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#4876 26/03/2024 14h24

Membre (2013)
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Verbalkint,

Vous avez raison, il faut exprimer le déficit en pourcentage des recettes, c’est beaucoup plus explicite qu’en pourcentage du PIB.

Cependant, vous avez présenté le budget de l’Etat au sens large (Etat + organismes de sécurité sociale).

Si l’on s’intéresse au déficit de l’Etat au sens strict (Etat hors collectivités territoriales et hors sécu) le déficit représente plus de 50% des recettes.

Budget général (Loi de finances initiales de 2023):
- recettes nettes : 293.78 milliards
- charges nettes : 455,22 milliards
- déficit du budget général : 161,44

161.44 / 293.78 = 0.549 soit 54.9 % !

Pour équilibrer le budget il faudrait (par exemple) baisser les dépenses de 35 % (161.4/455.22).

Voilà l’étendue du désastre. Je ne sais pas si la plupart des français s’en rendent compte. Si on leur présentait le déficit en % des recettes et non en % du PIB peut-être qu’ils en auraient davantage conscience.

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#4877 26/03/2024 14h27

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En 2023, le déficit public s’élève à 5,5 % du PIB, la dette publique à 110,6 % du PIB, à comparer avec
En 2022, le déficit public s’élève à 4,7 % du PIB, la dette publique à 111,6 % du PIB  (et en 2021 le ratio était de 112.9%). 
Donc, paradoxalement, et comme attendu, même avec ce déficit élevé de 5.5% (vs 4.9% du budget initial, soit 16 Md€ d’écart), le ratio dette/PIB diminue en 2023 vs 2022 (à cause de l’inflation élevée, qui diminue la valeur de la dette dans ce ratio, le PIB net d’inflation faisant +0.9%). Mais comme l’inflation (qui a d’autres inconvénients) semble à présent se rapprocher des 2%, il ne faut pas compter sur cet effet pour à l’avenir faire diminuer le ratio dette/PIB.

Plus en détails :

INSEE a écrit :

Comptes nationaux des administrations publiques - premiers résultats - année 2023

Le déficit public pour 2023 s’établit à 154,0 Md€, soit 5,5 % du produit intérieur brut (PIB), après 4,8 % en 2022 et 6,6 % en 2021. Les recettes ralentissent nettement en 2023 : elles progressent de 2,0 % après +7,4 % en 2022. Le taux de prélèvements obligatoires diminue et s’établit à 43,5 % du PIB après 45,2 % en 2022, à un niveau proche de l’avant Covid (43,9 % en 2019). Les dépenses ralentissent un peu : elles augmentent de 3,7 % après +4,0 % en 2022. En proportion du PIB, les dépenses continuent de reculer et s’établissent à 57,3 % du PIB après 58,8 % en 2022 et 59,6 % en 2021, cependant, elles demeurent sensiblement supérieures à l’avant Covid (55,2 % du PIB en 2019). La dette des administrations publiques au sens de Maastricht atteint 110,6 % du PIB fin 2023 après 111,9 % fin 2022 ; elle était de 97,9 % du PIB en 2019.

A noter que c’est une première évaluation des comptes, et ces données sont susceptibles d’être modifiéee à l’occasion de la publication des comptes le 31 mai.


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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#4878 26/03/2024 16h21

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Je trouve que je n’y comprends pas grand chose. Dans le tableau de Lmnp75 que j’avais en tête, on lit 300 milliards d’impôts. Dans celui de Verbalkint, ce serait 800 milliards. On y voit aussi 700 milliards de prestation sociales, pour 400 milliards de cotisations. On voit enfin 154 milliards de déficit en effet, mais 122 milliards d’acquisition d’actifs en face.

Ce que je retiens en synthèse, c’est que les chiffres peuvent être présentés différemment en fonction de l’objectif, et que 50 milliards d’intérêts de la dette, c’est seulement 3% des 1600 milliards de dépenses. Une tempête dans un verre d’eau au final.


“Time is your Friend, Impulse is your Enemy.” John Bogle

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#4879 26/03/2024 16h57

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Derrière les chiffres (que l’on peut toujours relativiser dans tous les sens) on peut se demander ce que l’on ne va pas faire avec eux:
- on va avoir du mal à ré armer (il paraît que l’on tiens une journée de guerre intensive avec nos stocks de munitions, la meilleure armée du monde ou la plus nombreuse plie en une journée si pas de stock).
- on ne va pas revaloriser les actes médicaux : ça a un sens : certains actes non rentables ne vont plus être réalisés et d’autres chers ne vont plus être accessibles même avec les meilleurs médecins (on en est loin).
- on peut pondre des prix nobels si on n’investit plus dans les universités on est bon pour la casse.
Etc etc
C’est un très mauvais chiffre politique et surtout pour ce qu’il implique derrière la façade.

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1    #4880 26/03/2024 17h01

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Ce que vous pouvez retenir en synthèse, c’est que globalement, peu importe la manière dont on regarde les choses, on dépense plus qu’on ne gagne.

Le dernier budget à l’équilibre date de 1974 si je ne me trompe pas. 40 ans.

Mais tout ça c’est des chiffres.
Ce qui compte surtout et que ce tableau ne montre pas, c’est l’aspect qualitatif des choses. On pourrait très bien dépenser trop mais pour une bonne chose, utile à tous.

