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Pouvoir disciplinaire et sanctions employeur en PME : les règles

Gestion du personnel en PME : éviter les pièges du droit du travail

Cette discussion porte sur les règles du pouvoir disciplinaire et les sanctions applicables aux employés en PME. Les membres partagent leurs expériences et conseils concernant la gestion des conflits et l’application des sanctions, soulignant l’importance de la prévention et de la formalisation des procédures.

Un point central de la discussion est la nécessité de la documentation écrite. Les participants insistent sur l’importance de rédiger des fiches de poste claires et de formaliser tout avertissement ou rappel à l’ordre par écrit. Ils mettent en avant la nécessité de respecter les délais légaux entre les convocations, les entretiens et les notifications de sanctions, pour éviter l’annulation des procédures. La charge de la preuve incombant à l’employeur est également soulignée ; il est donc crucial de conserver des preuves tangibles des manquements des salariés.

La discussion aborde les différents types de sanctions, de l’avertissement à la mise à pied et au licenciement (pour faute simple, grave ou lourde), en précisant les procédures et les précautions à prendre pour chaque cas. Les participants mettent en garde contre les risques liés à des sanctions mal appliquées, notamment le risque de procédures prud’hommales coûteuses. Ils recommandent fortement de se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit du travail, surtout en cas de litige.

Les participants abordent l’impact du barème Macron sur les licenciements, notant une augmentation des saisines pour harcèlement moral et une recrudescence de jugements de licenciement nul. L’importance de la prévention des conflits et d’une gestion rigoureuse du personnel est réaffirmée, afin d’éviter les conséquences financières et les pertes de temps liées aux litiges.

Enfin, la discussion souligne l’importance de respecter la législation en matière de discrimination et d'obligations de formation pour les employés. La bonne foi de l’employeur et le respect des procédures sont présentés comme des éléments clés pour minimiser les risques juridiques.


Favoris 2    5    #1 26/12/2024 14h04

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ESTJ

J’ai pu constater que si la plupart des petits patrons sont très pointus dans le domaine  de compétence de leur TPE ou PME, ils s’avéraient souvent de très mauvais gestionnaires de personnel quand l’entité grandit, le plus souvent par désintérêt de la matière, mais surtout partant du principe que le bon sens l’emporte et sur toute autre considération et que le pouvoir de direction est un peu de droit divin. J’ai pu aussi constater l’ensauvagement croissant d’une partie de la population dont je partage quelques exemples ci dessous, et ce qui restait des comportements marginaux autrefois devient presque banal, y compris dans avec des postes pourtant qualifiés, d’autant plus incompréhensible à mon sens, et surtout plongeant le dirigeant dans un désarroi comportemental face à cela.

En Droit social, le doute sur l’analyse d’une situation arrivant devant un bureau de Jugement doit toujours profiter au salarié : les deux parties ne partent donc pas à armes égales, donc comme employeur, le mieux est de figer des contextes anormaux par des écrits, ceux ci étant opposables ensuite si la situation dégénère.

Quand je reprends une boîte, une de mes premières vérifications est l’existence d’un règlement intérieur et sa lecture : ce document n’est pas obligatoire pour les petites entreprises, pourtant c’est lui qui fixe la progressivité des sanctions possibles. Pour autre exemple, sa bonne rédaction permet d’interdire le port de signes religieux au sein de la boîte.

Quand une situation ne me convient pas, et qu’une simple remarque ne règle pas le souci, je recommande de toujours poser des écrits, mais jamais à chaud : l’employeur dispose d’un délai de deux mois après avoir eu connaissance des faits fautifs pour sanctionner (et non pas après leur date de survenance, la nuance est de taille, et vous permet en la jouant finement de revenir au delà des 2 mois).

Les paroles s’envolent, les écrits restent : un avertissement oral n’a aucune valeur en tant que tel.

Quand vous rédigez un courrier disciplinaire AR ou remis en mains propres contre signature, restez factuel et avec un t.on le plus neutre possible. Si vous pouvez mentionner des précédents dans ce courrier, bien garder en tête que vous ne pouvez sanctionner deux fois les mêmes faits et que ceux prescrits sont juste rappelés à titre informatif et non l’objet de la sanction.

Dans l’échelle des sanctions, le premier echelon est l’avertissement : il ne nécessite aucun entretien préalable.

