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#1976 31/03/2020 20h29

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Le problème des vacataires c’est qu’ils peuvent passer d’un établissement à un autre et contaminer tout le monde. Il y a donc une politique de non remplacement ou bien d’heures sup pour les soignants déjà en poste, mais cela va vite atteindre ses limites. Actuellement, aucun vacataire n’est engagé, ou alors il faut qu’il ait été testé et qu’il ne travaille pas ailleurs, ce qui est très rare.

Quand un soignant a des symptômes, il est testé et ne revient pas travailler avant d’avoir le résultat (24h), il manque donc régulièrement un ou plusieurs soignants. Heureusement, personne ne semble contaminé pour l’instant mais on commence à nous parler de faux négatifs ce qui fait peur à tout le monde ("et si je suis testé négatif un jour et que je l’attrape le suivant ?").

D’autre part, la réflexion est en cours pour que les soignants qui ont des familles ne rentrent pas chez eux (sur la base du volontariat) donc dorment sur place ou à l’hôtel afin de ne pas être contaminés puis contaminants. Ils veulent que les soignants soient le plus possible sous cloche pour ne ne pas faire rentrer le virus.

Et tout ça payé au smic pour les AS et un poil plus pour les IDE (ceux qui sont au siège et ne mettent pas un pied sur site par contre…).

Il y avait une réunion avec un IDE hygiéniste aujourd’hui pour présenter les bonnes pratiques mais je n’ai pas réussi à y aller. Il faudra que j’y aille à la prochaine session car je dois avoir beaucoup de mauvais gestes (d’autant que je n’ai aucune formation à ce sujet).

Nous allons être bons pour les masques chirurgicaux, nous pouvons désormais en avoir 2 par jour. Nous avons des blouses (aucune idée de combien). Par contre, nous avons très peu de FFP2.

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#1977 31/03/2020 21h38

Membre (2019)
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En tout cas pour la production d’électricité, côte nucléaire tout au moins, EDF, ses agents et les prestataires devraient tenir le coup en toute sûreté.

https://www.lemonde.fr/economie/article … ul1_Fur5_U

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1    #1978 31/03/2020 23h01

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niceday a écrit :

traz a écrit :

Ces pressions ajoutent du stress à l’épuisement et aux tensions déjà présentes. Si nous devons gérer un Ehpad sous Covid, avec un sous-effectif croissant suite aux arrêts des salariés malades, avec la gestion des déments et des autres résidents, les semaines qui viennent risquent d’être difficiles.

C’est déjà le cas dans des unités de longue durée USLD dans le 92. Les cas testés sont isolés mais clairement les aides-soignants et autres personnels de soins qui ne sont pas formés et ne font pas les bons gestes diffusent le virus, eux mêmes contaminés parfois.
Le manque de blouses et de gants sont aussi préoccupants que le manque de ffp2.

Oui c’est le personnel soignant qui diffuse le virus dans les ephads, mais il n’y a pas d’autres choix; ils ne sont plus nombreux. La recherche de vacataire ne permet pas toujours de combler les absences.
Pour les familles, c’est ça où personne pour s’occuper de "nos vieux".

Par exemple, 1 infirmière et 2 aides soignantes pour un étage de 35-40 résidents dont certains diagnostiqués Covid-19 en 11h de travail n’est pas une situation appropriée; c’est pourtant ce que vivent certains USLD en ce moment.

Oui, en fait on voit la non-préparation, en particulier dans l’hôpital public, avec son caractère hiérarchique ultra-vertical, et ses conséquences quand c’est la crise.
Ma compagne me raconte, puisqu’elle migre sur plusieurs sites (en plus elle n’est pas soignante), enfin, migrait, puisqu’on a enfin cessé de la faire se balader (quoi de mieux pour être vecteur de transmission, surtout quand on a été dans une unité où ont été transféré deux malades positifs!), la confusion parfois, et la non-réponse de la chaîne hiérarchique.