Mon idée très générale c’est surtout un sujet d’efficacité des dépenses publiques en question (par rapport aux objectifs qu’on s’était fixé au départ, par exemple "lutter contre la pauvreté" ou "lutter contre la criminalité"), et nous sommes beaucoup à constater, je crois, que ce n’est pas parce qu’on dépense beaucoup, voir plus qu’avant, dans tel ou tel domaine, que les résultats sont meilleurs.

Alors certes, les moyens financiers sont importants, mais manifestement ils ne font pas tout.

Certes, le diable est dans le détail, et il faudrait prendre tous les éléments de dépenses publiques au cas par cas… mais j’ai quand même l’intuition qu’il y a un élément qui ressortirait presque à chaque fois: c’est la sur-administration de tous les sujets, de toutes les organisations (qu’elles soient publiques ou privées), qui gangrène, en grande partie en tout cas, l’efficacité de la dépense, et qui malheureusement est une chose contre laquelle il est très très difficile, et souvent impopulaire, de lutter.

La solution à la sur-administration est très probablement à trouver dans la simplification. Et c’est aussi vrai à l’échelle d’un Etat, que nous ne contrôlons pas, qu’à l’échelle de nos vies, sur lesquelles nous avons peut-être un peu plus prise smile

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Favoris 1    #4881 26/03/2024 17h39

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VerbalKint a écrit :

Mon idée très générale c’est surtout un sujet d’efficacité des dépenses publiques en question (par rapport aux objectifs qu’on s’était fixé au départ, par exemple "lutter contre la pauvreté" ou "lutter contre la criminalité"), et nous sommes beaucoup à constater, je crois, que ce n’est pas parce qu’on dépense beaucoup, voir plus qu’avant, dans tel ou tel domaine, que les résultats sont meilleurs.

Que financent 1000 Euros de dépense publique en 2019 :


Source : Que financent 1000 euros de dépenses publiques ? | Agence France Trésor

Vous avez aussi ce petit sujet :

Vidéo YouTube

(le contenu est orienté + les économistes sont sélectionnés à propos + parfois c’est vraiment simpliste, mais il y a de vieux verbatims de Bruno Lemaire, François Hollande et d’autres assez rigolos et des chiffres)

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#4882 26/03/2024 17h54

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Heureusement il reste encore un peu d’argent.
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#4883 26/03/2024 18h02

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Très beau tableau, très simple à lire, qu’il faudrait faire lire à tout le monde.

6% des dépenses (seulement) pour le régalien… et environ 50% pour la sécu et les retraites. Les grandes lignes sont assez nettes.

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#4884 26/03/2024 18h51

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Oui c’est un excellent tableau !

Je regrette juste que soient mélangées des dépenses "nettes" et d’autres assises sur des recettes spécifiques (retraites, chômage, santé ?)

Mais c’est très instructif.


"Il ne faut pas voir les héros de la coulisse. Quand ils coïncident un moment avec leur légende c'est déjà beaucoup."

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1    #4885 26/03/2024 19h08

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Nemesis a écrit :

Malgré ce chiffre effectivement catastrophique, il est néanmoins intéressant de constater que la dépense est restée à peu près sous contrôle (+3,7%, donc à priori inférieur à l’inflation), et que le taux de prélèvement obligatoire (les impôts) a significativement reculé (43,5% vs 45,2%), de même que la dépense publique / PIB, et que donc le déficit est d’avantage dû à une moindre pression fiscale qu’à des dépenses hors de contrôle

À l’inverse, on peut s’étonner que les recettes n’augmentent que de 2%, malgré l’inflation.

Certes, les taux de taxation n’ont pas augmenté. Mais les recettes de TVA, et d’IS devraient en théorie être améliorées d’un facteur proche du taux d’inflation.

Donc même si les dépenses augmentant moins que l’inflation, on perd encore + du coté des recettes qui sont inférieures  à l’inflation dans une plus grande proportion…

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#4886 26/03/2024 19h18

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bajb a écrit :

Oui c’est un excellent tableau !

Quel enthousiasme !

Et voilà la version 2022 avec un comparatif avec 1995 (source : [url=Fipeco - Finances Publiques et Economiecommentaire/A%20quoi%20l%27argent%20public%20a%20servi%20en%202022]A quoi l’argent public a servi en 2022[/url]) :



FipEco a écrit :

La répartition des dépenses publiques s’est déformée de 1995 à 2022 au profit notamment des retraites, de la santé, des soutiens aux activités économiques hors transports, de la fonction « loisirs, sports et culture », de la lutte contre l’exclusion et de la protection de l’environnement. Cette déformation s’est faite au détriment notamment des services généraux, de la défense, de la recherche fondamentale, des transports, de la politique familiale et de l’enseignement. La part des intérêts de la dette publique a aussi beaucoup diminué grâce à la baisse des taux.

D’ailleurs, ceux qui veulent se distraire trouveront à lire du factuel sur : Fipeco - Finances Publiques et Economie

Je passe mon tour, puisque savoir tout ça ne changera rien à mon quotidien…

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#4887 26/03/2024 19h31

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Ah ce sujet, je vous conseil d’écouter le patron de Fipeco, François Ecalle, souvent sur BFM chez Nicolas Doze, il est très interessant ! …même si ce qu’il raconte est souvent désespérant.

