Bonjour levovitch1988,
Merci pour votre intéressant message.
Je me permets d’apporter ma modeste contribution. En lisant votre tableau, je remarque sur les estimations de 2020 quelques éléments qui m’interpellent:
Le capex (hors M&A) est estimé sur l’année 2020 à 30.2M€.
A mon avis ce chiffre n’est pas juste. Si je me fie au rapport semestriel publié il y a quelques jours, le niveau des investissements globaux de l’entreprise s’élève déjà à 29.5M€ au terme des 6 premiers mois.
Il tient compte des investissements de capex et de la croissance externe. A mon avis, il y a des chances qu’il finisse en hausse en fin d’année.
Selon mes recherches, en décembre 2019 le capex atteignait 33.4M€ et 41.7M€ (en déc. 2018)
S’agissant de la croissance externe, Guillin a racheté 67% du distributeur suisse Thermoflex, en mars de cette année. Cette société génère un CA de 12M de francs suisse (disons 11.4M€).
Or dans le tableau que vous avez posté, le M&A est comptabilisé à 0 pour cette année 2020.
En parcourant les flux de trésorerie du rapport semestriel, une ligne acquisition de filiales affiche 13.95M€, ce qui à mon avis correspond au prix d’acquisition de nos amis suisses.
Pour (essayer de) répondre à vos diverses interrogations, voici comme je vois la chose.
Au sujet de la valorisation assez faible, cela s’explique par différentes raison:
- la TRES mauvaise image du plastique et la pollution qu’il générerait. La société tente pourtant de se diversifier vers le carton par exemple (acquisition de THIOLAT) et intensifie ses grosses mesures de recyclage (partenariat avec Paprec, récolte de plastique en Asie du Sud Est, gros foyer de plastique abandonné dans la nature, production d’emballage avec du rPET -PET recyclé- et 100% recyclable).
D’ailleurs pour l’anecdote en 1998 Guillin avait déjà amorcé un virage dans les matériaux utilisés (limitation du PVC)
Guillin ne rechigne pas à investir massivement dans son outil de production pour conserver et améliorer sa place de leader européen. Des investissements vont bien sûr être encore nécessaire au vue du défi écologique mais, je ne m’inquiète pas outre mesure car la société a les moyens financiers nécessaires. Il faudra voir si les concurrents (plus petits, notamment) auront cette capacité (gains de parts de marché ?)
- le durcissement de la réglementation française. En l’espèce, elle a été adoucie dernièrement, s’alignant sur la réglementation européenne.
- désamour des petites capitalisation depuis mi 2017.
- communication financière de Guillin assez limitée. (Ils ont embauché il y a quelques mois une personne pour améliorer cela, de mémoire)
levovitch1988 a écrit :
Sur le cœur de métier (métiers de bouche et fruits et légumes), quels dangers voyez-vous ? Sur les fruits et légumes, le vrac est déjà très instauré et je ne le vois pas progresser jusqu’à 100%. Je pense aussi que le groupe anticipe déjà des emballages de substitution.
Les éventuels dangers pourraient être le niveau et la qualité des récoltes de fruits et légumes liés aux conditions climatiques.
Le prix des matières 1ere. Ce n’est pas tant le cours du pétrole qui m’inquiète (la direction a maintes fois répété que ce n’étaient pas LE critère essentiel) mais plutôt le cours du PET qui a en fait largement baissé depuis l’année dernière (d’où cette magnifique hausse de la marge opérationnelle) et surtout celui du rPET qui lui, par contre, est en hausse en raison de sa "rareté" et de la volonté d’en incorporer de + en + dans la production.
Un confinement et une fermeture prolongée des restaurants par exemple a aussi un impact sur le niveau des ventes, comme en témoigne les propos de la direction le mois dernier.
levovitch1988 a écrit :
Le fait que le groupe ne distribue pas plus de dividendes et maintienne une dette financière nette proche de 0 insinue-t-il qu’ils s’attendent à devoir faire de gros investissements sur les prochaines années (par exemple pour racheter des nouvelles technologies qu’ils ne maitrisent pas encore) afin d’adapter leurs emballages ?
La politique d’une maitrise de la dette nette à un niveau proche de 0 me plait bien, personnellement.
"Une entreprise qui n’a pas de dettes ne peut pas faire faillite".
Cela permet en outre d’avoir une marge importante d’investissements futur.
Il faut aussi garder en tête que Guillin est une entreprise familliale. Je pense que cela doit aussi jouer idéologiquement dans leur rapport avec la dette.
La dette a fortement augmenté en 2018 suite à l’acquisition de THIOLAT (hors activité roumaine), ce qui leur a permis de mettre, de manière plus prononcée, un pied dans une matière différente et complémentaire, le carton (et accessoirement de s’étendre dans un nouveau pays ultérieurement, la Roumanie).
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.