Petit amateur de vins, je me permets quelques réflexions sur ce sujet :
1) lorsqu’on achète soi-même et qu’on garde dans sa cave :
- Déjà, il faut une très bonne cave (température, humidité), ce qui n’est pas donné à tout le monde.
- Il faut une grosse culture du vin pour sélectionner les bouteilles qui vont prendre de la valeur.
- Les bouteilles qui se vendent le mieux sont les grands crus, donc cher à la bouteille. Ca risque de décaler ses goûts personnels vers le vin haut de gamme (si on n’y était pas encore), ou encore d’augmenter la consommation (par exemple : avant, c’était une grand bouteille par an, maintenant, c’est 10 ou 20). Mine de rien, cette consommation personnelle représente un certain budget !
2) Si l’on passe par un intermédiaire :
- attention aux prix de vente initiaux (sont-ils conformes au marché ou artificiellement gonflés), ainsi qu’aux coûts de stockage et de gestion. Dans un marché qui stagne voire redescend, s’il n’y a pas de mirifiques plus-values pour éponger ces frais, pas sûr de gagner de l’argent.
- il y a un risque de schéma de Ponzi. 1855 : bouteilles non livrées et liquidation (les divers créanciers, dont les clients, en sont pour plus de 40 millions d’euros), Aristophil sur les manuscrits… si la plupart des acteurs de ce marché sont sans doute sérieux, on n’est jamais à l’abri d’un qui ne stockerait pas le vin prétendument acheté. Ou d’un qui aurait démarré sérieux mais, vu la dégradation du secteur, se metrait ensuite à "économiser" en n’achetant plus toutes les bouteilles payées par ses clients.
- l’avantage, c’est que vu que le vin n’est pas chez soi, on n’est pas tenté de le boire. Il n’y a donc pas les frais de "consommation personnelle" cités au 1).
D’une manière générale, il vaut mieux n’acheter que les meilleures années quitte à passer des années blanches où on n’achète rien. Quelques années plus tard, tous les millésimes sont en concurrence, alors si on a acheté des petites années, on n’arrivera pas à les revendre ; en tout cas, pas sans les brader.
Personnellement, je suis surtout amateur des vins bios et/ou naturels, notamment du Languedoc. On trouve de très bonnes choses (à mon goût à moi) dans les 8 à 20 € la bouteille ; ce qui n’est déjà pas donné (rappel : le budget moyen pour les Français quand ils achètent une bouteille de vin est de 3 à 4 €).
J’ai dégoté un caviste assez extraordinaire :
- spécialisé en vins bios et naturels, principalement Languedoc
- il fait goûter très volontiers, ça permet de n’acheter quasiment que du vin dont je suis sûr qu’il me plaise.
- il fait des prix dès qu’on prend un carton: 1 € en moins la bouteille… voir nettement plus. Et souvent, il offre une bouteille en plus, genre "vous me goûterez ça".
C’est quand je vais chez d’autres cavistes que je mesure la chance d’avoir celui-ci !
Du coup, alors que j’étais motivé pour essayer de visiter des producteurs et d’acheter en direct, j’ai un peu levé le pied là-dessus : avec ce caviste, j’ai le conseil, le choix, je goûte, et je paie quasiment le même prix que chez le producteur (voire moins cher).
Tout en restant dans les vins bio ou naturels, je ne possède que quelques bouteilles qui pourraient avoir une valeur de revente et que j’ai du coup payées assez nettement plus cher que la fourchette susmentionnée ; notamment des Clos Rougeard. Mais comme j’en ai très peu, il est probable que je les boive au lieu de les revendre.
D’ailleurs, l’engouement pour les vins bios et/ou naturels est un phénomène marquant de ces dernières années. Avant, le vin bio, c’était pas bon (pour faire court). Au fur et à mesure que des producteurs s’y sont mis et ont fait de la qualité, il y a eu un intérêt croissant chez le consommateur. De plus, des blogs, forums, et autres publications du même type deviennent des prescripteurs d’achat (à leur modeste mesure) ce qui sort donne des alternatives à la machine de guerre classique guide des vins (côté prescription) - grande distribution et caviste (côté distribution).
Bref, pour ma part, je ne suis pas un investisseur en vin. Je suis typiquement dans le cas 1) : si j’achetai pour revendre, ça me décalerai vers des prix d’achats plus élevés, donc ma consommation personnelle me coûterait plus cher. Au total, à défaut de gagner de l’argent en revendant, j’économise sans doute plus d’argent en me contentant de mes vins à 8-20 € la bouteille. Je n’ai pas envie de me lancer dans une course à l’armement où les éventuelles plus-values de revente couvriraient à peine l’augmentation du coût de ma consommation personnelle.
PS : concernant la fiscalité, quand on possède ses bouteilles, c’est la fiscalité sur les plus-values de biens meubles. Donc, en dessous d’un prix de cession de 5000 € par lot, c’est exonéré. Quand on est sur un investissement conséquent, on aura intérêt à garder les factures ; d’une part, pour pouvoir faire le calcul éventuel de cette plus-value ; d’autre part, pour le cas où l’administration fiscale s’intéresserait à la provenance de ce petit trésor en bouteilles.
Quand on passe par un organisme (mon cas 2), il faut bien regarder la nature de cet investissement et la fiscalité applicable.
Dernière modification par Bernard2K (18/09/2015 13h48)