Rentier : que faire une fois rentier ?

Pour la répartition de l’épargne, il est préférable de commencer à penser répartition des actifs que enveloppes (AV, CTO …). Le choix du support interviendra dans un second temps.

Une proposition répartition intéressante pour obtenir un ptf de rendement diversifié à terme :

- 40% en actions à dividende croissant (aristocrates euro/US/CAD, etf rendement …) : partir d’un rendement moyen entre 3 et 4% sur le PRU et laisser grossir les dividendes au fil du temps pour avoir un rendement sur PRU qui dépasse les 5%. Ces dividendes réguliers servent aussi de rentrée de cash en cas de baisse des marchés pour réinvestir régulièrement. Plus on a de temps avant de passer en mode rentier, plus le rendement sur PRU grossira avec le temps et la rente future sera meilleure.

- 30% dans une poche de croissance : stratégie momentum ou 60/40 ou autre selon sa convenance. Le but est de capitaliser : choix d’un ou plusieurs supports en phase de progression des marchés et repli sur un support sans risques (fonds euro, obligations d’état) en cas de repli. Ici on cherche un gain moyen de 6% sur une longue période en capitalisant les bonnes années et en évitant les récessions sur une base d’etf.

- 20% de rendement plus performant : pour doper un peu le rendement global en limitant les risques à un niveau acceptable sur une petite portion du capital. On retrouve ici des obligations émergentes, des Reits US, des CEF en direct ou via des etf. On s’oriente vers de 6% mini de rendement sur cette partie du capital.

- 10% d’actifs surs : cash, fonds euro, Or. En période d’investissement, on peut réduire cette poche à 0 et la mettre à 1 an de dépenses en période de rente. L’idée est de garder cette réserve pour ne pas avoir à toucher aux autres actifs en cas de retournement des marchés et de couvrir une année de dépenses courantes.

En phase de rente, on peut tabler sur un rendement du ptf de 5% (sur une base de chaque poche respectivement à 4,5% / 6% / 7% / 0%).

A chacun de mettre son curseur où il le souhaite. La poche performance peut très bien être investie sur des actifs avec un rendement moyen de 8% (CEF, Reits, MLP …) avec une bonne connaissance des actifs choisis, des analyses et un suivi quotidien ou rester sur du 6% à base d’ETF diversifiés.

Une fois la stratégie établie, on peut passer aux choix des supports et des enveloppes pour les accueillir, capitalisantes ou non (PEA, CTO, AV …)

Je pense que même s’il y a une rentrer d’argent qui permet de vivre sans travail, il faut quand même garder un travail de temps en temps pour garder le contact social, car ce ne sera pas l’argent qui vous tiendra compagnie, du moins pas longtemps, car sans travail le social en prend vite un coup sans vraiment sans rendre compte.
Puis je pense que ne pas travailler pendant quelques mois est reposant et libératoire, par contre après quelques mois cela peut devenir très nocif pour votre santé mentale.

- Kitano

Bonjour à tous,
Rentier c’est pour moi un horizon proche. Je pense m’arrêter en juillet 2020 soit dans exactement un an.
Je dois donner ma démission vers mars avec un préavis de max 6 mois.
Le fait de passer de 50h de travail par semaine à zéro peut paraître effectivement angoissant.
Mon problème c’est qu’après le travail, je n’ai pas assez d’énergie restante.

Que faire après 2020?
- S’occuper de mes enfants qui grandissent trop vites en les prenant 10 jours par mois (séparé).
- Sport plus intensif (trail, jogging, ski, randonnée, piscine- j’habite dans les Alpes).
- Cours de cuisine.
- Voyage 2 semaines par mois si possible.
- Cours de parapente.
- Lecture.
- St Jacques de Compostelle si possible.

J’aurais 43 ans, un gros capital (de mon travail),  j’ai hâte mais un peu peur :).

Christophe

"Rentier" depuis 4 ans (entre guillemets car je n’ai toujours pas de période réellement inactive). L’entretien de la rente (immobilier) me prend 3 mois/an (hors grosse rénovation). Le reste est consacré au bricolage (rénovation de 3 maisons de la famille,). Cela durera encore 2 ans probablement.

Je fonctionne presque au même rythme que lorsque j’étais salarié, mais la grosse différence est de me faire plaisir, réaliser mes envies parce que j’ai supprimé la plupart de mes contraintes. Une des conséquences les plus surprenantes est d’avoir une meilleure santé lié à une baisse importante du stress. Sujet à des lumbagos réguliers auparavant (4/5 fois par an), ils ont disparus progressivement depuis 4 ans grâce aussi à une activité physique liée à la rénovation.

