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1    #1 18/02/2013 21h34

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Devenir rentier… par passage à la limite sur la quantité de travail

Je vais essayer de vous expliquer la ligne directrice de mon système – si tant est que mon attitude puisse être systématisée. Peut-être certains se retrouveront dans ma logique, - ce sera l’occasion de partager nos expériences. Peut-être que d’autres y trouveront matière à critique…

Partant du principe que de toutes les choses que l’on possède, le temps est de loin le plus précieux, j’ai toujours essayé d’en garder un maximum le contrôle.
D’où l’idée dès le départ de travailler le moins possible.
En fait, le mot est trompeur: j’adore travailler, je ne sais que travailler – pour moi travailler signifie donner le meilleur de moi-même, donc être créatif. Je n’ai besoin de presque rien; au bout de deux jours à profiter -  grand restaurant, voitures de sport: vanité des vanités- à jouir de la vie, j’ai l’impression de devenir une plante verte
Disons plus justement qu’il s’est toujours agi pour moi de réduire au maximum le temps consacré à ce que j’appellerai le travail contraint, par opposition au travail choisi.

N’ayant pas de fortune personnelle, il fallait bien cependant gagner ma vie. J’avais un seul atout dans mon jeu: ma capacité à apprendre, à ingurgiter des théories.
Je me suis donc fixé la ligne directrice suivante: augmenter d’année en année mon niveau d’expertise, de manière à pouvoir – à salaire constant - diminuer du même coup le temps consacré à mes interventions.

La chose a pris du temps – d’autant plus que j’ai fondé une famille, j’ai deux enfants à élever… Donc des dépenses que je n’aurais pas imaginé à l’époque où je réfléchissais à ma stratégie.

Disons que j’en suis arrivé à la situation actuelle où je travaille 750 heures par an à raison de 25 semaines de 30 heures chacune ( ce qui est très intensif car on parle de cours donné à haut niveau) pour un salaire net de 94000 euros par an. Soit une rentabilité de 125 euros par heure. Il me reste 27 semaines libres ( en fait seulement 22 totalement libres, il y en a 5 autres où j’ai deux ou trois contraintes).
J’ai l’impression d’être arrivé aux limites de mon système. En France, dans le cadre de l’éducation (privée ou publique) je suis arrivé au plancher du taux horaire que je peux espérer. Il me resterait les USA, la Suisse peut-être pour espérer augmenter ma rentabilité, mais là j’ai peur de ne pas être à la hauteur…
Dans mes rêves un peu fous, je pensais que le plafond pouvait être élevé à l’infini – d’où le titre de ce post: devenir rentier par passage à la limite sur la quantité de travail. Le rêve étant, grâce à l’augmentation continue de l’expertise de ne plus travailler que quelques heures payées chacune des milliers d’euros. Une belle  utopie dont je suis revenu.

Peut-être certains ici ont fait le même calcul que moi pour arriver à un meilleur résultat?

Mots-clés : apprentissage, expertise, rentier, théorie

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3    #2 19/02/2013 02h57

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Sur le fond, si vous pensez avoir atteint les limites de vos possibilités, je pense que vous n’avez pas trop à vous plaindre. Les salaires très élevés pour quelques heures de travail officiel sont souvent liées :

A. soit à des missions en réalité beaucoup plus longues, qui nécessitent un travail préparatoire qui n’est pas directement inclus dans le prix de la prestation ;
B. soit à des enseignements visant à transmettre une expérience de très haut niveau que l’employeur n’est prêt à payer que s’il a la preuve de cette expérience, et dans sociétés qui valorisent tout par rapport à l’argent, cela correspond… à en vivre, et grassement ;
C. soit à des relations d’affaires externes, comme les interventions dans des séminaires pharmaceutiques de médecins… il n’est pas certain que cela soit leur compétence qui est achetée dans ce cas là.

Le cas (B) me semble être le cas le plus fréquent. L’employeur voudra obtenir un conseil d’expert de très haut niveau, et comment prouver que l’on a atteint ce niveau d’expertise ? Beaucoup de gens ne croiront pas que l’on en dispose et que l’on ne l’exploite pas (ou penseront qu’un savoir sans pratique quotidienne s’érode vite) et au final, les propositions les plus lucratives rapportée au temps passé échoient souvent à ceux qui ont déjà une activité très lucrative sur l’ensemble du reste de leur temps… La salaire versé étant d’ailleurs une compensation pour le temps passé sur cette prestation, temps qui pourrait lucrativement être utilisé ailleurs.

Donc non, les salaires de plusieurs milliers d’euros pour une heure de travail réel ne courent pas les rues, ce n’est pas un échec de ne pas y arriver.

D’ailleurs, 30 heures d’enseignement de haut niveau sur 25 semaines, c’est énorme. Il est habituellement considéré qu’il faut 3 heures réelles pour assurer une heure de cours, compte tenu des temps de préparation et de remise à niveau des connaissance. Je pense que pour assurer un tel volume horaire, vous devez fournir un effort pour bien plus qu’un temps plein… Pour donner un exemple, les mal-aimés de l’enseignement supérieur, les PRAG, touchent avec une certaine expérience autour de 3000 € net par mois, pour une charge d’enseignement annuelle équivalente de 256 heures de cours magistral. Evidemment, il ne peuvent pas faire autant d’heures supplémentaires pour assurer le même niveau de rémunération que vous, mais en terme de "taux horaire réellement travaillé", ils ne s’en sortent pas mal.

Bien sûr, j’imagine que le domaine dans lequel vous enseignez vous passionne et que vous ne considérerez pas que vous mettre à niveau est un travail, même si cela contribue énormément à votre capacité à donner ces cours. C’est le cas de beaucoup d’enseignant, et c’est ce qui permet à nos universitaires d’être finalement très mal payés.

Le problème pour améliorer la rémunération horaire, c’est que l’on retombe, à mon avis, très vite dans le problème de l’activité à temps plein. Certains jobs qui ont un bien meilleur taux horaire ne sont pas disponible pour la pratique à temps partiel. Des dirigeants d’entreprise ou cadre de haut niveau font bien mieux en apparence (il y a également dans ces métiers un nombre d’heures officieux très éloigné des 35 heures, 47 semaines par an réglementaires) mais ces métiers ne sont pas forcément compatibles avec votre souhait. Difficile d’imaginer qu’une entreprise ait besoin d’un directeur juridique à quart-temps.

Je me demande si ce ne sont pas dans des missions ponctuelles (interim ou CDD d’un mois ou deux) dans des domaines très spécialisés que l’on retrouve le meilleur taux horaire… Mais là encore, difficile d’impressionner un employeur avec un CV "à trou", si l’on se contente de faire sur deux ou trois mois son revenu annuel. J’y avais pensé, mais cela me semble délicat…

Je pense que votre analyse n’est pas mauvaise et que le plan de travailler quelques heures, mais très bien payées en raison d’une extrême compétence ne soit qu’une utopie… Faute de pouvoir "démontrer" ces compétences en l’absence d’utilisation soit dans un cadre professionnel indépendant (les missions sont rares), soit dans un cadre de salariat.