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#4888 26/03/2024 19h37

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Le gros problème dont peu de personnes parlent, c’est le même que celui rencontré aux USA. Si en période de chômage bas (donc moins de RSA et d’allocs à verser), de croissance non nulle (donc davantage de recettes fiscales) et d’inflation (donc la dette contractée précédemment, à taux faibles, coûte moins cher), on arrive à de beaux déficits, alors que se passera-t-il quand le chômage remontera, qu’une petite stagnation / récession pointera le bout de son nez et que l’inflation sera au niveau plancher avec une dette à taux plus élevé à rembourser, le tout avec moins de recettes en prime. Sans même parler des dépenses de défense ou de transition énergétique…

Faire "pas terrible" quand la situation est quasi-idéale pour l’Etat et ses finances, ce n’est pas de bon augure pour quand la roue tournera. Clairement, le jour où l’inflation et la croissance baisseront un peu plus tandis que le chômage grimpera, il y aura des sacrifices qui ne plairont pas à tout le monde et en premier lieu aux éternels désignés volontaires (travailleurs pauvres et classes moyennes), ce qui va arranger le vote populiste.

Plutôt que de faire une "loi immigration" pour couper l’herbe sous le pied de l’extrême-droite, Macron aurait été plus avisé de faire des réserves, plutôt que d’arroser à tout-va en criant "koikilenkoutt", se disant que ce n’est pas sous son mandat que les Français paieront l’ardoise.


Parrainages Fortunéo ( 13279387 ) et GMF

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3    #4889 26/03/2024 19h58

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Actuellement (source : tableau de bord de la conjoncture / INSEE :
  - la croissance est proche de zéro (en 2023, par trimestre : +0.0%, +0.6%, +0.0%, +0.1%);
  - le chômage est certes en baisse (7.5% au sens du BIT, vs 10-10.5% entre 2012 et 2016) mais reste encore élevé, et il n’est pas déraisonnable d’espérer qu’il puisse encore baisser;
  - l’inflation a déjà bien baissée (3.0%/an en 02/2024), et c’est sans doute un des facteurs qui explique le déficit plus élevé qu’anticipé (dû surtout à de moindres recettes qu’anticipé au T4/2023);
… ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler une situation "quasi-idéale pour l’Etat et ses finances".

Une situation bien meilleure serait par exemple avec une croissance de 2-3%, et un taux de chômage au sens du BIT de 4-5%… Le déficit serait alors sous les 3% du PIB, sans trop d’effort.

Mais n’oubliez pas que la dernière fois qu’on a eu une situation "quasi-idéale pour l’Etat et ses finances" (relire ceci, instructif !), il y a eu de très fortes revendications de toutes parts pour récupérer chacun sa part de la cagnotte, et ça a tourné vinaigre, y compris pour les hommes politiques qui étaient alors au pouvoir.

EDIT: Comme l’article que je vous invitais à relire semble réservé aux abonnés, mais que je peux vous l’offrir, le voici :

Hubert Huertas (Mediapart) a écrit :

La cagnotte de Lionel Jospin est une histoire extraordinaire, formidable par le retournement de l’intrigue. Mais universelle aussi, car le malheur qu’elle raconte (celui d’un premier ministre socialiste pris au piège de sa réussite) vaut pour tous les pouvoirs : oubliez la politique, la politique ne vous oubliera pas.

C’est une tragi-comédie. Tragi, car elle amorce la descente aux enfers d’un homme austère, promis à la consécration. Comédie, car elle repose sur la vengeance de Jacques Chirac, qui déploie des trésors de roublardise et d’hypocrisie que Molière aurait pu sublimer au théâtre, et que La Fontaine aurait su installer dans une fable.

Bombe à fragmentation

L’histoire de la cagnotte, c’est à la fois l’Avare qui reproche à son intendant de ne pas vider sa « chère cassette », et la Fourmi qui accuse la Cigale de faire des provisions au lieu de chanter.

Elle commence le 14 juillet 1999, dans un contexte de cohabitation. Le président de la République a cru malin, deux ans plus tôt, de vouloir s’assurer une majorité à sa main en dissolvant l’Assemblée nationale, afin de poursuivre sa politique d’assainissement des finances nationales. « Un blitzkrieg » avaient commenté ses amis, l’œil mouillé d’admiration. Un blitzkrieg, effectivement, mais à l’envers. Le plus bel « auto-croc-en-jambe » qu’on ait connu sous la Ve République. D’abord une élection en mai 1995, puis moins de deux ans après, le pouvoir offert à l’opposition, sur un plateau d’argent.

En juillet 1999, Jacques Chirac est un président solitaire. Il est réduit au ministère de la parole, comme disait Valéry Giscard d’Estaing. Face à lui Lionel Jospin est un premier ministre heureux et populaire, servi par la croissance mondiale et nationale, à la tête d’une majorité plurielle, et dont l’équipe ministérielle est surnommée « la dream team »…

C’est alors que depuis sa citadelle mélancolique, Chirac lâche une petite phrase : « Nous avons depuis deux ans une croissance qui fait que nous avons énormément d’argent dans les caisses. Il faut tout le talent du ministère des finances pour masquer le phénomène. Il faut rendre aux Français une part de ce qu’on leur a pris. » Une formule explosive dans l’oreille des Français.

