sm94 a écrit :
Il faut dire que la réponse Bacquet était totalement injuste:
- le fisc demandant aux enfants de régler des droits de succession pour des contrats qui pouvaient être destinés à d’autres qu’eux compte tenu des possibilités des AV,
- en cas de contrats croisés souscrits par un couple avec des fonds de la communauté, si la moitié du contrat du survivant "appartenait" au décédé, la moitié des fonds du contrat du décédé "appartenait" donc au survivant (revenant à taxer potentiellement les 3/4 des fonds de la communauté au premier décès)
Pouvez-vous préciser la notion de cohérence entre fiscal et civil ? Merci d’avance, cordialement
Nosfinances a abordé la cohérence, donc je ne reviendrai pas dessus.
Concernant "l’injustice", la question est bien plus subtile que vous ne le croyez. Avant Bacquet, la plupart des successions "ignoraient", ou faisaient mine d’ignorer, l’arrêt Praslicka. En terme de justice, ca revenait à dire "les enfants n’ont aucun droit sur une partie du patrimoine de leur père".
Un petit exemple pour expliquer cette "justice" selon vous.
Monsieur a des enfants et se remarie avec Mme 2 en régime légal. Cela a un impact certain sur les options successorales, là n’est pas la question. Mme2 ne travaille pas ni n’a aucune revenu, mais Mr lui permet d’alimenter une assurance-vie. Au décès de Mr, Mme dispose d’un million sur son AV, alimentée exclusivement sur les revenus de Mr.
Au plan civil, en application de l’arrêt Praslicka, 500k sont de facto à Mme, et 500k entre dans la succession, au plan civil. Entre 99 environ et 2010, au plan fiscal, on choisit d’ignorer le problème, et de ne pas inclure dans l’actif taxable. Que l’Etat choisisse de ne rien toucher, c’est son problème.
Sauf que du coup, pour beaucoup de personne, dont les assureurs qui continuent à défendre cette position, la question ne se porte pas non plus au plan civil. Donc les enfants, circulez. Si papa a choisi de mettre l’intégralité de son patrimoine sur l’AV de belle maman, vous n’avez rien à dire-
Raté. Au plan civil, les enfants ont leur mot à dire et des droits sur la valeur de ce patrimoine. Et ce depuis 1992, donc c’est loin d’^tre une nouveauté.
Bacquet a permis de ramener la question fiscale au même niveau. Pour les assureurs, c’est un drame parce que, faute de conseil, les survivants pensent devoir casser leur AV pour payer aux héritiers leur dû, alors qu’un RV avec un conseiller digne de ce nom permettrait de mettre en place une solution alternative.
Vous me direz que les enfants ne toucheront pas nécessairement la valeur de ce contrat, et donc que c’est injuste. Pas complètement faux. Mais c’est omettre un détail : la moitié de la valeur entre en succession, ce qui ne signifie pas qu’ils doivent percevoir l’argent de l’AV, mais qu’ils doivent recevoir sur la tolité du patrimoine successoral une valeur équivalente.
Ce qui ouvre des stratégies de succession, comme la mise en place d’une créance indexée correspondant à cette valeur, créance déductible au second décès, ou un partage du reste du patrimoine pour compenser cela (au lieu de transférer 50% de la maison familiale, on pourra compenser les droits sur le contrat AV en augmentant la part sur la maison reçue dans le partage successoral), etc …
La remise en cause de Bacquet, si c’est toujours intéressant au fiscal, risque de remettre sous le tapis cette question, alors que les assureurs de base ne jouent pas le jeu actuellement (ils soutiennent que le contrat est propre, donc qu’ils n’ont pas à dire quelle est la valeur de rachat du contrat non dénoué, au risque de spolier les héritiers d’une partie de leurs droits). Donc de nous ramener à une situation dans laquelle les héritiers n’ont pas l’intégralité de leurs droits respectés.
Vous voyez, la question est plus complexe qu’un simple calcul fiscal.