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1    #3 19/02/2013 09h00

Membre (2011)
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Bonjour Hermann
Merci de votre réponse.
Vous avez d’emblée mis le doigt sur le point essentiel:
’Le problème pour améliorer la rémunération horaire, c’est que l’on retombe, à mon avis, très vite dans le problème de l’activité à temps plein.’
Effectivement, j’ai pu mesurer cela: on attend forcément ceci, mais aussi cela qui va avec étant donné la rémunération, et de fil en aiguille… on repart sur du temps plein.

dans le créneau où j’évolue, j’ai atteint les limites en terme de rémunération. là où je peux encore améliorer c’est au niveau de la rentabilité: j’ai fait de gros investissements pour devenir expert dans un domaine d’enseignement où il y a de vrais besoins et peu de bonne volonté, donc j’espère maintenant pouvoir rentabiliser;
en fait pour être plus précis, je dirai que sur les 30 heures hebdomadaires que j’effectue, il y en a en fait 10 qui me prennent quasiment tout mon temps de préparation: j’ai un volant de 20 heures qui roulent toutes seules; sje epux toujorus me décider de me contenter de celles-ci: à voir.

pour rebondir sur ce que vous dites des Prag, je nuancerai votre propos en précisant que malheureusement un prag est de plus en plus sollicité pour des taches administratives qui créent une forme de présence obligatoire contribuant à augmenter considérablement son taux d’activité.
si on va par là, je pense sincèrement que le meilleur plan en terme de rentabilité est prof en lycée: des paquets de copies corrigées en une heure, un service de 15H par semaine pour un agrégé ( entre le prag et le prof en lycée franchement il n’y a pas photo)
il y a des hic bien sûr: la pauvreté intellectuelle des notions enseignées, l’impossibilité d’augmenter sa rémunération.

vous avez raison pour les missions ponctuelles: j’ai déjà pratiqué un peu… en ciblant des populations prêtes à investir massivement pour accoler à leur gros portefueille le prestige intellectuel d’une réussite à un grand concours; le taux horaire peut monter jusqu’à 300 ou 400 euros; pour l’instant c’est une activité peu pérenne ( il me manque des rabatteurs) .

Mon message avait un ton un peu négatif a posteriori: or finalement je ne me vois pas mener une autre vie. pas de patron, aucun ordre à recevoir, liberté totale de manoeuvre, du temps libre…  le système que j’ai mis en place me permet et m’a permis de réaliser un certain nombre de mes rêves: obtenir une licence d’histoire, écrire des livres, passer beaucoup de temps avec mes enfants, ma femme… donc il ne doit pas être si mauvais.

Mon post avait pour but de passer un message un peu philosophique sur ce site (que j’aime beaucoup): dire qu’on pouvait aussi marcher sur les voies du ’rentier libéré’ en suivant les forces de son esprit.

merci en tout cas pour votre réponse: êtes-vous dans une recherche similaire à la mienne si je ne suis pas trop indiscret?

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#4 19/02/2013 09h43

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zeno a écrit :

Disons que j’en suis arrivé à la situation actuelle où je travaille 750 heures par an à raison de 25 semaines de 30 heures chacune ( ce qui est très intensif car on parle de cours donné à haut niveau) pour un salaire net de 94000 euros par an. Soit une rentabilité de 125 euros par heure. Il me reste 27 semaines libres ( en fait seulement 22 totalement libres, il y en a 5 autres où j’ai deux ou trois contraintes).



Peut-être certains ici ont fait le même calcul que moi pour arriver à un meilleur résultat?

J’aime bcp votre stratégie et c’est une des raisons qui m’avait poussé à être freelance, même si au final je me suis retrouvé dans la logique de travailler plus, plutôt que travailler moins…

L’avantage de votre logique c’est qu’elle est aussi optimale en terme fiscal, étant donné que le taux horaire après impôt diminue avec l’augmentation des heures et de la rémunération.

Par contre, votre rentabilité horaire est énorme ! Chapeau !

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#5 19/02/2013 10h26

Membre (2012)
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Attention toutefois à garder en mémoire que des cours nécessite une préparation (plan, sujet parfaitement maîtrisé et d’autant plus que le niveau est élevé, documents de travail, projections ou powerpoint etc. etc.), voir de l’expérience auparavant (vaut mieux d’ailleurs).
Ainsi, pour une ou deux heure de cours, au moins au début, avant que tout ne soit préparé, on peut très bien avoir 10 heures de préparation, ou x années de travail, ce qui diminue le taux horaire réel.

Le question se pose alors du plaisir, du gain à venir quand il s’agira de refaire le même cours etc. mais je préfère le préciser pour ceux qui, éventuellement, pense qu’il suffit d’arriver dans un amphi et de parler pour toucher de tels salaires.

Si IH me dit l’inverse, je change de job smile


Portefeuille : >12% de TRI sur 10ans | "Je peux être rentier à vie, à condition de mourir l'année prochaine :)"

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#6 19/02/2013 10h26

sergio8000
Invité

Merci Zeno et Hermann pour ces retours d’expérience fort enrichissants qui poussent à la rélfexion.

Je n’avais pas vraiment pensé à mesurer ma rentabilité horaire même si j’ai beaucoup pensé à augmenter ma rentabilité. C’est chose faite maintenant.
Si je considère ma rentabilité hors activités d’investissement (qui est une passion que je ne considère pas, pour le moment, comme un travail), j’ai la chance, à titre personnel, d’être dans la même plage de rentabilité que vous mentionnez (cela dit, c’est bien plus facile en Allemagne qu’en France je précise), ce que je considère comme un très bon début. Je passe en revanche beaucoup plus d’heures à la tâche, en essayant de me limiter à 40h par semaines et en prenant 6-8 semaines d’arrêt par an, voire même plus, car il est impératif pour moi de faire autre chose.

Je voudrais arriver à faire mieux si possible en jouant sur plusieurs leviers que j’ai identifié (qu’on pourrait appeler mes axes d’amélioration). Mon principal défaut est que je délègue trop peu aujourd’hui. Je m’explique :
- En tant que personne prise seule, je pense, comme vous, que je ne peux pas aller beaucoup plus haut. Je peux éventuellement essayer d’atteindre 200-300 € de l’heure au prix d’un travail acharné et de nombreuses années d’expérience, car je vois que l’âge compte (heureusement ou malheureusement) beaucoup dans le travail de consultant. Si j’avais plus de cheveux blancs et de la barbe, la pillule de l’augmentation de prix passerait bien (je caricature à peine, ce sont de vrais arguments de vente dans certains pays). Ainsi, je me rends compte que, tout seul, je suis limité ! Conséquence logique de ces observations : je suis limité en tant que personne et il me faut de l’aide.
- Ainsi, je pourrai, par exemple, travailler avec des personnes qui ont plus de cheveux blancs et de la barbe et me faire bien plus d’argent grâce à leur aide, en les rémunérant pour leur temps, et en augmentant mon revenu par l’intermédiaire de leur travail tout en améliorant significativement la qualité des prestations délivrées par ma société. C’est un deal gagnant / gagnant.
- Je peux aussi recruter une ou plusieurs personnes correctement rémunérées qui seront plus compétentes que moi pour faire mon propre travail et me remplacer dans la plupart de mes tâches, afin que je puisse libérer du temps.

