Bonjour,
@kmo
En préambule, je dirais que les capacités d’analyse de Baker Street (temps consacré à l’étude, niveau des analystes et étendue de l’étude) sont bien supérieures aux miennes et donc que ce message doit être lu avec la prudence qui s’impose.
J’ai néanmoins essayé de faire preuve de bon sens et de sens (peut-être trop) critique en repérant dans le rapport http://www.bakerstreetcapital.com/BakerStreet_SHLD.pdf deux cas où il était possible de mesurer de manière factuelle l’évaluation faite et le prix des actifs en pratique, puisqu’ils ont été vendus depuis.
Edit LE: voir le message https://www.investisseurs-heureux.fr/vi … 78#p105278
Optimisme sur "Land’s End"
Page 37 de l’analyse de Baker Street je lis que "Land’s End" est valorisé à $ 1,2 B en hypothèse basse et $ 1,6 B en hypothèse haute.
En pratique, SHLD a reçu $ 500 M de la vente de "Land’s End".
Optimisme sur un centre commercial canadien
Page 123 de l’analyse de Baker Street, je lis que le droit au bail du centre commercial Eaton Center a, à lui seul, une valeur estimée à environ $ 590 M. Or, le droit au bail de ce centre commercial a été vendu avec 4 autres pour $ 381 M en 2013. Nous ne connaissons pas le poids de chaque centre commerciaux mais même si le poids de Eaton Center était de 300 M, cela ferait tout de même une surévaluation d’un facteur 2…
Conclusions sur l’optimisme
En m’amusant à faire une généralité à partir d’un cas particulier (je ne déduis donc rien du résultat, car c’est simplement un jeu), en appliquant le ratio de surévaluation "Land’s End" de 0.5/1.2 à l’évaluation globale des actifs non-liquides de Baker Street (extrapolation à simple visée ludique), j’obtiens $ 5,8 B d’actifs non liquides (+ $ 9 B d’actifs liquides) soit 14,8 B, chiffre étrangement assez proche de mon évaluation pessimiste à $ 13,9 B…
En réalité, je ne veux pas faire d’extrapolation à partir de cas particuliers, mais ces deux exemples me permettent néanmoins de constater un fait. Je n’ai pas en pratique la même définition que Baker Street d’une "hypothèse basse" (qui devrait être pour moi une borne inférieure de la valeur, si possible, la plus rapprochée de la vraie valeur, en fonction de la finesse de l’analyse) et que je ne me sens donc pas a priori en phase avec la méthode de valorisation de Baker Street (je ne sais pas en réalité à quoi correspond leur étude, sur quelles bases elle a été réalisée, ni matériellement en vérifier moi-même la pertinence dans le détail, hormis sur quelques cas particuliers), que je ne conteste pas dans sa globalité.
Ne me sentant pas parfaitement en phase avec l’analyse, je préfère ne pas me fier à 100 % à ses conclusions, ce qu’on ne pourra pas, je crois, me reprocher.
Critique de l’application de la loi de Pareto au prix des surfaces commerciales
Je me suis fait la réflexion suivante:
* Les surfaces commerciales de Sears et Kmart me semblent dispersées sur le territoire US / CA comme le montrent les deux images suivantes (à prendre avec des pincettes surtout pour Sears, puisque le mot SEARS n’est pas nécessairement associé à SHLD):
- https://www.google.com/maps/search/sear … 9c6ee48470
- https://www.google.com/maps/search/kmar … a=!3m1!4b1
* si la loi de Pareto s’applique à SHLD, il devrait de mon point de vue en être globalement de même pour mes 200 surfaces commerciales prises aléatoirement puisque la valeur est liée à l’emplacement et que ces 200 surfaces ont été prises aléatoirement (certaines sont bien positionnées, d’autres non). De mon point de vue, les extrêmes sont comptées dans la moyenne.
Les résultats de l’analyse Baker Street donnaient, pour rappel, les résultats suivants: 400 / 2036 des meilleurs emplacements (soit 19,6 %) représentent 7,256/8,638 = 84 % de la valeur
Méthode utilisée pour mon étude:
- Je trie ma liste par prix au m2 (meilleurs emplacements): le prix au m2 varie fortement sur cet échantillon, de 7 € / m2 à 3 600 € / m2
- Je prends l’hypothèse que les "meilleurs emplacements" correspondent au prix au m2 le plus élevé.
- Je compare les 40 aux 204
Résultat: 40 / 204 des meilleurs emplacements (soit 19,6 %) représentent 747,7 / 1432,3 = 52 % de la valeur.
