uHJP a écrit :
Dans ce contexte, je m’interroge sur la pertinence des placements obligataires comme poche "sécurisée" dans un patrimoine. Cela ressemble de plus en plus à un poids mort, utile quand le patrimoine est conséquent / qu’on en vit, mais qui handicape fortement pendant la phase de constitution.
Merci uHJP de recentrer la discussion sur le sujet de la file : l’impact des actions des banques centrales (en l’occurrence contre la menace déflationniste) sur les marchés financiers, donc sur notre gestion du patrimoine.
Perso, je pense que le nouvel environnement (taux ultra-bas voire négatifs, QE à répétition), s’il se prolonge (ce que je pense), remet en cause la façon traditionnelle de réfléchir à l’allocation d’actifs. Je n’irais pas jusqu’à dire que les approches classiques - par exemple 60% actions / 40% obligations, ou % actions = 100 - âge - sont obsolètes - car ces méthodes ont fait leurs preuves sur longues périodes dans des contextes changeants - mais l’environnement actuel est assez inédit.
Dans mon cas personnel, initialement mon idée était d’augmenter la part d’actions dans mon patrimoine total (brut = net dans mon cas), jusqu’à un pourcentage correspondant à ma tolérance (psychologique et financière) pour le risque : 40% d’abord, jusqu’à 50% éventuellement (s’il apparaît que j’"encaisse" bien les corrections). Aujourd’hui mon portefeuille boursier en gestion directe représente 40% de mon patrimoine (44% si j’ajoute la gestion déléguée) et j’envisage d’augmenter mon exposition aux actions bien au-delà de 50% de mon patrimoine.
En effet, je considère (i) que la rémunération des fonds € va continuer à baisser (suivant les rendements obligataires souverains) et (ii) qu’en termes de risque, dans des scénarios adverses (auxquels je ne crois pas, mais qu’on ne peut totalement exclure), il me semble plus sain de m’exposer aux actions internationales que de prêter (indirectement) davantage à l’Etat (via les fonds €).
Je calibre donc ma "couche" de fonds € selon les objectifs que je lui assigne - (i) amortir un peu les chocs boursiers sur mon patrimoine, (ii) servir éventuellement d’apport pour un achat immobilier si je m’installe en Europe avec ma compagne, (iii) avoir un montant suffisant en capital garanti pour accomplir différents projets sans perturber mon portefeuille boursier - et pas davantage.
Je pense que, dans le nouvel environnement, il est peut-être plus logique de réfléchir en ces termes - une calibration de la couche "sans risque", les fonds €, en termes bruts et non en % du patrimoine - et d’allouer "ce qui dépasse" aux placements "risqués" (actions, obligations HY, private equity, immo locatif).
Ce changement d’approche va d’ailleurs dans le sens de ce que veulent encourager les banques centrales par leurs mesures anti-déflation : une plus grande prise de risque et une allocation de capital davantage orientée vers l’économie réelle. Le fait que les épargnants, dans ce contexte, sont amenés à augmenter leur allocation d’actifs étrangers (actions internationales, par exemple), contribue aussi à affaiblir l’euro, donc à "importer" de l’inflation, à soutenir les exportateurs européens et à combattre la déflation.