Je pense qu’une utilisation adéquate de l’association avec des personnes que je respecte et apprécie pourra augmenter significativement mon rendement horaire à long terme. Cela passe par la reconnaissance de ses limites individuelles, et un peu de patience pour bien lancer les activités et trouver les bonnes personnes. Une personne seule ne peut aller aussi loin qu’un groupe de personnes qui arrivent à s’entendre : c’est le fameux principe du 1 + 1 = 3 !
Peut être aurons-nous la chance de voir les premiers aboutissements de ce principe bientôt.

 

Favoris 1    #7 19/02/2013 11h39

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@zeno : vous avez raison, c’est pour ça que j’ai décrit les PRAG comme les damnés du supérieur… La charge de 384 heures d’équivalent-TD n’est jamais effectuée sous la forme de 256 heures de cours magistral… C’était une sorte d’optimum irréalisable.

Pour autant, je ne pense pas que les professeurs agrégés du secondaire soient plus à envier. Le contenu « technique » des enseignement est négligeable, la correction des copies également dans certaines matières, mais le travail de préparation est quand même important. Là où le professeur du supérieur va se concentrer sur les contenus, le professeur du secondaire va avoir en plus une partie de pédagogie à développer pour faire passer les nouveaux programmes. Ajoutez à cela le mépris de la société pour les profs, qui est moindre pour le supérieur, et je pense que l’un dans l’autre le PRAG est mieux loti.

En fait, et c’est exactement ce que IH disait, essayer de maximiser son rendement aboutit paradoxalement à développer son activité. Sergio8000 est dans le même cas, d’après ce que je comprends : de consultant indépendant, il pourrait améliorer son taux horaire en montant une entreprise de consulting (pour caricaturer). Il est à souhaiter que le rendement soit au rendez-vous, mais est-ce vraiment aller dans la bonne direction pour devenir rentier ? Dans une démarche d’accumulation initiale de capital, certainement ! Mais pour "passer la main" progressivement et se mettre en retrait de la vie active tout en conservant un minimum complémentaire, je ne sais pas si c’est la meilleure voie. Les contraintes deviennent vite très lourdes et peuvent déborder sur le temps initialement prévu… Je ne connais pas de chef d’entreprise qui arrivent à faire complètement la part des choses et à ne pas se considérer comme "sous astreinte permanente".

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#8 19/02/2013 11h56

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Etant moi aussi PRAG et expert comptable, je ne peux que vous féliciter de dégager de tels taux horaires. Personnellement, j’ai un taux horaire très faible du à mon métier de base qui rapporte de moins en moins. Je ne dois guère travailler à plus de 40 € HT de l’heure facturable, soit le taux horaire du vacataire….
Cela dit pour véritablement optimiser, il faut rechercher a) les métiers ou les honoraires sont totalement indépendants du temps travaillé c’est-à-dire tous les métiers payés à la commission : agent commercial, CGPI ect…et b) faire sa marge sur le dos du personnel, concrètement dégager une marge sur coût variable par salarié.

Mais encore bravo pour vos taux horaires.

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#9 19/02/2013 12h19

sergio8000
Invité

Hermann a écrit :

Mais pour "passer la main" progressivement et se mettre en retrait de la vie active tout en conservant un minimum complémentaire, je ne sais pas si c’est la meilleure voie. Les contraintes deviennent vite très lourdes et peuvent déborder sur le temps initialement prévu… Je ne connais pas de chef d’entreprise qui arrivent à faire complètement la part des choses et à ne pas se considérer comme "sous astreinte permanente".

Vous avez parfaitement raison de soulever ce point, qui est la principale difficulté de cette démarche.
Je pense, d’après mes observation limitées, que la qualité du recrutement / de l’association devient la clé dans cette problématique. Le très célèbre Bill Gates a réussi à se retirer de son activité en se faisant remplacer pour s’occuper d’autres sujets qui lui tenaient à coeur. Dans une certaine mesure, je considère que Ray Dalio a crée une culture d’entreprise qui lui permettrait de le faire chez Brigdewater. Disons, à défaut, qu’il n’est sollicité que pour les questions les plus importantes qui lui tiennent à coeur. Il en est de même pour les investisseurs que sont Seth Klarman et Marty Whitman.
Peut être que Derival, Sinclair, ou d’autres personnes que j’aurais oubliées qui font partie des "entrepreneurs retirés" de ce forum, pourront venir alimenter la réflexion sur ce sujet, mon expérience n’étant pas suffisamment riche pour cela.

Je pense qu’à défaut de se détacher complètement, les personnes citées au-dessus ont réussi à optimiser leur temps pour ne s’occuper que des sujets qui leurs tiennent à coeur. Se retirer complètement de l’activité n’est pas forcément ce que tous cherchent à faire, et je ne pense pas que cela doit forcément être l’objectif, surtout si l’on est passionné par ce que l’on fait. Toutefois, Gates a démontré que se retirer des affaires est bel et bien une possibilité lorsqu’on a excellement fait les choses (du moins c’est mon avis fondé sur cette observation).

 

#10 19/02/2013 14h16

Membre (2011)
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@IH et Hermann

’En fait, et c’est exactement ce que IH disait, essayer de maximiser son rendement aboutit paradoxalement à développer son activité’

Oui, c’est très vrai: je l’ai constaté à mes dépens. Moins je veux en faire, plus je me trouve à travailler.
Pourquoi?
C’est là à mon avis qu’intervient le facteur moral - et je ne peux m’empêcher de songer au post que vous avez lancé, Hermann, au sujet de l’obstacle moral qui peut ( ou pas ) faire hésiter à sauter le pas pour devenir rentier.
J’accepte plus d’activité parce que mon système marche bien: maintenant l’affaire roule, tout est prêt… C’est par facilité mais aussi par appât du gain, certainement; la mentalité paysanne ( sans que ce soit péjoratif) qui consiste à récolter au maxiumum tant que le temps est beau.

Or je dis qu’il s’agit là d’une faiblesse de caractère. Prenons mon cas personnel: j’avais un projet initial cette année qui consistait à écrire un livre, projet qui constitue la priorité des priorités, qui justifie l’ensemble du système en ce sens que le système a été conçu pour dégager du temps à cette fin. Quel est le résultat aujourd’hui? De septembre à février, je n’ai pas avancé mon projet, non que j’y ai renoncé, simplement de fil en aiguille, les exigences du système ont grignoté la part qui aurait du être consacré à cette tache. Et cela presque subrepticement. Bon, je me dis: les 25 semaines touchent à leur fin ( échéance 8 avril) après je m’y remettrai… C’est à voir.

