1 #1 02/04/2022 01h05
- aleph1
- Exclu définitivement
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A l’occasion du 30ème anniversaire de la création du PEA, je fais un appel à témoins.
Pour un Français, un PEA de très grande taille présente un avantage considérable, car il permet pendant des décennies d’investir et d’arbitrer librement des titres éligibles (en gros, les actions et les fonds de l’UE, hors foncières ne payant pas l’IS) sans payer l’impôt. Il paiera certes l’impôt, à savoir 17,2% de prélèvements sociaux, mais seulement lors des retraits d’argent du PEA. Il aura donc fait jouer l’effet boule de neige entre temps, pendant potentiellement des décennies.
Pour un Américain, un Roth IRA est encore plus intéressant, car il n’y a quasiment pas de limitation sur les titres éligibles et il n’y a pas d’impôt à payer sur les gains, pas les 17,2% ci-dessus, même lors du retrait d’argent, si c’est après l’âge de 59 ans.
Mais dans les deux cas, le cumul des versements, pour le PEA, ou le montant du versement annuel, pour le Roth IRA, sont très limités. Il est donc a priori difficile d’atteindre de gros montants dans ces enveloppes, pour profiter au maximum de leurs avantages.
Certains réussissent néanmoins à le faire.
D’où un appel à témoins: si vous avez un PEA ou un Roth de plus de 1 M€ (seuil purement arbitraire), pourriez-vous brièvement décrire comment vous y êtes parvenu?
Je vais commencer par deux cas fictifs pour illustrer et trois cas réels.
Monsieur A. a ouvert son PEA dès la création de cette enveloppe, en 1992. Il a investi cette année là le maximum autorisé et a abondé chaque fois que le plafond a été relevé. La dernière fois c’était en 2014, quand il a effectué un versement complémentaire de 18 K€, le plafond cumulé des versements étant passé de 132 K€ à 150 K€. Il n’a évidemment jamais fait de retrait.
Aujourd’hui, il a 1 M€ sur son PEA, donc un TRI d’environ +7.5%/an, ce qui est bien mais pas une performance extraordinaire.
Mme A. son épouse a fait pareil, mais elle a maintenant 2 M€, ce qui est une performance d’environ +9.5%, bien mieux, mais rien qui sorte vraiment de l’ordinaire.
Votre serviteur vient d’atteindre 2 M€, pour un PEA ouvert non pas en 1992, mais en 2009. Là le TRI est excellent, d’autant que je n’ai jamais investi en BSA avec leur effet de levier, ni en valeurs non cotées faciles à manipuler, en particulier en sous-estimant leur valeur initiale lors de l’inscription sur le PEA.
Mon TRI, tout exceptionnel qu’il soit, fait néanmoins pâle figure à côté du PEA d’un ancien DG que je connais, où son PEA est passé de 120 K€ fin 2008 à 50 M€ (!) quelques années plus tard. Je ne connais pas sa valeur actuelle, probablement encore plus élevée.
Il a en fait allègrement triché. Son groupe venait d’être acquis par une grande société de private equity, qui a lui a proposé un management package assez courant à l’époque et qui comprenait surtout des BSA non cotés de la holding de reprise, très leveragée.
Chaque BSA avait été valorisé à 1€ par un pseudo expert supposément indépendant choisi par le groupe. Le DG a donc souscrit 120.000 BSA à 1€ pièce et les a placé dans le PEA qu’il venait d’ouvrir. La valeur du BSA s’est révélée être de 400€ quelques années plus tard, lors de la revente du groupe à un autre industriel. D’où multiplication par 400x de la valeur du PEA, en partie de manière légitime (double effet de levier : BSA et holding reprise très leveragée car très endettée) et en partie parce que la valeur initiale du BSA avait été minorée d’un facteur 10.
Le fisc n’a découvert le pot aux roses que bien plus tard, quand les faits étaient prescrits. Mais ce cas réel a contribué à ce que les BSA soient désormais interdits sur le PEA.
On peut encore tricher, en inscrivant sur le PEA des valeurs non cotées allègrement sous-estimées, mais l’effet de levier sera bien moindre qu’avec le BSA et le fisc est désormais plus vigilant.
Encore mieux, et cette fois-ci a priori sans tricher (encore que …): le Roth IRA de Peter Thiel, co-fondateur de Paypal, qui a dépassé les 5 milliards (oui, milliards) de dollars. Ce serait en inscrivant des titres pre-IPO de sociétés qui avaient ensuite connu un parcours stellaire.
Pour plus de détails, et en particulier comment un versement de 1700$ sur son Roth en 1999 s’est transformé en 3,8 M$ un an plus plus tard lors de l’IPO (là, je pense que la valeur des actions en 1999 avait dû être sous-estimée, d’où fraude fiscale aujourd’hui prescrite) et en 30+M$ dès 2002:
Seeking Alpha a écrit :
https://seekingalpha.com/news/3710024-h … %5E%5E%5Eg
Thiel bought 1.7M shares of PayPal in 1999 for $0.001 per share, or $1,700. Within a year, the value of his Roth jumped to $3.8M, and turned into over $30M when eBay bought out PayPal for $19 a share in 2002. Since then he has made highly successful investments in Facebook, Yelp and Palantir, and by 2019, his Roth held $5B "spread across 96 sub-accounts." The gains from all those sales are tax-free and Thiel could pull out the money in six years when he turns 59½.
…
Dernière modification par aleph1 (02/04/2022 01h33)
Mots-clés : effet boule de neige, pea, roth ira
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