Jacques Chirac incroyablement culotté

Le président qui la dégaine représente la droite française, celle qui a toujours reproché à la gauche de vider les caisses du pays en distribuant l’argent public. Or ce Chirac en majesté révèle sans sourciller qu’après deux ans de gouvernement socialiste, les caisses de la nation sont une caverne d’Ali Baba ! Et mieux encore : il s’en indigne en réclamant non pas la résorption des déficits, selon l’orthodoxie de son camp, mais au contraire qu’on les vide ! Comme une Arlette Laguiller, ou un Olivier Besancenot, il estime qu’il faut « rendre aux Français l’argent qu’on leur a pris » ! 

Stupéfiant. Qui donc le leur a pris ? Qui disposait des pouvoirs avant Lionel Jospin, sinon Jacques Chirac avec ses plans d’austérité ?

Dans la foulée, Jacques Chirac prononce le mot de « cagnotte », qui entrera dans l’histoire politique et collera aux basques de Jospin. C’était incroyablement culotté de sa part, mais terriblement efficace. Car l’inversion des rôles est une chose, une farce où le voleur court derrière le gendarme, mais la révélation d’un pactole dont serait privé le peuple en est une autre, qui fait monter la colère.

La cagnotte a fracturé la gauche, en réveillant la suspicion de l’extrême gauche, du parti communiste, et des écologistes vis-à-vis du grand allié social-démocrate. Elle a d’autant moins arrangé les relations au sein de la majorité que les informations sur le passé dissimulé de l’ex-trotskyste Lionel Jospin brouillaient déjà son image. L’austère qui se marre est devenu le faux derche qui se planque, le dissimulateur qui gère les comptes publics dans le dos des administrés.

Lionel Jospin finit par ouvrir le coffre

Pendant des semaines, comme le font tant de hauts responsables quand ils sont dans l’embarras, Lionel Jospin fait le gros dos. Mais sa popularité dévisse. Trente milliards, quarante milliards, soixante milliards… des chiffres impressionnants ont circulé, et plus la France allait mieux sur le plan économique, plus Jospin s’enfonçait dans la vase politique. Plus l’argent rentrait dans les caisses, et plus Jospin le payait au prix fort.

En septembre 1999, il proposait une « nouvelle étape » en tentant de résister aux injonctions chiraquiennes. Au nom de la modernité, il enclenchait une baisse de l’impôt sur le revenu, une meilleure régulation, ou le développement de l’épargne salariale, mais conservait l’essentiel du magot pour combler les déficits et réduire l’endettement.

Le climat ne s’apaisait pas. Les président des années 2000 et 2010 auraient signé des deux mains pour avoir les 3 % de croissance de cette époque, mais le premier ministre de l’an 2000 ramait à contre-courant.

Enseignants mécontents, secteur public en colère, étudiants dans la rue, majorité sur des charbons ardents, le 17 mars 2000 Lionel finissait par ouvrir le coffre, en répondant à TF1. Il refusait de « chicaner » avec le mot « cagnotte », mais le prononçait treize fois et lâchait qu’il préférait « être responsable d’une cagnotte que d’un trou dans les caisses ». Mais il ouvrait les vannes, à deux ans de la présidentielle. Jospin le précautionneux consentait à la distribution : au quarante milliards d’allègements fiscaux, répartis entre l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, et la baisse d’un point de TVA, il ajoutait dix milliards consacrée à des dépenses diverses. Et se lançait dans un plan de modernisation pour l’Éducation nationale, comprenant des embauches d’enseignants.

Naturellement, ce partage qui répondait aux vœux de Jacques Chirac fut vivement critiqué par la droite qui reprocha au gouvernement socialo-communiste de vider les caisses de la nation… Chacun retrouvait son rôle historique, la droite redevenant la Fourmi, et Jospin la Cigale.

Les mois suivants, la conjoncture s’est retournée, la croissance s’est tassée, le chômage est reparti à la hausse à partir de 2001, et la polémique sur l’utilisation des bénéfices de la « cagnotte » n’a plus jamais cessé. Elle dure encore aujourd’hui.

Les cagnottes se ramassent à la pelle

Cette affaire paradoxale, associée aux campagnes sur l’insécurité, a dopé le vote en faveur de Jean-Marie Le Pen, et la suite est connue : coup de tonnerre le 21 avril 2002 : le président sortant plafonne à moins de 20 %, score squelettique qui assure pourtant sa survie, puis sa réélection à 83 %. Jospin est éliminé, Le Pen se qualifie pour le second tour.

La tragi-comédie de la cagnotte a traumatisé jusqu’à nos jours les gouvernements, les députés et sénateurs, et les observateurs. Dès qu’un espoir de croissance revient, avec ses perspectives de meilleures rentrées fiscales, on ne se frotte pas les mains ! On se passe les menottes.

Les « cagnottes » c’est la peur de gagner de presque tous les quinquennats. Début 2018, les perspectives de croissance sont meilleures que prévues. Selon BFM Business, certains députés de La République en marche réclament qu’on rende aux Français les 4,3 milliards d’euros que « le gouvernement ne veut pas distribuer ». Gérald Darmanin, ministre des comptes publics répond qu’il ne veut pas faire « du Jospin ».