Je crois beaucoup à la discipline, une discipline stricte: dans ma vie elle a institué - pour le travail intellectuel - une rigueur monacale qui fait que je me lève à heure fixe, que je travaille chronomètre en main pour pouvoir mesurer exactement mon efficacité ( sans me leurrer), que je compte les livres que je lis ( histoire encore d’éviter toute complaisance)… Je comprends tout à fait que l’on moque les règles absurdes que je me fixe, mais elles sont pourtant à la base de mon fonctionnement.
En parcourant ce site, en regardant l’exemple de IH ( Ih a un côté monacal je trouve qui m’a tout de suite plu), j’ai découvert que la même sorte de discipline était à l’oeuvre dans le domaine de l’investissement (que je traitais par dessus la jambe jusqu’à il n’y a pas longtemps) ; c’est pour cela que j’apprends beaucoup ici.
Maintenant je suis en train de me dire que je vais devoir aussi mettre en oeuvre cette discipline afin de me guérir de ma ’rapacité’, ie me forcer à moins préserver l’avenir, me forcer à renoncer à de l’argent facile à gagner. c’est une grande victoire sur soi-même que de savoir dire ’non’ à X heures de cours en plus payés 200 euros de l’heure ( je l’affirme théoriquement, je dois apprendre à m’en convaincre expérimentalement).
je pense d’ailleurs - et peut-être Sergio, IH ou Thomz me le confirmeront - que la principale force de l’investisseur aguerri ( ce que je ne suis malheureusement pas) est sa force morale, sa capacité à rester la tête froide,  à se précipiter ou à attendre suivant la force de ses convictions.

@ Sergio
je comprends tout à fait l’idée de déléguer, de faire du cash à travers d’autres personnes sur le mode gagnant-gagnant: elle est très loin de moi, car je n’ai pas votre courage, je fonctionne dans un système qui génère 0 embêtement, et je tiens à ce que cela continue; j’accepte que mon systèmpe soit limité ne voulant pas mettre la main dans l’engrenage de la gestion de personnel dont on peut toujours imaginer qu’elle va se passer comme dans un conte de fées, mais personnellement je n’y crois pas un seul instant.

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1    #11 19/02/2013 15h45

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@zeno

Oui, on revient souvent à un problème moral, un problème de motivation. Plus je réfléchis à la question, plus j’estime que c’est le principal déterminant du choix de vie que représente soit la recherche de l’indépendance financière, soit la volonté d’être réellement rentier, soit, entre les deux, celle de réduire le temps passé au travail… C’est l’alpha et l’omega du problème. Après, les problématiques d’investissements, si elles sont importantes (car si on est incapable de dégager un quelconque rendement de son patrimoine, les perspectives sont noires…), ne sont que des moyens d’arriver à l’objectif. Et souvent, l’objectif profond n’est pas celui que l’on formule au début du chemin.

Mais je vous trouve dur avec vous-même quand vous parlez de faiblesse de caractère. Vous avez bâti un système qui vous assure des revenus plus confortables que 98% de la population : même si vous n’avez pas envie de mener grand train, il est rassurant d’en être capable, et toujours plus prudent de partir de la vie active avec un capital initial ayant une plus grande marge de tolérance à un accident…. Alors oui, vous ne  "respectez" pas complètement votre objectif initial… Mais de là à se flageller, non. La décision est tellement radicale (il s’agit de changement de vie, ni plus ni moins) qu’il est naturel de l’envisager avec une certaine crainte. L’esprit humain aime bien ses habitudes !

Aussi curieux que cela puisse paraître, les philosophes qui ont réfléchi à l’état de rentier --- à l’époque classique, donc ils n’utilisaient bien sûr pas ce terme --- ont généralement beaucoup écrit sur la difficulté qu’il y a à atteindre l’état mental nécessaire pour cela. Je trouve amusante la parenthèse de quelques millénaires qui nous sépare d’eux, alors que la réflexion conserve toute sa pertinence.

Sénèque comme Cicéron ont écrit sur l’oisiveté (sans connotation négative) : pour eux, c’est un état extrêmement bénéfique et productif, c’est l’activité sans divertissement et sans agitation. Une tranquillité de l’âme qu’il faut rechercher pour s’accomplir réellement en tant qu’homme. Du coup, leur oisiveté ne rejette pas forcément le travail (et compte tenu de leur classe sociale, ce n’est que du travail intellectuel dont on parle, il ne leur serait pas venu à l’esprit qu’on puisse avoir besoin de travailler pour manger tout en se posant les mêmes questions qu’eux…) pas plus que certains ici ne veulent totalement abandonner l’activité qui était la leur durant la phase d’accumulation. Le parallèle est frappant. En gros, ce n’est pas tant l’activité en soi qui les répugne, c’est le fait d’être obligé de la faire pour maintenir son train de vie. La faire détaché des contraintes matérielles ne gêne pas nécessairement. L’état recherché n’est alors pas celui de rentier. Mais il n’est pas non plus celui d’oisif au sens des philosophes classiques, car l’activité qu’elle s’envisage maintenant est toujours plus ou moins accompagnée d’un lien de subordination. Ce qui est notable dans votre choix (l’enseignement à haut niveau) c’est que c’est un des domaines où il n’y a pas de contrainte hiérarchique. La liberté est grande, alors que par exemple, un consultant qui fera son travail sera toujours soumis, d’une certaine manière, à l’entreprise qui le mandate. Même si cette dernière fait appel à ses conseils, donc à son expérience, elle attendra un retour immédiat sur la dépense qu’elle fait. J’y vois une forme de liberté moindre, mais rares sont les métiers qui permettent cette indépendance d’esprit.

En fait, il y a une file sur les métiers qui permettent d’être rentier avant 40 ans, je me demande s’il n’en faudrait pas une sur les métiers que l’on peut réellement exercer librement… Mais bon, je dérive, je ne veux pas saouler tout le monde avec ça.

Quel est le résultat aujourd’hui? De septembre à février, je n’ai pas avancé mon projet, non que j’y ai renoncé, simplement de fil en aiguille, les exigences du système ont grignoté la part qui aurait du être consacré à cette tache.

Je voudrais quand même répondre à cela. Vous parlez d’exigence du système… C’est à dire que globalement, l’écriture de votre livre, ce que vous considérez comme le but premier, n’impose pas d’exigences. Tant que vous le considérez comme secondaire, pas au sens où cela ne vous tient pas à coeur mais au sens où sa réalisation est subordonnées à d’autres choses, jugées impératives, je pense que vous n’arriverez pas à dégager beaucoup de temps pour ce projet. Est-ce que dans votre esprit, le maintien du statu quo n’est pas la priorité ? C’est peut-être là-dessus qu’il faudrait concentrer votre préparation mentale si vous voulez rendre possible à brève échéance votre envie. Sans que cela soit une obligation, bien sûr : si l’idée de réaliser votre livre est une motivation profonde pour vous, c’est peut-être comme un fantasme, bien plus agréable à cet état qu’une fois qu’on l’a réalisé… et si vous en tirez une motivation pour être efficace et performant dans votre activité, c’est déjà un gros bénéfice!

Mon message avait un ton un peu négatif a posteriori: or finalement je ne me vois pas mener une autre vie. pas de patron, aucun ordre à recevoir, liberté totale de manoeuvre, du temps libre…  le système que j’ai mis en place me permet et m’a permis de réaliser un certain nombre de mes rêves: obtenir une licence d’histoire, écrire des livres, passer beaucoup de temps avec mes enfants, ma femme… donc il ne doit pas être si mauvais.