Là j’ai été redéployé sur un foyer d’accueil médicalisé, puisque le site où je travaille a envoyé les jeunes chez eux (handicapés moteurs). Il y a eu un patient envoyé aux urgences, et il est suspecté un cas de coronavirus. Mais le test était négatif, seuls les symptômes cliniques ont servi de critères (symptômes respiratoires). Or il est BPCO (bronchopneumopathie obstructive), donc il me paraît fort possible qu’en fait, il soit atteint d’autres choses avec une expression clinique qui donne une mauvaise image au scanner. Ma collègue coordinatrice me disait d’ailleurs que l’ARS ne le comptabilisait pas comme cas avéré puisqu’il n’y avait pas d’élément probant.
Mais la démarche, en cas de doute, est le maximum de précaution: donc confinement des voisins de tables immédiats, pendant 14 jours. Puis du maximum de patients possibles.
Il y a une autre aile, foyer de vie, mais les patients sont plus valides et mobiles.
Du coup ils commencent à être préparés à ce que l’espace commun soit fermé et qu’ils restent chacun dans leurs ailes. Afin de réduire les contacts de groupe.
Le tout en attendant qu’il y ait d’autres cas qui se déclarent, ce qui confirmerait que le patient 0 est bien positif…ou pas.
Une aile de confinement et d’isolement a déjà été préparée.

Les soignants ont des explications très claires, et aujourd’hui, le médecin s’est déplacé (du site où je suis originellement), exprès pour les rassurer.
En fait ils ont peur, pour chez eux, mais aussi se demandent par où ce serait rentré.
Alors qu’en fait, on n’a aucune certitude.
La seule réponse possible est de continuer les gestes barrières.
Et nous n’avons qu’un masque par poste.
Il y a une réserve de personnel (donc en plus), mais se pose effectivement la question qu’il n’y en ait pas trop à la fois, pour ne pas multiplier les risques de contamination par multiplication des contacts. Mais si chaque patient est confiné en chambre, cela demande un surcroît de travail pour faire manger, contrairement à un repas en salle. D’où plus de personnel.
C’est d’ailleurs ce que ma compagne m’a annoncé ce soir: elle travaillera les deux prochains week end (elle ne travaille jamais le week end), afin d’aider pour les repas et l’intendance (chariot de linge etc…).

Et pour rebondir sur le thème abordé plus haut, se pose effectivement le problème de faire respecter le confinement à des patients possiblement agités qui ne supporteront pas bien l’enfermement. Et effectivement, la réponse est soit l’enfermement pur et simple en chambre, soit la contention "chimique".
Ca peut paraître violent (et l’idée ne me plaît absolument pas du tout), mais en fait, dans ce genre de cas, il n’y a pas énormément de solutions autres.
Sauf que, pour des patients fragiles respiratoirement, l’usage de psychotropes peut avoir un effet délétère car dépresseur respiratoire, donc la difficulté de prescription et de gestion de la situation est non-négligeable!
Bref c’est compliqué.
Et les équipes sont angoissées, sauf qu’en fait, le meilleur remède contre l’angoisse est la vigilance.

Mais je conçois, pour ce que j’en ai pu voir récemment, qu’en Ehpad public, les conditions de travail sont tellement tendues voire dégradées, que maintenir la vigilance, est absolument difficile.
Et à mon avis la circulation du virus est inéluctable.

Après, de toutes façons, il circule déjà sous des formes non-détectées. Cela pourrait être rassurant, mais comme c’est non mesuré, cela ne peut l’être.
Donc la seule solution qu’il reste c’est de faire avec l’existant au mieux, et de relativiser, sans négliger, mais sans dramatiser.
Je ne vois rien d’autre à faire.

En tous cas ce virus nous confronte à toutes les zones de désertion de la médecine, à toutes les zones d’inefficiences du système médical qu’on a mis en place depuis des années, avec beaucoup de barrières et limites administratives, mais peu de souplesse de fonctionnement, de résilience, et de réactivité.
Et il met aussi de manière totalement crue, à jour l’interdépendance des différents systèmes de santé entre eux.
Car l’énergie que ça prend, est prise aussi sur toutes les autres prises en charge mises en panne. Là où je suis, plus du tout de kiné, alors que c’est un volet important dans les soins.
Plus aucun rendez-vous et suivi extérieur.
Cela ne pourra être sans conséquences autres en termes sanitaires.

Donc à la fin de la réunion, on nous a annoncé qu’il y aura une compensation salariale pour nos efforts.
C’est bien.
Mais ce serait bien si ça se faisait dans la durée. Ca donne juste l’impression qu’on nous reconnaît en cas de crise, alors que tout ce qui est fait en amont existe au quotidien depuis bien longtemps.

En tous cas cette crise est une sacrée aventure et un sacré défi.

Et économiquement, je pense qu’on n’a pas fini d’en voir les conséquences.

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#1979 01/04/2020 09h39

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De notre côté, on nous a prévenu (méd co) que les GIR 1 et 2 et les patients polypathologiques ne seraient pas acceptés en réa, ils s’étoufferont et mourront donc chez nous sans respirateur. On nous a dit de nous y préparer.
Si c’est le cas, il va y avoir des prescriptions de valium-morphine-scopolamine qui vont se faire. En soins palliatifs, cela soulage les patients mais en fonction du dosage et de leur fragilité, cela conduit vite à des pauses respiratoires et au décès.

