IH, tous les (5) critères que vous listez pour justifier une surcote ou décotes sont des critères endogènes (qui me semblent secondaires).
Vous oubliez les critères exogènes, par exemple, pour ne citer que les principaux:
1- L’évolution du marché sous-jacent
Qui peut prédire l’évolution du marché ? Selon la tendance du moment, une décote est appliquée. Selon aussi l’endettement et sa structure, l’évolution du marché peut avoir un effet dévastateur sur la valeur. Donc la décote sera plus importante dans ce cas.
Il faut bien garder en tête qu’une foncière est essentiellement une valeur de rendement. C’est encore amplifié lorsque la foncière opte pour le statut de SIIC (ou REIT) qui impose de distribuer une grande partie des revenus. Cela empêche la foncière de se transformer en valeur de croissance par réinvestissement des revenus dans de nouvelles acquisitions. La seule possibilité de croissance reste donc associé à l’endettement (limité aussi par le statut des SIIC et par les bonnes pratiques). Mais si les loyers sont sous pression, cela augmente le risque associé au crédit.
D’autre part, l’évaluation de l’ANR, selon les société, aura plus ou moins tendance à être "conservatif". Ce phénomène est amplifié selon la tendance du marché sous-jacent: si le marché est à la hausse, l’ANR aura tendance à être sous-évalué tandis que si le marché est à la baisse, c’est l’inverse. Ce phénomène est bien connu des investisseurs qui auront tendance à se prendre une marge de sécurité supplémentaire.
2- Les statut de SIIC et ses avantages fiscaux
Si le régime fiscal des SIIC peut avoir des effets négatifs sur la croissance, il y a aussi des avantages. Par exemple, la disparition des impôts sur les sociétés lors du passage au statut SIIC a fait converger les ANR bruts et les ANR nets. En 2003, année du passage au statut SIIC pour les principales foncières cotées, les ANR nets ont ainsi mécaniquement progressé de 6,6% à 15,0% selon le stock de plus-values latentes et la répartition des actifs (France vs. étranger).
D’autre part, le statut de SIIC impose un certain flottant minoritaire, sous peine de perdre le statut (et la transparence fiscale qui va avec). Cela limite la spéculation: on l’a vu récemment avec Tour Eiffel qui a failli perdre son statut de SIIC suite au rachat par la SMA BTP. Cela a fait pression sur les cours pendant quelques mois.
On a aussi vu plusieurs foncières spécialisées sur des investissements thématiques retirées de la cote par leur maison mère, faute de liquidité suffisante. C’est le cas de Klémurs, filiale de Klépierre (avril 2013), ou encore de Foncière Europe Logistique, filiale de Foncière des Régions (septembre 2012). Celle-ci a depuis cédé 60 % de ses actifs logistiques au géant Blackstone. Car si le statut de SIIC est favorable fiscalement, il oblige à un certain nombre de contraintes, peu favorable au développement de la foncière. Ce statut de SIIC rentre notamment en concurrence avec le statut d’OPCI, plus flexible par certains côtés.
Le statut de SIIC est donc globalement considéré comme un avantage mais il y a un risque que ce statut globalement favorable soit perdu (pour des raisons indépendantes de la foncières elle-même, mais imposé par l’évolution de son actionnariat, par exemple). C’est aussi pour cela que certaines foncières n’ont pas adopté ce statut.
3- L’évolution des marchés financiers et la recherche de rendement
Cela fait pas mal d’années que les marchés financiers sont agités. Les taux d’intérêts sont de plus en plus bas et semblent l’être de manière durable. Dans ce contexte, les foncières, lié aux marchés de l’immobilier, apparaissent de plus en plus performantes. Elles sont de plus en plus reconnues comme une solution alternative intéressante pour remplacer les obligations dans un porte-feuille, offrant un couple trés favorable rendement / risque.
Je ne vais pas m’étendre plus sur tout cela. Il n’y qu’à reprendre l’historique des 20 dernières années pour comprendre quel importance revête ces critères.
Les années précédentes l’adoption du status de SIIC au début des années 2000, les foncières étaient globalement décotées de 20% par rapport à l’ANR. A cette époque, tous les journaux considéraient que 20% était une décote "normale" pour une foncière. Elles étaient apparentées à des holdings dont la décote était elle-aussi importante.
De 2004 à 2006, les foncières enregistrent une prime sur leur ANR en constante augmentation,
en relation étroite avec l’essor du régime SIIC et surtout la croissance importante de ces marchés.
De 2007 à 2009, trois ans de décote illustrant une période qualifiée de « plus grande crise depuis 1929 ». Cette période fait en réalité suite à une sorte de bulle spéculative qui tournait autour de l’immobilier et dont les foncières ont largement profité précédemment.
Depuis 2011, la volatilité des marchés boursiers ainsi que la baisse constante des taux a aussi profité aux foncières qui, à l’instar des SCPI/OPCI, grâce à leur distribution de 5-6% annuels sont perçues comme une valeur refuge pour tous ceux qui recherchent un rendement correct avec un faible risque.
On le voit donc, en prenant un peu de recul et en refaisant l’historique, que les facteurs exogènes ont revêtus une plus grande importance que les facteurs endogènes dans la performance des foncières de ces 20 dernières années. Cet historique démontre aussi combien le premier point à une influence considérable sur la performance globale. De plus, ces facteurs exogènes sont facilement chiffrables tandis que les facteurs endogènes listés précédemment sont pour le moins subjectif.
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InvestisseurHeureux a écrit :
Il n’y aura jamais d’OPA sur Bouygues ou Wendel (indépendamment de la structure actionnariale), car cela n’intéresse personne d’acheter à la fois une opérateur télécom, une chaine de télévision, etc.
Vous feriez mieux de vous renseigner un peu avant d’écrire de telles âneries. Cela date des années 90, ce n’est pas si vieux ! Bouygues a été une proie trés convoitée avant que le groupe ne se protège grâce à un pacte d’actionnaire et le renforcement de l’actionnariat salarié au sein du groupe.
Un groupe diversifié n’a jamais rebuté un acheteur. En général, la business line qui n’intéresse pas l’acheteur est revendue suite à l’acquisition. Il est même possible de trouver un autre acheteur pour la business line avant même l’acquisition. C’est même une part importante de l’activité des divisions M&A des banques d’affaires, en général.
InvestisseurHeureux a écrit :
Ainsi, le deuxième avantage est que les plus-values de cessions sur les actifs sous-jacents (les immeubles) ne sont pas fiscalisées, alors que cette fiscalité est pénalisante pour une holding qui aurait une gestion "active" de son portefeuille.
Pour être précis, les plus-values de cessions restent en partie fiscalisées. En plus, de l’IR sur la part des plus-values réalisées et distribuées (le statut de SIIC impose la distribution d’au moins 50% des plus-values réalisées) payé par l’actionnaire, la société foncière s’est acquittée d’une "exit tax" sur les plus-values latentes à l’entrée du régime. Donc toutes les ventes de biens acquis par la foncière avant l’entrée en vigueur du statut de SIIC ont été taxés à hauteur de 19% sur la plus-value potentielle constatée au moment du changement de statut fiscal.