Voilà. S’il vous mène à une vie qui vous convient, votre système est bon. Peu importe, à la limite, si ce mode de vie a comme béquille la poursuite d’un état idéal et un peu chimérique. Ce n’est pas grave, au contraire, c’est très bien d’avoir un but… si la situation dans laquelle vous êtes vous comble, il n’y a pas forcément de nécessité d’atteindre ce but.

Mon post avait pour but de passer un message un peu philosophique sur ce site (que j’aime beaucoup): dire qu’on pouvait aussi marcher sur les voies du ’rentier libéré’ en suivant les forces de son esprit.

Je pense que la démarche intellectuelle (sur soi) est indispensable pour se fixer un cap, que la démarche intellectuelle sur son environnement (pour monétiser ses compétences, ce n’est pas le travail ouvrier qui permettra de constituer un travail d’amorçage..) et envie la démarche intellectuelle sur son patrimoine sont indispensables smile

merci en tout cas pour votre réponse: êtes-vous dans une recherche similaire à la mienne si je ne suis pas trop indiscret?

J’ai atteint le seuil où je peux arrêter de travailler et vivre de mes revenus quasi-passif, grâce il faut le dire à une vie frugale. Le travail ne m’attire pas, car j’ai accompli un but professionnel et je n’y retrouve plus l’excitation des débuts. Je suis actuellement en phase de transition : je me consacre à des études pour mon développement personnel. Si cela aboutit à des opportunités nouvelles d’emploi, pourquoi pas ? Mais ce n’est pas le but a priori : mon objectif était de trouver le temps de lire et d’apprendre… sans apprendre nécessairement dans le but de produire quelque chose à la fin. Je suis trop tôt dans mon parcours pour savoir si cela ne va pas me lasser, d’où l’importance que j’accorde à la recherche d’occupation et à la réflexion sur le mode de vie…

Dernière modification par Hermann (19/02/2013 16h11)

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2    #12 20/02/2013 09h54

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INTJ

J’aime aussi beaucoup votre réflexion de ce calcul de rentabilité horaire.

Je me suis aperçu en réfléchissant à mon parcours que j’avais toujours eu le souci de maximiser le facteur bénéfice/efforts, plutôt que le seul facteur bénéfice. D’abord, par pure immaturité (pourquoi travailler au lycée pour avoir 19 ou 20 quand j’arrivais à avoir 16 "sans rien faire"), puis par immaturité plus réfléchie (Pourquoi choisir la prépa à dominante maths de ma région alors qu’elle attirait les meilleurs et avait des résultats aux concours légèrement moins bons que la prépa à dominante physique-chimie qui avait pourtant moins de sélectivité à l’entrée), puis par vraie réflexion (exemple : refus d’opportunités de job qui m’aurait fait gagner 6 ou 7 k€ de + par an sur lesquels j’aurais payé des impôts, mais pour  3 ou 4 k€ de couts suppl (logement) et 60 h de travail effectif hebdomadaire au lieu de 50 h environ…).

Je pense que ce type de réflexion est assez en accord avec ma vision du rentier, qui ne correspond pas à "ne plus travailler" mais plutôt "travailler où je veux, avec qui je veux, quand je veux…"

Ensuite, j’ai aussi fait une sorte de comptabilité analytique du rendement horaire de mes différentes activités. Or, je constate que c’est encore mon activité principale qui a le meilleur taux horaire alors que c’est celle qui me procure le moins de plaisir (Par exemple, supporter des réunions interminables où vos collègues débattent de tout et de rien, soit pour passer le temps, soit parce qu’ils font de la politique pour viser la place de leur n+1, n’est pas mon truc : je n’aime pas ça, je trouve que raisonner en milieu fermé de mon entreprise actuelle est une activité à très faible hauteur de vue, j’aime être maître des décisions concernant ma vie à tout moment etc…Et je perds du temps que je pourrais utiliser de manière productive pendant que je suis obligé de regarder ce triste spectacle de comédie humaine des réunions…). En revanche, mes activités qui ont un taux horaire plus bas (écrire, donner des cours particuliers…) sont celles qui me procurent le + de plaisir.

Je pense donc qu’il faudrait aussi mettre un facteur correcteur multiplicateur "plaisir" à ce taux horaire. Comme Sergio (et toute proportion gardée…;-), je passe pas mal de temps à gérer mes investissements, les premiers 20% du temps que j’y passe engendrent surement 80% des résultats mais j’y prends un tel plaisir que ça ne me dérange pas de dégrader mon taux horaire en augmentant le temps passé.

L’idéal serait d’arriver dans notre compta analytique personnelle du taux horaire à ce que l’activité la plus lucrative corresponde à celle où on prend le + de plaisir. Douce utopie ou non, question philosophique…

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#13 20/02/2013 10h41

sergio8000
Invité

Julien,

Je crois que vous avez formulé un excellent objectif de vie saine et heureuse ! Joliment dit.

 

#14 26/02/2013 22h12

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@ herman
Je vous réponds un peu tard, la faute à mon emploi du temps du moment, la faute aussi à la richesse de votre message auquel je ne me voyais pas répondre en dix secondes.
C’est peu dire que les idées que vous soulevez m’ont beaucoup intéressé.
je me retrouve largement dans ce que vous dites: au fond je ne désire être rentier que pour pouvoir faire les choses ( peut-être les mêmes qu’avant) mais sans contraintes.
Et il est bien clair que mes choix de vie ont toujours été dictés par cette idée de ne supporter aucune contrainte hiérarchique.
Vous avez raison pour la file à ouvrir sur les métiers qui permettent, non d’être rentiers, mais d’être libres.
Je crois bien que beaucoup pourraient se reconnaître dans cette problématique: je trouve que nombre d’intervenants de ce forum me font l’effet d’être potentiellement de bien mauvais rentiers: ils sont toujours sur la brèche, à réfléchir, à chercher et on se rend bien compte en lisant leurs interventions que c’est dans la quête qu’ils sont ben phase avec eux-mêmes; comme dit Cavafy, dans un poème magnifique:

’Lorsque tu mettras le cap sur Ithaque,
fais de sorte que ton voyage soit long,
plein d’aventures et d’expériences. […]
La pensée d’Ithaque ne doit pas te quitter.
Elle sera toujours ta destination.
Mais n’écourte pas la durée du voyage.
Il vaut mieux que cela prenne de longues années
et que déjà vieux tu atteignes l’île,
riche de tout ce que tu as acquis sur ton parcours
et sans te dire
qu’Ithaque t’amènera des richesses nouvelles.

