Après toutes ces années, je fais un SAV sur cette société, car c’est instructif.
C’est un cas un peu comme Warner Bros Discovery.
Donc sur le papier, la décote de HHC est élevée, avec une double-activité de promoteur immobilier et foncière :
1) elle a des terrains très demandés qui sont vendus au fil de l’eau à des constructeurs de maison,
2) elle est développeuse de projets résidentiels immobiliers très rentables, notamment à Hawaii,
3) elle possède un ensemble d’immeubles de bureaux, résidentiels et commerciaux qui sont loués comme une foncière classique.
Tous les bénéfices des activités 1), 2), 3) sont réinvestis dans les activités 2) et 3).
Comme la société ne verse aucun dividende, avec le temps, cela aurait dû être un genre de foncière capitalisante, où la NAV n’aurait du faire que d’augmenter et le cours de bourse ensuite, puisque tout l’argent est réinvesti.
Bill Ackman est président du conseil d’administration, donc a priori une garantie de bonne allocation du capital.
MAIS
la réalité a été celle-là :
1) il y a eu des rachats d’actions pour des centaines de millions de $ avec des timings toujours malheureux, dont des rachats juste avant 2020, qui ont nécessité ensuite une augmentation de capital pour compenser une trésorerie insuffisante dans le contexte COVID !
2) la dette est très élevée, la notation S&P est pourrie. Alors qu’au fil des années la hausse des taux étaient prévisibles, ils n’ont jamais allégé cette dette.
3) les coût de structure sont élevés, et mangent un bon tiers des loyers de l’activité "foncière", ce qui énorme.
4) le management s’est embourbé dans plusieurs projets douteux, hors du périmètre historique : un développement à New York, de nouveaux immeubles de bureaux et récemment ils ont racheté pour $600 M de terrain dans le désert, à côté de Phoenix.
5) jamais aucun dividende versé, qui aurait pu structurer un peu l’allocation du capital.
MORALITE
Chaque année les résultats sont "excellents", chaque année l’argent est dilapidé et le cours de bourse vivote depuis dix ans.
Je ne comprends pas ce que fou Bill Ackman dans cette affaire, tout comme je n’ai pas compris ce qu’avait foutu John Malone avec Discovery.
La morale de l’histoire est qu’avoir un super-investisseur au sein d’une société cotée n’est pas du tout la garantie d’une bonne affaire.
J’en suis arrivé à la conclusion qu’il valait mieux une super gouvernance à la suédoise, que des super investisseurs dont on ignore parfois les raisons, et qui peuvent transformer des sociétés parfaites sur le papier, en trappes à valeur.