Bonjour Jef. Je vais essayer de vous avancer dans votre réflexion du mieux que je le peux. Comme toujours, prenez ce que vous lisez (moi y compris) comme des idées, pas comme la moindre recommandation ou autre.
Petite blague: Je pensais qu’apprendre de ses erreurs et chercher à ne pas les refaire était simplement du bon sens. Certains arriveraient à gagner de l’argent en disant des évidences ? Intéressant
Votre description du VIX est assez juste, ce qui semble confirmer un sentiment personnel que j’avais exprimé dans la file "Encore un krach… page 120":
Mevo a écrit :
Il y a (bizarement ?) que les krach semblent être plus violents que d’éventuels "booms". Là aussi c’est un sentiment personnel, mais j’ai l’impression que les baisses sont plus brutales et soudaines, alors que les hausses sont plutôt lentes et progressives en général. Ou est-ce que ça n’est qu’une fausse impression ? Je n’ai pas étudié les chiffres pour confirmer le sentiment.
Sur un horizon de temps un peu long et sur le passé récent, on a par exemple le plongeon de 2008/2009, suivi d’une lente montée étalée sur plusieurs années.
Un certain nombre de gérants utilisent des positions sur le VIX pour se protéger de "krach", alors que le VIX mesure la volatilité et n’a rien à voir avec du directionnel. Ce qui semble également confirmer le lien volatilité/krach plutôt que volatilité/explosion à la hausse.
Quoi qu’il en soit, la protection contre la baisse par le VIX semble marcher en général, mais sur une baisse avec faible volatilité où le "marché" baisserait doucement mais sûrement pendant des mois, il y fort à parier que ça ne marcherait pas du tout ! Cette corrélation VIX / S&P500 n’a rien de "sûr", même si elle se vérifie historiquement. On est là typiquement dans le "les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs". Un achat de PUT sur le S&P500 au contraire est par exemple "sûr" en terme de protection / corrélation.
Mon sentiment à la lecture de votre message, Jef, est que votre principale "crainte" est une montée des taux de la FED. La chute des actions étant surtout une conséquence de la réalisation de cette crainte. Peut-être pourrait-il être plus intéressant de couvrir plus directement de risque de montée des taux, plutôt que de s’orienter sur la conséquence de la conséquence (La hausse de la volatilité mesurée par le VIX causée par la chute des actions, elle-même causée par la hausse des taux). A réfléchir de votre coté. Je vous renvoie vers la 2ème partie de ce message pour une couverture plus directe de la hausse des taux (n’hésitez pas à me demander plus de détails si nécessaire): (2/2) Actions préférentielles US : une alternative aux obligations
L’avantage d’une telle couverture est qu’elle vous fera gagner de l’argent pour compenser (à court terme) la hausse du coût de votre levier en cas de hausse de taux, même si les actions ne devaient pas trop baisser ou trop brutalement. Il y a éventuellement des stratégies un peu plus complexes, en travaillant sur le spread entre 2 futures de devises, dont l’une est l’USD: Les futures intégrant les taux d’intérêts de chacune des devises, ils vont se réajuster en cas de changement de taux. Plus l’échéance est lointaine, plus le réajustement est important. L’échéance courte vous sert à neutraliser la variation du change, l’échéance plus lointaine à capturer le changement de taux d’intérêt par rapport à l’échéance courte.
