A vrai dire, quand j’étais gamin dans les années 80, les peurs findumondistes m’avaient déjà alors traumatisé.
On parlait déjà de crise, c’était la fin du pétrôle déjà, on risquait de tous crever dans une guerre thermo-nucléaire engendrée par la folie furieuse de gouvernants incapables de se tenir, et qui, si leur doigt dérapait malencontreusement sur le bouton, allaient faire pêter la planète. (Cf le film Wargames pour ceux qui ont connu).
Puis avec l’apparition des ordinateurs, on n’aurait plus de boulot, les robots allaient prendre notre place, en l’an 2000 on partirait tous dans l’espace et on pourrait laisser crâmer la planète, le SIDA allait tous nous décimer, et était un châtiment divin pour certains, et que sais-je encore.
Alors c’est sûr qu’il y a de l’angoisse. Mais l’angoisse naît bien souvent de rester tétanisé dans l’inhibition de l’action où l’on ne va nulle part, donc on subit le réel. L’angoisse continue car on ne fait rien, car on croit qu’il ne sert plus à rien de faire quoi que ce soit, donc on se cantonne dans un réduit riquiqui, à vivre enfermé, enfermé dans les conceptions de la vie d’autres personnes.
On ne s’aventure plus à risquer la vie, car la vie est risque. Marcher c’est risquer de tomber.
Or, rester au fauteuil puis au lit n’est pas moins risqué, car on peut faire de beaux escarres.
J’ai le sentiment que ces sentiments de peur naissent parce qu’on a le luxe de pouvoir penser la catastrophe…les vrais pauvres, et ceux qui ont subi des trucs affreux, ils ont vachement plus la banane que nous! J’ai bossé dans mon dernier poste avec pas mal de migrants afghans, ils ont souvent subi des trucs atroces qui les ont fait partir, mais ils ont un sens de la positivité étonnant.
Alors oui la bourse il y a du risque…mais il faut juste prendre du recul de temps en temps. Là c’est ce que je fais, parce que ma situation est moins facile qu’elle ne fut financièrement, parce que j’en ai marre de mon boulot et surtout des conditions qui y règnent…mais comme je bouge ou que j’ai eu l’occasion d’écouter des gens de tous horizons, c’est partout le même bazar.
Nous vivons une crise de transformation, c’est comme les maladies: on a développé une culture d’éradication du symptôme, qui devrait disparaître car n’étant pas conforme à une expression "normale" et surtout normée du bien-être.
Or tout symptôme a sa fonction, qui est d’être une tentative de guérison d’un mal-être, donc son expression.
Donc les crises actuelles reflétent un conflit entre un désir de mutation profonde, et ce qui y résiste. Les deux forces sont naturelles et ont leur raison d’être. Dire que l’une est meilleure que l’autre n’aide pas à s’en sortir. Les deux ont leur raison d’être, et la nature dictera sa loi en dernière instance.
La peur réside dans le fait qu’effectivement on doit abandonner nos référentiels antérieurs: si des choses changent, forcément nos repères seront autres.
Il y a un siècle, le téléphone était une révolution. Aujourd’hui il est la norme.
Il y aura toujours un avenir, aussi de l’économie.
Et probablement toujours une différence de résultat entre les spéculateurs, et les investisseurs.
Investir est une vision à long terme, pour moi.
Cela implique qu’on peut rechercher un rendement financier. Mais qu’on cherche aussi à investir dans des actifs qui aient une signification, un projet à long terme.
Et donc chercher ce qui est plus porteur de vérité que d’illusion.
Donc investir n’est pas qu’une affaire de sous, c’est aussi une affaire de donner de l’énergie et donc sa confiance dans la pérennité d’un modèle, d’une activité, bref de cherche ce qui a de la valeur durable dans un monde en mouvement avec beaucoup d’illusions marchandes.