Mon dilemme avec l’obligation Ensco (EVS) 8.5% juin 2019.
Je suis plutôt débutant, mais fonceur. Je l’ai achetée sans réfléchir beaucoup en décembre à 100.6. Elle est descendue à 70 et vaut maintenant 84, ce qui donne un YTM respectable de plus de 14%, pour l’acheteur aujourd’hui.
Sa cotation est trompeuse car S&P donne du BBB (datant de 4-5 ans), tandis que Moody’s cote B1 soit 5 coches plus bas, dans le HY proche du "junk" (pourriture, selon une traduction libre), basé sur une étude récente.
Ensco est dans un secteur essentiel mais sinistré (exploration pétrolière), mais néanmoins no.2 mondial dans son domaine avec un chiffre d’affaires 2014 de $34 milliards, sauf erreur. Elle est très déficitaire en ce moment, mais bien positionnée pour une éventuelle reprise.
Elle a une grosse marge de crédit qui lui permet d’attendre des jours meilleurs, et sa première échéance de crédit c’est précisément l’obligation susdite. Rien avant ça .Elle a les moyens de rembourser cette échéance de juin 2019, mais au-delà l’avenir est très incertain. En fait, s’il n’y a pas de reprises des affaires, une faillite n’est pas exclue.
Personnellement je pense que l’activité d’exploration va reprendre, pour 2 raisons:
1) Les puits s’épuisent au minimum de 15% par année, plus pour le pétrole de schiste, donc il faut constamment en forer de nouveaux
2) plusieurs pays producteurs (Vénézuela, Brésil, Russie, même Arabie Saoudite et Iran) sont socialement et politiquement fragiles, et pourraient réduire leur production, ce qui obligera à de nouveaux forages ailleurs, particulièrement en haute-mer, où Ensco est compétente.
Pour l’instant, avec une autre (à 4.7%) j’ai 8% de mon portefeuille en obligations ESV, c’est le maximum que je m’autorise pour un super-produit, ce que ESV n’est pas. En fait j’ai été leurré par la cote S&P.
Il reste que le produit est sous-évalué par le marché, selon moi. Il y a beaucoup d’étapes avant que les créanciers obligataires ne perdent leur argent. Dans 3 ans ESV doit rembourser 100%, et d’ici là un juteux 8.5% par an. Sachant ce que je vous ai dit, si je n’étais pas déjà trop impliqué, j’achèterais sûrement.
Qu’en pensez-vous?