Le bémol de toute stratégie de couverture au niveau des taux d’intérêts est qu’il y a une certaine anticipation (comme sur tous les produits) de l’éventuelle hausse, donc si elle n’arrive pas, le produit a tendance a "rebaisser" et cela peut entraîner une petite perte. C’est par exemple comme ça que sont calculés les "stats" sur la croyance en une hausse de taux ou non, que chacun a sans doute déjà vu ou entendu: Les futures "Fed Funds" sont un produit pour se couvrir au niveau des taux d’intérêts. Si le taux actuel est de 0,25% et que le Fed Funds cote exactement 0,25%, c’est que personne ne croit a une hausse de taux. Si il cote 0,50%, c’est que tout le monde croit à une hausse de 0,25%. Au milieu, une probabilité de 50% de hausse d’un quart de point est anticipée, etc … Lorsque le taux reste effectivement inchangé, il retourne vers 0,25%. (Si le Fed Funds cote en dessous de 0,25%, il y a une anticipation de baisse de taux)
Maintenant que tout ça est dit, la stratégie la plus simple de couverture contre une baisse des actions peut effectivement être de "tailler" son portefeuille et de clôturer un certain nombre de positions. C’est simple, efficace, gratuit et 100% sûr: Pas de problème de corrélation ou de coût (sauf le coût d’opportunité si les dites actions devaient monter, et éventuellement les distributions). Au moins limiter ou annuler l’usage de levier.
Sur vos questions en elles-même, et pour revenir sur le VIX:
Jef56 a écrit :
Première question: faut-il se couvrir par une échéance courte (moins chère) et la rouler tous les mois ou faut-il payer plus cher pour une échéance plus lointaine qui en cas de hausse du VIX devrait elle aussi progresser?
En cas de stagnation du VIX, l’échéance lointaine nous aura coûté plus cher ’pour rien’.
Comment savoir si le contango est fort ou faible en ce moment (existe t’il des sites qui donne cette courbe?) et donc quelle échéance est la ’moins chère’?
Echéance courte ou longue revient en fait presque au même. Si on raisonne en terme de prix des futures: En cas d’achat d’échéance longue, vous "payez" un certain montant en plus lors de l’achat. Mais ce montant, vous le payerez lorsque vous roulez vos échéances courtes, donc c’est à peu près pareil. Vous payerez sans doute un peu plus cher en additionnant ce que ça vous "coûte" de rouler chaque échéance courte, mais vous aurez l’avantage d’avoir un produit un peu plus dynamique: En cas de hausse du VIX, souvent, les échéances plus courtes bougent un peu plus fortement que les longues (qui sont un peu plus "molles", parce qu’elle cotent déjà un peu plus à la base).
Si vous revendez votre échéance longue en cours de route, vous "récupérez" une partie proportionnelle au temps de ce que vous avez payé en plus. Donc vous avez d’un coté (échéance courte) un "coût" à chaque échéance pour rouler la position, et d’un autre coté (échéance longue) un "coût" initial, mais récupérable en partie si vous revendez la position avant échéance. Au global, les échéances courtes devraient coûter un peu pus cher pour avoir quelque chose d’un peu plus dynamique. C’est un choix, il n’y a pas foncièrement de bonne ou de mauvaise façon de faire je pense, choisissez entre coût et dynamisme (+ éventuel "travail" pour rouler les position. On parle de quelques clics de souris). Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit "pour rien" dans de cas de l’échéance longue (à moins de considérer la différence de prix que vous subirez à chaque fois que vous roulez une échéance courte aussi "pour rien").
Pour les contango/backwardation, il y a sans doute des sites pour ça, mais je n’en utilise pas. Tout simple: Dans TWS, ajoutez les différentes échéances du future en question les unes après les autres (vous avez juste à sélectionner plusieurs échéances, voire toutes, lorsque vous ajoutez un future dans TWS). Vous avez juste à comparer les cotations de ces différentes échéances entre elles pour avoir une appréciation du contango ou de la backwardation. Peut-être que certains préfèrent un graphique avec ces montants, mais personnellement, la comparaison simple des chiffres me va très bien. Souvent, comme pour le VIX, l’important est entre quelques échéances, ce que vous pouvez faire, est d’ajouter encore des "combos" (produit composés de plusieurs produits financiers) dans TWS: Si vous ajoutez simplement des "calendar spreads" entre les quelques échéances qui vous intéressent, vous aurez les différences entre ces échéances calculées directement par TWS en temps réel. Mais tout ça, c’est si comme moi, vous êtes à l’aise en regardant simplement des chiffres plutôt qu’un graphique.