Ithaque t’a offert le beau voyage.
Sans elle, tu n’aurais pas pris la route.
Elle n’a plus rien à te donner.’

je pense pour rebondir sur une autre de vos idées qu’il pourrait être intéressant aussi d’ouvrir une file sur les histoires que se racontent le rentier sur le chemin de la rente, tout ce qu’il fera le jour où enfin, enfin et on verra ce qu’on verra… mais ce jour finalement aspire-t-il tant que ça à le voir arriver demain? combien d’aspirants rentiers se trouveraient pris de vertige devant la réalisation brusque de leur voeu soi-disant le plus cher?

je pense que vous en êtes aussi visiblement (avec vos essais de vie de rentier) à vous poser les questions que je me pose aussi: il y a les choses qu’on veut faire quand elles sont suffisamment loin, et plus elles s’approchent, plus on freine des quatre fers; le chemin de l’apprenti-rentier est d’abord un chemin qui mène à la connaissance de soi. Qu’ai-je réellement envie de faire? C’est une question très compliquée car l’homme est retors avec lui-même.

Une grande sagesse transparaît de vos propos, une sagesse méditative, la sagesse du philosophe. Cela me frappe, moi qui suis si peu philosophe en vertu peut-être de cette phrase de Musil que j’ai toujours fait mienne et qui laisse peu de place à la philosophie ( opu alors une place bâtarde entre les mathématqiues et la littérature):
’‘Il me semble que celui qui a décidé de vouer sa vie aux choses de l’esprit se retrouve invariablement confronté au choix suivant:

- soit il accepte de renoncer à sa propre subjectivité pour se mouvoir dans le monde glacialement froid des mathématiques: là-bas les vérités sont absolues et ne souffrent d’aucune contestation, en contrepartie on y croise des théories qui restent sans rapport avec la vie de celui qui les a découvertes, pour ainsi dire il n’existe pas, tout juste laisse-t-il son nom à un théorème ou à un objet.

Il se fait savant, mathématicien.

- soit il a suffisamment d’orgueil ou d’inconscience pour penser que les petites idées qui s’épanouissent sous son crâne et qui n’appartiennent qu’à lui sont vraiment importantes; alors il passe sa vie à les protéger, à les sauver en cultivant son unicité.

Il se fait artiste, écrivain par exemple.’

Je serai curieux de savoir ce que vous en pensez.

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#15 05/03/2013 03h41

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zeno a écrit :

je me retrouve largement dans ce que vous dites: au fond je ne désire être rentier que pour pouvoir faire les choses ( peut-être les mêmes qu’avant) mais sans contraintes.

C’est une chose qui est fascinante, surtout si elle est partagée par beaucoup sur ce forum (et je le crois) : en fait, la plupart des gens ne sont pas si malheureux de leur sort, c’est de l’indépendance, de la liberté de pouvoir dire non qu’ils ont besoin. Dire effectivement "non", en gros mettre la menace à exécution, c’est secondaire.

C’est une question importante car je pense qu’on peut adopter des stratégies radicalement différentes en fonction de cet objectif. Par exemple, un rentier pur (qui veut absolument se soustraire à la nécessité de l’activité rémunératrice, parce qu’il veut mettons se consacrer à l’art comme le facteur Cheval, ce qui n’est pas immédiatement rémunérateur) va pouvoir être amené à calculer son budget au plus juste, à faire des concessions, et à se priver davantage (pour maximiser son taux d’épargne et atteindre un objectif de revenu financier supérieur) que l’indépendant financier n’aura pas besoin de faire. Il peut atteindre son objectif de tranquillité d’âme avec un revenu financier beaucoup plus faible, en se disant "j’ai ma résidence principale et de quoi vivre avec l’équivalent d’un SMIC, c’est suffisant pour être tranquille, et pour dire que je peux tout envoyer bouler… car en fait, il n’aura jamais à vivre avec ce seul SMIC).

Ce n’est peut-être pas une solution si l’on a pas l’esprit tranquille car on sait finalement que l’on se ment smile

Je crois bien que beaucoup pourraient se reconnaître dans cette problématique: je trouve que nombre d’intervenants de ce forum me font l’effet d’être potentiellement de bien mauvais rentiers: ils sont toujours sur la brèche, à réfléchir, à chercher et on se rend bien compte en lisant leurs interventions que c’est dans la quête qu’ils sont ben phase avec eux-mêmes

Oui ! Je suis ravi de voir que je ne suis pas le seul à avoir eu cette impression. C’est l’idée que j’ai eue en lisant MMM aussi : il a l’air plus occupé rentier qu’actif. Un comble.

je pense pour rebondir sur une autre de vos idées qu’il pourrait être intéressant aussi d’ouvrir une file sur les histoires que se racontent le rentier sur le chemin de la rente, tout ce qu’il fera le jour où enfin, enfin et on verra ce qu’on verra… mais ce jour finalement aspire-t-il tant que ça à le voir arriver demain? combien d’aspirants rentiers se trouveraient pris de vertige devant la réalisation brusque de leur voeu soi-disant le plus cher?

je pense que vous en êtes aussi visiblement (avec vos essais de vie de rentier) à vous poser les questions que je me pose aussi: il y a les choses qu’on veut faire quand elles sont suffisamment loin, et plus elles s’approchent, plus on freine des quatre fers; le chemin de l’apprenti-rentier est d’abord un chemin qui mène à la connaissance de soi. Qu’ai-je réellement envie de faire? C’est une question très compliquée car l’homme est retors avec lui-même.

On pourrait penser que la problématique qui est la nôtre est assez commune puisque finalement tous les retraités y sont confrontés. Des milliers de gens entrent en rente tous les jours, et doivent bien se poser la question de comment occuper leurs journées.

Toutefois, la différence, c’est que la retraite, ça n’a que rarement été un but qu’ils se sont promis d’attendre, et pour lequel ils ont fait des efforts particuliers. Elle survient presque par hasard au bout d’une période de travail assez longue. Du coup, elle n’a pas fait l’objet d’attentes particulières à part des souhaits assez vagues "quand je serai à la retraite, je pourrai me mettre au jardinage ou au bridge…"

Je pense du coup que leur expérience n’est pas transposable. Il n’y a pas cette crainte du grand saut. Et pourtant, les dépressions ne sont pas rares (même parfois des suicides) liées au passage à la retraite. Du coup, je me demande vraiment si l’on ne va pas "freiner" inconsciemment au moment de passer à l’acte. C’est peut-être cette peur de la dépression, plus que la peur de l’échec financier, qui fait hésiter.

’‘Il me semble que celui qui a décidé de vouer sa vie aux choses de l’esprit se retrouve invariablement confronté au choix suivant:

- soit il accepte de renoncer à sa propre subjectivité pour se mouvoir dans le monde glacialement froid des mathématiques: là-bas les vérités sont absolues et ne souffrent d’aucune contestation, en contrepartie on y croise des théories qui restent sans rapport avec la vie de celui qui les a découvertes, pour ainsi dire il n’existe pas, tout juste laisse-t-il son nom à un théorème ou à un objet.

Il se fait savant, mathématicien.

- soit il a suffisamment d’orgueil ou d’inconscience pour penser que les petites idées qui s’épanouissent sous son crâne et qui n’appartiennent qu’à lui sont vraiment importantes; alors il passe sa vie à les protéger, à les sauver en cultivant son unicité.

Il se fait artiste, écrivain par exemple.’

Je serai curieux de savoir ce que vous en pensez.