Ayant du temps disponible, j’ai baissé certains coûts :
- cuisiner plutôt qu’acheter des plats préparés ou resto. Madame apprécie
- réparer l’électroménager moi-même (dans la mesure de mes modestes compétences dans ce domaine)
- entretenir moi-même les véhicules
- utiliser les routes secondaires plutôt que les autoroutes

Prochainement, je compte développer une activité lié au travail du bois. Pour le plaisir de travailler une matière naturelle, réaliser quelques meubles à la fois pour mon plaisir mais aussi pour mes biens locatifs.

L’équilibre trouvé me convient même si parfois je suis impatient de terminer un chantier alors que je n’ai  pas de délai à respecter (déformation professionnelle) Je prends aussi le temps de défaire ce que je trouve pas correctement fait. Je crois qu’organiser son temps à sa guise est un réel luxe.

lachignolecorse a écrit :

Je crois qu’organiser son temps à sa guise est un réel luxe.

Exactement.

Un exemple récent avec la canicule.

Quand je travaillais comme consultant, j’aurais du prendre la moto ou les transports en commun, pour arriver transpirant et passer la journée dans un bureau sombre et climatisée à outrance, à grelotter et à respirer des saletés.

Là j’ai fait mon footing tôt le matin sous l’ombre des arbres, j’ai mis un ventilo d’appoint l’après-midi tandis que je tapotais sur l’ordinateur, et en fin d’après-midi je suis allé me baigner à la plage.

Ce n’est tout de même pas la même journée ! Pouvoir organiser son temps, cela fait absolument tout.

Je ne sais pas si les membres qui sont passés du côté rentier ont le même constat mais finalement mes dépenses sont moins élevées que lorsque j’étais en activité. Tout le côté "je travaille, je dépense pour me faire plaisir dans des trucs inutiles" à complètement disparu et les plaisirs simples, souvent peu onéreux, me suffisent largement par rapport à avant.

Sans aller jusqu’à n’avoir que des plaisirs gratuits, j’apprécie beaucoup plus la simplicité des moments.

Carpediem

carpediem a écrit :

Je ne sais pas si les membres qui sont passés du côté rentier ont le même constat mais finalement mes dépenses sont moins élevées que lorsque j’étais en activité. Tout le côté "je travaille, je dépense pour me faire plaisir dans des trucs inutiles" à complètement disparu et les plaisirs simples, souvent peu onéreux, me suffisent largement par rapport à avant.

Sans aller jusqu’à n’avoir que des plaisirs gratuits, j’apprécie beaucoup plus la simplicité des moments.

Carpediem

Je partage votre analyse. Lorsqu’on est salarié, les plaisirs se limitent au temps disponible et on a tendance à se lâcher et choisir des activités en rapport à la rémunération.

Dans mon cas où ma rémunération (salarié>rentier) a été divisée par 3, j’ai l’impression que ma qualité de vie s’est améliorée et pour un coût similaire, je pars 2 mois en vacances contre 3 semaines auparavant. J’ai aussi pris le temps d’analyser mes dépenses et trouver des solutions pour réduire les coûts. Mais pour cela, il faut du temps.

Lorsque j’étais salarié, j’avais constaté avec quelques collègues un déphasage entre la vie professionnelle et hors professionnelle. D’un coté, nous appliquions des méthodes de travail efficaces pour améliorer constamment la rentabilité (donc dépenser un minimum), d’un autre côté, nous dépensions sans trop compter, juste par envie oisive. Un ami acheteur avait besoin de 3 offres pour négocier un achat, une fois à la maison, c’était sa femme qui prenait un artisan pour réaliser les travaux et il se contentait de régler la (chère) prestation, trop content de faire plaisir à son épouse et d’avoir trouvé un artisan à qui il pouvait faire confiance.

Désolé de l’avoir redit mais un rappel à ceux qui imaginent doubler leurs dépenses "parce qu’ils auront du temps pour dépenser contrairement à maintenant" est toujours bon.

Un point que je trouve très important est qu’avec le temps libre on a plus de temps pour comparer et c’est aussi une bonne source d’économie.

Carpediem

J’ai parcouru ce fil de discussion avec intérêt.
Je pense que la personnalité de chacun joue un role dans les activités qui vont être exercées durant le temps libre. Je pense néanmoins que celui qui devient rentier sera suffisamment futé pour ne pas dépenser à tort et à travers.
Je pense que le sujet est d’actualité car on parle de salaire universel, de société du loisir et de décroissance économique ou à tout le moins de réduction de l’empreinte de l’homme qui si je ne me trompe abouti à moins consommer…
Pour ma part je n’ai pas de gros besoins et par chance des hobbies peu couteux (m’occuper des enfants, randonnée, jardinage, jeux de société, lecture, dessin, footings).
C’est peut être la solution, moins consommer, moins dépenser, profiter d’avantage… La vie de rentier n’en devient que plus accessible.

