andreiev a écrit :
@IH
On s’éloigne du sujet, mais je voudrais réagir à votre assertion selon laquelle la BCE aurait propulsé les cours à des niveaux « artificiels ».
C’est une idée communément exprimée mais… le niveau des cours est toujours dépendant du niveau des taux d’intêret « sans risque » (et de bien d’autres choses, certes). Du coup, soit ils sont toujours artificiels car le taux sans risque est toujours manipulé par la banque centrale dont c’est le job. Soit ils ne sont pas particulièrement artificiels, aujourd’hui comme hier.
Désolé pour le hors-sujet, je voudrais répondre à Andreiev (sans parler à la place d’IH).
Il est vrai que la banque centrale influence toujours le taux sans risque mais :
1) En temps normal, la banque centrale joue directement sur les taux à (très) court terme sur le marché monétaire. Par exemple la BCE cherche normalement à maintenir le taux EONIA (au jour le jour) près de son taux principal (le taux minimum des opérations hebdomadaires). Ce taux à très court terme influence de proche en proche le taux de financement des banques sur des maturités plus longues, puis le taux des prêts bancaires, donc les taux de financement de l’économie réelle (transmission de la politique monétaire), y compris les taux de financement de l’Etat (qui peut servir comme taux "sans risque" dans l’évaluation des cash-flows actualisés d’une entreprise). En temps normal, l’influence de la politique monétaire sur les taux "sans risque" à long terme est donc très indirecte.
2) Avec les politiques d’assouplissement quantitatifs (QE), les banques centrales influencent beaucoup plus directement les taux "sans risque" à long terme. En achetant massivement des obligations d’Etat (y compris sur des maturités longues), elles font baisser à dessein les taux "sans risque", afin de faire baisser les taux de financement de l’économie réelle et d’encourager ainsi l’investissement. Ces politiques sont justifiées quand le taux des opérations de politique monétaire (donc le taux de refinancement des banques auprès de la banque centrale) ne peut plus être baissé (quand il atteint le niveau zéro, voire légèrement négatif), alors que l’économie réelle a besoin d’expansion monétaire.
3) En outre, les programmes d’assouplissement quantitatif "chassent" les investisseurs des investissements peu risqués (obligations d’Etat), en les "poussant" vers les investissements plus risqués (actions et autres) : outre l’effet désincitatif des taux très faibles sur les obligations d’Etat, les montants achetés par les banques centrales sont tels qu’il y a des effets d’évictions des investisseurs, poussés vers les marchés actions (ainsi que vers les marchés étrangers, ce qui tend à déprécier la devise, et donc à soutenir les exportations).
Il est donc exact de dire que les politiques d’assouplissement quantitatifs soutiennent les marchés actions, contribuant largement à la hausse des multiples de valorisation.
[Pour ma part, je n’irais pas jusqu’à parler de "manipulation", car (1) les politiques d’assouplissement quantitatif sont justifiées par le contexte macroéconomique, et (2) les banques centrales sont bien conscientes des risques associés à une hausse excessive des valorisations sur les marchés boursiers, et intègrent ce facteur dans leur prise de décision. Le challenge pour la BCE est que la hausse des valorisations sur les marchés boursiers a jusqu’ici eu des effets assez décevants pour l’investissement dans l’économie réelle et pour la consommation (effets de richesse faibles).]
Encore désolé pour ce hors-sujet sur une file (les avantages de la capitalisation) très pertinente.
Message édité par l’équipe de modération (25/09/2017 13h20) :
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