Par rapport à l’échéance "la moins chère": En général, c’est assez linéaire, il n’y a pas une échéance réellement meilleure qu’une autre. Il n’y pas réellement de problématique à faire "le bon choix" quant à l’échéance à choisir en général. Ce qui répond à peu près à votre 3ème question, d’après mon avis. Pour votre deuxième question, c’est assez simple: je n’en ai pas la moindre idée. Je ne sais pas et je n’ai pas d’avis sur la question.
Quatrième question:
Comme mentionné plus haut, à mon avis, peu importe quelle échéance vous vendez ou rachetez, ça a mathématiquement peu d’importance. Si vous vendez une échéance plus courte, elle cotera normalement moins que la plus longue, et la plus longue sera normalement plus cher à acheter. Au détail près que potentiellement, l’échéance courte peut se mettre à coter plus que les longues en cas de forte hausse de la volatilité avec une anticipation que celle-ci ne rebaisse plutôt rapidement. Ca doit être là la base de votre raisonnement / questionnement. Si vous souhaitez tenter de jouer cela, alors oui, acheter de l’échéance courte ET longue pourrait avoir un sens, et il faudrait prendre ses profits sur l’échéance courte quand celle-ci cote plus que les échéances longues, tout en gardant les échéances longues pour la protection à plus long terme.
Vous auriez dans ce cas quelque chose de cohérent avec le début du message: Des échéances courtes plus dynamiques pour encaisser du gain, mais qui vont coûter un peu plus cher à rouler lorsque vous ne les avez pas vendues parce qu’il n’y avait pas eu de hausse de la volatilité. Il faudrait dans ce cas entrer à nouveau sur des échéances courtes lorsque la volatilité a rebaissé. Les échéances longues seraient plus destinées à être gardées, et deviendraient éventuellement les échéances courtes lorsque vous arrivez près de la maturité (il faudrait dans ce cas racheter d’autres échéances longues pour les remplacer).
Mais quant à savoir QUAND acheter et quand vendre, là c’est une autre paire de manche. Lorsque vous avez un pic de volatilité, vous ne savez jamais si ça va se calmer ou devenir bien pire ensuite … Ca devient là réellement du trading, avec tous ses aléas.
La couverture a un coût, c’est certain. Ca permet de profiter de la hausse tout en se prémunissant d’une baisse. Son coût est proportionnel à combien et comment on est couvert. Vouloir être couvert par exemple à 100% de toute baisse (c’est à dire dès le début) est effectivement "trop" cher, parce que ça coûte plus que ce que ne rapporte la position longue. Mais si on a une forte conviction que ça va baisser, alors ça ne l’est pas forcément (bien que c’est l’intérêt de conserver la position longue qui devient alors discutable). Il faut ajuster la "qualité" de sa couverture pour qu’elle ait un coût acceptable par rapport à l’espérance de gain sur sa position longue et que le tout entre dans sa tolérance au risque. Mais ça, c’est relativement simple lorsque vous achetez par exemple un PUT sur le S&P500: il suffit de choisir un strike plus ou moins élevé pour ajuster les paramètres. Dans le cas de gymnastique avec du VIX, ça devient sacrément plus complexe:
Il faudrait estimer le coût potentiel de votre position sur le VIX (quel est le montant minimal auquel vous pensez que le VIX peut être à l’échéance ? Combien coûte le fait de rouler les échéances ? Et quelle proportion de couverture est-ce que la position apporte (pas très simple)). Ou alors il faut le faire au doigt mouillé (sans doute le plus simple si on veut utiliser du VIX)
Dernier point: Le contango peut varier dans le temps (et il varie en général). Acheter une échéance longue, c’est savoir à l’avance combien va vous coûter le fait de "porter" cette position jusqu’à l’échéance, Vous pouvez calculer combien va vous coûter de rouler une position courte jusqu’à une certaine date, mais avec les données actuelles, qui ne seront pas forcément celles lorsque vous aurez effectivement à rouler vos échéances dans le futur.