5 #1 19/07/2018 17h47
- Scipion8
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Poursuite de la discussion commencée sur la file de portefeuille de Patrick68
Rylorin a écrit :
et pour ceux qui veulent vraiment gagner de l’argent avec le crowd lending … Mintos offre 1% de cash back, pour toute inscription avec mon lien de parrainage avant le 6/08.
4.200 prêts (1.162 en cours et 3.174 soldés) dans 18 pays, 11,5%, 0 défaut !
https://www.investisseurs-heureux.fr/up … 221725.png
IH a écrit :
https://www.investisseurs-heureux.fr/up … 180719.gif
Zéro défaut ?
Rylorin a écrit :
Bonjour IH,
Je ne pense pas donner une fausse information. Je m’explique …
Mintos a la particularité de proposer des prêts avec une "buyback garantee" et je ne choisis que ce type de prêt. Les 4.300 prêts que j’ai financés sont tous choisis avec cette "buyback garantee". Il est vrai que bon nombre d’emprunteurs ont fait défaut, et à chaque fois 60 jours après le défaut la garantie a été automatiquement activée et le CRD des prêts m’a été remboursé avec l’intégralité des intérêts dus (notamment sur cette période de 60 jours).
Je n’ai pas dit que ces prêts étaient sans risque, puisqu’il y a un risque de défaut de la part du "loan originator" qui assume cette garantie.
En revanche, je trouve que le profil rendement/risque est très largement plus intéressant que ce que l’on peut trouver sur les plate-formes françaises où à mon avis (personnel) le risque n’est pas suffisamment rémunéré. Je parle de mon expérience avec credit.fr, Lendix, Unilend et Bolden.
Je suis sur cette plateforme depuis un an et j’y ai placé 3,5% de mes économies et je suis en runoff sur l’intégralité des plateformes françaises citées (+ Wiseed et Anaxago où j’ai fait du crowdlending immobilier avec un résultat également mitigé).
Autre avantage de Mintos par rapport aux plateformes françaises, c’est le fait que l’on peut revendre ses prêts sur un marché secondaire. Ce qui permet de se désengager rapidement si l’on souhaite.
Je reconnais le côté en tantinet provocateur de mon message mais il n’y a aucune tromperie dans celui-ci et je reste naturellement à l’écoute de vos avis éclairés.
Surin a écrit :
Si c’est 0 défauts ça veut dire ce que ça veut dire: 0 défauts !
S’il y a des défauts pris en charge par une garantie, il n’y a pas 0 défauts. Il y a x défauts mais pris en charge dans le cadre d’une garantie, il serait alors intéressant d’en avoir les limites de prise en charge.
Parle-t-on vraiment la même langue ?
De mon point de vue vous avez donné une fausse information.
Rylorin a écrit :
Bonjour Surin,
En effet dans ce cas on peut dire que c’est un abus de langage de ma part.
Néanmoins, pour préciser les choses un peu plus, ces prêts avec garantie sont généralement en structure indirecte. C’est à dire que vous ne faites pas un prêt directement à l’emprunteur, mais vous faites un prêt à l’organisme de crédit, dont les remboursements sont subordonnés aux remboursements faits par l’emprunteur final (sur le contrat de prêt que vous avez choisi). Dans ce cas il n’y a pas défaut puisque l’organisme de crédit à qui vous avez prêté n’a pas lui fait défaut. Sommes nous d’accord dans ce cas ?
note aux gentils modérateurs : j’aurais probablement dû lancer une nouvelle file de discussion type "Plateforme de crowdlending Mintos, vos avis ?" plutôt que de venir polluer cette file, je vous prie de m’en excuser. Que pensez vous de déplacer ces messages ?
Mon objectif était de partager avec vous l’information d’une plateforme de crowdlending qui me semble (plus) intéressante (que les autres).