Comme toute sanction, le salarié peut contester : par écrit, en vous demandant avec explications circonstanciées de revenir sur la sanction prise.

Je conseille dans ce cas de répondre par écrit à ce courrier en lui indiquant si vous maintenez ou revenez sur la sanction sans forcément d’autres explications.

Le salarié a la possibilité de saisir le CPH pour demander l’annulation de la sanction prise par le bureau de Jugement : dans les faits, c’est très rare car pas grand monde n’engage des procédures pour un truc finalement bénin …

Autre grade supérieur dans l’échelle des sanctions, la mise à pied disciplinaire :

Il faut que sa durée soit prévue dans le règlement intérieur et conforme à la CCN si elle le prévoit.
Elle nécessite un entretien préalable, donc convocation avec délai à respecter puis notification de la sanction par courrier au moins un jour ouvré après cet entretien.

À noter que dans son courrier de convocation à l’entretien préalable vous devez noter la sanction maximale envisagée à laquelle s’expose le salarié : ne vous privez pas de systématiquement noter « pouvant aller jusqu’au licenciement » vous ne briderez ainsi pas votre sanction à la simple MAP si l’entretien vous fait appréhender des faits plus graves qu’initialement relevés. À l’inverse, vous pouvez réajuster votre jugement en réduisant la sanction sans souci à un simple avertissement par exemple.
Veillez à bien noter dans le courrier de notification si la MAP a un caractère disciplinaire et si elle entraîne une retenue salaire afférente à la période de MAP.

À noter que l’absence du salarié lors de l’entretien préalable à sanction n’entrave pas la suite de la procédure.

Vous devez notifier la sanction dans les 30 jours suivant l’entretien : par défaut, si vous n’écrivez rien, la procédure tombe, ce qui peut être aussi une méthode de gestion pour faire passer un message.

La mise à pied conservatoire …outil à utiliser avec parcimonie ! Souvent utilisée après une altercation par exemple, pour sortir un élément perturbateur du lieu de travail. À réserver aux faits suffisamment graves pour la justifier à chaud… vous notifiez celle-ci donc, puis fixez un entretien préalable au moins cinq jours ouvrés après la première présentation de l’Ar en mentionnant la encore la sanction maximale encourue que vous avez donc intérêt à fixer donc au licenciement (ne surtout pas préciser davantage ce terme).
Si après entretien, vous souhaitez réduire la sanction et ne pas licencier, vous pouvez par exemple la convertir en avertissement (il faudra alors payer la période de la MAP comme si elle avait été travaillée) ou en MAP disciplinaire (attention de ne pas dépasser le maximum prévu comme expliqué plus haut et bien payer le reste de la période).

Le licenciement pour faute : (simple ou grave à préciser)

Grave : elle enchaîne souvent une MAP conservatoire, à réserver à des faits vous semblant suffisamment étayés pour tenir un débat contradictoire en CPH. A noter que vous aurez alors la charge de la preuve dans les débats en faute grave. Je déconseille fortement sauf cas vraiment grave de sanctionner directement ainsi un salarié avec de l’ancienneté (2 ans ou plus) si son dossier était  antérieurement vierge. Cette forme prive le salarié de son préavis contractuel, de l’indemnité de licenciement mais pas de ses CP valides.

Lourde : à réserver aux cas extrêmes, accompagnés à mon sens en amont par un avocat des la rédaction du courrier de licenciement, gardez en tête que vous devrez prouver la volonté de nuire à l’entreprise du salarié fautif s’il conteste en justice. Une galère ensuite souvent à défendre pour l’employeur.

Simple : vous paierez certes indemnité de licenciement contrairement aux graves et lourdes, mais cela permet de sécuriser à minima en cas de litige. Avec un salarié présent depuis 2 ans ou plus, je recommanderai d’avoir préalablement sanctionné des manquements précédents d’avertissement, ce qui tendra à prouver le caractère mesure de l’employeur dans l’usage des sanctions. À noter que si vous avez déjà sanctionné d’un avertissement un salarié pour une absence injustifiée, vous serez fondé à licencier en faute simple en cas de réitération du même reproche.

