DENIS LANTOINE | INVESTIR.FR | LE 11/02/15 À 12:35 @dlantoine a écrit :
Pourquoi les biotechs s’envolent après l’introduction en Bourse
Difficile de passer à côté du mouvement. Les dernières biotechs et medtechs introduites en Bourse, Bone Therapeutics, Poxel et surtout Safe Ortopaedics, flambent. Alors même que la demande avait été faible, parfois, lors de l’IPO. Une surprise, pas forcément. Jusqu’à quand ? Un rendez-vous, à la mi-mars, sera déterminant.
+70% pour Bone Therapeutics, +122% pour Poxel et du quasi fois 4 pour Safe Orthopaedics ! C’est un fait, les valeurs de biotechnologie et de medtech flambent en Bourse après leur introduction. Pourtant, les opérations en elles-mêmes ne suscitent qu’un intérêt bien limité. En témoignent des prix définitifs parfois fixés en bas de fourchette ou un volume de titres qui ne parvient pas à être totalement placé…
Pour Sacha Pouget, gérant chez Kalliste Biotech, le phénomène s’observe déjà aux Etats-Unis depuis ces douze derniers mois, avec des hausses de plus de 100% d’actions lors de la première journée de cotation. Il arrive aujourd’hui en France. En revanche, le faible niveau de souscription est plus étonnant.
C’est notamment le cas de Safe Orthopaedics, une medtech qui propose une gamme d’implants standards (vis, tiges, cages lombaires) destinée à la fusion vertébrale. Elle ne parie pas sur l’innovation mais sur un service annexe qu’elle va apporter au chirurgien et à son patient. Elle offre des instruments à usage unique adaptés à ses implants : une première… qui n’a pas séduit les investisseurs. Le prix définitif a en effet été fixé en bas de fourchette, les ordres prioritaires A1, et A2, étant servis à 100%, alors que seuls 75% du nombre de titres initialement offerts ont été finalement émis. En revanche, carton plein par la suite dans le cadre des opérations de trading, le titre s’étant depuis envolé de près de… 300% !
Pour ce qui est des autres opérations, bas de fourchette également pour Poxel, à l’origine, elle, d’un nouveau traitement oral du diabète. Haut de fourchette en revanche du côté de Bone Therapeutics, groupe belge spécialisé dans le domaine de la thérapie cellulaire pour prévenir la dégénérescence de l’os et le réparer. « C’est pourtant pour cette réunion qu’il y avait le moins de monde… » nous déclare un spécialiste du secteur, qui avait par ailleurs quelques doutes sur la sécurité du produit…
Du « succès » au « risque » avec Genfit ?
Pour Sachat Pouget, la hausse des actions post-IPO est clairement à mettre sur le compte des récentes « belles histoires » du secteur des biotechs et des medtechs au cours de ces derniers mois. Et de citer naturellement Genfit, meilleure performance boursière de l’année 2014, mais aussi des dossiers comme DBV Technologies ou Adocia. Difficile de savoir si des fonds anglo-saxons sont à la manœuvre depuis quelques jours sur ces titres, mais ils se sont bel et bien intéressés aux dossiers, seuls un tiers des actions ayant été acquis par des résidents français, nous indique une source.
« Le succès amène le succès, nous explique le gérant de fonds biotechs, c’est aussi simple que cela. » Pour lui, les dernières « belles histoires » du secteur ont même emmené certains investisseurs sur ces dossiers sans même savoir exactement de quoi il en retournait sur le plan fondamental. « Juste surfer sur la mode des biotechs (…) et cela va perdurer tant qu’il n’y aura pas d’accident, par exemple si Genfit annonce, vers le 20 mars, de mauvais résultats de phase II pour son produit phare, le GFT 505. La bonne spirale dans laquelle on est serait immédiatement stoppée. » Et de compléter : « il y a pas mal d’autres projets d’introduction dans le secteur, elles ont essayé d’entrer sur la marché avant les résultats de Genfit, c’est dire si ce rendez-vous est attendu. » En cas de déception, la perception du marché du secteur passerait, pour le gérant, des six lettres « Succès » à un autre mot en six lettres… « Risque ».
« Une situation de discount »
Faut-il en déduire qu’une bulle est en train de se former en Europe ? Où en est-on en termes de valorisation par rapport au marché de référence que constituent les Etats-Unis ? Pour Sacha Pouget toujours, il est difficile de faire une comparaison entre les Etats-Unis et la France, car le tissu des biotechs américaines est beaucoup plus mature qu’en France. Difficile également de se fier à des ratios de type PER car les profits sont pour le moment inexistants dans la grande majorité des cas. « Je regarde un autre indicateur avancé, qui me semble plus pertinent, nous explique le gérant, le ratio de capitalisation boursière par employé. Aux Etats-Unis, il ressort à 9,9 millions de dollars par employé, il n’est qu’à 3,5 millions à 4 millions de dollars en France. On est donc encore dans une situation de ‘discount’ en Europe, avec un gap de valorisation entre les deux marchés. Et comme il devient difficile de justifier de tels niveaux de valorisation outre-Atlantique, les investisseurs anglo-saxons s’intéressent aux dossiers européens. » Jusqu’à la mi-mars, il y a donc encore peut-être un boulevard pour les biotechs et medtechs en Bourse. Après, ce sera quitte ou double…