Certes, nous avons une concentration de la valeur sur les meilleurs emplacements (ce qui était attendu), mais dans une proportion bien moindre que celle indiquée par Baker Street pour SHLD. Ne voyant pas vraiment pour ma part pourquoi la concentration de la valeur devrait être beaucoup plus accentuée sur les 20 premiers pourcents pour SHLD (mais je suis prêt à changer d’avis, le cas échéant) et en appliquant le résultat de mon étude aux estimations Baker Street, je vois deux scenari possibles:
* Scenario optimiste: les 80 % down ont grosso modo la même valeur que les 20 % up donc une valorisation globale de $ 7,3 B x 2 soit $ 14,6 B. Youpie !
* Scenario pessimiste: les 20 % up ont grosso modo la même valeur que les 20 % down donc une valorisation globale de $ 1,382 B x 2 soit 2,8 B. Nous tombons ici par hasard sur le prix de mon évaluation pessimiste…
Je ne dis pas que SHLD n’a pas une concentration 84 % de sa valeur sur 20 % de ses emplacements (bien que je n’en vois pas la raison à ce stade). Je dis simplement qu’étant incapable d’arriver à cette conclusion par moi-même, je ne préfère pas tenir compte de cet élément, de manière conservatrice.
Conclusion générale
Je n’ai pas la prétention de faire un jugement définitif global sur l’analyse de Baker Street. Pour ma part, je suis parvenu à la conclusion que ma vision de l’analyse valeur n’était pas alignée à celle de Baker Street sur base d’exemples concrets et me permets donc de ne pas a priori avoir à 100 % confiance en ses conclusions.
@wawaoum
Thèse anti-SHLD ?
Je me défends d’être parti d’une conclusion pour échafauder un raisonnement anti-SHLD. Dans quel but ? J’avais en réalité un biais favorable au dossier en débutant mon analyse (biais contrariant du consensus + opportunité d’investissement potentielle à un moment où les opportunités se font rares + pourquoi a priori consacrer du temps sur un dossier dans lequel je ne souhaiterais pas investir…). Ne faisons pas dériver la file sur un procès d’intention, je m’en suis déjà défendu (voir: https://www.investisseurs-heureux.fr/vi … #p105220). Continuons le débat de qualité sur base d’arguments factuels.
J’ai essayé d’avoir un point de vue neutre par rapport à ce qui avait été dit. J’ai fait mes exercices. Je me suis fait une idée du dossier (que je n’impose à personne), qui a ses limites dont je ne me suis pas caché.
Tableau global
Ai-je manqué le tableau global ? Je ne l’exclue pas, ayant calculé une borne inférieure de la valeur mais pas d’une façon aussi naïve que ce que vous présentez (je n’ai en effet pas "oublié" de prendre en compte ma valorisation de l’immobilier dans mon calcul de valorisation).
Valorisation de l’immobilier
Je pense que nous sommes d’accord pour considérer que la valorisation de l’immobilier est l’un des éléments importants du dossier pour calculer une valorisation, puisqu’il représente potentiellement une grande part de l’actif. Je ne sais pas sur quoi repose votre évaluation à la louche de l’immobilier entre $ 10,0 B - $ 15,0 B. J’ai pour ma part essayé de valoriser l’immobilier en tentant de donner une réponse à la question: "Combien vaut une surface commerciale de 100 000 ft2 aux US ?", comme le nombre de transactions figurant dans le rapport annuel était relativement limité, il me semblait risqué de m’appuyer sur ces données pour l’évaluation de l’immobilier (valorisé selon cette hypothèse à 27,0 B). J’ai fait une étude personnelle de la question pour vérifier que ces prix de transaction correspondaient grosso modo aux niveaux de prix moyens du marché. Cette étude a donné des résultats très différents du prix des dernières transactions (moyenne des 200 surfaces étudiées en général et moyenne des anciennces surfaces Kmart en particulier), auxquels je ne m’attendais pas a priori. J’ai alors préféré être (trop ?) conservateur dans mes choix de valorisation plutôt que d’être trop optimiste, ce qui me donne un chiffre à 2,8 B. Il n’y a donc pas lieu d’ajouter 28 B à l’actif, à mon sens.
Je n’exclue pas que l’immobilier de SHLD ait une valeur supérieure à 2,8 B mais je ne vois pas pour ma part sur quelles bases conservatrices on parvient à une valeur de 10,0 B ou 15,0 B. Si quelqu’un peut donner des arguments factuels allant dans ce sens que je suis en mesure de comprendre, de vérifier et qui me semblent corrects, je suis bien sûr preneur et suis prêt à remonter ma borne inférieure de la valeur dans ce cas.
Votre analyse de la valeur
Nous ne sommes pas en phase ou je vous ai mal compris. Votre raisonnement me semble manifestement erroné (si je comprends bien l’origine des chiffres sous-jacents, ce dont je ne suis pas sûr).
