3 6 #1 27/05/2024 10h50
- Bernard2K
- Membre (2015)
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Je vous propose un fil de discussion sur le testament. Il n’y a pas grand chose sur le forum à ce sujet.
Je rappelle la réflexion de base :
Si je décède demain sans testament, qui touche l’héritage (dévolution légale) ? En payant quels droits de mutation ? Est-ce que ce résultat est conforme à ma volonté ?
- Si oui, je n’ai rien à faire.
- Si non, je dois prendre des dispositions pour orienter la transmission de mon patrimoine vers les gens à qui je veux que ça profite.
Pour orienter la transmission de mon patrimoine selon ma volonté à mon décès, les dispositions à prendre sont essentiellement de 2 ordres :
- testament
- assurance-vie.
En parallèle de la transmission à mon décès, je dois aussi penser aux donations de mon vivant (donations entre vifs) sans oublier de faire des présents d’usage (avec l’avantage qu’ils sont non rapportables à la succession).
Pour la personne qui a fait cette analyse et a conclu que l’héritage sans testament ne correspondait pas à sa volonté, la question suivante est donc : comment faire un bon testament ? Par le testament, on va consentir des "libéralités".
Un bon testament doit être :
- solide, incontestable.
- aussi durable que possible. C’est à dire qu’il doit, idéalement, être rédigé de telle façon qu’il reste valable même en cas de changement de vie, de prédécès d’un proche, de forte modification du montant et du contenu du patrimoine, etc. Certes, on peut toujours le refaire, mais ça coûte en temps et/ou en argent, et surtout le risque c’est qu’on oublie ou qu’on procrastine jusqu’au moment où il est trop tard.
- conforme à la réserve héréditaire. Qui sont les héritiers réservataires ? Les enfants (réserve de 1/2 pour 1 enfant, 2/3 pour 2 enfants, 3/4 pour 3 enfants et plus) ; sans enfants, l’époux survivant (réserve de 1/4).
C’est à dire que si, par exemple, on a 3 enfants, on ne peut léguer librement par testament que les 1/4 de son patrimoine ; les 3/4 (ou plus) doivent forcément aller aux enfants. Si on a un époux mais pas d’enfants, on peut léguer librement par testament les 3/4 de son patrimoine ; le 1/4 (ou plus) doit forcément aller à l’époux. Pour autant, le testament peut ne pas respecter la réserve, ce qui provoque alors la "réduction", cf. messages plus bas.
Si on n’a pas d’enfants et pas d’époux, on n’a pas de réserve à respecter ! On peut donc léguer l’intégralité de son patrimoine à qui l’on veut.
Comment faire :
1) testament olographe, conservé chez soi, au coffre de banque, ou chez un tiers de confiance. Il s’agit d’un testament rédigé entièrement de sa main à peine de nullité.
Risques :
- il peut être contesté, surtout s’il ne fait pas plaisir à des héritiers potentiels…
- Il peut y avoir plusieurs versions, et ça va être la galère pour savoir laquelle est la dernière donc laquelle doit être prise en compte.
- il peut être mal rédigé : termes peu précis, réserve non respectée…
- il peut ne pas être retrouvé !
2) testament olographe, déposé chez le notaire. Dans ce cas, le notaire donne généralement des conseils sur sa rédaction. Ca permet d’avoir :
- un document bien rédigé
- un document peu contestable
- il sera retrouvé : il est enregistré au fichier des dernières volontés
3) un testament mystique, déposé chez le notaire : idem, mais le notaire n’en a pas pris connaissance. C’est rare.
4) un testament authentique : le testament est rédigé par le notaire. Il est signé en présence de deux témoins ou d’un second notaire. Ca permet d’avoir :
- un document bien rédigé
- un document quasi incontestable
- il sera retrouvé : il est enregistré au fichier des dernières volontés.
En pratique, il faut surtout choisir entre 2 et 4) : testament déposé chez le notaire, ou testament rédigé par le notaire.
Quelques exemples de personnes qui peuvent vouloir rédiger un testament :
- un parent (veuf ou célibataire ou séparé) a 3 enfants, dont 2 avec lesquels il est fâché. Il va vouloir avantager son enfant préféré. Il va donc disposer dans son testament : "à mes 2 enfants fâchés, chacun 1/4. A mon enfant préféré, la 1/2."