En 2013, Pierre Moscovici, alors ministre de l’économie, envisage de baisser les impôts en se servant d’un regain de croissance espéré l’année suivante. Émotion à la une du journal libéral l’Opinion : « Le gouvernement rattrapé par le syndrome de la cagnotte ».

En 2004, les prévisions de croissance (1,7 %) sont revues à la hausse par l’Insee (2,5 %) et c’est une euphorie teintée de panique qui gagne le ministère de l’économie occupé par Nicolas Sarkozy. « La cagnotte relance le débat budgétaire », résume Radio France International.

L’idée qui s’impose à chaque fois, comme si Chirac n’y était pour rien, c’est que Jospin n’aurait pas dû distribuer les fruits de la croissance. Il se serait laissé aller à « faire de la politique », alors que sa mission était de s’en tenir à l’intendance.

Cette vision gestionnaire ne résiste pas à l’analyse.

Les politiques et les comptables

Toutes les fables ont une morale. Le naufrage de Lionel Jospin rappelle d’abord que la politique est une chose et la comptabilité une autre. Un bon bilan économique ne fait pas une victoire politique. Et une mauvaise gestion n’est pas forcément punie par une défaite électorale.

L’idée de réduire les dirigeants à de simples intendants (intendants de quel maître, au fait ?) est régulièrement battue en brèche, mais elle s’impose comme incontestable.

Il se dit, et pas seulement dans la presse économique, que les politiques doivent en finir avec la politique, renoncer aux idéologies, et accepter de devenir des esprits pragmatiques, des PDG de « l’entreprise France » comme on disait dans les années 1990, ou des patrons de la « start-up France » comme on le bégaie aujourd’hui. Des serviteurs attentifs du There is no alternative.

Et ce qu’on constate, avec cette conception qui rejoint la fameuse maxime reaganienne sur l’État qui « ne serait pas la solution, mais le problème », c’est que plus le débat politique s’efface derrière l’idée du gestionnaire et plus les citoyens s’abstiennent aux élections. 

Depuis les années 1980, les exemples électoraux abondent. En 1981, le sortant Giscard d’Estaing passait pour un homme qui comprenait l’économie, même si son bilan n’était pas étincelant, et Mitterrand pour un brillant causeur. Le causeur l’a emporté.

Dans la foulée, les sondages se sont entichés du professeur Raymond Barre, qui paraît-il disait la vérité des chiffres, bafouée par Mitterrand et mal servie par Giscard. Barre s’est désintégré au premier tour de 1988, devancé par Chirac l’agité, et le président sortant a gagné au second, malgré son échec sur le chômage.

En 1995, Édouard Balladur, le grand argentier présumé devait tout emporter dans son onctueuse rondeur, mais c’est Chirac le contradictoire, l’homme dont la seule cohérence était le coup d’éclat, qui a raflé la mise.

Ainsi jusqu’à Lionel Jospin, dont l’échec électoral illustre à la perfection le paradoxe qui menace toute action politique. Il avait un bon bilan, mais a subi la pire défaite. Sa cagnotte était prospère, mais ses suffrages insuffisants.

La cagnotte ou la carotte ?

Cette histoire aurait pu faire réfléchir. Inviter les dirigeants à voir plus loin que les indicateurs économiques (ce qui ne veut pas dire les négliger…) Mais les présidents suivants ont plus que jamais lié leur sort aux statistiques sur l’emploi, au déficit, à l’endettement, au moral des ménages, à la croissance, à la bourse, aux agences de notation…

Nicolas Sarkozy a cru mettre l’eau à la bouche des Français en allant chercher « la croissance avec les dents », mais ses sketchs amoureux devant les pyramides, le népotisme avec son fils, ses affaires, ou ses dérapages inspirés par Patrick Buisson ont compté davantage.

Quant à François Hollande, il a gagné sur la promesse d’une épopée politique contre « l’ennemi invisible », la finance, puis a perdu sur « la courbe du chômage », dans un désastre électoral infiniment plus sévère que son bilan comptable.

Servi par cet échec, et par le crash de François Fillon, Emmanuel Macron s’est faufilé en paraissant avoir retenu la leçon. Il s’engageait à dépasser la droite et la gauche, ce qui revenait à réinventer la politique. Arrivé au pouvoir, il a fait comme les autres : de la gestion, encore de la gestion, toujours de la gestion, à sa sauce libérale.

Depuis Jospin, qui s’est pris les pieds dans le tapis politique, la seule idée qui vaille a donc été de serrer les cordons de la bourse. S’engager sur les traces de l’Allemagne. Dépenser moins. Au nom de la crise quand c’était la crise. Et quand la crise était finie, pour préparer la prochaine.

