vbvaleur, le 09/01/2022 a écrit :
La définition pour vous de ce qu’est une action value prouve que vous n’avez aucune idée de la façon de penser du vrai investisseur dans la valeur.
Mettre les actions dans des cases et les nommer value ou growth sans connaissance, sans analyse au préalable ça me débecte.
Les investisseurs qui se revendiquent dans la valeur comme Warren Buffet, Seth klarman, Munger etc achètent des actions de croissance qu’ils considèrent values comme Apple, Google(Alphabet), Amazon ,Alibaba.
Analyser une action ce n’est pas qu’une question de PER ou de croissance il y’a beaucoup de critères, d’inconnue à calculer et estimer et surtout celui le plus important à prendre en compte c’est le prix.
Je vous enlève pas le fait que vous êtes un bon technicien et pédagogue.
Mais je crois que vous participez en ajoutant votre professionnalisme à la confusion ambiante. (…)
"Je suis ce qu’on appelle un investisseur de valeur, et cela signifie que vous regardez la situation, vous ne regardez pas l’atmosphère, vous ne regardez pas l’esthétique, vous regardez la valeur dure - les actifs de l’entreprise et la trésorerie flux que son entreprise produit - et vous appréciez ces choses, et vous arrivez à quelque chose appelé la valeur intrinsèque , et ensuite vous voyez si vous pouvez l’acheter pour moins cher. Si vous payez la pleine valeur intrinsèque , vous obtiendrez probablement un rendement équitable ; si vous payez plus, vous aurez probablement une expérience infructueuse, mais si vous pouvez l’acheter pour moins que la valeur intrinsèque , vous devriez avoir un rendement supérieur à la moyenne. C’est un investissement axé sur la valeur, et je pense que c’est la forme d’investissement la plus solide sur le plan intellectuel. Howard marques
@Vbvaleur : Quelques clarifications :
1) L’objet principal de mon message était de montrer quantitativement que des chocs macros (comme une anticipation d’un resserrement de la politique monétaire) peuvent avoir des effets très différents sur les valorisations, selon qu’il s’agisse de valeurs de croissance ou de valeurs moins bien valorisées (pour une raison ou une autre). Pas vraiment de rouvrir le débat éternel de ce qu’est le style value, qui fait déjà l’objet d’autres files.
2) Cela dit : définir des actions value sur la base de ratios de valorisation plus faibles que la moyenne du marché, c’est l’approche la plus standard.
Par exemple les ETF factoriels value regroupent des actions faiblement valorisées (par rapport au reste de la cote), sur la base de ratios divers : par exemple ici, le P/B, le PER forward and le dividend yield.
Un gérant value comme William Higgons (le meilleur en France ?) applique une approche value quantitative, basée sur le ratio P/CFO (auquel il associe d’autres ratios comme le ROIC et la marge d’exploitation).
3) Je comprends que pour votre part vous ne vous reconnaissez pas dans cette approche value quantitative diversifiée, et que vous définissez vos cibles selon la différence entre la valeur de marché (définie par une masse aveugle de participants de marché supposés stupides) et la valeur intrinsèque que vous estimez – de façon personnelle et « artistique ».
Je suis bien d’accord pour dire qu’identifier des opportunités value sur la base d’un seul ratio (en particulier le PER) est très limité et conduit probablement à un mauvais stock-picking. Il semble que combiner différents ratios (P/B, VE/EBITDA, PER etc.) permette d’améliorer la qualité du stock-picking. Chacun aura ses préférences personnelles sur la question. Effectivement, s’il y avait une recette magique, ça se saurait.
En revanche, je ne vois pas pourquoi l’estimation de la valeur intrinsèque par un investisseur lambda (ou pro, peu importe) aurait plus de valeur que celle d’un autre. Pour moi, le prix de marché n’est pas le résultat des humeurs d’une foule stupide – c’est au contraire le résultat de la confrontation d’estimations divergentes de la valeur intrinsèque entre des participants de marché intéressés (puisqu’ils ont du « skin in the game »).
