Désolé, mais les informations d’IH sont erronées.
La reconnaissance d’utilité publique nécessite une démarche active et un certain nombre de critères, dont les 200 membres minimum. Cette reconnaissance dépend du ministère de l’Intérieur.
Le fait d’être un organisme d’intérêt général nécessite seulement 3 critères :
- Il n’exerce pas d’activité lucrative
- Sa gestion est désintéressée
- Il ne fonctionne pas au profit d’un cercle restreint de personnes.
Il s’agit donc de deux niveaux très différents : intérêt général, c’est très large, utilité publique, c’est beaucoup plus restrictif. L’organisme d’intérêt général peut recevoir des dons. L’organisme d’utilité publique peut recevoir, en plus, donations et legs.
Un organisme d’intérêt général peut donc recevoir des dons et émettre des reçus fiscaux. Deux possibilités pour lui :
- il fait sa propre analyse, considére qu’il est d’intérêt général, et hop il appelle aux dons et émet ses reçus.
- il demande d’abord un rescrit à l’administration fiscale. Et c’est seulement une fois que l’administration fiscale a validé son caractère d’intérêt général par un rescrit qu’il appelle aux dons et émet ses reçus. Pour autant, ce rescrit n’est qu’un rescrit fiscal tout à fait banal (comme toute personne peut en obtenir si elle a un doute sur l’éligibilité fiscale d’une opération qu’elle envisage) et il ne doit surtout pas être confondu avec une reconnaissance d’utilité publique.
Evidemment, l’organisme qui décide de se passer de rescrit fiscal encourt un risque fiscal et, plus grave, en fait courir un à ses donateurs. Néanmoins, les deux solutions sont possibles.
Je précise aussi (car je sens l’objection arriver) : l’expression "au profit d’un cercle restreint de personnes" ne signifie pas que l’organisme doit avoir beaucoup d’adhérents. Une association de 10 membres peut être d’intérêt général. Ce qui compte est le mot "profit". Une association de 10 personnes qui sert les intérêts de ses membres n’est pas d’intérêt général : par exemple : coopérative d’achat (les membres bénéficient de tarifs réduits sur les fournitures achetées en gros) ; société de secours mutuel entre les membres ; organisation de formations à l’usage exclusif des membres. Dans ces exemples, l’activité de l’association sert les intérêts des membres et le problème sera le même que l’association ait 10 adhérents ou 1000 adhérents. A l’inverse, une association de 10 personnes qui sert de façon désintéressées les intérêts de personnes non adhérentes, par exemple en apportant de l’aide humanitaire à des populations locales, est d’intérêt général.
Techniquement, la possibilité évoquée par cricri de monter sa propre association et d’appeler aux dons et d’émettre des reçus fiscaux est tout à fait réalisable.
Pour autant, je rejoins la plupart des critiques sur le caractère inadapté et irréaliste de ce projet :
1) effectivement, apporter de l’aide seulement quelques jours ou semaines puis repartir, c’est plus déstabilisant qu’autre chose pour les personnes et structures en place.
2) il est difficile d’évaluer les besoins sans rien connaître du pays.
3) le tourisme et l’humanitaire sont deux choses différentes et peu compatibles. rien que sur l’organisation matérielle : dates d’arrivée et de départ, logement, scolarisation des enfants, visites touristiques, c’est déjà du boulot, et vous voulez rajouter encore l’humanitaire : comment concilier cela, en pratique ? Ca risque de virer au casse-tête.
D’une manière générale, dire "humanitaire" ne suffit pas à dire "bonne idée". Plein de gens font de l’humanitaire et cela crée une véritable cacophonie. Déjà, rien que la distinction classique "développement" vs "urgence" anime des débats enflammés. Ensuite, qui dit développement dit "comment faire" ? Comment obtenir des résultats, dans la durée ?". Le milieu de l’humanitaire fourmille d’anecdotes sur comment la bonne volonté occidentale a été inefficace et même nocive car elle ne connaissait rien aux pays et à la culture où elle débarquait. Il fourmille aussi d’anecdotes sur comment la multiplication du nombre d’intervenants complique la tâche de tout le monde et se révèle souvent contreproductif.
Or, plutôt que de rechercher un organisme déjà existant, et qui fonctionnerait bien et de façon conforme à vos idées et d’y apporter votre argent et/ou vos compétences, vous préférez ajouter une voix de plus dans ce concert déjà très discordant.
Je vous suggère une voie médiane : vous faites ce premier voyage dans un but touristique, sans arrière-pensée humanitaire, avec comme mot d’ordre "découvrir les pays, les gens, et leur culture, l’objectif étant l’émerveillement, l’enrichissement culturel et l’ouverture d’esprit que les enfants et nous allons en retirer". En gros, utiliser le monde comme un grand spectacle et comme une grande école pour s’émerveiller et pour apprendre.
Accessoirement, vous pourriez aussi, durant ce voyage, de temps en temps et de façon très minoritaire, observer et poser des questions aux locaux, sous l’angle "comment est apportée l’aide humanitaire, et comment les locaux la perçoivent-ils ? Au total, est-ce que les organisations humanitaires améliorent vraiment la vie de ces gens ?". Et, en question bonus : "est-ce que le "développement", tel que vus par les occidentaux, est vraiment le but ultime ? Quand tout le monde sera éduqué à l’occidentale, quand tout le monde aura une télé, une voiture, une clim, et mangera beaucoup de viande, de produits laitiers et de junk food (car c’est cela qu’amène le "développement", presque toujours, malgré toutes les meilleures volontés du monde), est-ce que ces gens vivront mieux qu’aujourd’hui ?"
Quand, à l’issue de ce long voyage, vous comprendrez mieux ces pays et ces gens… alors, et alors seulement, ça sera peut-être le moment de prévoir d’y retourner sous un angle humanitaire (je dis bien "peut-être", selon le résultat de vos observations et cogitations), en vous basant alors sur une expérience du terrain que vous n’avez pas aujourd’hui.
Ce n’est qu’une suggestion, et vous pouvez en faire ce que vous voulez (y compris l’ignorer ou la critiquer).
Dernière modification par Bernard2K (22/02/2021 13h31)