2 #1 19/01/2014 19h01
- spiny
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Le Groupe
Guillin, groupe français créé en 1972, fournit des emballages plastiques pour l’industrie-agroalimentaire : barquettes de fruits et légumes, boîtes pâtissières, boîtes traiteurs, vaisselle, barquettes, emballages de viande mais également conditionnement pour les situations de repas sociaux (prisons, maisons de retraites, etc…) et d’entreprises.
L’entreprise s’inscrit dans une filière française forte (1er producteur européen) dans le sillage du secteur agro-alimentaire, premier pourvoyeur au PIB national.
De plus, cette activité est englobée dans un mouvement de fond vers une plus grande part donnée à la restauration rapide et à emporter dans nos sociétés modernes (street-food, bar à salades, bar à pâtes, etc…).
Le PDG du groupe estime que le marché est structurellement porteur (croissance des volumes entre 3 et 5%/an).
Ses clients sont principalement des grandes surfaces, des traiteurs, des maraîchers. L’activité emballage représente l’essentiel du business (93% du chiffre d’affaires et 80% du résultat opérationnel).
L’entreprise développe également une unité de machines destinées à l’emballage, le réchauffage, le transport, le nettoyage, le scellage, etc… (7% du chiffre d’affaires et 5% du résultat opérationnel). Une activité que l’entreprise souhaite développer.
A première vue, il s’agit d’un business relativement ennuyeux qui me fait instantanément penser à Envirodyne, fabricant de couverts en plastique et de pailles que Peter Lynch cite dans « Et si vous en saviez assez pour gagner en bourse ? », société qui fut pourtant un des 10-baggers de son portefeuille (X 12 pour être tout à fait précis).
La stratégie du groupe s’inscrit dans une logique marquée de niches en offrant beaucoup de diversités à de très nombreux clients afin de répondre à leurs besoins spécifiques (6000 références).
Ainsi, le groupe possède des positions de leadership assez fortes dans de nombreuses niches en termes de part de marché.
En fonction des conditions locales et des opportunités le développement du groupe s’est opéré soit par l’implantation de filiales, soit par des rachats d’entreprises comme en UK avec Sharp Interpack en 2010.
En 2012, l’export représente 60% du marché de Guillin.
Allocation du capital
Le versement d’un dividende est ininterrompu depuis au moins 10 ans. La pay out ratio : 35% en moyenne et affiché comme un objectif par l’entreprise.
Sur la base du dernier dividende (2€) et du cours actuel, le rendement affiché est de 2,2%.
Le management procède également à des rachats comme en témoigne l’annulation de 9% du capital en 2011.
Structure du bilan
Gearing : 65%
Current ratio : 1,4 (en forte progression sur ce semestre)
Quick ratio : 0,9
Goodwill : 12% des actifs
La politique d’endettement de la société est conservatrice. La forte augmentation constatée en 2010 correspond à l’acquisition de sa filiale britannique. Depuis, la société s’applique à réduite son endettement net (- 16%) et la dette représente un peu plus de 2X l’EBITDA.
Les fonds propres ont cru de 48% sur la période et la valeur comptable par action de 63% (merci le rachat d’actions !).
Sur une période de 20 ans (92-2012) : les fonds propres ont été multipliés par 6,7, soit une augmentation annualisée de 10%.
Compte résultat
La société affiche une croissance solide malgré un environnement économique peu porteur, c’est un point très positif.
Sur une période longue, c’est remarquable de tenir un tel rythme.
Depuis 1992 :
- Le chiffre d’affaires a été multiplié par 7,5, soit une croissance moyenne de 10,6%/an
- Le bénéfice a été multiplié par 4,9, soit une croissance moyenne de 8,3%/an
Flux de trésorerie
Après l’augmentation marquée de 2009 (du fait d’un Capex significativement réduit), le FCF est stagnant aux alentours de 16M€.
Il faut mettre en avant que le FCF de 2012 a été impacté par un niveau d’investissement important (7,5% du CA), le groupe annonçant d’ailleurs que le Capex redescendrait autour de 5% en 2013, plus conforme au niveau d’investissement historique.
D’après mes calculs, sur une année glissante au 30 juin 2013, le FCF a d’ores et déjà dépassé son niveau de 2010 (16,7M€).