Vous pouvez bien avoir votre idée personnelle sur la valeur intrinsèque de Discovery : jusqu’à preuve du contraire, c’est une opinion personnelle (certes sourcée), certainement pas une vérité établie. Et si le prix de marché de Discovery est ce qu’il est aujourd’hui, c’est que d’autres investisseurs n’ont pas la même opinion que vous. Et c’est la confrontation incessante de ces opinions variées sur la valeur intrinsèque de Discovery qui conduit à son prix de marché.
Je trouve qu’il y a souvent chez les investisseurs value une illusion et une présomption : l’illusion de se croire « à part » du reste du marché, comme si le marché était une machine stupide et non pas l’agrégation de participants de marché humains, éventuellement intelligents, et motivés par l’opportunité du gain et la crainte de la perte ; la présomption de se croire supérieur à cette foule.
4) Le désavantage de votre définition personnelle du style value (qui ne vous est pas exclusive, je le sais bien), c’est qu’elle est tautologique : si le style value c’est d’investir dans des actions qui valent fondamentalement plus que ce qu’elles cotent, alors tout le monde (ou presque) pratique l’investissement « dans la valeur ».
Vous pensez sérieusement que j’achète des actions sans penser qu’elles vont s’apprécier ? C’est bien parce que je pense qu’elles vaudront plus demain qu’aujourd’hui, grâce à leurs fondamentaux, que je les achète. Je suis donc un investisseur dans la valeur qui s’ignore 😉
Même chose bien sûr pour l’écrasante majorité des investisseurs. La seule exception, éventuellement, ce serait ceux qui pratiquent la spéculation pure, qui jouent uniquement sur le momentum sans jamais regarder les fondamentaux, et espèrent simplement que l’enthousiasme de la foule portera demain plus haut des cours déconnectés des fondamentaux. Ce genre de spéculation existe, mais elle est très minoritaire, il suffit de parcourir les files de portefeuilles sur ce forum.
5) La valeur intrinsèque d’un actif, c’est la somme actualisée de ses flux futurs. Pas de ses flux passés. Donc investir c’est toujours un pari sur l’avenir.
Cette idée que l’investisseur value serait propriétaire exclusif de l’objectivité et de la sagesse, parce qu’il se focalise sur des éléments tangibles, sur les résultats passés, sur la valeur des actifs « solides », me semble autant fausse que ridicule.
D’abord les résultats passés sont déjà dans les cours, hors inefficience énorme du marché (éventuellement sur des nano caps, et encore).
Ensuite, un actif vaut ce que valent ses flux futurs. La valeur intrinsèque d’une vache laitière, c’est la somme actualisée de ses flux laitiers futurs (et de la viande, en fin de parcours), moins les coûts d’entretien – on se fiche éperdument des flux passés, qui ne servent éventuellement qu’à donner un ordre d’idée sur la capacité de production future de la vache.
Cela vaut pour tous les actifs des entreprises – des immeubles, des terrains, des brevets etc. Donc cette idée qu’il faut se focaliser sur les actifs tangibles pour valoriser une entreprise sans faire de « prédictions » sur le futur est absolument fausse. Quand on valorise un actif, on fait un pari sur l’utilité future de cet actif.
Donc un investisseur value, qui se croit sage parce qu’il ne fait pas de « prévision » contrairement à un amateur de valeurs de croissance, se trompe quand il pense cela. Les 2 font un pari sur l’avenir, simplement sur des profils différents d’entreprises.
6) Cela dit, chacun fait bien ce qu’il veut. En matière d’argent, je crois en la vertu du pragmatisme le plus absolu. Seuls les résultats (sur longue durée) comptent (en ajustant du risque si on veut faire des comparaisons). L’objectif est pour chacun de trouver un mode de gestion qui corresponde bien à sa compréhension et à sa psychologie, c’est bien là l’essentiel.