A propos de la demande de pétrole :
L’article de Zero Hedge cite plusieurs prédictions, et retient la pire : 20 mbpd (millions barrels per day) de baisse (soit dit en passant : vu que la demande mondiale normale est d’environ 100 mbpd, une baisse de 20 mbpd est aussi une baisse de 20 % : c’est commode).
Si on lit cet article de Reuters (daté du 20 mars), qui cite des prévisions de baisse entre 1 et 10 mbpd, on pourrait se dire "quand même, ce Zero Hedge, toujours en train de prévoir le pire". ’Demand destruction’ - analysts race to lower outlooks for oil - Reuters
Mais un autre article de Reuters (daté du 30 mars) dit : "la demande pourrait chuter de 30 mbpd". Changement de t.on considérable en seulement 10 jours. Certes, c’est l’avis d’un seul analyste, mais enfin c’est un trader de commodities donc ils doivent savoir à peu près de quoi ils parlent. Global oil demand could fall around a third next month: Trafigura - Reuters
Le prix du baril est un indicateur avancé de l’état de l’économie, en temps normal. Là, il y a en plus le bras de fer entre l’Arabie Saoudite et les autres producteurs, notamment Russie et USA.
Si on se met deux minutes à la place de l’Arabie Saoudite : elle dit manifestement "nous, on peut tenir". Pour quelle raison :
- C’est juste pour faire les fiers, car les Arabes sont un peuple fier ?
- c’est pour bien montrer que ce sont eux qui décident du prix du pétrole ? Et pouvoir s’attribuer le mérite de la prochaine hausse du prix ; montrer ainsi aux autres pays producteurs que c’est l’Arabie qui régule les prix, et donc peut leur garantir leurs revenus, à conditions qu’ils soient bien obéissants ?
- c’est pour faire couler un max de producteurs ayant des coûts de revient plus élevés, de façon à obtenir ensuite un beau rebond des prix quand la demande repartira et qu’il y aura beaucoup moins de producteurs qui seront encore debout ? Il me semble que c’est plutôt cette dernière solution, mais l’Arabie peut-elle se permettre de maintenir un prix aussi bas durablement, alors que ses recettes dépendent très fortement de cette matière première ?
En tout cas, il me semble que l’Arabie n’aura pas mal à maintenir les prix bas car la demande risque de rester durablement très basse. Il est même possible que les prix restent bas alors même que l’Arabie tentera de les faire augmenter… Trump vient de dire "les 15 prochains jours seront très douloureux". Mais, en France, on nous a déjà fait le coup d’annoncer les mauvaises nouvelles pour 15 jours à la fois (10/11) Humour sur l’investissement et poissons d’avril ! ). Qui peut croire que les 15 jours suivants seront beaucoup mieux, aux USA notamment, qui commencent seulement à entrer dans la crise ?
Puisque la nouvelle tendance est de raisonner par période de 15 jours à la fois, à chacun d’évaluer pour soi-même combien de fois 15 jours cette crise peut durer… Pour en déduire combien de temps la demande de pétrole va rester très basse… pour en déduire combien de temps le cours du pétrole va rester très bas… Au passage, il faut aussi essayer d’évaluer ce qu’il restera de l’économie au bout de ces N fois 15 jours…
Dernière modification par Bernard2K (01/04/2020 15h22)