- un parent a des enfants, et il veut de plus laisser quelque chose à quelqu’un qui lui est cher (un neveu handicapé, un enfant qu’il a pris sous son aile, sa maîtresse, etc). Il va léguer (si 3 enfants) : "à cette personne qui m’est chère, telle partie de mon patrimoine [sachant que ça doit être 1/4 maximum s’il veut respecter la réserve] ; à mes enfants, le reste".
- une personne veut disposer ce qui revient à son conjoint pour être certain qu’il ait un toit et de quoi voir venir, et le reste à ses enfants. "A mon conjoint : ma part dans la RP + telle somme d’argent ; à mes enfants, le reste" (en vérifiant que ça respecte la réserve).
- une personne veut définir précisément ce qui revient à qui : "à Untel, la résidence principale, à Unetelle, la résidence secondaire, à Bidule, la Rolls Royce, et à Trucmuche, le reste du patrimoine". Ca s’appelle un legs particulier. Le risque d’être aussi précis est évident : si la composition du patrimoine change, ça devient bancal. Exemple : au moment du décès, il s’avère que la Rolls Royce est partie à la casse : Bidule n’a plus rien !
- une personne n’a pas d’héritier réservataire, et veut disposer autrement qu’en faveur de ses héritiers. Exemples :
- Je n’ai pas d’enfants, j’ai un père âgé qui n’a pas besoin d’argent, un frère panier percé, et des neveux que j’aime beaucoup. Sans testament, mon père et mon frère héritent. Je lègue donc "à mes neveux et nièces, l’intégralité à parts égales" (mais ils devront payer des droits de mutation de 55% au-delà de l’abattement de 7967 € ; il faudra donc maximiser le recours à l’assurance-vie).
- Je n’ai pas d’enfants, deux frères qui n’ont pas besoin d’argent, et ma partenaire de pacs que j’aime beaucoup. Sans testament, mes deux frères héritent, avec des droits de mutation élevés, tandis que ma partenaire de pacs n’a rien. Je lègue donc l’intégralité de mon patrimoine à ma partenaire de pacs (qui fait la même chose en sens inverse) ; mais, tant qu’à faire, je voudrais que le testament dise que si nous sommes dépacsés d’ici mon décès, elle perd ce legs et que ça revienne alors à mes héritiers.
- Je n’ai pas d’enfants, des héritiers que je ne souhaite pas avantager ou qui n’en ont pas besoin, et je préfèrerais que mon patrimoine aille à une noble cause. Je fais un legs à une ou plusieurs œuvres (après avoir vérifié qu’elles étaient habilitées à recevoir les legs).
Etc.
Quels sont vos conseils et expériences à ce sujet ? En particulier, recommandez vous un testament olographe déposé chez le notaire, ou bien un testament authentique ?
PS : je recommande, en plus du testament, d’établir une liste des organismes (sécu, mutuelle, organismes de retraite principale et complémentaire, assurances etc), des placements : banque (compte courants, livrets, coffre de banque), assurances-vie, compte-titres (PEA, PEA-PME, CTO), super livrets, etc. et enfin, le cas échéant, des sociétés dans lesquelles on est associé.
Pour chaque organisme ou placement, indiquer le numéro de compte et/ou de client. Je ne parle pas de donner les codes d’accès ! Il s’agit juste de savoir où sont les sous. Avant, on pouvait fouiller dans les papiers d’une personne décédée pour identifier ses placements. Maintenant que tout se fait en ligne, le risque est grand que vos proches n’aient pas la connaissance exhaustive de vos placements. Cette liste n’a pas besoin d’être chez le notaire, car elle peut changer plus souvent que le testament. On l’imprime de temps en temps et on stocke la dernière version à un endroit connu des proches de confiance. Ca facilitera beaucoup le travail du notaire et des héritiers et/ou légataires, et ça évite qu’il y ait des comptes non réclamés.
Dernière modification par Bernard2K (28/05/2024 08h15)
Mots-clés : assurance-vie, dernières volontés, héritiers, réservataires, réserve, testament
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