Bonjour Hypnoss, excellente synthèse !
Hypnoss a écrit :
Disons le d’emblée, cette taxation est une bonne décision.
Sa mise en oeuvre est quand même pathétique. Si, comme la rumeur le rapporte, les dépôts sous la valeur assurée sont préservés, il aurait certainement été plus judicieux de le dire toute de suite plutôt que de faire paniquer les petits épargnants chypriotes et de laisser penser qu’ils étaient mal préparés. Une bonne idée sur le fond ne doit pas cacher des problèmes d’exécution.
Oui, cela va remettre en cause la stabilité économique de Chypre (pour l’effet contagion, ou le énième glas de l’euro de l’article de Mr Gave je pense qu’on repassera (encore une fois).
Ceux qui critiquent cette décision n’expliquent pas vraiment en quoi l’alternative (la faillite des banques, l’affectation de leurs actifs à une structure de défaisance / fonds de garantie et la perte des dépôts non-assurés) était davantage désirable. Pour les épargnants en général, mais surtout pour les chypriotes (à qui il appartient seuls de prendre la décision).
1/ Il était impossible pour les pays du Nord de renflouer un ancien paradis fiscal comme cela a pu se produire en Grèce ou en Espagne, car politiquement ce n’est pas tenable devant une opinion publique à qui on dit qu’il faut se serrer la ceinture
Voyez vous Mr Hollande nous dire :"Vos impôts vont augmenter pour aider Chypre, pays qui a permis pendant des années à des particuliers et des entreprises d’échapper à ce même impôt" ?
Et surtout Mme Merkel, qui est assez accusée dans son pays de dilapider l’argent public en le versant dans le tonneau des Danaïdes grecques.
2/ A priori vu que les principaux lésés (hors chypriotes) sont des ressortissants hors zone euro, il n’y a pas de cas de conscience à avoir pour les allemands surtout si on communique sur l’argent sale.
Et même pour les Chypriotes, l’effondrement de leur système bancaire pourrait être pire que la perte d’une partie des dépôts (accompagnés éventuellement d’un gel des capitaux pour éviter un "bank run" des non-résidents). De toute façon, c’est à eux de décider…
Plus qu’une approche économique, c’est bel et bien le fait politique qui domine et laisse augurer une nouvelle approche. […] Pour moi c’est plutôt là que se trouve le message.
Oui. En cela, je trouve que c’est assez similaire dans le principe à la résolution du problème posé par SNS Real. Le rappel de la primauté du politique est essentiel. On l’avait vu dans beaucoup de pays (USA, Russie, Royaume-Uni, Italie ou France avant la zone euro, Argentine plus récemment avec le corralito) et peut-être que certains l’avaient oublié, à la faveur de la "modernité" : l’état a de fortes chances de favoriser l’intérêt général, celui de ses citoyens, avant l’intérêt de la sphère financière. Souvent, ces deux intérêts coïncident, ce qui rend ce type d’épisodes rarissimes, heureusement.
En somme, la leçon rappelle qu’en terme de protection des actifs en les plaçant dans des banques d’autres pays, on s’expose… au risque politique du pays en question. Et d’autant plus que l’on est pas résident du pays. Le calcul des Russes et des Britanniques aura été perdant, tout comme celui des Chypriotes de garder des dépôts importants non investis dans leurs banques. Mais l’alternative (placer en Suisse avec des taux d’intérêt négatif ?) n’était pas forcément plus attractive.
Dernière modification par Hermann (18/03/2013 16h56)