On pourrait se situer sur un FCF avoisinant les 24 M€ sur l’année 2013, soit une augmentation de 80%.
Rentabilité
La marge opérationnelle évolue dans une fourchette qui varie entre 4,9% et 8,7%, pour une moyenne de 7% depuis 2007.
Calcul du retour sur capitaux employés tangibles : ROIC = 12% actuellement, ce qui est tout à fait proche de la moyenne historique.
Valorisation…
Pour les amateurs le score de Piotroski (2011 > 2012) était de 9/9.
La capitalisation est de 160M€ et la VE proche de 280M€
* Par les actifs
Je serais assez sommaire dans cette partie car il n’y a, à mon avis, aucune valeur d’actifs cachée qui pourrait significativement rehausser la valeur de Guillin, la majeure partie des actifs étant des usines et des machines.
Au 30/06/2013 la société possède 180M€ de fonds propres, soit un PB de 0,9. Il n’y a donc pas de marge de sécurité sur ce point pris indépendamment du reste de l’entreprise.
* Par les cash-flows
Calcul du FCF pré-taxes (= EBITDA – Intérêts de la dette – Capex maintenance (MCX)) :
* L’EBITDA glissant (S2 2012 + S1 2013) ressort à 60M€
* Les intérêts de la dette : 2,5M€
* Pour le capex de maintenance, je l’ai estimé à 26,9M€ (soit 76% du capex total).
>> Notre FCF pré-taxes s’élève donc 30,6M€
Notre FCF Yield (FCF pré-taxes/VE) ressort donc à 11% et à 8% si je prends en compte la totalité du capex, pour avoir une marge de sécurité supplémentaire….sauf que, sauf que… :
• Guillin s’est fortement endettée en 2010 pour le rachat de sa filiale britannique Sharp, ce qui impacte le cash-flow d’autant.
• D’autre part, le capex 2012 s’est révélé supérieur au niveau moyen habituellement constaté pour l’entreprise (7,5% du CA vs 6,6%).
En ajustant mes hypothèses sur le niveau de Capex plus modéré et en ajustant à la baisse les dettes de 10% dans le calcul de la valeur d’entreprise afin de prendre en compte le désendettement, le FCF pré-taxes ressort alors à 40M€ et la VE à 266M€.
Notre FCF Yield ressort à 15%, c’est beaucoup mieux !
Cette valorisation ne prend absolument pas en compte quelle que croissance que ce soit…alors que l’entreprise en fait réellement ! (+9% d’Ebitda/an ces 5 dernières années).
Des catalyseurs possibles ?
- Reprise économique France et Europe du Sud…mais le groupe n’y peut pas grand-chose.
- La hausse du dividende n’est pas impossible car l’année 2012 a été marquée par un ratio de distribution 2 fois moins élevé (16%) que le ratio historique (35%) alors que le bénéfice a été 2 fois supérieur à 2011 !
- La continuité de la baisse de l’endettement de la société peut, d’une part, faire apparaître la société comme « moins risquée » car moins endettée (même si le niveau actuel est tout à fait correct) et surtout cela pourrait faire diminuer la valeur d’entreprise.
- Ajoutons à cela la « normalisation » du Capex, ce qui boostera d’autant le FCF.
- Le développement du secteur « Machines », encore assez marginal pour le moment, mais le S1 2013 a vu une croissance importante (+14%) sur ce pôle d’activités. L’activité n’est pas spécialement mieux margée mais cela peut alimenter la croissance organique du groupe.
Conclusion
Pour résumé, je pourrais dire que Guillin est une société en croissance régulière raisonnablement valorisée, dirigée par un management compétent et sérieux, qui plus est, respectueux de l’actionnaire.
L’entreprise est de qualité et a bien su se développer depuis 40 ans à travers tous les scénarii économiques.
Elle pourrait tout à fait apparaître dans un portefeuille GARP / buy & hold.
Pour moi, la marge de sécurité est insuffisante actuellement mais Guillin est le type de société que je pourrais tout à fait intégrer dans mon portefeuille si Mr le Marché voulait bien m’en donner un meilleur prix !
Qu’en pensez vous ?
Des actionnaires dans l’assemblée des IH ?
Pour une analyse plus complète et les détails, 3 articles à découvrir sur Berichcorp :
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