Il y a donc une certaine appréhension sur le moment où cela va entrer et sur la manière dont cela sera géré. Pour ma part, je ne participerai pas à une organisation qui applique des décisions barbares car elle n’est pas capable d’imaginer autre chose que la barbarie. C’est notamment pour cela que je ne travaille pas en psychiatrie et que je n’y travaillerai jamais. Si cela arrive, je quitterai le navire et communiquerai sur ce qui se passe dans les établissements (même si tout le monde semble n’en avoir rien à faire).

J’ai cependant toute confiance envers le médecin de l’établissement et son éthique et je ne pense pas que cela arrivera, même s’il y a des décisions difficiles à prendre.

Une collègue disait que "si une décision est prise, nous n’aurons de toute façon pas le choix". Je trouve cette soumission à l’autorité, quoi qu’elle décide, inacceptable. Bien sûr qu’on a le choix de ne pas participer à des décisions qui nous sembleraient absolument immorales.
(J’évite bien sûr le point Godwin).

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#1980 01/04/2020 09h58

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traz a écrit :

Bien sûr qu’on a le choix de ne pas participer à des décisions qui nous sembleraient absolument immorales.

C’est vrai, mais j’ai du mal avec le terme "absolument immoral". C’est un terme fort qui ne laisse pas le choix: vous nous refusez le droit d’avoir un autre avis que le votre.

J’ai suivi quelques discussions de philosophes à ce sujet, et ne pas chercher à soigner ceux qui ont le moins de chance de survie pour se concentrer sur ceux qui en ont plus ne semblait pas relever pour eux du "absolument immoral", j’irais même jusqu’à dire que c’est la position inverse qui leur semblait plutôt immorale.

Je comprends que personnellement vous ne souhaitiez pas participer à cela: laisser mourir (vous provoquer la mort) n’est pas un acte anodin et il est normal de faire selon sa conviction à l’échelle individuelle.
Mais pouvez-vous préciser ce qui vous semble aussi "absolument immoral" dans ce choix à l’échelle d’une société ?


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#1981 01/04/2020 10h02

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Est ce que ce ne serait pas contraire au serment d’hippocrate ?

Au risque de passer pour un monstre, je comprends la logique, mais ne serait-il pas mieux de laisser ce choix là à ces personnes ? (si cela pouvait faire avancer le débat sur l’euthanasie aussi mais je disgresse).

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4    #1982 01/04/2020 10h13

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Traz a ma connaissance, ce que vous décrivez c’est ce que font déjà les médecins en temps de guerre. Il sélectionne qui doit vivre ou mourir. Et ce que qu’il se passe actuellement. On choisit de sauver ceux qui ont le plus de chance de survivre au coronavirus. Je ne vois rien d’immoral là dedans. C’est un choix courageux même. On ne peut pas sauver tout le monde, il faut choisir. Le fait que la personne va mourir dans d’atroces souffrances est triste mais c’est ce qu’il convient de faire.

A noter que c’est déjà le cas hors Covid. Les personnes ne pouvant pas être euthanasié, soit on a un médecin complaisant qui fait le job (merci à eux qui prennent le risque) soit personne ne souhaite agir et le patient meurt dans la souffrance.

@ PSG02000 : je suis d’accord qu’on doit leur laisser le choix. Je n’ai jamais compris pourquoi les gens ne peuvent pas disposer de leur corps et de choisir leur mort même quand ils ne sont plus autonomes mais encore sain d’esprit.

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2    #1983 01/04/2020 10h49

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http://www.ressources-actuarielles.net/ … penElement

Je ne sais pas si le lien va marcher mais il y a un document régulièrement mis à jour sur le site « ressourcesactuarielles «  au sujet des statistiques sur l’épidémie.

Après c’est basé sur des statistiques officielles qui valent ce qu’elles valent mais il s’agit d’un site sérieux ( institut des actuaires dont je fais partie).

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#1984 01/04/2020 19h11

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Document intéressant, je retiens toutefois que :

Une observation préalable qui doit être faite est que les chiffres de décès dont l’on dispose à ce jour pour la France ne comptabilisent que les décès survenus dans les hôpitaux, et donc ne comptent pas les   décès   survenus   dans   les   EHPAD   ou à domicile.   Or,   les   décès   en   milieu   hospitalier   «ne représentent  qu’une  faible  part  de  la  mortalité» dans le pays, d’après le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé [24].

