Suite à mes échanges avec Oliv21, que je remercie pour ses retours, j’ai regardé de plus près la société.
Je vous livre ici mon analyse détaillée (désolé d’avance pour la longueur):
Etude ALBIOMA
Prix de l’action : 20, 36€
Capitalisation boursière : 611M€
VE : 1276M€
Sources : Document de référence 2016 + résultats S1
Activités du groupe :
Albioma est un producteur d’électricité renouvelable qui opère sur 3 types de production différents :
Le Groupe exploite 10 centrales thermiques et près de 150 centrales photovoltaïques. Avec une puissance installée de 753 MW, le Groupe a, en 2016, produit 3 605 GWh d’électricité.
Albioma évolue dans un environnement de marché règlementé, qui génère autant de contraintes pour le groupe, que de barrière à l’entrée pour de potentiels concurrents.
Pour la vente d’électricité, le Groupe bénéficie de contrats à long terme conclus avec l’exploitant du réseau (EDF en France, le Central Electricity Board à l’île Maurice, Endesa en Espagne, GSE en Italie). La vente de l’électricité produite par le groupe est ainsi sécurisée pour de longues périodes. Le marché brésilien de l’électricité présente cependant des caractéristiques sensiblement différentes (75 % de marché régulé et 25 % de marché libre, dont les contrats sont habituellement négociés pour une durée de 1 à 5 ans).
Les contrats sont donc principalement conclus à un prix déterminé par les pouvoirs publics.
Pour l’activité biomasse Thermique, chacune des sociétés du groupe exploitant une centrale thermique de base en France a souscrit un contrat à long terme avec EDF, à l’issue duquel le groupe a vocation à être propriétaire des équipements affectés à l’exploitation et à conserver la maîtrise foncière des terrains d’assiette desdits équipements.
Chaque centrale de base fournit à EDF, acheteur unique, une disponibilité en puissance rémunérée par une prime fixe annuelle assortie d’un système de bonus/malus et de pénalités et affectée d’un mécanisme d’indexation, accompagnée d’une rémunération forfaitaire calculée en fonction d’un prix de marché sur le charbon et les biomasse ainsi que d’un prix fixe pour la bagasse. La rémunération avant impôt du capital immobilisé est fixé à 11%.
Pour chaque contrat (à l’exception d’Albioma Caraïbes et Galion1), la prime fixe subit une réduction, par paliers pour les contrats les plus anciens ou linéaire pour les contrats conclus depuis 2010 ainsi que pour tous les avenants aux contrats existants.
Le tableau qui suit fait état des réductions de prime fixe restant à intervenir ainsi que de l’échéance finale des contrats pour les centrales thermiques de l’Outre-mer français, qui
peuvent être prorogés par avenant.
Au niveau mondial, le taux de croissance annuel moyen de la production d’électricité utilisant de la biomasse s’est élévé à 9,1 % entre 2002 et 2015, et 10,6 % en Europe de l’Ouest.
Le groupe bénéficie en outre de la loi n° 2015-922 du 17 aût 2015 relative à la transition
énergétique pour la croissance verte qui offre à Albioma une opportunité unique, en assignant aux départements et régions d’Outre-mer deux objectifs très ambitieux :
- porter la part des énergies renouvelables à 50 % dans ces territoires à l’horizon 2020,
- et accéder à l’autonomie énergétique en 2030.
Evolution de l’activité du groupe
Le Groupe a poursuivi en 2016 la construction de deux projets emblématiques de la transition énergétique future des départements et régions d’Outre-mer, la centrale Galion 2 en Martinique (40 MW), et la turbine à combustion de Saint-Pierre (41 MW), à La Réunion, dont la mise en service est prévue d’ici à la fin 2017.
Par ailleurs, 40 % du programme d’investissement sur la période 2013-2023 seront consacrés au développement du Groupe au Brésil, où le Groupe a désormais pour objectif d’atteindre une taille critique lui permettant d’absorber intégralement ses frais de structure locaux (ce qui signifie que le REX des activités au Brésil ne devrait être positif d’en 20022 !).
Avec 600 millions d’euros d’investissements sécurisés en quatre ans, le Groupe est aujourd’hui en avance sur la mise en oeuvre de son plan d’investissement de 1 milliard d’euros sur la période 2013-2023. Le plan d’investissement a pour objectif, à échéance, un doublement de la taille du patrimoine industriel et du résultat net part du Groupe.
Analyse du bilan
Chose assez rare pour être signalé, le bilan d’Albioma retraite déjà les crédit-baux. Du coup les premières estimations faites dans mon message précédent étaient surévaluées car elles prenaient en compte deux fois ce mode de financement.
Ainsi l’analyse financière du bilan donne les grands équilibres suivants :
1/Actifs économiques = 1113,77 M€
dont :
- IMMOBILISATIONS = 1095,92 M€
- BFR = 17,85
2/ Capitaux employés = 1113,77M€
dont :
- CP = 438,25 M€
- Endettement financier net = 675,52 M€
En termes de liquidité, le quick ratio ((actifs courants-stocks)/passifs courants) atteint 1,03, juste supérieur à 1, ce qui assure un niveau de liquidité correct.
