Nappy, même quand il s’agit de foncières, qu’on peut en apparence (trompeuse!) analyser rapidement par quelques ratios, il faut aller creuser et s’intéresser à ce que fait cette foncière.
Quels sont ses actifs ? Vous avez essayé de calculer un prix au pied carré, ce qui peut sembler sensé, mais cela demanderait, pour avoir une signification, d’être beaucoup plus précis. Pourquoi ? Parce qu’à moins d’avoir tous ses immeubles dans le même quartier d’une même ville, avec des baux identiques, les chiffres que vous obtiendrez n’auront aucun rapport avec la réalité. LXP détient des bureaux, plus ou moins excentrés, des actifs mixtes (bureaux/industriel), des entrepôts, des terrains à New York loués pour 99 ans et même un terrain de golf ou des bâtiments loués à une communauté religieuse ! Evidemment, ces actifs n’ont rien en commun si ce n’est de générer un cash-flow et une analyse à minima par type d’actifs est nécessaire. Et n’allez surtout pas les comparer avec de l’immobilier résidentiel, comme dans votre lien : il n’y a aucun rapport!
Ces actifs dégagent donc un cash-flow. Mais quel est le traitement comptable de ce cash-flow ? LXP détient des terrains à New-York loués pour 99 ans (vous les trouverez dans le rapport annuel ou trimestriel sous « ground leases »). Les normes GAAP amènent LXP à comptabiliser des loyers en « rent straight lining » (si ça ne vous parle pas : How to calculate straight-line rent ? AccountingTools) ce qui a pour conséquence d’exagérer le cash qui rentre effectivement dans les caisses en début de période locative et de le sous-estimer vers la fin, et par conséquence de distordre le FFO. Il faut retraiter ces FFO pour estimer le cash réellement disponible (les FAD, funds available for distribution), ce qui implique aussi d’émettre des hypothèses sur les besoins en capex. Vous pouvez reprendre le capex des années précédentes pour vous donner une idée de ce qui est nécessaire, sachant que LXP vend de plus en plus de bureaux (gourmands en capex) pour se focaliser sur des actifs moins couteux à entretenir, notamment par son programme de build to suit.
Par ailleurs, LXP est en mutation : avez-vous pris la peine de lire les derniers rapports trimestriels et la guidance pour 2016 ? Sans ça, votre exercice d’analyse est non seulement incomplet: il est dangereux.
Par exemple, LXP a entrepris de vendre ses terrains à New York pour optimiser ses cash-flows (l’IRR est bon, rallonge la durée moyenne des baux, mais ces actifs pèsent à la fois sur le cash qui rentre effectivement et sur le niveau d’endettement global, parce qu’on peut leverager ce type d’actifs à 90% de LTV, ce que LXP ne s’est pas gêné de faire quand ils avaient un meilleur WACC : 242$ millions de dette face à un cash flow de 5 millions environ). Conséquence : les FFO vont baisser sur 2016 (guidance à 1$-1.10$, et on peut penser que fin 2016 les FFO seront un peu en deçà de 1$, vers 0.95$) mais le cash réellement disponible à la fois pour couvrir les dividendes ou les rachats d’actions devrait, en apparence paradoxalement, augmenter.
Le programme de rachat d’actions est une bonne chose mais focalisez vous sur les chiffres : le premier programme (qui est inclus dans la guidance 2016 et considéré comme exécuté en totalité) ne représente qu’environ 2% du capital. Il y aura probablement un deuxième programme de rachats, et c’est une bonne chose, mais un REIT est structurellement plus limité dans les rachats qu’un autre type d’entreprise : il est en général endetté, doit gérer ses covenants liés à cette dette, utilise en général le cash provenant de ventes d’actifs (ce qui provoque une diminution du NOI) pour financer ces rachats. Ces programmes sont une bonne chose, témoignent d’un REIT bien géré, mais ne transforment pas de manière fondamentale un dossier.
Bref, je ne vais pas m’étendre davantage, mais valoriser un REIT demande de bien comprendre son activité et ses spécificités, tant propres qu’inhérentes à son statut de REIT. Formez-vous bien à toutes ces complexités et ouvrez les rapports annuels/trimestriels !