Bonjour,
afin d’étayer cette réflexion de chiffres / de faits, je vous propose quelques passages de ce document de l’ACPR.
(L’ACPR est l’autorité de contrôle des banques et des assurances. Elle est rattachée à la banque de France)
ACPR (chiffres de fin 2014) a écrit :
Par ailleurs, exception faite de 2011, on observe que, depuis 2009, les taux servis baissent plus rapidement que la performance des placements, le différentiel étant passé de +26 bps en 2009 à +64 bps en 2014 (Graphique 7). Néanmoins, fait nouveau depuis 2012 et 2013, les taux servis ont été plus élevés que le rendement des placements pour plus du quart des organismes.
(…)
Le ratio des frais des placements sur le total des placements s’est stabilisé depuis 2009, année au cours de laquelle il a presque été divisé par deux. En 2014, il ressort quasi inchangé par rapport à 2013 (-1 bp à 0,25 %) ; il conserve une hétérogénéité prononcée, l’écart interquartile indiquant des frais des placements allant du simple au double selon les organismes
(…)
Dans un contexte de baisse des taux, la part des obligations souveraines a diminué à 33,9 % (-1,2 pt par rapport à 2013 ; Graphique 12). En revanche, la part des titres obligataires non souverains reste relativement stable à 47,5 % (-0,2 pt).
(…)
Parallèlement, le stock de plus-values latentes a doublé par rapport à 2013 (+98 %) et atteint 155,4 milliards d’euros (Graphique 13). Cette hausse reflète principalement la baisse des taux qui a provoqué un accroissement des plus-values latentes sur les titres obligataires, notamment souverains. Elle peut donc être contrariée par une remontée des taux, même si tous les types de placements se sont appréciés :
- Le stock de plus-values latentes sur les placements obligataires souverains enregistre une hausse de 162,7 % par rapport à 2013 pour atteindre 78 milliards d’euros ; le segment explique à lui seul 62,9 % de la hausse totale des plus-values latentes en 2014. Mécaniquement, le taux de plus-values
latentes sur ce segment a également fortement progressé (de 8,3 % en 2013 à 21,6 % en 2014 ; Graphique 14).
- De façon analogue, le stock de plus-values latentes sur les placements obligataires non souverains a augmenté de 88,8 % par rapport à 2013 pour s’établir à 50,7 milliards d’euros en 2014 ; ce second segment explique 31 % de la hausse totale des plus-values latentes. Le taux de plus-values latentes progresse de 4,5 points sur ces titres pour atteindre 10 % en 2014.
Il y a une version actualisée de Mars 2015, mais moins complète
ACPR (chiffres du 1er trimestre 2015) a écrit :
Le stock de plus-values latentes des organismes de l’échantillon poursuit sa forte
progression (+24% sur le premier trimestre 2015 et +93% en année glissante) et atteint un nouveau record de 204 milliards d’euros (cf. graphique 9). La hausse sur le trimestre s’explique essentiellement par les titres souverains (+20,2 milliards, soit 51% de la hausse des plus-values) et par les actions et titres assimilés (+14,3 milliards, soit 36% de la hausse des plus-values), sous l’effet de la baisse des taux obligataires.
En résumé, les plus values latentes représentent pour les 12 principaux assureurs vie 200 milliards sur 1300 milliards d’encours ! Cela correspond tout de même à plus de 15% !
D’ailleurs, autre réflexion, comme les fonds euros dynamiques/immobiliers sont plus jeunes, ils sont censés avoir (un peu?) moins de plus value latente (seulement un peu moins car les plus values latentes ont surtout été constituées depuis quelques années). A approfondir.
L’ACPR fait aussi des statistiques sur les réserves, qui s’appellent en fait des provisions. Elle calcule un indicateur de richesse économique : la somme de la provision pour participation aux bénéfices, de la
provision pour risque d’exigibilité, de la réserve de capitalisation et des plus-values latentes nettes sur les placements et, d’autre part, des provisions techniques.
On a en 2014 un indicateur de richesse économique (~plus value latente + réserves) de plus de 18%, au plus haut depuis 10 ans. Il était de 2% en 2008 et 2011, ce qui a permis de lisser les taux !
(Les "Q" signifient quartiles)
Pour parler des plus spécifiquement des provisions pour participations aux bénéfices, elles représentaient 21 Milliards€ soit un peu moins de 2%, tout comme en 2010.
Cependant, tout n’est pas rose, et l’ACPR a prévu une sorte de stress test.
ACPR a écrit :
Enfin, l’ACPR suit avec attention les conséquences de la baisse des taux qui s’est poursuivie en 2014 sur la solvabilité des organismes. Ces conséquences sont ambigües sous Solvabilité II, générant une hausse à la fois de l’actif et du passif, le SCR taux pouvant quant à lui évoluer dans un sens ou dans l’autre.
Pour renforcer ses analyses, l’ACPR a demandé aux organismes d’assurance français d’examiner l’impact à moyen terme de l’environnement actuel de taux bas sur leur solvabilité, l’équilibre de leur situation financière et le respect de leurs engagements. Ces travaux devront être conduits dans le cadre de l’évaluation interne des risques menée par les organismes français pour l’exercice 2015, préparatoire à l’ORSA (le système de gestion interne des risques ou « Own Risk and Solvency Assessment ») prévu par Solvabilité II.
Dernière modification par Fructif (17/09/2015 13h31)