Bref, on n’en sait rien et le plateau des décès observés peut très bien provenir du fait qu’au début on hospitalisait le plus grand nombre et que maintenant on laisse mourir les gens chez eux ou en EHPAD

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#1985 01/04/2020 19h26

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Vous laissez entendre qu’on laisse mourir les gens du Covid chez eux, à leur domicile? Qui a dit ça? Sur quelles bases? Il faudrait sourcer un minimum parce que c’est un scoop (morbide mais un scoop tout de même).

Pas le Pr. Salomon qui ne dit pas ça dans la source [24] mentionnée par ce document (que vous reprenez) :

[url=https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/coronavirus-les-deces-a-l-hopital-ne-sont-qu-une-faible-part-de-la-mortalite_2121862.html a écrit :

J. Salomon dans l’Express[/url]]Les décès en milieu hospitalier "ne représentent qu’une faible part de la mortalité" dans le pays, a relevé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, citant l’autre lieu de forte mortalité que sont les Ehpad.
Les deux principaux lieux de décès sont l’hôpital et les Ehpad", a-t-il précisé, en annonçant la mise en place d’un "suivi quotidien de la mortalité" dans les établissements pour personnes âgées "dans les tout prochains jours".

Tous les soirs, M. Salomon explique de façon très claire qu’on suit les décès en milieu hospitalier et qu’il manque ceux en Ephad. Il n’a à ma connaissance jamais évoqué le domicile comme un lieu notoire de décès en lien avec le Covid.

Franchement, relayer ce type d’absurdités, ça devient franchement morbide…

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#1986 01/04/2020 19h30

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Kabal a écrit :

Traz a ma connaissance, ce que vous décrivez c’est ce que font déjà les médecins en temps de guerre. Il sélectionne qui doit vivre ou mourir. Et ce que qu’il se passe actuellement. On choisit de sauver ceux qui ont le plus de chance de survivre au coronavirus. Je ne vois rien d’immoral là dedans. C’est un choix courageux même. On ne peut pas sauver tout le monde, il faut choisir.

Rationnellement, je comprend le point de vue.
Par contre, si sacrifier les patients âgées ne suffit pas, c’est qui les prochains ?
Les plus jeunes, qui statistiquement sont plus fragiles, mais se remettent mieux.
Les plus pauvres, parce que c’est pas en mangeant des pâtes qu’on accumule des vitamines ?

Bref, le choix est logique, mais la question est à creuser plus sérieusement que de juste dire "y a pas de matos pour tous" et de s’interroger sur le choix et ses conséquences.

Au passage, un 2nd point gênant dans ce choix : la notion de solidarité
La solidarité c’est, entre autre, d’aider les plus faible.
Donc là on sacrifie la solidarité et donc les plus faible pour avoir fait des économies dans le passé.

Bref, rationnellement le choix s’impose.
Mais il interroge également sur :
- Le pourquoi avoir besoin de choisir ? En gros, on refait la guerre 14, en allant au front sans préparation et en se déguisant en cible vivante rouge et bleu.
- Le pourquoi ce choix ? Pourquoi les aînés plutôt qu’une autre population ?
- Quel sera le prochain choix si le précédent n’est pas suffisant ?

Concrètement, c’est un choix, qui m’inquiète dans le sens où parler d’une guerre et en être à choisir qui va vivre au bout d’à peine 1 mois de conflit et environ 3% de la population touchés par le virus (source anglaise évoqués précédemment)

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#1987 01/04/2020 19h37

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Faith a écrit :

J’ai suivi quelques discussions de philosophes à ce sujet, et ne pas chercher à soigner ceux qui ont le moins de chance de survie pour se concentrer sur ceux qui en ont plus ne semblait pas relever pour eux du "absolument immoral", j’irais même jusqu’à dire que c’est la position inverse qui leur semblait plutôt immorale.

Je n’ai pas précisé dans mon message ce qui était pour moi "absolument immoral". Les 2 paragraphes se suivent mais ne sont pas à mettre directement en lien. La question de l’euthanasie n’est pas le sujet du fil. Je ne développe pas non plus sur la liberté de disposer de sa vie, on ne demandera pas aux personnes démentes si elles souhaitent mourir/être attachées ou non.

C’est intéressant de lire l’allusion de Kabal à la médecine de guerre. C’est exactement la remarque que je faisais il y a quelques jours à un collègue. Je disais que décider de la mort de quelqu’un pour l’intérêt de la collectivité était du registre militaire mais que ce n’était pas notre rôle. Je ne suis pas un militaire. Nous sommes là pour soigner, pas pour altérer ou tuer une personne pour en sauver d’autres.