On a passé son temps à invoquer les prochaines générations « qu’on ne doit pas sacrifier », tout en pressurant les jeunes. À mobiliser le peuple au nom des déficits, à le convaincre d’accepter des sacrifices pour doper de la croissance. Et chaque fois que la croissance s’est profilée, on a ressorti la « cagnotte » en fronçant les sourcils : « Pas touche ! »

La voilà, l’histoire de la « cagnotte » de Jospin, dans son usage contemporain. C’est une poire pour la soif qu’il ne faudrait jamais boire. Ou plutôt la carotte qui fait courir les ânes, mais reste hors de portée quand ils voudraient la croquer… Une histoire qui rappelle un conte d’Alphonse Daudet, La Mule du pape, même si la fin n’est pas (encore) la même…


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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#4890 26/03/2024 20h38

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GoodbyLenine a écrit :

Actuellement (source : tableau de bord de la conjoncture / INSEE :
  - la croissance est proche de zéro (en 2023, par trimestre : +0.0%, +0.6%, +0.0%, +0.1%);
  - le chômage est certes en baisse (7.5% au sens du BIT, vs 10-10.5% entre 2012 et 2016) mais reste encore élevé, et il n’est pas déraisonnable d’espérer qu’il puisse encore baisser;
  - l’inflation a déjà bien baissée (3.0%/an en 02/2024), et c’est sans doute un des facteurs qui explique le déficit plus élevé qu’anticipé (dû surtout à de moindres recettes qu’anticipé au T4/2023);

La croissance est certes molle, mais elle n’est pas négative. D’après l’INSEE, on est à +0,9% sur 2023 : Le PIB reste stable au quatrième trimestre 2023. En moyenne en 2023, il augmente de 0,9 % - Informations rapides - 23 | Insee

Pas vraiment ce que l’on pourrait qualifier de "proche de zéro", sauf à considérer qu’une croissance annuelle de +0,9% correspond à une quasi-stagnation.

Quant au chômage, à quelque dixièmes de pourcentage près, il n’a pas été aussi bas depuis le début des années 1980 :



L’inflation enfin ne "baisse" pas, elle augmente moins vite, grosse, grosse nuance. Elle est en tous cas bien supérieure à la normale constatée depuis les années 1980 :



Conclusion, croissance positive (et proche de 1% plutôt que de zéro), chômage au plus bas depuis 45 ans, inflation au plus haut depuis le même horizon de temps.

GoodbyLenine a écrit :

ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler une situation "quasi-idéale pour l’Etat et ses finances".
Une situation bien meilleure serait par exemple avec une croissance de 2-3%, et un taux de chômage au sens du BIT de 4-5%… Le déficit serait alors sous les 3% du PIB, sans trop d’effort.

Je sais que c’est très français de ne jamais se sentir satisfait, mais je maintiens, chômage et inflation sont à un niveau idéal pour l’Etat par rapport à tout ce que l’on a pu voir depuis un demi-siècle, avec un taux de croissance pas génial mais pas horrible non plus, le tout formant un mix quasi-idéal pour les finances de l’Etat. Espérer en prime un taux de chômage de 4-5%, ce serait du jamais-vu depuis les Trente Glorieuses, vous ne voudriez pas que la France récupère les territoires correspondant au Québec et la Louisiane d’aujourd’hui, en prime, pour qualifier la situation de "bien meilleure"? wink

GoodbyLenine a écrit :

Mais n’oubliez pas que la dernière fois qu’on a eu une situation "quasi-idéale pour l’Etat et ses finances" (relire ceci, instructif !), il y a eu de très fortes revendications de toutes parts pour récupérer chacun sa part de la cagnotte, et ça a tourné vinaigre, y compris pour les hommes politiques qui étaient alors au pouvoir.

Sauf que là, de cagnotte, il n’y a qu’une pile de dettes et de déficits. C’est bien le souci… Mieux vaut pour nous que les politiques se disputent pour partager un gâteau, que de trouver des boucs émissaires à sacrifier lorsque viendra le moment de faire des coupes budgétaires massives et d’augmenter les impôts.


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#4891 26/03/2024 21h34

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INTJ

Sur le chômage j’ai deux bémols  : on a atteint selon les projections démographiques un plateau en terme de population active, qui ne va plus augmenter ou peu pendant des années (et n’augmente plus significativement depuis 2015) et devrait diminuer dans 15-20 ans



ici la courbe avec le scénario pré réforme des retraites (en jaune) et post réforme (en bleu)
dans quelle mesure ce plateau influe-t-il le taux de chômage ?

L’autre point qui m’inquiète est l’évolution des différentes catégories de chômage :


On voit depuis 96 une très nette augmentation des catégories B et C (vert et bleu), donc personnes en recherche d’emploi ayant eu une activité pendant le mois. Ce sont tous les gens acceptant des petits boulots intérimaires ou à temps partiels mais recherchant un autre emploi.

L’évolution du total (violet) est beaucoup moins favorable que l’évolution du rouge (catégorie A), qui est lui même encore différent du chômage au sens du bit (utilisé pour comparaison internationales et cités ci dessus)

je suis d’accord pour dire que c’est mieux que si c’était pire (et on voit que même la courbe du haut diminue), mais prudence sur des chiffres qui pourraient être un trompe l’œil sur ce point précis

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#4892 26/03/2024 22h05

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Sisyphe01 a écrit :

Sur le chômage j’ai deux bémols  : on a atteint selon les projections démographiques un plateau en terme de population active, qui ne va plus augmenter ou peu pendant des années (et n’augmente plus significativement depuis 2015) et devrait diminuer dans 15-20 ans

ici la courbe avec le scénario pré réforme des retraites (en jaune) et post réforme (en bleu)
dans quelle mesure ce plateau influe-t-il le taux de chômage ?

