Escroquerie au RIB après avoir déposé un avis Google

Bonjour à tous,

J’ai été victime cette semaine d’une tentative d’escroquerie assez élaborée, alors je vous la détaille ici pour vous mettre en garde, car c’est assez sournois.

Tout commence avec un avis Google. J’ai déposé il y a déjà quelques temps un avis Google (5 étoiles) sur l’agence immobilière qui s’occupe de la gestion locative de certains de mes biens, en indiquant que j’étais très satisfait de la gestion locative chez eux. Grosse erreur de ma part : l’avis Google mentionne mon identité réelle (prénom + nom). A noter que l’identité Google de vos avis est forcément identique à l’identité qui apparait en entête de vos mails gmail. Donc si vous ne mettez qu’une initiale, ou M./Mme, cela se répercute dans vos mails. Une solution, que je vais appliquer désormais : déposer ses avis Google avec un compte secondaire.

L’escroc dispose alors de l’identité d’une personne qu’il sait en gestion locative avec une agence donnée. Il écrit donc le mail suivant à l’agence depuis une adresse mail ressemblant à l’identité usurpée créée pour l’occasion (par exemple prenom.nom229 @ gmail.com ):

L’escroc a écrit :

Bonjour,

Je viens par la présente, vous informer de la mise à jour de mes coordonnées bancaires.

En effet, j’ai changé de banque depuis le XXX et je souhaiterais recevoir sur mon nouveau compte bancaire les versements dans le cadre de la gestion locative qui nous lie.

Je vous prie de bien vouloir trouver en pièce jointe mon RIB afin de mettre mon dossier client à jour. 

Aussi, je vous saurais gré de bien vouloir me dire la date du prochain versement ?

Vous souhaitant bonne réception,

Bien cordialement,

Prénom Nom

A partir de là, deux variantes :

Variante 1. L’escroc fait exprès d’oublier de joindre le RIB à son mail. Ainsi, il observe si l’agence mort à l’hameçon. Si elle mort et lui répond qu’il a oublié de joindre le RIB, il se rend dans un bureau de tabac pas très regardant, et ouvre un compte Nickel au nom de la cible. Théoriquement le buraliste est censé vérifier une pièce d’identité avant d’ouvrir un compte Nickel, mais dans les faits il peut être complaisant.

L’escroc envoie alors le RIB à l’agence, qu’il a bien pris soin de maquiller en changeant la forme graphique et en mettant les logos d’une banque physique. Seul un examen attentif du BIC, du type FPELFR21XXX, montre qu’il s’agit d’un compte de la "financière des paiements électroniques", qui commercialise Nickel.

L’escroc a pris soin de demander la date du prochain versement afin de pouvoir être attentif et de bien noter la date. Dès qu’il a les fonds, il retire l’argent et ferme le compte.

-----

Variante 2. L’escroc a préalablement ouvert un compte Nickel avec une pièce d’identité volée ou falsifiée, et joint le RIB de ce compte (soit dans le premier mail, soit dans un second mail), en maquillant le RIB au niveau du nom et prénom pour faire apparaitre ceux de la cible.

L’avantage de faire exprès d’oublier la pièce jointe dans le premier mail lui évite de griller trop rapidement un RIB (ouvrir un compte Nickel n’est pas gratuit). Ainsi il ne grille un RIB que lorsqu’il sait qu’il a de bonnes chances de succès quand l’agence lui fait remarquer son oubli.

A noter que lors d’un virement SEPA, seul l’IBAN sert de manière effective au virement des fonds. Ainsi, que le nom et prénom sur le RIB soient incorrects n’empêche pas le virement. Ensuite il est trop tard.

-----

Dans mon cas, l’escroc est tombé sur une gestionnaire attentive avec l’astuce de l’oubli du RIB dans le mail. La gestionnaire m’a contacté et je lui ai demandé de jouer le jeu de l’escroc en lui faisant remarquer son oubli de RIB. L’escroc a répondu quelques heures plus tard. Une fois le RIB en poche (RIB maquillé en RIB LCL, avec mon nom et prénom), j’ai immédiatement déposé une pré-plainte en ligne pour tentative d’escroquerie et usurpation d’identité, que je suis allé signer dans mon commissariat de secteur. Cela m’a pris 10 minutes pour la pré-plainte en ligne, et 30 minutes pour la signature.

J’ai assez peu de doutes sur le fait que personne n’ira vraiment enquêter, alors qu’il serait assez simple d’obtenir le nom et prénom qui a réellement servi à l’ouverture du compte (probablement faux, mais ça peut donner des pistes), obtenir l’adresse du bureau de tabac et voir si le buraliste est de mèche, faire une requête à Google pour obtenir les adresses IP utilisées par l’adresse mail usurpatrice (à supposer que l’escroc n’ait pas pensé à passer par un proxy). Peu de chances donc de coincer l’escroc. Mais par principe, j’ai préféré déposer plainte.

Plutarque

Mots-clés : escroquerie, nickel, revenus fonciers