nor, le 25/04/2020 a écrit :
Sympa votre témoignage amoilyon.
(un détail : quel rapport avec la citation de départ ?)
Personnellement en ce qui concerne les facteurs de réussite matérielle, ceux qui ne reconnaissent pas le rôle de l’effort me sont aussi antipathiques que ce qui ne reconnaissent pas le rôle de la chance ou des prédispositions.
Pour le rapport, la réussite n’est pas unique, elle n’est pas universelle. Il n’y a pas LA réussite, en tant que vérité vraie.
Chaque domaine, chaque facette de notre vie peut être une petite réussite. Nous avons tous des prédispositions pour certains domaines, et devont travailler d’arrache pied dans d’autres. Nous avons tous des centres d’intérêt différents, et une appétence à l’effort particulière.
Il n’y a pas d’échelle de réussite avec un mètre étalon.
Quand je vois une amie, fine cuisinière, me dire qu’elle rate tout parce que ses macarons sont un peu trop plats. Et que s’il sortait, ne serait ce qu’un seul de ses plats de mon four, ça tiendrait du miracle.
La "norme sociale" veut que, pour avoir réussi sa vie, il faut avoir un bon salaire, une grande voiture, une grande maison, deux enfants ( un garçon et une fille, le choix du roi), être fin et musclé, partir en vacances à l’autre bout du monde, et avoir le dernier gadget informatique à la mode.
Si l’on ne coche pas toutes les cases, alors on a forcément " raté quelque chose".
N’avez vous jamais entendu " C’est dommage qu’XXX soit allé en CAP mécanicien, lui qui aurait pu faire de si belles études". Mais l’avez vous déjà écouté ? Quand il parle de voiture, quand il passe tout son temps libre sous un moteur ?
La réussite personnelle n’est pas celle de la réussite sociale.
Il y a l’être et le parâitre.
Pareil " C’est dommage, elle avait un beau mariage, une belle maison et maintenant elle a tout perdu", mais l’avez vous écouté ? A être terrée dans cette relation toxique, et d’avoir enfin pu s’en libérer pour ouvrir un nouveau chapitre de sa vie ?
Mais la société la voit comme une vie " réussie puis ratée".
Y a t’il pire chatiment que les réunions de famille ? Où on se croit à la foire aux bestiaux, avec en guise de bestiaux mes cousins / cousines, et que chaque parent idolâtre son poulain….
J’ai donc découvert qu’il y a ma perception de la réalité, et mon échec, qui était présenté comme une totale réussite dans la bouche de ma mère:
" Elle a décroché plein d’école suite aux concours, mais Amoilyon ne se contente pas d’un second choix. C’est pas Poulidor ha ha ha. Alors, elle a refait une année, pour avoir l’unique école qu’elle voulait au risque de tout perdre"
C’est de moi qu’on parle ? Qui a passé mon année à me ronger les sangs de ne rien avoir au bout ? De ma peine de me farcir un autre concours ?
" Et vous pensez qu’elle s’est laissée abattre ? Que non, elle a passé son été à réviser, c’est une battante"
Moi ? Qui a passé mon été à pleurer, et à m’isoler dans mes cours ? A ruminer ce que j’avais bien pu rater ?
" Et en plus, elle continue de faire du sport, elle a même recommencé les cours de piscine"
Moi ? Pour les 3 fois où j’ai été traînée par mes amies ?
La réussite sociale n’est que ce qu’on laisse paraître de nos vies, indépendamment de nos réussites personnelles, dont on est fier.
delta a écrit :
La discussion dérive sur le travail de chacun, les mesures de chômage partiel, les aides de l’état, les prêts accordés aux entreprises (« qui finissent dans la poche des actionnaires* »), le prix du pétrole négatif. La compagne d’un de mes amis, avec laquelle j’avais déjà discuté par le passé de mes activités, m’interpelle : « Au fait, <insérez ici votre prénom>, comment ça va la bourse ? »
Un peu délicat de répondre au milieu d’une discussion ou je ne connais pas tout le monde. Je reste bref et évasif en répondant « pour l’instant, évidemment, c’est pas brillant (pour le lecteur intéressé, voir la file de présentation de mon portefeuille), mais on jugera les résultats sur le long terme. » Je n’ai pas entendu ce qu’elle m’a répondu, j’ai cru percevoir un ricanement de sa part. Les deux dernières fois, j’ai déjà eu des remarques un peu désagréables de sa part alors que c’est elle qui aborde le sujet et qui me pose des questions sur mes activités.
Je ne comprends pas sa réaction, je suis toujours resté aimable et courtois à chaque fois que je les ai rencontrés. Je ne sais pas quoi en penser, et je crois que, malheureusement, je n’irai plus leur rendre visite.
Vous incarnez une forme de réussite sociale, en tant que profiteurs de la société, à encaisser sans fournir le moindre effort. Malgré tous vos bons efforts, les préjugés sociaux sont là. Alors, à vous battre à fond perdu, …
Je prendrais tout avec second degré et humour, comme l’ont suggéré les forumeurs. De bonnes réparties qui clouent le bec.
La première année de notre relation avec mon conjoint, nous avons dîné avec un de ces co-promotionnaire, qui est maintenant avocat associé dans un grand cabinet d’affaire, et sa compagne. Mon conjoint avait un sentiment d’infériorité depuis la sortie d’école.
Et là, vos mémorables réunions familiales reviennent, attendre ce que la société veut de vous, et montrer votre réussite étincelante au monde entier.
J’ai passé mon après midi à devenir la "parfaite femme du monde" et le résultat fut à la hauteur. Ma vie n’était que bonheur et réussite. " Et je me suis proposée pour être de garde pour Noël, mes collègues ont des enfants, je ne veux pas les priver d’un Noël sans leur maman, et saviez vous qui est venu avec un immense bouquet ce soir là, après le repas avec ses parents ? Il est toujours siiiii romantique". Regard en feu de la part de la compagne de l’avocat, vers son conjoint, long de sous entendus.
Le reste de la soirée a enfoncé le clou. " Quand je pense qu’il a fait 40 km pour aller dans l’unique fleuriste qui avait ma fleur préférée". Le pompom a été " Et dire qu’il s’est fait démarcher par des cabinets, et qu’il est resté ici, juste pour moi, quelle preuve d’amour. " La conjointe s’est alors plainte du manque de considération de son conjoint dans les décisions les concernant tous les deux, la belle façade de réussite s’était fissurée.
Mission gagnée, nous avons réussi notre réussite sociale.