Le BFR quant à lui est bien contenu, ce qui permet au groupe de ne pas avoir à engager trop de ressources financières pour son fonctionnement.
La valeur comptable a augmenté de 409,21 M€ en 2015 à 438,26 M€ à 2016.
Le price to book 2016 est de 1,42
Le gros déséquilibre qui apparaît est celui de la dette, qui est 1,54x plus importante que les CP, mais nous y reviendrons plus tard.
Analyse du compte de résultats
Le CA a augmenté de 5,2% passant de 349M€ en 2015 à 367 M€ en 2016.
L’EBE retraité de la quote-part du RN des entreprises mises en équivalence passe de 116,6 M€ en 2015 à 128 M€ en 2016, en hausse de 9,8 %.
Le RO retraité passe de 72,8 M€ en 2015 à 74,5 M€ en 2016, en augmentation de 2,3 %.
Le RN augmente plus sensiblement passant de 32,2 M€ à 42,1 M€ soit une hausse de 30,7 %, principalement dû à une charge d’impôt moins importante provenant de l’intégration de l’effet de la réduction du taux d’impôt prévu par la loi de finances pour 2017 et applicable pour le groupe à compter de 2019.
Analyse du tableau de flux de trésorerie
Les flux de trésorerie dégagés de l’activité (retranchés des capex de maintenance) s’établissent à 104,2 M€ en 2016 contre 85 M€ en 2015. Les charges dues au financement s’élèvent quant à elles à 74,4 M€ en 2016 contre 41,6 en 2015. Elles représentent donc les ¾ des flux d’exploitations.
Par ailleurs, les capex de développement s’établissent à 117,5 M€ en 2016 contre 59,5 en 2015.
Le FCF 2016 est négatif, traduisant l’effort d’investissement actuel d’Albioma.
On voit clairement que la politique d’investissement du groupe l’oblige à emprunter et que les remboursements des emprunts (hors intérêts) grèvent sensiblement la génération de cash de l’entreprise (à hauteur de 75%). Le groupe devra donc continuer à augmenter sa dette au moins jusqu’à la fin de son plan d’investissement en 2023.
Endettement du groupe
Les dettes d’Albioma sont majoritairement à taux variable mais le groupe a sécurisé la variation des taux par des instruments de couvertures.
En outre, les dettes (hors celles du Brésil et celles des projets en construction) sont portées par des sociétés de projet dédiés. Albioma indique également que « Le Groupe gère son capital en utilisant un ratio, égal à la dette nette hors financement de projets sans recours et préfinancement de nouvelles unités divisée par le montant des capitaux propres consolidés. La politique du Groupe est de maintenir ce ratio en deçà de 1».
Alors, qu’est ce que cela signifie ?
Les sociétés de projets sont des structures juridiques ad hoc, dédiées uniquement au projet. Les risques liés au financement du projet sont « éclatés » entre les diverses contreparties. Le remboursement des fonds prêtés est effectué quasi totalement sur les flux de trésorerie générés par le projet.
Albioma limite ainsi les risques pris au montant de sa participation au capital de la société ainsi créée, les actifs servant de garantie aux emprunteurs.
Pour ceux qui souhaiteraient avoir plus d’information à ce sujet, vous pouvez consulter le lien suivant :
société de projet
Il semblerait donc qu’on puisse considérer que les risques liés à l’endettement du groupe soient bien maîtrisés et que des difficultés sur un projet ne remettent pas en cause sa santé financière.
Rentabilité des actifs économiques et des CP
Le ROCE 2016 est de 4,48 et le ROE est de 7,53.
En annualisant les résultats du S1 2017, on obtient un ROCE de 5 et un ROE de 7,4.
La rentabilité est loin d’être extraordinaire…
VOLARISATION
Valorisation Intrinsèque directe:
Sur les 10 dernières années, le dividende a augmenté en moyenne de 4,5%/an. En prenant cette moyenne de croissance du dividende, et en estimant le WACC à 6, on obtient une valorisation d’environ 34 euros.
Valorisation Intrinsèque indirecte:
Impossible à calculer du fait des FCF négatifs
Valorisation relative directe:
Je n’ai pas réussi à trouver de comparables satisfaisants, mais avec un PER 2017 estimé de 19,3 et en 2018 de 14,7, ALBIOMA me semble être bien valorisé.
Valorisation relative indirecte:
La mise en production des projets en cours en 2019 (Galion 2 ; etc.) devrait augmenter le CA d’environ 30 M€. En partant d’une hypothèse de RO 2019 DE 90 M€, la société valorise actuellement 14x le RO 2019 et 14,7x le RO 2017. Manquant de comparables, j’estime qu’à plus de 14x le RO 2019, ALBIOMA est bien valorisé.
Si ce n’est pas la méthode de valorisation des flux de dividendes (très imprécise), ALBIOMA ne semble pas être sous valorisé au cours actuel.