J’ai lu une analyse intéressante sur les Treasury US, analyse particulièrement pessimiste mais semble-t-il partagée par beaucoup. C’est un long fil twitter que je me suis permis de traduire librement ici jusqu’à ses 2 tiers :
L’hégémonie du dollar détruit tout, et ce n’est que le début. On aurait pu penser que les autres pays se rebellent, mais en réalité il n’y a pas de voie de sortie. Le consensus aujourd’hui pense que les liquidités globales se rarifient, et l’intervention de la FED viendra dès que quelque chose cassera. Mais vue que personne ne sait ce qu’est ce "quelque chose", les inquiétudes grandissent.
Avec des prêts à la consommation au plus haut, des salaires en hausse, des grandes fortunes en hausse, et des trillions de dollars qui se baladent encore dans les systèmes financiers, l’infâme Pivot de la Fed reste un rêve.
Les employés de la FED se voyant désormais justiciers, ils vont remonter les taux plus haut que les attentes. Loretta Mester a même révélé que la FED remonterait les taux même en récession. Pire même, la FED s’en fiche si une hausse des taux supplémentaire infligerait des douleurs importantes au reste du monde. Dans une demande qui restera sans doute dans les livres d’histoire, les Nations Unies ont demandé à la FED d’arrêter de monter les taux. Réponse de Jerome Powell : NON. La priorité est à la lutte contre l’inflation aux US et tant pis pour la santé financières des pays émergents.
Si la FED remonte ses taux, la force du dollars sera encore renforcée. Les différentiels de taux vont s’accroitre, les dettes en dollars couteront de plus en plus cher.
Pendant ce temps aux US, les perspectives s’améliorent. Ce "quelque chose" qui casse pourrait prendre beaucoup de temps à se produire. Si les liquidités sont aussi massives que l’on pense, la menace d’une rupture imminente pourrait venir d’endroits que l’on n’avait pas imaginé.
Après que la FED, avec un succès discutable, ait passé plus d’une décade à essayer de stabiliser les marchés financiers, le péril imminent est maintenant arrivé sur un nouveau marché, celui des Treasury US. Les dernières données de transaction montrent des volumes en très forte hausse, au moment où le taux 10 ans retombe sous les 4%.
Mais cela ne durera pas - même avec des liquidités importantes sur le marché des obligations (un luxe que seuls les US peuvent se payer), des périodes illiquides vont apparaitre alors que la FED remonte ses taux sans merci.
Beaucoup seront surpris : l’objectif d’une hausse des couts n’est pas seulement de contrôler le coût de l’argent, mais également de dévaluer (et donc de détruire la valeur) des obligations d’état. Quand la FED augmente les taux, les taux montent, et le prix des Treasury baisse. Les investisseurs perdront donc en valeur liquidative (la valeur de l’obligation va chuter). S’ils veulent vendre, ils se retrouveront dans un marché illiquide.
Quand les market makers s’attendent à une hausse de la volatilité, ils augmentent le spread. Cela renforce les pertes lors des ventes et augmente les prix d’achat.
Donc quand la FED augmente les taux, ils réduisent la liquidité du marché, la volatilité réduit d’autant plus la liquidité, et ainsi de suite. En pratique, les 3 maillons du marché secondaire des Treasury (broker interdealer, dealer to dealer, dealer to client) se cassent. Les participants annulent leurs transactions, les collatérales augmentent… Dans ce cas, la seule question est de savoir Quand les banques centrales vont intervenir.
Le récent carnage aux UK était un échauffement. Même sans la mauvaise réponse de Truss, le marché se dirigeait vers un crash de liquidité. Avec un scénario similaire, le marché des Treasury montrera la même chose.
La volatilité des Treasury court terme, mesurée par l’index MOVE, monte graduellement, pour le moment sans panic. Nous n’avons pas atteint les records de 2008, mais bientôt, nous atteindrons le point de rupture.
La suite dans le thread twitter en anglais
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.