Lors des entretiens préalables à sanction, le salarié peut être accompagné soit d’un représentant du personnel si l’entreprise en dispose, soit d’un autre salarié de la boîte, soit d’un conseiller du salarié si votre entreprise est trop petite pour avoir des élus (il y a un formalisme à respecter dans le courrier de convocation ou vous devez indiquer les lieux ou les listes de conseillers sont dispo). Le salarié qui se fait accompagner à l’obligation de vous prévenir de cela en amont afin que vous puissiez alors exercer votre droit d’être également accompagné lors de cet entretien.
Quand le salarié ne respecte pas ce point et vous place devant le fait accompli, vous pouvez refuser l’entretien et reconvoquer en notifiant l’incident.
J’ai aussi eu le cas d’une salariée faisant mine de ne pas connaître l’existence d’élus qui se présente accompagnée d’un conseiller du salarié sans prévenir bien sûr : exigez qu’il sorte immédiatement des locaux, il n’a rien à faire chez vous…j’y ai tellement peu mis les formes que nous avons ensuite ferraille chez l’inspecteur du travail …qui n’a pu que me donner raison…

L’entretien préalable a sanction : vous dirigez et imposez votre process, sans que personne n’ait à y redire. J’ai viré des gens en 1mn chrono, d’autres en 1heure 30 selon mon humeur du jour.

J’ai eu le cas d’un salarié refusant de quitter les lieux après l’entretien car vexé par sa forme : faites intervenir les forces de l’ordre et main courante, point très positif en cas de litige à suivre ….

Dans la même veine, j’ai aussi eu une intrusion du compagnon d’une salariée licenciée mécontent du montant de son STC : un grand moment qui agrémente encore parfois nos anecdotes de dîner des années plus tard .

J’ai aussi eu un cas de salarié ne retirant pas ses AR, ne se présentant pas à l’entretien alors même que l’AR était double d’un courrier simple, se présentant à son poste de travail après son licenciement effectif et prétendant être toujours en poste car non licencié : symptomatique d’une nouvelle catégorie qui se croit au dessus de tout et ne comprend que la méthode très dure…

J’ai eu un cas d’une parenté d’un salarié venue faire un esclandre au bureau avec un malaise simulé, amenant la venue des pompiers et de la police : déposez plainte sans l’ombre d’une hésitation si vous avez un cas proche, car en face il feront de même à coup sûr …

Pas besoin en théorie d’avoir X avertissements en amont pour licencier a juste titre dans ce cas : une pensée au vieux sketch de Coluche: mon père s’en fout du blâme, car au bout de 30, t.u peux être dégradé, et lui il est pas gradé….

D’expérience, j’ai vu des petits employeurs prendre des enclumes conséquentes en CPH alors qu’à leur place, on aurait sanctionné également les faits…mais certainement avec plus de précautions comme la bonne graduation des sanctions  : aucun plaisir particulier à écrire des sanctions, on est juste dans la logique de pour conserver la paix il faut savoir se préparer à la guerre.

Les avocats de salariés ont une imagination débordante pour déformer les faits et faire passer l’employeur lambda pour un thénardier dans les intérêts de leur client …ce qui crée chez le petit patron un sentiment de profonde injustice qu’il aurait pu s’éviter en étant sur la durée plus rigoureux dans la gestion de son personnel : ne leur facilitez pas la tâche …

Mots-clés : avertissement, licenciement, mise à pied conservatoire, mise à pied disciplinaire


