Bonjour à tous,
Suite à un message intéressant de Lopazz sur la file de son portefeuille (lien ici), et dans la mesure où son approche semble proche de celle décrite dans ma présentation (lien ici), j’ai backtesté la stratégie suivante : investir dans UPRO (un ETF S&P500 x3 daily) en prenant le pari que le S&P retrouvera ses plus hauts plus ou moins rapidement.
Ce produit n’existant que depuis 2009 (c’est à dire en phase de hausse), il m’a fallu reconstituer un historique en le compilant/calculant moi-même, et ce depuis 1928 (historique disponible sur une source publique - Yahoo). Il s’agit donc d’un indice composite dividendes réinvestis auquel j’ai ajouté des frais de 0,95%.
La comparaison entre le composite et le vrai produit étant concluante, j’ai poursuivi l’analyse :
Toutes les précautions sont à prendre avec cet exercice théorique mais il me semble néanmoins instructif.
Voici les principaux éléments :
Le graphique ci-dessus représente la performance totale sur une durée de 10 ans à partir de la date en abscisse. Par exemple, un investissement dans le S&P 500 en 1948 aurait rapporté environ 170% contre environ 1000% pour notre indice composite.
En performance annualisée, voici ce que cela représente :
Autrement dit, l’exemple ci-dessus aurait produit une performance d’environ 11% par an sur 10 ans pour le S&P contre 35% par an pour notre S&P x3 composite (sur la base UPRO).
Ce que l’on constate, c’est que la performance d’un S&P x3 pulvérise celle du S&P avec un risque de perte naturellement plus important sur la même période. Pour faire simple, un évènement type 1929 aurait rayé de la carte un portefeuille constitué uniquement de ce produit, mais des situations plus courantes de Bull markets sont extrêmement rentables. Par ailleurs, à part en 1929, il ne semble pas que les pertes puissent dépasser 60% du portefeuille.
C’est d’ailleurs là que ce trade peut-être intéressant : le risque est très asymétrique. Pour une perte de 100%, on peut également obtenir plus de 5000% grâce au phénomène de slippage des ETF multiplicateurs (explication simple d’Evariste sur la file de Lopazz en ce qui concerne le slippage ici).
Evariste a écrit :
Si l’indice perd 50% en une journée, alors l’ETF x2 va perdre 100% ou presque, mais pas si l’ETF perd 50% sur plusieurs jours, même si c’est une perte continue, car chaque jour le levier x2 est réinitialisé, en l’occurence à une somme plus petite, et pas à la somme de départ.
A noter, et beaucoup de monde l’oublie, que cet effet joue aussi dans l’autre sens ! Si l’ETF prend 10% une journée, puis 10% le deuxième jour, il aura gagné, 21%, alors que l’ETF x2 aura gagné 44% environ, ce qui est supérieur à 2x21=42%.
C’est ce qui permet à un ETF leveragé de faire des très très gros leviers quand l’indice monte continument, bien supérieurs au levier pourtant affiché.
Pour illustrer ce propos, voici l’effet de levier sur une période de 10 ans en fonction de la date d’investissement initiale :
Pour un investissement de 10’000 euros, voici les gains potentiels sur 10 ans en fonction de la date d’investissement :
Au vu des gains potentiels incroyables, il est intéressant de d’observer la probabilité de perte et celle de gain. Autrement dit, la probabilité de perte ou de gain rapportée au gain ou à la perte elle-même. On ne voudrait pas risquer beaucoup pour gagner peu. C’est ce que le graphique ci-dessous représente :
Ici par exemple, il y a 10% de chances de gagner 2’500 euros avec notre investissement initial de 10’000 euros avec le S&P. On observe que la probabilité de perte avec le S&P est inférieure à celle de l’indice composite, mais que le potentiel de gain du composite est très élevé en comparaison. On peut donc penser qu’investir dans UPRO peut être opportun puisque le S&P a déjà souffert d’une perte de plus de 20% depuis ses plus hauts, en misant sur un retour à ses plus hauts.
C’est donc ce que j’ai calculé ici :
Ce tableau représente les max drawdowns de plus de 20% depuis 1928. La date de début, celle du max drawdown et celle du retour à l’ancien plus haut sur le S&P 500, avec les délais entre ces périodes ("start to min" représente le nombre de jours entre le plus haut et le plus bas, et "start to end" entre le plus haut et le retour au plus haut). Il montre aussi les valeurs au plus haut et au plus bas avec le max drawdown en % (donc la chute la plus forte depuis l’ancien plus haut).
La colonne "reaching…" indique la date à laquelle le drawdown a atteint les -20%. Autrement dit, c’est l’équivalent à l’époque de la situation dans laquelle nous nous trouvons plus ou moins aujourd’hui, c’est à dire que l’on peut se demander si c’est le moment d’investir au vu de la chute déjà importante du S&P 500.
La colonne S&P est la réponse à cette question pour chaque drawdown du tableau : par exemple en ayant investi dans le S&P le 8 juin 1962, c’est à dire la date à laquelle le marché atteint les -20% versus les anciens plus hauts (techniquement, c’est la veille mais cela ne change pas grand chose), le S&P aurait produit une performance de 83% sur 10 ans. Le composite, lui, aurait produit une performance de 307%(!).
En fait, cette technique aurait été profitable dans 9 cas sur 10 pour le S&P (tout le temps sauf en 1929) et dans 7 cas sur 10 pour le composite. Ce dernier produit parfois un gain de plus de 1500%, largement de quoi essuyer les pertes des mauvaises tentatives me semble-t-il.
En conclusion, pour les profils avertis avec une bonne tolérance au risque de perte en capital important, il semble que mettre une ligne sur ce support puisse offrir un retour sur investissement intéressant. Qu’en pensez-vous ? Je suis intéressé par vos retours et suggestions.
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Pour finir, je réplique ici ce que j’ai posté sur ma file personnelle :
Ursule a écrit :
Accessoirement, pour tenir les comptes comme le fait régulièrement IH pour remettre les pendules à l’heure, et parce que c’est un satisfecit très appréciable, il semble que mon analyse sur un S&P fortement survalorisé en août de cette année sur ce forum était correcte (ici, ici, ici, et là). On peut toujours mettre cela sur le dos de la chance, mais il me semble que j’avais vu juste néanmoins, et ce malgré l’argument un peu habituel du « personne ne sait faire de market timing ». J’en profite pour ré-affirmer que, sans même compter ce market timing que l’on peut peut-être imputer à la chance, beaucoup de traders font du market timing avec des éléments tangibles et avec succès. Ceux que l’on voit (et qui échouent pour l’écrasante majorité) sont les gérants de fonds, dont le métier principal est d’attirer des capitaux, pas de gagner de l’argent pour leurs associés. C’est notamment pour cela qu’on a l’impression que personne ne fait mieux.
Par soucis de transparence, je dispose de positions longues sur un ETF S&P 500.
Amicalement,
Ursule
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.