Si nous considérons que l’analogie entre ce que l’on vit actuellement et la guerre est correcte, mon propos devient effectivement hors sujet. Mais je ne sais pas si je souhaite devenir un soignant soldat en temps de guerre.

J’ai mes propres limites morales et ne serai pas en capacité de participer à n’importe quoi, même au nom du bien (supposé) de la collectivité. Comment savoir si les actes qui seront proposées permettront effectivement de préserver le bien de la collectivité ? Comment définir des limites, conserver un lien avec sa propre morale et ne pas complètement se détruire dans des actes insupportables ? On peut se demander si la fin justifie les moyens, mais comment savoir si les moyens mis en œuvre vont vraiment permettre la fin souhaitée ? C’est un pari difficile.

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#1988 01/04/2020 19h54

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Carignan 99, vous êtes d’une naïveté confondante. Je vous invite à relire le message 1979 qui concerne les EHPAD et à vous reporter au décret n° 2020-360 du 28 mars 2020 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041763328&dateTexte=&categorieLien=id )
La prise en charge palliative de la détresse respiratoire en médecine de ville, vous comprenez ce que ça veut dire ou il vous faut un dessin ?

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#1989 01/04/2020 19h58

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traz a écrit :

Nous sommes là pour soigner, pas pour altérer ou tuer une personne pour en sauver d’autres.

Les médecins et soignants ne tuent pas, seul le virus est à blâmer.

Il est demandé de consacrer le maximum de ressources là où c’est le plus efficace.
Si vous avez 10 patients à 30% de chances de survie et 10 patients à 70% de chances de survie et 15 lits:
- soigner prioritairement les seconds fera 11 morts sur 20 patients.
- soigner à proportion identique fera 12/13 morts sur 20 patients.
- soigner prioritairement les premiers fera 14 morts sur 20 patients.

Comment savoir si les actes qui seront proposées permettront effectivement de préserver le bien de la collectivité ? Comment définir des limites, conserver un lien avec sa propre morale et ne pas complètement se détruire dans des actes insupportables ?

A ma connaissance, il y a des comités d’éthique dont la fonction est de réfléchir à ces sujets.
Ce sont des professionnels de leur sujet, ils sont les mieux placés pour donner une analyse éclairée de ce qui doit être fait.


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#1990 01/04/2020 20h07

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toufou a écrit :

Carignan 99, vous êtes d’une naïveté confondante. Je vous invite à relire le message 1979 qui concerne les EHPAD et à vous reporter au décret n° 2020-360 du 28 mars 2020 (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041763328&dateTexte=&categorieLien=id )
La prise en charge palliative de la détresse respiratoire en médecine de ville, vous comprenez ce que ça veut dire ou il vous faut un dessin ?

On est bien d’accord : vous relayiez une source inadéquate (message 1984 ; source qui n’étayait en aucun cas vos propos).

Puis vous vous rattrapez aux branches en nous jetant en pâture une nouvelle source qui expliquerait qu’on laisse les gens mourir chez eux (sic). Concernant cette nouvelle source, il va falloir que vous souffriez que tout le monde n’est pas pharmacien (au cas où ça vous aurait échappé…). Donc, non, je ne comprend pas ce que ça veut dire et oui, je veut bien un dessin : où est-il indiqué qu’on laisse les gens mourir chez eux? Qui plus est dans des proportions significatives?

Vous êtes pharmacien (je crois?), donc un professionnel. Vous nous jetez des informations morbides à la figure. Deux mots d’explications seraient les bienvenues pour le pauvre hère que je suis (et je ne suis sans doute pas seul dans ce cas). Ce sera (pour vous paraphraser) plus constructif et moins désagréable que de renvoyer un forumeurs à sa condition de grand naïf (non diplômé en pharmacologie, ce qui a l’air d’être une tare ignoble à vos yeux…).

Dernière modification par carignan99 (01/04/2020 23h20)

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1    #1991 01/04/2020 21h53

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Faith a écrit :

A ma connaissance, il y a des comités d’éthique dont la fonction est de réfléchir à ces sujets.
Ce sont des professionnels de leur sujet, ils sont les mieux placés pour donner une analyse éclairée de ce qui doit être fait.

Donc j’applique ce que dit le comité d’éthique et peu importe ma sensibilité ? Peu importe ma réflexion, qui suis-je pour en avoir une d’ailleurs, je la ferme et j’applique ?

