Rolls-Royce a publié hier son trading update du 2ème semestre 2020. Rien de très neuf par rapport à la situation communiquée en août lors de la publication semestrielle:
Rolls-Royce Holdings a écrit :
• Restructuring plans on track to deliver our targeted £1.3bn cost savings by 2022; at least £1bn of near-term cash cost mitigations confirmed for 2020
• Power Systems end markets seeing some early signs of improvement
• Defence remains resilient with strong order cover for 2021
• Civil Aerospace large engine flying hours gradually recovering; year-to-date 42% of 2019
• £5bn package completed in November to increase resilience, strengthen the balance sheet and
support long-term strategy
• Expected 2020 FCF of approximately £(4.2)bn, subject to timing of year-end working capital cash
flows; resulting in year-end net debt £1.5bn - £2.0bn and liquidity £8.5bn - £9.0bn
• Guidance unchanged: we expect to turn cash flow positive at some point during H2 2021, target at least £750m free cash flow (excluding disposals) as early as 2022 and at least £2 billion from disposal proceeds
Le programme de réduction des coûts est énorme - la crise aura au moins donné l’opportunité à Rolls-Royce de devenir plus efficient dans ses opérations (même si cela signifie malheureusement le départ de plus de 9 000 employés).
L’entreprise vise toujours £750m de FCF en 2022, soit le résultat de 2019 avec un niveau d’Engine Flying Hours (EFH) 10% en dessous. Cette projection peut sembler agressive, mais Rolls est surindexée sur les avions récents - qui voleront donc en priorité. C’est quelque part réaliste: les EFH devraient progresser plus rapidement que le retour des passagers (impactant négativement les load factors), et les avions équipés de moteurs Rolls-Royce voleront en priorité avec une utilisation plus élevée.
A noter que ce chiffre intègre des coûts non récurrents: £300m sur la réduction du hedge book, et £300m associés au Trent 1000.
Il est un peu compliqué de modéliser de manière simple une projection, puisque nous avons beaucoup moins de visibilité sur les ventes et livraisons de moteurs (impact négatif sur le cash flow, vu qu’ils sont vendus à perte), et nous en savons peu sur le développement de l’Ultrafan et les investissements à venir.
Toutefois, toutes choses égales par ailleurs, voici un bridge simple pour estimer le FCF en 2024:
- FCF 2022: £750m
- +10pts EFH: +£300m (retour au niveau de 2019; on sait qu’1 point = £30m de FCF).
- Baisse des coûts sur le Trent 1000 et liés à la réduction du hedge book: +£400m (je table sur la fin des coûts liés au Trent 1000, et un coût sur le hedge book restant de £200m - on sait qu’il restera £750m à régler entre 2022 et 2026).
- Non récurrence des coûts de réorganisation: +£100m
- FCF 2024: £1,550m
Sachant qu’on a à date une Enterprise Value de £11.8B (dont £2B de dette nette), j’arrive à fin 2024 à une EV de £8.3B en prenant en compte le cash généré d’ici là. Ce qui donne un FCF yield de 17.0% en 2024. Si l’on considère que RR doit s’échanger à un FCF yield de 5-6% (en ligne avec sa valorisation historique), j’arrive donc à un upside de +260% - +315% en 4 ans sur la market cap soit environ 27% - 33% annualisés.
C’est élevé mais il y a beaucoup d’incertitudes sur le niveau et la rapidité de la reprise. D’un autre côté, cela ne prend pas en compte le fait que les guidances de Warren East sont en général conservatrices, et que les ventes d’actifs pourraient permettre de rembourser la dette plus rapidement avec un impact qui pourrait être limité sur le FCF. Nous ne sommes toutefois pas non plus à l’abris de problèmes significatifs impactant le Trent XWB au niveau de ce qui a été découvert sur le Trent 1000.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.