Wawawoum a écrit :
À la pelleteuse, on a:
CP = Actifs - dettes
CP = (20+13+9) - 16
CP = 26 milliards
CP = Actifs - dettes => OK
CP = (20+13+9) - 16 => NOK:
- Que représente le 20 ? L’immobilier ? Sur quelle base parvenez-vous à cette valorisation qui me semble dépasser dans son optimisme celui de Baker Street ?
- Que représente le 13 ? La mauvaise réponse serait mon chiffre de 13,9 qui représentait l’actif dans son ensemble et contenait en particulier les actifs liquides et l’immobilier.
- OK avec le 9 s’il représente les actifs liquides (j’ai également fait l’hypothèse, pas nécessairement très sage, de ne pas déprécier les stocks…) mais également NOK car ce chiffre est déjà compté dans le 13, si j’en ai bien compris la signification !
- OK avec le 16 qui représente l’endettement.
CP = 26 milliards => NOK: - $ 2 B
Je vous retourne donc votre question: ne partez-vous pas de la conclusion pour construire votre raisonnement ? Je n’attends pas de réponse sur ce point pour ne pas faire dévier la file de son but, c’était simplement une touche humoristique et un renvoi d’ascenseur: je ne doute pas en réalité du sérieux et de la bienveillance de vos intentions.
Conclusions incorrectes ?
Je ne comprends pas bien ce en quoi le résultat de mon analyse vous laisse dubitatif:
- J’ai calculé une borne inférieure de la valeur sur base d’hypothèses globalement conservatrices (ce qui explique que certains points sont à 0, faute d’être capable de les évaluer: je ne dis pas qu’ils valent 0, mais 0 reste une borne inférieure de leur valeur; je ne vois pas ce en quoi reconnaître ses limites serait un tort).
- Cette borne inférieure était inférieure à la dette
- Il me semble donc logique de rester à l’écart du dossier dans ces conditions
- Je ne conclue pas que la vraie valeur de SHLD est inférieure (ou supérieure) à l’endettement.
Je ne vois pas d’erreur logique manifeste dans mes conclusions.
Conclusion
Nous ne sommes pas obligés d’être d’accord sur tout. Chacun peut avoir son avis (fut-il divergent du consensus) et l’exprimer, surtout s’il est argumenté et de bonne foi. En l’espèce, la conclusion de mon premier message, sans être d’ailleurs opposée à celle des autres intervenants précédents a déjà suscité deux commentaires qui s’interrogent sur un parti pris anti-SHLD a priori (alors même que je ne dis pas que je suis opposé à un investissement dans SHLD mais que je n’ai pas compris pour ma part). Le dossier est-il si évident que tout le monde doive y adhérer avec enthousiasme, au risque de perdre notre sens critique ? N’y aurait-il pas alors un emballement et un excès d’optimisme sur ce dossier, si nous n’avions plus le droit d’y réfléchir ? Je me défends d’avoir une vision religieuse du dossier ! Pour ma part je n’ai manifestement pas vu ce qu’il y avait à y voir (et je le regrette vu le temps passé sans pouvoir y investir et ce, malgré un a priori positif) et je ne pense être ni un imbécile (ce que personne n’a dit) ni de mauvaise foi ni particulièrement illogique ni figé dans une position. Je n’exclue pas que d’autres voient à raison des actifs à valoriser que je ne vois pas ou à valoriser différemment du fait de leur niveau en analyse supérieur au mien, qui permettraient de remonter à raison la borne inférieure que j’ai déterminée pour la valeur, y compris à un niveau permettant à l’actionnaire de recevoir une valeur très supérieure à la capitalisation boursière. Mais j’aimerais alors comprendre pour progresser (et je ne demande bien évidemment pas ici de dévoiler des informations insider IF, par exemple, mais sollicite simplement l’aide des membres du forum pour affûter mes capacités d’analyse, ce qui fera de moi un meilleur investisseur, ce que je crois, tout le monde me souhaite ici). Il me semblerait dommage de ne pas pouvoir exposer mes idées librement. Dans ce cas, je devrais réfléchir à la pertinence de ma participation à ce forum (mais nous n’en sommes pas là, bien entendu, et il ne s’agit pas d’une "menace" car il y a de toute façon suffisamment d’intervenants de qualité sur ce forum pour que la disparition d’un membre obscur ne soit pas significativement préjudiciable à l’ensemble). Je propose donc de discuter du fond de manière factuelle et argumentée et d’échanger des idées plutôt que d’imaginer les intentions des autres intervenants.
Cordialement,
Vauban
Dernière modification par vauban (27/07/2014 14h43)