Je regrette, même si c’est pour le bien (supposé) de la collectivité, je ne participerai pas à des actes qui sont insupportables pour moi, même si le collectif d’éthique dit que c’est ok. Ai-je le droit ou me l’interdisez vous ?

Pensez-vous que nous ne prenons pas des décisions tous les jours dans notre établissement sans avoir l’avis d’un comité d’éthique ? Et croyez moi, je connais très bien les recommandations ANESM et la documentation sur les dilemmes éthiques, je forme les équipes sur le sujet. Mais elles ne recoupent pas l’entièreté des sujets qui se présentent à nous, et elles ne les résolvent pas comme par magie. Il n’y a pas de mode d’emploi ou de manuel à suivre décidant de ce qui doit être fait ou pas. Au contraire, chaque situation est singulière et il n’y a pas de règle générale, uniquement une balance entre les bénéfices et les risques. Et c’est nous qui faisons cette balance, sans envoyer l’étude de cas par pigeon voyageur à un comité d’éthique.
Dans la plupart des situations, l’établissement (le comité de direction dont je fais partie) décide de manière autonome de son fonctionnement et de ses choix dans le respect des lois. Votre propos est complètement déconnecté de la réalité.

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#1992 01/04/2020 22h06

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traz a écrit :

Donc j’applique ce que dit le comité d’éthique et peu importe ma sensibilité ? Peu importe ma réflexion, qui suis-je pour en avoir une d’ailleurs, je la ferme et j’applique ?

J’ai dit le contraire précédemment.

Ai-je le droit ou me l’interdisez vous ?

Vous réagissez trop brutalement. J’ai dit clairement:
"Je comprends que personnellement vous ne souhaitiez pas participer à cela: laisser mourir (ou provoquer la mort) n’est pas un acte anodin et il est normal de faire selon sa conviction"

La seule critique que je vous ai adressée, c’était de dire que la position contraire à la votre était "absolument immorale", alors que si j’écoute les comités éthiques, il semble que ce soit plutôt l’inverse.


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#1993 01/04/2020 22h26

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Non, j’ai indiqué que mon "absolument immoral" ne se rapportait pas au paragraphe précédent. Je n’ai pas donné mon opinion sur le fait de sacrifier une personne pour sauver le groupe. Je ne peux pas répondre à cette question en 3 lignes comme cela. Je n’ai pas précisé dans mon message ce que je trouvais "absolument immoral". Les paragraphes se suivent mais il n’y a pas de lien à faire entre les deux.

Bref, pardon si j’ai réagi de manière décalée sur quelque chose que vous n’avez pas exprimé et que j’ai cru comprendre. Pas toujours facile de bien comprendre toute la signification d’un message, surtout à l’écrit.

Je me suis pris un procès d’intention et un cours de grammaire un peu plus haut car j’ai écrit "vous pensez donc que " et la personne a déduit que j’induisais sans motif alors que je ne faisais qu’interroger mon interprétation de son message (il a oublié mon "donc" dans la citation de mon message…).

Re-bref.

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1    #1994 01/04/2020 22h26

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A la défense de Faith, je pense qu’il ne parlais pas de vous (j’entend par là quelqu’un avec un rôle, une responsabilité sur ces sujets très particuliers) mais plutôt des gens au sens large.

Vous savez, les 60 millions de virologues formés en un temps record de 3 semaines…

Le soucis avec les comportements se résumant à "j’ai le DROIT d’avoir vu sur tout car après tout j’ai un avis et il compte", c’est que des gens totalement ignare sur un sujet la ramèneront quand même sous prétexte que "c’est leur DROIT" (ou leur liberté, comme vous voulez).

Votre commentaire m’amène une autre réflexion : vous indiquez dans votre message :

Traz a écrit :

Donc j’applique ce que dit le comité d’éthique et peu importe ma sensibilité ? Peu importe ma réflexion, qui suis-je pour en avoir une d’ailleurs, je la ferme et j’applique ?

Rien n’empêche de réfléchir. Mais chacun son métier et son rôle, et un peu de discipline me semble plus que nécessaire en ces temps troublés.

Petite comparaison : Si un pompier intime l’ordre de quitter votre logement (pour une raison quelconque), personne (j’espère…) ne remet en cause l’ordre et l’applique, car c’est son rôle de pompier, c’est lui qui à la compétence.

Pour les comités d’éthique, c’est la MÊME chose. Rien n’empêche de réfléchir des fois qu’une consigne aberrante sortirai, mais il faut arrêter de vouloir débattre de tout et avoir une opinion sur tout.

