Ce qu’il faut dans un tel cas :
- comprendre d’où ça vient
- savoir si c’est stabilisé (est-ce que ça évolue encore ou non)
- savoir si c’est solide ou si ça menace de s’écrouler. En effet, une fissure ou un déplacement, même ancien et stabilisé, peut avoir fragilisé le bâtiment.
Or, savoir si c’est stabilisé, c’est très difficile à savoir sans être dans l’immeuble pendant au moins un an et même plus.
D’expérience, les experts que vous pourrez faire venir ne s’engageront pas sur ces points. Ils vous diront peut-être des choses du type "ça semble stabilisé, mais pour être sûr il faudrait un témoin". Un témoin est un enduit de plâtre qu’on met sur une fissure pour voir si ça casse à nouveau. Encore faut-il faire la différence entre une vraie augmentation de taille de la fissure, et une dilatation été/hiver. Si le témoin a été posé en été, et que la fissure apparue sur le témoin pendant l’hiver se referme complètement à l’été suivant, c’est une fissure "de dilatation". Si elle ne se referme pas complètement, c’est une fissure évolutive, c’est plus grave.
Au niveau des planchers, le carrelage vous fournit aussi un témoin. Du carrelage cassé depuis longtemps (cassures émoussées, ternies, salies, parfois remplies de crasse), ça veut dire que ça bougé, mais que ça ne bouge plus. Par contre, dans un appartement vide qui n’a pas été habité depuis quelques temps, si le carrelage casse sous vos pas, ça veut dire que le plancher a encore bougé depuis la dernière fois que c’était habité. C’est donc un défaut de structure qui est train de s’aggraver : à fuir !
Interroger les habitants de l’immeuble et peut-être aussi ceux des immeubles voisins, notamment ceux qui sont là depuis longtemps, c’est très utile aussi. Ce qu’ils vont dire n’est pas parole d’évangile mais ils ont souvent un historique précieux (oui, un bureau d’études est venu en telle année, il a dit tel truc). Les vieux peuvent me se rappeler de trucs du genre "ça a bougé dans les années 60 quand ils ont fait tels travaux dans la rue d’à côté, mais depuis c’est stable". Donc, recueillir ainsi la mémoire collective de l’immeuble et du quartier, c’est très utile pour comprendre.
Les problèmes de structure ne doivent pas être négligés. On voit des bâtiments qui s’écroulent. On en voit d’autres marqués d’un arrêté de péril… Et puis on en voit beaucoup où les gens disent "non, c’est bon, c’est rien, c’est stabilisé"… jusqu’au jour où ça ne l’est plus. Et le revenu locatif, quand il y a un arrêté de péril, il n’y a plus de revenu… Il n’y a plus que des ennuis et des dépenses.
Toutes ces vérifications demandent du temps et de l’énergie… pour finir, très souvent, par n’avoir guère plus de certitudes, car même les experts ne sont pas devins et vous se réfugier derrière des recommandations "ça serait plus prudent d’étayer" ou "ça serait plus prudent de mettre une croix de Saint-André"… or, ce sont typiquement des travaux dont la décision dépend de la copropriété…
A votre place, je serait très tenté d’abandonner cet appartement sans y passer plus de temps.