mêmes bancs que moi. Nan, désolée, sans ma mère !
Autant le stress d’une personne en plus peut être déletère, autant une aide logistique aurait été la bienvenue.
Par contre, concernant le passage des oraux dans Paris, je n’ai pas du tout vécu la même expérience.
Je n’ai pas "découvert Paris en été", j’ai couru de métro en métro pour être à l’heure à chaque oral. Je n’ai pas vu d’"ambiance de tel arrondissement", j’ai par contre lâcher un immense soupir quand le "suicidé"accident de voyageur a eu lieu sur mon trajet retour d’un oral (dans les 2 sens, métro bloqué complètement pendant plus de 2h). J’ai vu mes comparses d’infortune pleurer sur l’autre râme, essayer de joindre des taxis, calculer leurs temps restants avant leurs passages.
Moi j’ai pris un bus, me suis retrouve sur une autre couronne que mon billet n’autorisait pas, repris quelques bus et finit par revenir dans ma chambre de bonne, mais sans stress de ne pas arriver à l’heure et me prendre un 0.
Alors je me répète mais j’aurais bien voulu quelqu’un qui gère tout ce "autour".
Yg75 a écrit :
Il y a aussi le cas où ce sont les enfants qui demandent à leurs parents d’assurer la logistique à côté des concours pour se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire les écrits et les oraux. Je l’ai fait pour mes filles avec notamment 6 jours en région parisienne et 3 à Saint-Etienne et je n’ai pas eu l’impression qu’elles "géraient mon stress" mais plutôt le contraire.
Et il n’y a pas que les mères qui "sacrifient" leurs vacances pour leurs filles. Je les ai accompagnées tout au long de leur scolarité, dans les moments de joie comme dans ceux plus difficiles, et la réussite a été au bout, une grande satisfaction pour le père que je suis.
Bon, on s’éloigne du sujet de la file mais je ne pouvais pas ne pas réagir.
Je lis vos paroles et j’aurais tant voulu qu’il y a quelques années mes parents aient fait de même. Pour eux, il n’y a pas d’injustice ou d’écart de chance, les concours sont impartiaux et récompensent les meilleurs. Point.
Si mon enfant me le demande, j’essaierai d’être comme vous, présent sans être étouffant.
mimizoé a écrit :
Qui lui demande de faire un PowerPoint?
A part pour soutenir la compétition entre élèves de cette classe (école),
le "je suis le meilleur/regardez mon travail" "d un môme de 7 ans" dont ce n’ est pas à priori le niveau
Ce n’ est pas de l’ émulation ….
C’ est la course à l’ impossible dès le plus jeune âge …
Et vous, par rage d’ être la meilleure, ne pas déchoir, etc … (voir vos concours), y compris par votre fils interposé, vous avez recherché et trouvé cette école de compét’, où vous êtes obligée de faire en partie son travail bien trop exigeant, au lieu de recadrer les efforts demandés, auprès de la maitresse ….
Votre question m’interpelle. Effectivement, qui a demandé un Pwpt ? Personne à vrai dire. Et pas la maîtresse.
L’intitulé est plutôt basique " présentation d’un sujet choisi par votre enfant, ça peut être un livre qu’il a aimé, une peinture qu’il a vu, un endroit qu’il a visité, un animal qu’il adore …"
Mais le premier enfant, avec son premier exposé a présenté son Pwpt animé, et aussitôt tous les autres enfants ont voulu faire de même.
Animé de plein d’idées nouvelles, et de plein de questions, il a voulu creuser "ci", puis "cela" et "si je montrais aussi une carte ? Comme ça ils pourraient répondre directement sur la carte ? Et s’ils avaient des drapeaux aussi ?" et c’est ainsi que de semaines en semaines, d’exposés en exposés des autres petits camarades, la "petite présentation" s’est transformée en "exposé avec maquette et Pwpt".