Zappaty

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#1995 01/04/2020 22h31

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@zappaty, sauf que dans le cas présent, c’est nous les pompiers. Et nous n’appliquerons pas bêtement des consignes en connaissant les conséquences si cela vient de personnes hors sol.

(et je précise encore, je ne suis pas un soldat aux ordres d’un général).

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#1996 01/04/2020 22h36

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@Traz, mon message était très général, et ne s’adressait évidemment pas aux "pompiers" de la situation.

Si les cosignes sont aberrantes, comme je le note il faut pouvoir réagir, mais cela doit rester l’appanache du sachant (comme dirait notre président).

Simple curiosité : vous recevez régulièrement des consignes du gouvernement sur la marche à suivre "officielle" ? Les demandes vous semblent aberrantes ?

zappaty

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3    #1997 01/04/2020 22h46

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Le texte présenté part Toufou indique la possibilité d’utiliser le Rivotril injectable en ville. Ce médicament est utilisé habituellement dans l’épilepsie, mais ce n’est pas le sujet ici.

En fonction de la dose utilisée, il est possible d’obtenir un puissant effet anxiolytique, puis sédatif. Le midazolam est plus souvent utilisé à cet usage, mais très peu disponible actuellement, car utilisé en réanimation pour endormir les patients ventilés.

Ces médicaments ne sont pas disponibles en ville en France afin de limiter l’euthanasie.

Ces médicaments sont les derniers administrés avant le décès. Cela permet une mort paisible à quelqu’un qui, par exemple, meurt en s’étouffant. Détail peut-être pertinent, ce médicament provoque une détresse respiratoire à forte dose.

Autoriser l’utilisation du Rivotril injectable au domicile, c’est préparer à ne pas soigner de façon curative les patients en difficulté respiratoire, mais les aider à mourir sans les hospitaliser.

Cela signifie que les effets attendus du coronavirus, par les signataires de ce texte, sur la population, et donc l’économie, sont supérieurs à la somme des soins que les établissements de santé peuvent proposer.

Que les actionnaires d’Air Liquide ne se réjouissent pas trop vite, il n’y aura pas assez de bouteilles d’oxygène pour tous les patients au domicile.

Je confirme ce qu’a dit Traz, il a été envisagé de fermer les EHPAD (les maisons de retraite) avec les patients en détresse respiratoire dedans, pour, je suppose, ne pas emboliser le système hospitalier. Ce n’est évidemment pas prévu pour, il faut du personnel et du matériel adapté pour prendre en charge ce type de pathologie, et le ration soignant par malade n’est pas du tout le même.


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1    #1998 01/04/2020 23h02

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@zappaty,
Non, nous avons toujours anticipé d’une semaine les directives du gouvernement (notamment la fermeture de l’établissement aux familles puis l’isolement des résidents en chambre). Pour ma part, j’aurais même fermé l’établissement aux familles une semaine avant.

Ce que j’ai posté et qui me choque, c’est le protocole de contention des déments déambulants, mais cela vient du Gérontopôle de Toulouse, pas de l’ARS. Nous n’avons aucune obligation à ce sujet. Et je précise que je n’ai pas de solution idéale. Nous sommes encore en discussion pour prendre les décisions adaptées pour ces personnes (et nous avons le luxe de pouvoir y réfléchir, contrairement aux établissements où le virus est déjà entré).

Vu les signataires du document, loin de moi l’idée de dire qu’ils sont hors sol, bien au contraire. Mais c’est bien pour cela que je suis atterré par ces consignes, envoyées à tous les Ehpad, car elles sont extrêmement lourdes de conséquences. Je pense que les gens ne se rendent pas compte à quel point.

Mais il ne s’agit à ce stade que de réflexions, ils n’ont aucune autorité sur nous. Nous sommes sous pression du siège et des familles mais n’avons pas d’autres obligations légales ou réglementaires pour l’instant.

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#1999 01/04/2020 23h10

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zappaty a écrit :

Petite comparaison : Si un pompier intime l’ordre de quitter votre logement (pour une raison quelconque), personne (j’espère…) ne remet en cause l’ordre et l’applique, car c’est son rôle de pompier, c’est lui qui à la compétence.

Et pourquoi obéir sans réfléchir ?
Un exemple qui m’est arrivé :
Suite à un micro-incendie, un pompier a exigé que je me mette sous oxygène pour éviter l’intoxication au monoxyde de carbone, car le détecteur avait bipé.

L’impact était mineur, mais il a pris une décision contre mon gré et j’ai du me défendre.
Je suis capable, donc je peux expliquer mon point de vue.
Mais si on vous donne un ordre, devez vous obéir aveuglément car la personne est en uniforme ?