Il est amusant que la motivation profonde de la personne décrite dans cette citation soit de laisser une trace : laisser son nom à un théorème, ou écrire un roman pour que ses idées soient conservées pour l’éternité… Dans les deux cas, il faut de l’orgueil ! smile Accepter de n’être qu’un humain parmi les milliards qui se sont précédés (et dont on a retenu finalement que quelques dizaines de milliers ?) c’est déjà un grand pas. On peut alors se focaliser sur des choses de l’esprit beaucoup plus terre à terre, comme se donner le temps de comprendre le monde, sans espérer nécessairement apporter quelque chose de nouveau au débat. On peut se consacrer à la recherche du bonheur sans forcément vouloir rédiger un livre de recette smile

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#16 20/06/2016 00h47

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Je déterre cette file très intéressante. Bien que très en-deçà des salaires horaires évoqués ici (je gagne 25€ de l’heure), je partage avec vous l’objectif de chercher à augmenter son salaire horaire et à diminuer son nombre d’heures travaillées. A ce jour, je n’ai jamais rencontré de meilleurs salaires horaires, en France, que des profs de prépa ou d’université (pouvant je crois approcher les 200€ en fin de carrière).
Ce qui m’étonne tout de même, ce sont les valeurs données par l’INSEE : les cadres (professions intellectuelles supérieures) sont en moyenne entre 22 et 26€ de l’heure (selon si c’est à plein temps ou pas). C’est bien bas ! Cela me laisse perplexe. Comme je le disais ici, j’aimerais reprendre des études et me reconvertir dans un autre domaine. A la vue de ce chiffre (qui est la catégorie la mieux rémunérée du tableau), cela me laisse entendre que j’aurai du mal, en repartant de zéro, à atteindre un salaire horaire supérieur aux 25€ que je gagne actuellement. C’est un peu décourageant.


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#17 20/06/2016 09h02

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200€ de l’heure effective, mais combien d’heures de préparation non rémunérées à intégrer dans le calcul ? Un peu comme les musiciens d’ailleurs…


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#18 20/06/2016 09h14

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Effectivement mon "taux" horaire salarié est de 35e/heure sauf que tout est "compris", les heures de préparation etc.

Je pense simplement qu’avec une certaine expérience, la base de travail est amortie plus ou moins rapidement.
Je prends l’exemple d’un ami prof de maths, son niveau est élevé (10 ans d’xp) il n’a plus besoin de beaucoup travailler/préparer ses cours, son heure de cours en prépa est donc fortement rémunératrice   => une heure de cours effective ne nécessite pas plus de 10 minutes de préparation (je précise que les corrections sont payées)


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#19 20/06/2016 10h10

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Je pense aussi que le temps de préparation n’est important qu’en début de carrière et s’optimise par la suite. En ce qui me concerne, étant dans l’enseignement artistique, je suis aussi payé pour la préparation mais je peux vous dire que dans mon cas et dans le cas de beaucoup de collègues, cette préparation n’existe tout simplement pas. Les 25€ de l’heure sont donc effectifs. Et encore, je suis presque tout en bas de l’échelle des salaires. Le plus simple pour augmenter mon salaire horaire serait pour moi d’être titularisé et de monter (c’est automatique) les échelons. Mais qu’est-ce que mon boulot m’ennuie…
D’autre part, étant très économe, mes placements en bourse augmentent d’année en année. Avec mon capital actuel (150 k€) et mon TRI depuis 4 ans (8/9% net), ça me rapporte l’équivalent d’un SMIC. J’ai donc l’espoir de ne plus avoir besoin de travail contraint dans une dizaine d’années environ. C’est une raison de moins pour tenter de changer de voie : entre le temps d’études non rémunéré et la rémunération horaire qui sera au début probablement plus faible que ce que je touche actuellement, pour ne bosser qu’un petit nombre d’années (3 ans d’études, 7 ans de boulot, par exemple), ce n’est pas particulièrement rentable (sauf peut-être intellectuellement). Je me sens dans une impasse : le plus rentable est probablement de ne rien changer, en tenant encore le temps d’avoir suffisamment d’argent pour tout arrêter (du moins pour avoir le choix). Parfois je me dis que je devrais chercher des sources d’épanouissement ailleurs qu’au travail et arrêter de me préoccuper de ça. Parfois je me dis que je devrais changer de voie même si cela n’est pas rentable, juste pour m’aérer l’esprit.

L’idée que j’ai trouvée, que j’applique, pour l’instant sans succès, depuis 2 ans, est de tenter une reconversion dans une filière à numerus clausus, à sélection à l’entrée. Les probabilités sont faibles mais au moins, en cas d’échec je suis fixé dès le départ, en cas de réussite je suis assuré de profiter de la rente de situation de la filière à la sortie des études. C’est solution n’est pas une mauvaise idée je crois, et le fait de se préparer à ces concours est une échappatoire au quotidien. La difficulté, c’est la déception et le retour au réel en cas d’échec (très probable, par construction même).

Désolé pour la tournure un peu psychanalytique de ce post ! Peut-être certains se retrouveront-ils dans mes réflexions, peut-être certains auront des pistes de réflexion à suggérer.


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#20 20/06/2016 10h18

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Je  connais assez bien le dossier.  Les enseignants de statut "second degré" exerçant dans le supérieur,  dans certaines conditions (disons début de licence) et certaines disciplines (maths, et peut-être encore plus anglais voire éducation physique) sont probablement mieux lotis que les professeurs d’université - du moins ceux qui prennent au sérieux leurs activités de recherche et d’administration.

Un agrégé à l’université fournit 384 heures d’enseignement par an ; dans les disciplines les plus peinardes,  ça doit pouvoir correspondre à 600 heures de travail - j’insiste encore pour souligner que cette estimation ne concerne que les plus privilégiés,  d’autres,  ailleurs,  en font deux ou trois fois plus.

En fin de carrière le traitement brut est d’environ 4500 euros par mois,  soit environ 54000 euros par an. On arrive ainsi à un traitement brut d’environ 90 euros par heure de travail.

Il est évidemment plus raisonnable de considérer le coût total employeur ; là je fais du à la louche très grossier en multipliant le brut par un peu moins de deux et je trouve dans les 160 euros par heure travaillée.

C’est très confortable,  ça reste en dessous des 200 euros suggérés.  Je rappelle une dernière fois que c’est la situation extrémale : échelon supérieur dans une discipline pas du tout exigeante en temps de travail et non la situation  moyenne ou médiane.

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#21 20/06/2016 11h05

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Golliwogg , je suis dans une profession à numérus clausus (pharmacie) ,mais en tant qu’employé. Mon salaire horaire brut sans ancienneté est de 21.77 euros et je ne suis pas en bas de l’échelle.L’ancienneté est plafonnée à 15% au bout de 15 ans,l’augmentation se faisant par tranches de 3 ans . Cela a nécessité un concours et 6 ans d’études. La progression salariale ne se fait qu’à l’ancienneté dans l’entreprise où on travaille ,et revient à 0 en cas de changement.J’entends parler de personnes progressant dans l’échelle après négociations mais c’est assez rare et dépend surtout de la région où l’on travaille (difficulté de recrutement ou pas)
   Votre idée est peut -être bonne,mais il ne faut pas rester salarié ensuite mais vous installer à votre compte.