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1    #2 27/12/2024 08h44

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Quelques remarques sur le préalable à la sanction :
- Être droit dans ses bottes : si vous avez la moitié de vos salariés non déclarés et l’autre moitié qui reçoit une prime en liquide en plus de la fiche de paye, ou bien si les salariés font des heures supplémentaires non rémunérées, vous aurez beaucoup de mal à pouvoir exercer des sanctions sans risque de retour de bâton.
- Bien définir le poste et le travail attendu, par écrit. Il est difficile de reprocher à un salarié de ne pas faire le travail attendu si ce travail attendu n’est pas défini.
- face à une insuffisance professionnelle, vous devez rechercher des solutions, comme de proposer de la formation. Même si vous avez pertinemment que ce salarié ne fera jamais rien de bon même avec de la formation et même avec tout ce que vous pouvez lui fournir, vous êtes dans l’obligation de faire ce genre de recherche avant de pouvoir lui reprocher son insuffisance professionnelle ou autre faute liée à une maîtrise insuffisante du poste.
- évidemment ne jamais faire de discrimination en fonction de l’âge, de la race, de l’orientation sexuelle, de la santé, du fait d’être enceinte ou en congé parental et cetera. Je connais quand même le cas d’un employeur qui a écrit dans un mail, à une employée qu’il virait : "de toute façon vous êtes trop vieille !". Voilà une phrase, une seule phrase qui lui a coûté 30000 € aux prud’hommes ! Ce jour-là, il aurait mieux fait de rester au lit ça lui aurait économisé 30000 €.
- il est fortement conseillé de vous faire accompagner par un avocat spécialisé en droit du travail, dès les premières difficultés (et dès le début de la procédure, y compris pour l’élaboration de la première sanction, pour la computation des délais qui sont différents entre un cadre et un non-cadre, pour savoir si vous pouvez convoquer malgré l’existence d’un arrêt maladie, et cetera). Ça coûte toujours beaucoup moins cher qu’une condamnation aux prud’hommes.

Dernière modification par Bernard2K (28/12/2024 08h47)


Il faut que tout change pour que rien ne change

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1    #3 27/12/2024 09h15

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J’ajouterai au message de Serenitis qu’il y a des délais minimum à respecter, entre la remise/envoi du courrier de convocation et la date de l’entretien, entre l’entretien et l’officialisation de la décision… bien respecter la procédure et surtout s’appuyer sur des faits non discutables, avec documents/témoignages à l’appui. Renseignez vous auprès de votre organisation professionnelle, ils connaissent parfaitement.

Je tenais aussi compte de l’environnement, du lundi au vendredi les collègues chauffent le salarié fautif, et le week-end, l’épouse lui rappele qu’il ramène de quoi faire bouillir la marmite.

Dernière modification par lachignolecorse (27/12/2024 09h43)


Faire et laisser dire

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#4 27/12/2024 12h35

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Concernant les sanctions, j’en avais occulté deux sciemment :

La rétrogradation (un peu casse gueule si on y va directement)
La mutation …car il faut avoir le contexte qui s’y prête

Bernard souligne a juste titre l’importance de faire des fiches de poste, qu’elles soient ou non signées du salarié n’étant pas un point clé,  mais surtout mentionnées comme annexe du contrat de travail pour être opposable. On peut également les introduire à l’occasion des entretiens d’évaluation annuels ou des entretiens professionnels tous les deux ans : garder en tête sur ceux ci qu’au bout de 6 ans un salarié doit avoir pu bénéficier d’au moins une action de formation pour ne pas être fautif comme employeur (obligation de formation en vue du maintien des compétences de l’employeur).

Sur le black, évidemment …à ce sujet, le travail dissimulé n’est pas que la vision du salarié non déclaré, ça peut être bien plus subtil, avec des notions de travail dit au gris, partiellement déclaré pour être couvert de base mais avec des compléments espèces ..les sanctions m’ayant toujours semble plus lourdes que l’intérêt court termiste, j’ai tendance à tort à l’écarter …
À ce sujet, quand un CPH constate un travail dissimulé, qui inclut une volonté de dissimuler la chose dans la decision de le relever, l’automatisme est une indemnité de 6 mois de salaire et le plus souvent double d’un signalement au parquet pour suites pénales….
À contrario, quand le volet social est lancé suite un constat de travail dissimulé par l’inspecteur du travail, le CPH a la faculté, sans que cela soit un automatisme de délivrer un sursis a statuer jusque la fin du dossier pénal ou non, les deux existent …rendez vous dans au moins 3 ans pour le résultat final, j’ai connu des dossiers où après 7 ou 8 ans on en était encore là…

Sur le licenciement pour insuffisance : je l’avais écarté car la procédure est souvent plus longue que la patience de l’employeur …. En gros, il faut constater le problème via les entretiens annuels ou pro de façon factuelle et compréhensible pour un non initié, proposer des actions correctrices par le biais de formation et après ces dernières constater que le résultat n’est toujours pas au rendez vous. Le tout par écrits successifs bien sûr. Cela peut durer au minimum un an, mais plutôt deux facilement …

Sur les délais rappelés par la chignole, très important car un manquement là dessus casse la validité de votre procédure : soyez prudents avec les fériés, on parle toujours en jours ouvrés : 5 jours entre la première présentation du courrier de convocation (coucou la fiabilité postale !) et non sa date d’envoi, et après entretien au moins un jour ouvré après, la dessus je conseille toujours de doubler avant d’expédier la notification.

