#1 26/12/2010 17h20
- Kapital
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Quelle place occupe l’éthique dans vos placements ?
A défaut de pouvoir définir succinctement cette notion, je retiens une définition à minima. Pour moi, elle serait en gros équivalente à la notion de soutenabilité. Elle implique une dimension environnementale mais aussi sociale. Deux exemples : une centrale à charbon peut sembler très rentable, mais n’a rien de désirable : le rendement immédiat élevé ne fait que cacher des coûts cachés ou extériorisés qu’il faudra acquitter ultérieurement (maladies respiratoires, pollution et climat dégradé etc). Une société rachetée en LBO restructurée violemment avec des licenciements massifs clairement liés au montage financier n’est pas désirable non plus (la baisse du niveau de vie des employés se répercute sur tout le tissu économique local, les indemnités qu’ils perçoivent sont financées par la communauté donc chacun de nous etc).
On peut considérer que ce sont des considérations morales, je préfère en rester à la notion de soutenabilité (qui a, d’ailleurs, des implications égoïstes assumées : en tant qu’humain, résidant dans une certaine zone, j’ai intérêt objectivement à ce que celle-ci se porte bien sur le long terme : les ghettos de riches qu’on voit se développer dans les émergents ou parfois aux US sont à mes yeux autant de prisons à ciel ouvert).
Si je me reconnais dans l’entrepreneur, dans un capitalisme raisonnable (de type Rhénan, par exemple, où l’on préfère former des ingénieurs industriels plutôt que des ingénieurs financiers !), je dois bien admettre ma répulsion devant le capitalisme de prédation qui est devenu la norme, se nourrissant d’effets de leviers excessifs, de court-termisme absurde, de flash-trading algorithmique inutile, de manque d’investissements à long terme (et par voie de conséquence, d’une perte de compétitivité technologique ou de débouchés in fine).
Concrètement, essayer de rester « droit dans ses bottes » devient très difficile si on veut tout de même arriver à un rendement honorable de son épargne. D’où parfois une certaine schizophrénie : certains aspects de l’activité d’une entreprise vont nous déplaire alors que d’autres vont exalter le plaisir que peut ressentir un actionnaire à accompagner une entreprise dans des projets innovants ou impressionnants.
Un exemple dans les secteurs « schizophréniques » :
- J’ai Total en portefeuille (ayant encore une automobile, il serait hypocrite de cracher sur les pétrolières !): j’accueille avec soulagement chacun de leurs investissements en énergies renouvelables et innovantes.
Deux exemples dans ce qui me rend fier d’être actionnaire d’une entreprise :
- Suez Environnement: quel plaisir de voir le partenariat qu’a SITA avec une entreprise anglaise développant une technologie permettant de recycler les déchets plastiques en carburant diesel.
- Eurosic : je regarde avec plaisir l’achèvement des travaux et la location du 52 rue Hoche, transformé en bâtiment HQE visant la certification THPE.
Quelle place accordez-vous donc à ce genre de considérations ?
Il est bien entendu possible de simplement souscrire à des fonds ISR, mais pour ceux qui préfèrent gérer eux-même leur portefeuille, comment s’y prennent-ils ?
Mots-clés : finance éthique
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