Il me semble que l’immobilier est comme tous les marchés : les prix ne font que refléter l’état entre une offre et une demande.
Que donne la demande aujourd’hui et dans les quelques années à venir ? Elle s’affaiblit et se transforme. La population évolue, beaucoup de foyers se fragmentent. La demande se fait sur des surfaces assez petites, les grandes surfaces ont peu de demandeurs. Par ailleurs la demande est liée au pouvoir d’achat de la population et à la richesse d’un pays. De ce point de vue, il est bien difficile d’être optimiste pour la France des années à venir. Il suffit de regarder la ventilation de la population par revenus, le nombre de famille monoparentale, le nombre de retraités à venir (avec un pouvoir d’achat qui va baisser)… pour se dire que la demande risque de manquer de tonus.
Et l’offre ? Elle est surabondante. Les biens sur le marché sont en nombre considérable. Les constructions ont été beaucoup plus rapides que l’augmentation de la population et du nombre de ménages. Dans certains secteurs il y a tellement d’offres que les biens ne se vendent plus. Je ne connais bien que ma région (la Franche-Comté) mais c’est saisissant l’évolution que nous avons depuis quelques années. Tous ceux qui ont construit ces dix dernières années et vendent aujourd’hui perdent beaucoup d’argent. Sont particulièrement affectés : les grandes maisons, les centres ville qui se vident dans toutes les communes et les maisons de la première périphérie qui appartenaient à des gens qui ont construit dans les années 1960 et 1970 et qui décèdent ou partent en maison de retraite. On voit des rues où, dans ces zones, la plupart des maisons sont en vente. On devrait voir arriver beaucoup de maisons en vente encore dans certains quartiers avec l’augmentation rapide du vieillissement de la population ces dernières années.
Or les prix avaient beaucoup augmenté dans les années 2000… Comment cela va-t-il évoluer ? La baisse est déjà sévère depuis 2010 et elle va continuer de façon certaine à court terme. Au-delà ? Je ne sais pas, mais je vois mal ce qui pourrait l’arrêter ? Offre considérable de biens, pouvoir d’achat en berne, pays en grande difficulté et qui ne crée plus de richesses… Pour le moment, seules les grandes métropoles ont des baisses limitées sur les beaux quartiers (et encore, à Besançon, cela baisse partout, mais ce n’est pas vraiment une métropole) parce que l’offre n’est pas très abondante. Mais les prix très élevés peuvent-ils se maintenir ? Je regarde aussi beaucoup Dijon. Faut-il payer 300 000 à 500 000 euros pour un appartement de centre ville qui entrainera des frais énormes ? Je suis sceptique et certainement pas acheteur à de tels prix…
Inversement, un élément positif peut soutenir le marché : le foncier devient vraiment rare et cher, les coûts de construction augmentent, cela peut rendre l’ancien attractif par endroit. Mais il faudra de toute façon du pas trop grand et du pas trop cher, d’autant que la hausse constante des charges et des impôts locaux ont un effet asphyxiant sur le marché.
Bref, le plus probable me semble être une poursuite de la baisse des prix dans les années à venir dans pratiquement tous les secteurs même si les différences sont énormes d’un secteur à l’autre. Une baisse de 30% en moyenne dans les années à venir ne me semblerait pas aberrante. Mais qui sait ? Je suis comme tout le monde, je ne sais pas, c’est très compliqué. Mais une certitude : prudence, prudence…
D’autant que les loyers ne peuvent que suivre. En Franche-Comté c’est déjà le cas, les loyers se tassent, tous les agents immobiliers me le confirment. Tous les prix se marchandent, les loyers se tassent et il faut du rénové à neuf et bien équipé pour séduire une clientèle devenue exigeante et maintenir les prix. Bref, la période n’est pas facile… mais ça, vous le saviez déjà !
Je crois qu’il faut investir uniquement sur des biens immédiatement rentables et qu’il ne faut en aucun cas espérer de plus value, le plus probable est même le contraire, surtout si on achète cher.
Autrement dit : pour moi, pas d’investissement sans cashflow positif.
Merci de me donner votre sentiment sur ce que vous vivez dans vos régions.