Un manquement la dessus et vous serez automatiquement condamné même si le salarié n’en tire aucun préjudice …

Être petit patron est parfois un job rappelant celui du surveillant de la cour d’école maternelle, et s’il faut parfois jouer du sifflet pour éviter les dérapages, je ne connais personne qui y prenne plaisir car c’est clairement une perte abyssale pour la boîte d’énergie, de temps et de bénéfices finaux …

Perso, j’ai toujours regretté que le « système » ne permette pas de mieux valoriser les bons éléments des moyens et surtout des mauvais …encore plus quand on parle de prime collective au personnel, ce pour quoi la base me semblait de sortir les mauvais pour éviter la gangrène et surtout ne pas démotiver les moyens et les bons …


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#5 27/12/2024 12h41

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Je vais être un peu cynique mais quid depuis le « barème Macron » ? Un licenciement rapide pour un motif discutable coûtera moins cher à bien des égards que de traîner le dossier des années à coup de sanctions graduées, entretiens annuels …

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#6 27/12/2024 14h50

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Effectivement, un des premiers effets pervers du barème qui sécurisait le coût du licenciement a été de voir l’hésitation patronale fondre.

Pour ce que j’en ai connu, une légère augmentation des saisines (je ne saurais être plus précis et ça reste subjectif) dans un premier temps sur des contestations de licenciement, a contrario, d’autres salariés virés ont sans doute abandonné l’idée en consultant le barème qui coupait les espoirs « roue de la fortune ».

On a surtout constaté deux choses :

Une hausse conséquente des saisines invoquant harcèlement moral sexuel….qui sont autant de motifs de déplafonnement du barème …certains avocats sont coutumiers de la chose, et sans doute dans l’idée d’obtenir une transaction avant de passer en BJ…

Une recrudescence de jugements de licenciement nul, avec pour conséquence le déplafonnement des indemnités, mais surtout la réintégration dans l’entreprise …ce qui était plutôt rare pour ne pas dire exceptionnel avant, certaines grosses ficelles manifestes ayant le don de faire consensus ….contre leurs auteurs

J’ai aussi lu des jugements s’affranchissant du barème en motivant un préjudice réel important : souvent médiatisés, mais à ma connaissance jamais confirmés en appel, ce qui fait beaucoup moins de bruit et va dans le sens de la réflexion de Durand18 !

Dit autrement, les demandes ont changé, les avocats se sont adaptés ….!


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#7 29/12/2024 17h35

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Prêchant pour ma paroisse, je vous conseillerais de prendre attache avec un avocat. Si vous décidiez néanmoins de procéder en autonomie, je vais tâcher de donner quelques conseils.

En premier lieu, la charge de la preuve incombe à l’employeur : vous devrez être en capacité, dans l’hypothèse d’un contentieux, de rapporter la preuve de ce que vous reprochez à votre salarié. Ce que vous n’êtes pas en capacité de prouver n’existe pas. En matière prud’homale, la preuve est libre.

Assez régulièrement, la preuve est constituée d’attestations de salariés. Dans de trop nombreux dossiers, les employeurs notifient le licenciement, et ne demandent des attestations (à des salariés, des clients, etc …) que lorsque le salarié a saisi le Conseil de Prud’hommes ; c’est à mon sens une erreur. Les attestations doivent être établies avant la notification du licenciement : la mémoire des témoins est fraiche, et en tant qu’employeur, on sait sur quelle voie on s’engage (j’ai de trop nombreux clients qui pensaient pouvoir obtenir des attestations de leurs salariés, et qui, une fois au stade du contentieux, se sont heurtés à des salariés qui ne voulaient finalement plus se mouiller).

En pratique, je demande les attestations de témoins, et je m’en sers pour rédiger le courrier de notification de licenciement (ou de sanction). Voici la trame d’attestation à utiliser.

De la même manière, ne pas hésiter à faire appel à un commissaire de justice. Cela a un coût, mais leurs constats ont une valeur probatoire assez importante en cas de contentieux.

