4 #1 28/01/2016 10h25
- thomz
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Sur le long-terme, la vocation d’un business est de créer de la valeur économique, et de distribuer une partie (parfois la totalité) de cette dernière à ses fondateurs et ses diverses parties prenantes (actionnaires, créanciers, employés, etc.) dans des proportions qui récompensent équitablement le risque encouru par chacune.
La dite valeur économique correspond au patrimoine (exemple tangible : du cash ; exemple intangible : des brevets) doublé de la capacité bénéficiaire qu’on peut extraire de ce dernier (à moins que l’objectif du patrimoine ne soit simplement d’être monétisé, par exemple dans une activité hyper-cyclique ou en liquidation).
Un portefeuille d’actions se compose d’une panoplie de participations dans différents business (=des droits de propriété sur la valeur économique présente et future de ces business). Par extension, la vocation d’un tel portefeuille est donc de créer de la valeur économique pour son propriétaire.
Le marché fluctue : c’est sa nature intrinsèque. Au contraire des insensés, ne soyons pas esclaves de ses humeurs, et souvenons-nous qu’il est là pour nous servir, pas pour nous commander. Concentrons-nous sur la valeur économique (présente et future) des business que nous possédons et/ou convoitons.
En effet, à long terme, et sauf cataclysme type fin de la civilisation ou destruction nucléaire, le prix d’une participation dans un business (=une action) suit toujours la valeur économique de ce dernier.
A court terme, des discordances peuvent exister, typiquement quand la valeur économique future est perçue comme nulle ou si faible que la valeur économique présente est offerte avec une décote sur sa valeur réelle (=sa valeur liquidative).
La question est donc : à notre niveau, comment créer de la valeur économique ?
Trois options sont (selon moi, et un peu grossièrement) possibles :
(1) Acquérir (à bon prix) des participations dans des business à forte croissance -- et que cette croissance soit rentable.
La plus technique, cette méthode requiert d’exceptionnels talents d’analyste, doublée d’une connaissance quasi parfaite de l’industrie, du marché et des opérateurs du business concerné.
Si ces conditions sont réunies, et si la chance lui sourit, l’investisseur peut partir de peu et devenir fabuleusement riche. La valeur économique augmente par la (formidable) conjugaison de croissance du patrimoine et de la capacité bénéficiaire du business.
(2) Acquérir (à bon prix) des participations dans des business matures et compétitifs décidés à récompenser leurs actionnaires -- comme Berkshire Hathaway, IBM, Wal-Mart ou Exxon ou, à plus petite échelle, Guillin ou Securidev.
La méthode est idéale pour des gens déjà riches souhaitant obtenir une performance supérieure au taux sans risque, sans pour autant mettre en péril leur patrimoine. La valeur économique augmente via des dividendes et des rachats d’actions.
(3) Acquérir (à bon prix) des participations dans des business dramatiquement sous-valorisés par le marché -- peu importe que la décote soit sur le patrimoine ou la capacité bénéficiaire.
La valeur économique augmente grâce au rendement d’escompte (si le marché revalorise le business au moins à sa valeur liquidative), et bien davantage si le management parvient à significativement augmenter la richesse des actionnaires (par exemple via la transformation du modèle d’affaires). Les deux peuvent se cumuler sur plusieurs années.
La méthode requiert d’un faible (approche Graham & Dodd) à un sensationnel niveau d’analyste (situations type Sears Holdings). Point intéressant, l’approche la plus mécanique (Graham & Dodd) demande moins de travail mais se révèle plus efficace chez une grande majorité d’investisseurs (qui surestiment sans doute leurs talents d’analystes).
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Par exemple, et toujours très grossièrement, quelle est la valeur économique de mon portefeuille de participations ? (exemples de positions largement discutées sur ce forum)
Sears Holdings : aujourd’hui, c’est la valeur de son patrimoine (notamment foncier) à laquelle sont soustraites des années de pertes; demain, ce sera (nous l’espérons) celle d’une plate-forme Uber-like capable de monétiser à moindres frais une formidable base de millions de membres.
BlackBerry : aujourd’hui, c’est la valeur de son portefeuille de brevets et de son répertoire de clients; demain, ce sera (je l’espère) celle d’une plate-forme intégrée de sécurité des informations et des communications sensibles émises par les institutions (entreprises, administrations publiques, gouvernements) et les infrastructures ("internet of things").
Sears Hometown & Outlets : aujourd’hui, c’est la valeur d’un détaillant en pleine déroute (une appréciation avec laquelle je suis en profond désaccord); demain, ce sera (nous l’espérons) la valeur d’un détaillant relativement ordinaire, mais bien géré et tout à fait capable de gagner plus que son coût du capital.
Era Group (nouvelle position depuis quelques jours) : aujourd’hui, c’est la valeur d’une flotte d’hélicoptères dont le marche anticipe un rendement négatif pour les années à venir; demain, ce sera (on peut l’espérer) la valeur d’une flotte d’hélicoptères qui produit rendement positif (comme elle l’a toujours fait historiquement).
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Cette conception de la gestion implique (1) de ne pas se tromper dans l’évaluation de la valeur économique présente; (2) que quelques-unes des call-options envisagées (valeurs économiques futures) se réalisent; (3) que celles qui ne se réalisent pas n’entraînent pas de perte du capital investi, d’où la nécessité d’exiger une marge de sécurité sur la valeur économique présente (=décote sur le patrimoine ou la capacité bénéficiaire).
Se questionner sur la valeur économique (présente et future) des participations de son portefeuille est (selon moi) un excellent moyen de mettre sa réflexion à l’épreuve, et ainsi de rationaliser sa gestion, et mieux supporter la volatilité.
Mots-clés : actions, bourse, volatilité
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