@Michel : hehe j’étais sûr que quelqu’un allait sortir Friggit ! bien vu !
Ma réponse en deux points principaux.
Vous avez raison, on observe à première vue une divergence sur les 10-15 dernières années.
Cependant en lisant la présentation complète de friggit (http://cgedd.fr/prix-immobilier-presentation.pdf), on peut penser que cette divergence est en fait un effet de périmètre (la NB1 de votre graphique).
Dans la courbe noire mesure les prix de tout les logements, mais la courbe bleue mesure les loyers des locataires (soit un sous ensemble).
Il y a 20+ diapos qui tentent d’expliquer, j’avoue que ce n’est pas très clair, mais globalement de ce que j’en comprends :
- les "vieux" sont porpriétaires, et les "jeunes" locataires en moyenne
- par rapport à avant 1995 environ, les jeunes se sont appauvris relativement aux vieux.
Ce qui fait que le prix et le "loyer non payé" des logements propriétaires a augmenté, mais le prix et le loyer des locataires a moins augmenté => d’où la divergence entre la courbe noire qui comprends tout les logements, et la courbe bleue qui comprend seulement celle des logement loués.
A noter que comme l’explique friggit il n’existe pas de sous indice des "prix des logements loués" qui permettrait une comparaison plus fine.
Je vous propose ici 2 diapos : celle dont est extraite votre image, et une qui résume ce que j’ai dit.
Deuxième point : l’effet d’arbitrage avec les autres classes d’actifs, qui a poussé à la hausse le prix des logements mais pas des loyers.
- Le prix des logements a d’abord augmenté post-2000 suite à l’éclatement de la bulle internet, car les gens se sont détournés des actions pour aller vers l’immobilier (lire à ce sujet Irrational Exuberance de Robert Shiller). C’est surtout vrai aux USA, pas trop en France.
- ensuite une forte augmentation a lieu sur le marché français (expansion du crédit ? contagion des spéculations en Espagne et USA ?)
- depuis son éclatement, trois facteurs ont soutenu les prix à des niveaux stables :
o la faible adaptation à la baisse des prix de l’immobilier. Faites le tour autour de vous et demandez "êtes vous prêt à vendre votre appartement moins cher que ce que vous l’avez acheté ?" 99% vous diront que non. C’est particulièrement notable chez les personnes âgées, sur la côte d’azur par exemple. Résultat : un volume de transactions en chute libre à partir de 2008 et jusqu’à à peu près 2015. Seuls les acheteurs pour qui le prix n’est pas un critère achètent au prix demandé, ou alors les biens restent sur le marché longtemps avant d’avoir un prix négocié à la baisse (ou un acheteur peu avisé, disons un pigeon).
o Les taux d’intérêts faibles ont un effet sur le rendement exigé : si les obligations d’état sont à 4%, il est plus difficile de vendre un appart avec un rendement de 4% à un investisseur. Si les obligations d’états sont en dessous de 1% comme maintenant (à 10 ans), c’est plus facile.
o Les taux d’intérêt faibles favorisent l’accession à la propriété et font une forte pression à la hausse (effet subprime). Combien ai-je vu de mes collègues avec des revenus moyens (2000-2500€ disons) acheter car les taux leur permettaient de le faire, sans réfléchir à la valorisation.
A noter qu’on voit la même chose sur les actions : les PER augmentent car les taux d’états baissent, et sur l’or aussi, le coût d’opportunité de sa détention baisse donc son prix monte.
Donc au final je pense que bien sûr il y a des divergences qui peuvent durer 10 ou même 20 ans entre le niveau des loyers et les prix, dues à l’évolution des taux d’intérêt et d’autres facteurs, mais je maintiens le lien entre prix et loyer comme étant fort.