En deuxième lieu, et pour rejoindre serenitis, il convient de formaliser tout recadrage : « ce qui n’est pas sanctionné est toléré ». De nombreux clients constatent des manquements de la part de leurs salariés, mais ne les sanctionnent pas (du moins formellement). Il s’agit là d’une erreur : l’employeur ne peut sanctionner un fait qu’il a par le passé toléré. Il faut, dans un premier temps, rappeler le salarié à l’ordre (et s’en constituer une preuve), et s’il n’obtempère pas, à ce moment le sanctionner.

En troisième lieu, en matière disciplinaire, le délai de prescription est de deux mois : je ne peux reprocher au salarié des faits dont j’ai eu connaissance il y a plus de deux mois. Je rejoins serenitis sur l’utilisation qui peut être faite du point de départ glissant de ce délai, mais en cas de contentieux il m’incombera en tant qu’employeur de rapporter la preuve de la date à laquelle j’ai eu connaissance du fait fautif ; ce n’est pas forcément aisé

En revanche, je nuancerais le prononcé de sanctions préalables. Je mène de nombreuses procédures de licenciement sans qu’il n’y ait eu de sanctions prononcées au préalable.

Si vous souhaitez toutefois utiliser des sanctions disciplinaires antérieures, ne pas oublier le délai de prescription : « Aucune sanction antérieure de plus de trois ans à l’engagement des poursuites disciplinaires ne peut être invoquée à l’appui d’une nouvelle sanction » (article L. 1232-5). Autrement dit, les sanctions disciplinaires qui ont plus de 3 ans doivent être retirées du dossier disciplinaire du salarié.

Enfin, si j’ai deux mois pour engager une procédure disciplinaire, je dois aller bien plus rapidement si je veux aller sur le terrain de la faute grave. En effet, la faute grave est celle qui rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise, de sorte que l’employeur doit, en principe, engager la procédure de rupture du contrat de travail dans un « délai restreint » après avoir été informé des faits allégués. La durée de ce délai « restreint » n’est pas précisément définie, mais lorsque l’employeur tarde à agir, les juges ont tendance à remettre en cause la gravité réelle des faits reprochés. En pratique, je m’interdis d’aller sur le terrain de la faute grave passé un délai de 15 jours.

En quatrième lieu, sur les barèmes Macron, j’aurais tendance à relativiser leur importance :
- ils sont venus limiter certains abus, peu nombreux, mais n’ont, au global, que peu fait baisser le montant des dommages-intérêts alloués aux salariés (sauf pour les faibles anciennetés) ;
- dans au moins la moitié des contentieux que je traite les salariés invoquent être victimes de harcèlement moral, pour faire tomber le barème Macron. Je ne dis pas qu’ils obtiennent systématiquement gain de cause, mais il y a une recrudescence de demandes à ce titre ;
- les salariés formulent des demandes annexes (exécution déloyale du contrat, défaut de formation, défaut d’entretien professionnel, manquement à l’obligation de sécurité, etc …) pour obtenir des sommes complémentaires.

Comme l’évoquais serenitis, lorsque le licenciement est nul (au motif de harcèlement, notamment), le salarié peut solliciter, en lieu et place des dommages-intérêts, sa réintégration (avec rappels des salaires qu’il aurait dû percevoir entre le prononcé de son licenciement et sa réintégration). Lorsque la décision du Conseil de Prud’hommes qui ordonne la réintégration est prononcée 1 an et demi après le licenciement, ça fait 18 mois de salaires … et ce qu’importe l’ancienneté qu’avait le salarié. Dans un récent dossier, on a transigé à 10 mois de salaires, alors que le salarié n’avait que 2 ans d’ancienneté (le barème Macron est alors fixé à 3 mois max), parce que le coût financier d’une réintégration (probable) était trop important (je vous laisse imaginer le coût d’une réintégration qui interviendrait en appel …).

PS : le délai minimal est bien de 5 jours ouvrables entre la réception du courrier de convocation et l’entretien préalable, mais de 2 jours ouvrables (et non 1) entre l’entretien préalable et la notification de la sanction

Dernière modification par Spotlight (29/12/2024 19h06)


"L'expérience est une lanterne que l'on porte sur le dos et qui n'éclaire jamais que le chemin parcouru" - Confucius

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