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#22 20/06/2016 11h08

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Bonjour,

J’ai fait ce choix il y a quelques années.
Aujourd’hui ma charge de travail est d’environ 750 h de cours par an + préparations+ corrections.
Je crois qu’on doit atteindre les 900h maximum.
Il y a les heures de soutenance aussi. Le coaching projets; Quelques corrections payées en plus.  ça arrondit les fins de mois.

Je suis payé entre 40 et 45 € brut l’heure en fonction des établissements dans lesquels je travaille. C’est dans l’ensemble une bonne rémunération car les établissements ont tendance à tirer sur le coût des heures depuis quelques années.

J’ai démarré il y a 9 ans avec environ 300 heures et 30 € bruts. Pas facile à l’époque.

Je crois qu’il est difficile de faire plus de 700 h de cours par an, car tout est pratiquement concentré entre Novembre et Mai. J’ai 30 heures de cours par semaine l’hiver. C’est très dur à supporter.

Mais je crois avant tout que pour faire ce métier, il faut aimer le contact avec les autres, aimer la jeunesse.

Mafo

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#23 20/06/2016 11h35

Exclu définitivement
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Golliwogg a écrit :

Je déterre cette file très intéressante. Bien que très en-deçà des salaires horaires évoqués ici (je gagne 25€ de l’heure), je partage avec vous l’objectif de chercher à augmenter son salaire horaire et à diminuer son nombre d’heures travaillées. A ce jour, je n’ai jamais rencontré de meilleurs salaires horaires, en France, que des profs de prépa ou d’université (pouvant je crois approcher les 200€ en fin de carrière).
Ce qui m’étonne tout de même, ce sont les valeurs données par l’INSEE : les cadres (professions intellectuelles supérieures) sont en moyenne entre 22 et 26€ de l’heure (selon si c’est à plein temps ou pas). C’est bien bas ! Cela me laisse perplexe. Comme je le disais ici, j’aimerais reprendre des études et me reconvertir dans un autre domaine. A la vue de ce chiffre (qui est la catégorie la mieux rémunérée du tableau), cela me laisse entendre que j’aurai du mal, en repartant de zéro, à atteindre un salaire horaire supérieur aux 25€ que je gagne actuellement. C’est un peu décourageant.

Bonjour,

Ces échanges montrent bien, si besoin en était, que le travail n’est pas une valeur en soi mais qu’il a de la valeur !

Deux remarques sur les données de l’INSEE ;

- elles ne prennent  en compte que les seuls salariés ; si on élargit la comparaison aux professions libérales, il va sans dire que certaines d’entre elles (notaire, avocat en droit des affaires, commissaire-priseur, médecin spécialiste…) afficheront des taux horaires nettement supérieurs.

- pour les cadres, elles ne prennent pas en compte les heures supplémentaires non payées ou travail gratuit qui fait pourtant le quotidien de cette catégorie socio-professionnelle, auquel cas le taux horaire réel serait encore plus faible.

Pour en revenir à l’objet de cette discussion sur les métiers qui payent grassement sans fatiguer celui qui l’exerce, je crois qu’il ne faut pas trop fantasmer : pour en arriver à ce statut, il faut toujours accomplir des études difficiles et sélectives, de surcroît disposer d’une solide expérience professionnelle (avocat, médecin spécialiste), voire hériter de sa charge dans un cadre familial (notaire, huissier..), toutes conditions auxquelles il n’est pas aisé de satisfaire. Il est sans doute plus facile de devenir rentier directement que d’accéder à ces quelques professions.

Cela étant, le simple fait que cette question soit posée et suscite autant de réactions montre bien à quel point la société française est littéralement gangrénée par le travail gratuit : autrefois réservé à quelques hauts cadres à gros salaires, la pratique du présentéisme non rémunéré tend à s’étendre à toutes les catégories de salariés au "forfait jours", terrorisées par la perspective de se retrouver au chômage. Même si l’on peut être présent au travail sans travailler, il y a quand même mieux à faire dans l’existence que de "pourrir" dans un bureau jusqu’à 19h ou 20h pour imiter ses collègues.

Même lorsqu’il n’y a pas de risque de chômage, par exemple dans la fonction publique, la pratique du travail gratuit est maintenant largement répandue chez les cadres.

Un exemple éclairant est celui de la profession de pharmacien citée par Victoire : le pharmacien salarié travaillant en officine ne touche qu’un salaire modeste, mais toute heure supplémentaire lui est payée comme telle par le patron pharmacien (on reconnaît aisément ce vieux Monsieur ou cette vieille Dame au fait qu’il ou elle est le seul à ne pas porter la blouse dans la boutique) ; le pharmacien cadre dans un labo aura un meilleur salaire, mais sera astreint au travail gratuit au même titre que les ingénieurs et cadres administratifs.

On manque évidemment de mesure factuelle sur le temps que les salariés consacrent au travail gratuit, mais j’ai le sentiment que la France est un des pays où le présentéisme est le plus lourd : on commence tôt (8h en province, 9h30 au plus tard à Paris) ; on finit tard (19h, 20h parfois plus) et la pause méridienne tend à se réduire au fil du temps.

Cette préférence collective pour le travail même non rémunéré (la fameuse valeur travail..) conduit à stigmatiser certaines professions disposant à la fois d’un fort pouvoir de nuisance et de syndicats puissants (pilotes de ligne, contrôleurs aériens, conducteurs de trains….), que les médias dénoncent à longueurs de colonnes car travaillant trop peu au regard des salaires perçus.

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#24 20/06/2016 11h44

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Le titre de cette discussion parle de devenir rentier mais les intervenants ne parlent que de travail.
De toute façon ce titre est contradictoire. Même avec un emploi bien rémunéré et demandant peu de présence, on n’est pas rentier.
A part être titulaire d’un emploi fictif, je ne vois pas de solution.


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#25 20/06/2016 11h45

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Personnellement j’ai arrêté de donner des cours à 60€ de l’heure, quand j’ai commencé à gagner plus en bourse.

Si je retire 30% d’impôts, et les temps de déplacement, de préparation, et de correction d’examen non rémunérés, l’opération était moins intéressante qu’en apparence. Pour info c’était dans l’éducation nationale, qui paye 20€ de l’heure x3 pour certaines spécialités à recrutement difficile.

La paye ne justifiait plus le stress engendré par la préparation hebdomadaire des cours, et le faible surplus de revenus par rapport à mon emploi principal ne justifiait plus la forte perte de temps libre.

D’autant que mon employeur principal commençait à me mettre des bâtons dans les roues. Tant pis pour les étudiants.

Pour répondre à Stokes, le présentéisme n’a pas que des mauvais côtés, c’est grâce à lui que j’ai découvert le forum. D’ailleurs je vous écris en plein présentéisme, ça fait mauvais genre de partir trop tôt quand on ne travaille pas l’après-midi.

Dernière modification par Trahcoh (20/06/2016 12h03)


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