Pour la population active, ça dépendra du solde migratoire. Les projections statistiques, c’est toujours "toutes choses égales par ailleurs", selon la formule consacrée. Or niveau migrations (intracommunautaires ou non), on peut tabler sur le fait que les candidats ne sont pas près de manquer… Pareil pour les épidémies et les canicules, ce n’est pas pour faire du mauvais esprit, mais ça peut jouer sur le pourcentage de la population qui est "active" au sens de l’emploi.

Plus probablement, on peut aussi évoquer la baisse du pouvoir d’achat : quand on a un boulot ça devient dur de joindre les deux bouts  alors à la retraite? Je pense que pauvre, on vieillit mal, mais surtout on vieillit moins longtemps. A ce sujet, je lisais hier que les tarifs réglementés de l’électricité avaient pris +30% environ sur 3 ans, tout de même… Les prix de la nourriture sont pas mal non plus. Pas dit que l’espérance de vie augmente des masses, ce qui serait d’ailleurs ironique car c’est en partie en invoquant l’allongement de l’espérance de vie, que le gouvernement a fait justifié sa réforme des retraites.

Sisyphe01 a écrit :

L’autre point qui m’inquiète est l’évolution des différentes catégories de chômage :

On voit depuis 96 une très nette augmentation des catégories B et C (vert et bleu), donc personnes en recherche d’emploi ayant eu une activité pendant le mois. Ce sont tous les gens acceptant des petits boulots intérimaires ou à temps partiels mais recherchant un autre emploi.

L’évolution du total (violet) est beaucoup moins favorable que l’évolution du rouge (catégorie A), qui est lui même encore différent du chômage au sens du bit (utilisé pour comparaison internationales et cités ci dessus)

je suis d’accord pour dire que c’est mieux que si c’était pire (et on voit que même la courbe du haut diminue), mais prudence sur des chiffres qui pourraient être un trompe l’œil sur ce point précis

Très nette augmentation, en valeur relative certes, mais en valeur absolue, les chômeurs (déclarés…) de catégorie B et C, ça représente aujourd’hui environ 2,5 millions d’après ce graphique, à comparer avec les 8 millions et quelques des autres catégories. Et typiquement ce sont ceux qui retrouvent plus facilement du boulot, car ils restent employables, même à temps partiel, contrairement aux chômeurs de catégorie A qui peuvent rester sans aucun emploi durable pendant 10 ans. En cas de reprise d’activité, les emplois à temps partiels sont facilement convertis en temps plein.

Mais surtout, il y a une chose que vous perdez de vue : vous interprétez un graphique en valeur absolue, pour en tirer une conclusion formulée en valeur relative. Or la population a augmenté depuis l’origine de ce graph’, fixée à 1995. Si la population active augmente de 3% chaque année (pourcentage donné pour l’exemple uniquement), mais que le chômage de catégories B et C augmente de 1% seulement, alors c’est une bonne nouvelle plutôt qu’une mauvaise. Pour confirmer l’argument, il faudrait mettre en relief le % d’augmentation du chômage de catégories B et C avec le % d’augmentation de la population active.


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#4893 26/03/2024 22h07

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INTP

Je n’ai pas suivi tous les chiffres, mais il serait intéressant de voir à quel taux d’intérêt moyen cette dette cours. Pendant des années on entendait que la France émettait des obligations à taux négatif. Clairement si au final on rembourse moins il est stupide de payer comptant, même si on le pourrait.

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#4894 27/03/2024 00h07

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Le coupon moyen des OAT  est actuellement de 1,62%, ce qui est bas, et la durée moyenne de la dette est de 9,17 années, ce qui est long. Le niveau actuel du 10 ans est de 2,83%. On peut imaginer qu’avec 350 milliards  empruntés par an, soit 10% du stock de dette, le coupon moyen n’augmente que marginalement tant que les taux longs restent dans cette zone.

En comparant avec les italiens, leur coupon moyen est de 2,62% pour un taux 10 ans  actuel de 3,64%. La durée de vie moyenne de la dette italienne est de 7,52 années.

Depuis la monnaie unique, on peut dire que l’Italie n’a pas assaini sa situation d’endettement mais est restée stable  (ratio dette/pib autour de 140%) dans les derniers de la classe européenne; l’Allemagne et les Pays-Bas ont réussi à rester dans les limites de Maastricht (60%) excellents élèves, et la France est passée de 60% à 110% des assez bons aux mauvais. C’est notre dynamique qui est inquiétante, davantage que le niveau absolu. Tout comme l’absence de solutions réalistes pour en inverser la tendance.

La France consacre 3,4% de ses dépenses au paiement des intérêts de la dette, là où l’Italie est à 7,9%, et les Pays-Bas à 1,4%. La moyenne de l’UE est à 3,4%

Exprimé en pourcentages du PIB, ces chiffres sont respectivement de 2%, 4,4%, 0,6% et 1,7% .

Dans un monde où la dépense publique et l’investissement semblent cardinaux, (souveraineté militaire, industrielle énergétique et écologique) la France est moins bien placée que la plupart de ses voisins.