Oscar Wilde a dit que "le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder"…

Or dans le contexte de confinement et de chômage technique généralisé liés au coronavirus, des millions de français se retrouvent de facto à goûter, certes de façon imparfaite, au mode de vie du rentier, que beaucoup fantasment de façon plus ou moins explicite.

Pour la première fois dans la vie de nombre d’entre eux, ils se retrouvent libérés de leurs obligations professionnelles sans être pour autant en vacances, au sens où le grand public les entend (c’est-à-dire délaisser son domicile pour partir en voyage ou en séjour organisé, souvent dans des lieux dédiés tels que bord de mer, camping etc.).

Ils se retrouvent donc à consacrer du temps à leurs conjoints et enfants, à leurs hobbies, à des tâches qu’ils avaient tendance à déléguer (cuisine, bricolage, tâches ménagères…), à pratiquer un peu d’activité physique.

J’ai donc tendance à croire que pour un certain nombre d’entre eux, cette expérience va être une révélation qui pourrait les amener à reconsidérer leurs choix de vie à l’avenir.

Certains vont s’y épanouir pleinement et l’expérience pourrait servir de déclic. Par exemple les demandes de salariés en poste dans de grandes métropoles pour passer en télétravail afin de pouvoir déménager à la campagne pourraient devenir plus nombreuses et "pressantes" à l’avenir.

A l’inverse, certains vont absolument détester l’expérience et se conforter dans leurs choix de vie actuels. Je pense à nombre de gens qui se plaignent sans arrêt de ne pas assez voir leurs enfants à cause de leurs horaires et de leurs déplacements… et qui vont pourtant les délaisser totalement pendant le confinement car ce n’est tout simplement pas ce qu’ils aient faire.

Qu’en pensez-vous ?

Je suis également en télétravail, et je ne profite pas du tout.

La raison est liée au stress de cette maladie.

Mes enfants tombent malades les uns après les autres, surtout le bébé, et comment ne pas se poser 1000 questions? Simple bronchite/trachéite? Coronavirus?

D’autant que vous oubliez une chose : les enfants ne sont pas à l’école, donc cela n’a rien à voir avec une situation de rentier.

Surtout que nos déplacements sont limités : pas de salle de sport, pas de vie sociale.

La situation actuelle n’a donc rien à voir avec la vie d’un rentier volontaire qui peut faire ce qu’il veut de son temps, sans se demander après chaque sortie (courses, poste… passionnant…) s’il ne va pas contaminer sa famille…

Tout comme koldoun, je n’assimile absolument pas cette période à ce que j’attends d’un mode de vie de rentier ; il manque, à mes yeux, l’élément essentiel : la liberté.

Pour répondre de manière plus générale, il y a très surement des gens qui profitent de ce moment pour se recentrer sur leur conjoint et enfants, mais tout le monde ne vit pas en couple / en famille. Pour moi, célibataire, cette semaine est déjà très longue, et celles à venir ne s’annoncent pas mieux. Le contact humain est important, et par contact humain, j’entend plus que d’échanger quelques mots à distance avec les voisins.

En parlant de voisins, une famille que je peux entendre, n’en profite pas du tout, c’est certain. Il n’a fallu que deux jours de confinement pour les premiers cris, c’est maintenant quotidien, et pas juste cinq minutes. Ce ne doit pas être facile pour eux d’être enfermés, je l’entend, mais leurs crises répétées ne sont pas pour améliorer mon moral.

Un autre voisin s’énerve de plus en plus régulièrement sur les jeunes (un couple) du dessous parce qu’ils font un peu de bruit le soir et fument à la fenêtre. Et ça ne fait qu’une semaine.

Pour avoir travaillé en mer, par marées de deux semaines consécutives (relativement court, je n’aurai pas supporté les trois mois de la pêche au large), sans mettre pied à terre, je ne peux qu’imaginer la suite des événements, les tensions n’ayant pas tendance à se réduire, bien au contraire.

Comme vous le dites, il sortira probablement plein de positif de cette période, mais pas nécessairement pour tout le monde, et j’imagine que toutes les repercussions n’apparaîtront que dans plusieurs années, notamment en ce que cette situation impacte nécessairement le développement des enfants et leur vision des relations humaines.