Plutarque, le 20/05/2023 a écrit :
Prenons l’exemple d’une personne qui est muté bien loin de son domicile avec une courte échéance. Il ne sait pas trop quoi faire : va-t-il louer dans la nouvelle ville qu’il ne connait même pas ? va-t-il acheter ? Impossible de le savoir avant d’avoir un peu vu la ville. En outre, que va-t-il faire de son bien actuel, va-t-il le vendre ? va-t-il le louer ? va-t-il le garder quelques temps le temps de voir venir un peu ? Ainsi la personne de cet exemple réalise une fausse mise en vente pour se couvrir au cas où il déciderait, 6 mois plus tard par exemple, de finalement vendre. Il pourra alors alors se prévaloir d’une mise en vente antérieure à son déménagement. On est ici clairement dans la "mauvaise foi".
Et pourtant, s’il reçoit une offre à son prix (qu’il a placé un peu élevé), il va vendre, très probablement. Pas de frais d’agence, une vente rapide à un prix élevé, voilà qui finit de le décider… Preuve, a posteriori, qu’il voulait vraiment vendre. Donc il n’y avait pas de "mauvaise foi", n’est-ce pas ? Il a bien mis en vente, il finit par vendre… peu importe ce qui lui est passé par la tête entre temps.
Ainsi, si dans notre exemple précédent, la personne n’a commis d’erreur (pas de mise en location, pas de contact avec des agences pour louer, etc) et qu’il ne dépasse les délais normaux pour une vente, sa "mauvaise foi" peut devenir une histoire tout à fait crédible.
Je ne vois pas en quoi les contacts avec des agences pour louer seraient une preuve de mauvaise foi. Premièrement, il est peu probable que l’inspecteur en ait connaissance. L’inspecteur travaille avec ce qu’il a sous les yeux ; sauf exception, il ne déclenche pas une enquête policière approfondie qui permettrait de révéler de tels contacts !
Deuxièmement, même si l’inspecteur est au courant, on peut lui dire : "Puisque ça ne se vendait pas au prix que j’en attendais, j’avais une alternative : baisser le prix et recourir à une agence, ou bien louer. Avant de me décider à baisser le prix, j’ai regardé l’alternative consistant à louer. Finalement, j’ai confirmé mon intention initiale de vendre, quitte à accepter la baisse de prix, ce qui m’a permis de vendre "dans des délais normaux"."
Voilà un raisonnement tout à fait compréhensible et qui ne me semble pas devoir justifier un redressement.
Encore une fois : il y a eu mise en vente avant de quitter le logement, puis vente "dans des délais normaux", donc il est dans les clous. Peu importe qu’il ait eu la tentation de louer.
Il faut bien retenir deux choses :
- contrairement à la religion qui voit du pêché dans les "mauvaises pensées", la justice condamne les faits et non pas les pensées. Vous pouvez penser à louer, vous pouvez étudier cette alternative ; tant que vous n’avez pas loué effectivement, ça ne remet pas en cause l’exonération de la PV.
- attention à ne pas s’incriminer soi-même. Vous avez des faits, vous avez des preuves écrites : donc vous pouvez les présenter dans une version qui vous est favorable et vous y tenir. Mentir, c’est pas bien : tout comme les "mauvaises pensées", il s’agit un jugement moral voire religieux. Une personne inquiétée par la justice a le droit de mentir pour se défendre. Elle a aussi le droit de se taire, soit totalement, soit en passant sous silence les faits qui pourraient la desservir. Certes, mentir peut être une stratégie de défense très contreproductive, car premièrement il est facile de s’y embrouiller, et deuxièmement si ces mensonges sont révélés ça vous est très défavorable (cela disqualifie toutes vos autres paroles). Néanmoins, ce n’est pas interdit. Un témoin a l’interdiction de mentir, pas un mis-en-cause. Le droit à ne pas s’incriminer soi-même est une composante essentielle d’un état de droit et d’une justice équitable.
Dernière modification par Bernard2K (21/05/2023 08h28)