Sources: Bloomberg
              Fipeco

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#4895 27/03/2024 00h25

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Vous dites que "c’est notre dynamique qui est inquiétante, davantage que le niveau absolu", partant du ratio dette / PIB, mais si les choses tournaient au vinaigre et que l’Europe connaissait une récession franche pour une raison quelconque (le retour du covid en version méchante, la Russie qui étend la guerre vers la Serbie / Géorgie / Transnistrie / Asie centrale, crise financière…), je pense que le montant de la dette en valeur absolue pèserait lourd, sans la croissance du PIB pour l’atténuer.

Quand on gagne très bien sa vie, ce n’est pas grand chose d’avoir 2000 euros à rembourser chaque mois, mais quand les revenus plongent, le "pas grand chose" devient vite "catastrophique". D’autant que dans ce cas de figure global, l’Italie et l’Espagne seraient vite atteintes tandis qu’elles possèdent la même monnaie que des pays moins endettés. Pas sûr que le spread du "10 ans" allemand et italien reste à 2% dans ce scenario, ni que le problème ne s’étende pas à la France, ce qui ferait moche car l’Italie et la France sont les deux plus fortes économies de l’UE après l’Allemagne.


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#4896 27/03/2024 00h25

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Flavius a écrit :

la France est passée de 60% à 110% des assez bons aux mauvais. C’est notre dynamique qui est inquiétante, davantage que le niveau absolu. Tout comme l’absence de solutions réalistes pour en inverser la tendance.

Dans un monde où la dépense publique et l’investissement semblent cardinaux, (souveraineté militaire, industrielle énergétique et écologique) la France est moins bien placée que la plupart de ses voisins.

Il faut dire que l’expression choisie par notre pouvoir exécutif en 2020, le "quoi qu’il en coûte", annonçait la couleur de ce qui allait inéluctablement arriver, et ce sans aucune ambiguïté.

Au passage, il est très amusant de voir certains pays comme le Portugal avoir largement bénéficié de larges plans d’aide internationaux, et de les voir maintenant afficher un excédent budgétaire (oui oui, on ne rêve pas), sans avoir à rembourser le moindre centime des précédents plans.


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#4897 27/03/2024 00h39

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Les choses ont déjà mal tourné plus d’une fois.

Et la BCE a fait "whatever it takes", à savoir faire passer son bilan de 14% en 2014 à 70%  du PIB de la zone Euro. Essentiellement à travers des des achats de titres d’Etats  (jusqu’à 800 milliards d’euros par an) ce qui a permis le financement illimité et quasiment à zéro des Etats les plus dispendieux.
Certes nous n’avions pas de risque inflationniste. Toutefois face à un risque majeur comme la faillite d’un grand Etat européen je ne doute pas un instant de la réaction de la BCE car la stabilité du système financier est aussi dans son mandat:

Transformer le risque crédit de l’Italie ou de la France, en risque devise: en monétisant les dettes d’Etats fragilisés par des achats massifs, il y aurait sûrement un affaiblissement de l’Euro.

La BCE peut prévenir l’infarctus mais difficilement soigner le cancer financier.

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#4898 27/03/2024 10h45

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Et voilà ça commence :

Nounou, ménage, jardinage… Le crédit d?impôt emploi à domicile dans le viseur de la Cour des comptes

Quelle belle idée d’aller réduire le crédit d’impôt favorisant l’emploi. Je serai curieux de savoir si notre brave cour des comptes dans son chiffrage prend également les effets exogènes du type plus de personne à indemniser, moins de cotisation etc.

Boucler votre ceinture, on va bien rigoler smile

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#4899 27/03/2024 11h45

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Dans les faits, ça créait juste un effet d’aubaine. Ceux qui ont un employé à domicile, ils avaient bien souvent décidé de le faire quoi qu’il arrive, le crédit d’impôt était juste en bonus et ignoraient son existence jusqu’alors (comme la plupart des mesures fiscales), ne l’apprenant qu’au moment où ils cherchaient à satisfaire leur besoin.

Cerise sur le gâteau, ça favorisait davantage les riches que les pauvres, donc ceux qui en avaient le moins besoin, car crédit d’impôt ou pas, il reste quand même la moitié à payer… J’ajouterais que les boîtes d’intermédiaires (soutien scolaire, ménage, …) se goinfrent sur le crédit d’impôt, le salarié récupérant le salaire, ce qui n’est pas vraiment le but de la mesure.


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#4900 27/03/2024 11h45

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En même temps, la cour des comptes a raison, ce n’est pas très juste que les employés à domicile profite surtout aux ménages aisés. Je ne vois pas pourquoi les chômeurs et les rmistes n’y auraient pas le droit. Sans compter les retraités pauvres et les migrants sans emploi.

Quant au principe d’accorder des réductions d’impôt sur le revenu uniquement à ceux qui paient l’impôt sur le revenu, c’est je trouve également assez discriminatoire.

Me concernant, je ne donne jamais mes clés à des employés au domicile, ni ne fait rentrer d’étranger chez moi. Comme vu ci-dessous, la France ne consacre que 0.4% de ses revenus à la justice, donc l’employé qui me vole ou revient me cambrioler ne sera jamais condamné.


“Time is your Friend, Impulse is your Enemy.” John Bogle

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