Faith a écrit :

Il est demandé de consacrer le maximum de ressources là où c’est le plus efficace.
Si vous avez 10 patients à 30% de chances de survie et 10 patients à 70% de chances de survie et 15 lits:
- soigner prioritairement les seconds fera 11 morts sur 20 patients.
- soigner à proportion identique fera 12/13 morts sur 20 patients.
- soigner prioritairement les premiers fera 14 morts sur 20 patients.

Comme je l’ai dit, il faut faire la différence entre le choix rationnel et la raison éthique.
Il est rationnel de prioriser les 70%.

Mais la question c’est comment choisir qui doit être priorisé.
Si on pousse un peu la logique, va t’on prioriser les sportifs plutôt que les pantouflards, car les 1er ont plus de chance de se remettre ?
Les cadres en open space plutôt que les salariés dans l’amiante ?
Faut il mieux prioriser le papi de 80 ans qui fait ses 50km en vélo quotidien ou le jeune de 20 ans en obésité morbide ?
Et qui est prioritaire, le natif du pays de 65 ans, ou le parisien de 32 ans venu se réfugier dans sa résidence secondaire ?

En fait, en priorisant, on établi une discrimination envers une population, et ça peux vite être dangereux comme principe.
La question véritable est : si sacrifier les anciens ne suffit pas pour désengorger les hôpitaux, à qui le tour ?

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2    #2000 01/04/2020 23h43

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Gunday, pour vous répondre, par exemple les handicapés.
Je suis depuis lundi dans un FAM, avec peut être un patient transféré ce week end à l’hôpital pour détresse respi, et suspecté mais seulement d’après les images scanners, le test était négatif.
Mais du coup branle bas de combat, confinement des 3 personnes à table avec pendant 14 jours, puis depuis isolement des différents secteurs entre eux, donc bouleversement des habitudes des patients. Avec tous les risques d’agitation que ça implique, et donc surcharge de travail quand il s’agit de faire manger en chambre etc etc.
Le problème dans ces institutions, est le risque de contamination massive chez une concentration de gens fragiles. Le risque est essentiellement là. Bien loin du pequin moyen qui flippe parce que sa voisine infirmière revient de l’hôpital et qu’il a peur de mourir, alors que bouffer des chips en fumant des clopes et buvant 8 bières par soir ne l’inquiète pas quant à sa durée de vie. Bref.
Donc effectivement ça pose des problèmes si les patients refusent le confinement et les indications sont de balancer ce qu’il faut pour les calmer si il le faut pour qu’ils restent en chambre.
Tout ceci pose clairement des problèmes éthiques, et j’ai vu le regard contrit de ma petite collègue AMP quand il lui a été demandé d’accompagner un patient dans le couloir de sa chambre et de l’enfermer derrière une porte de métal grillagée installée vite fait lundi pour cloisonner le couloir devant sa chambre, car il déambule.
Et comme dit mob collègue infirmier à l’équipe, si les services sont engorgés, entre un boulanger actif de 60 ans et un de chez nous (handicap mental), le choix sera vite fait.
C’est violent mais c’est comme ça. Malheureusement le terrain se passe de la théorie.
D’ailleurs, concernant les directives venues d’en haut, dans les faits elles changent tout le temps, et les choses marchent souvent grâce à la compétence directe des gens de terrain.
Donc il n’est guère étonnant qu’on prépare des fins de vie à la maison.

Cela dit, la rhétorique de guerre a bon dos, je vois que ce discours porte et est fort repris dans les équipes.
Pour ma part ça crée un mythe, mais on est en 2020 et pas en guerre.
Car si on parle de guerre, quand j’ai bossé en Suisse en 1998, dans un petit hôpital local, et bien il y avait trois étages, et sur les trois, il y en avait un laissé entièrement vide et équipé, destiné à servir uniquement en cas de conflit militaire.
Donc quand certains ont la paix car ils ont prévu la guerre, d’autres, quand ils n’ont plus la paix car ils n’ont rien prévu, nous bassinent avec la guerre.
Car si on n’avait pas déshabillé le service public et aussi la médecine de ville autant depuis des années, nous aurions une capacité à contenir les choses qui éviterait de telles situations et peurs.
Car la différence entre l’Allemagne et la France, c’est deux fois plus de lits de réa qu’en France.
Donc on en arrive à penser à choisir qui on va laisser mourir. Ce qui n’est pas dans la culture des anciens soignants, mais on commence à inculquer ces "valeurs" aux nouvelles générations.

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