Mintos et son compatriote letton Twino semblent offrir des rendements très attractifs (autour de 11%-13%), avec en outre la possibilité pour certains prêts de bénéficier d’une garantie de rachat par l’originateur (buyback guarantee), ou de les revendre sur le marché secondaire. Comment ce prodige est-il possible ?
D’abord l’explication de Mintos sur son business model (la note en astérisque me semble importante…) :
Mintos a écrit :
How it works?
Borrowers apply for a loan at the loan originator.
The loan originator evaluates the application, sets an interest rate and lends money from its own funds.
The loans are then listed on the Mintos marketplace, where you can select loans to invest in, thereafter receiving monthly payments and interest.*
* By investing in a loan, investors are buying claim rights against a borrower based on the assignment agreement. Neither Mintos nor the loan originator is responsible for a borrower failing to service the loan, including for late payments. In the case that a borrower is unable to repay the loan, investors may lose some or all of their invested capital.
Maintenant commençons l’enquête :
- 1er indice : la communication de Mintos et Twino suggère qu’ils sont lancés dans une course effrénée au volume (et les volumes de prêts sont de fait impressionnants dans l’univers du crowdlending : depuis leurs débuts, 817 millions € pour Mintos et 318 millions € pour Twino) : jamais rassurant pour une plateforme de crowdlending car cela signifie que ces plateformes ont de fortes chances d’être peu sélectives sur les dossiers de crédit.
- 2e indice : le type de prêts : prêt personnel, "prêt court-terme" (une forme de prêt personnel si j’ai bien compris, du cash rapide et sans barguigner quoi…), prêt pour achat automobile, mont-de-piété (pawnbroking loan), sont les principales catégories représentées. Perso, comme prêteur, ça me rassure moyen, je préfère prêter à une PME : bien sûr, c’est aussi risqué, mais au moins je peux regarder les éléments de bilan.
- 3e indice : les originateurs : voir ce tableau pour Mintos. Qu’y voit-on ?
a) La plupart des originateurs participant à Mintos sont de création récente (un tiers après 2015, la plupart après 2009) : cela signifie qu’ils n’ont jamais traversé une récession, pendant laquelle le taux de défaut décolle de façon exponentielle, (i) en particulier sur ce type de prêts, (ii) en particulier dans ces pays d’Europe de l’Est (cf. crise de 2007-2010 dans la région), et (iii) en particulier quand les prêts sont accordés de façon "cool" et "facile" - ce qui semble être le cas sur les principaux originateurs de Mintos, sur ce que j’ai pu lire sur leurs sites. Sur Twino, le taux de créances en souffrance est de 25% - alors que la météo économique est encore au beau fixe !
b) Le taux de "skin in the game" = le pourcentage de chaque prêt vendu sur Mintos que l’originateur garde sur son bilan est très faible : 5-10% en général. Généralement cela conduit l’originateur à ne pas faire beaucoup d’efforts sur le recouvrement…
c) Pour beaucoup d’originateurs, les prêts vendus sur Mintos représentent une part très importante de l’ensemble de leurs prêts (le tableau ne montre pas le pourcentage, mais on peut le calculer = "loans outstanding on Mintos" / "loan portfolio"). Cela signifie que Mintos sert d’outil très pratique pour refiler au petit épargnant attiré par le rendement et sans conscience du risque, l’essentiel des risques de défaut - des risques très élevés sur ce type de prêts, en particulier en cas de récession. Par ailleurs, vous pouvez faire entièrement confiance aux originateurs pour vendre sur Mintos leurs prêts les plus risqués.
d) Je n’ai pas réussi à établir si Mogo Finance, de loin le premier originateur sur Mintos avec 36% du total des prêts, a un lien avec Mogo (Canada). Mais Mogo (Canada) a un business model très clair :
Mogo a écrit :
Borrowing money doesn’t have to suck.
Waiting forever to get your loan funded, worrying about if you’re going to get approved because you don’t know your credit score, having to jump through hoops just to get a pre-approval… you shouldn’t have to go through all this when you’re applying for a loan. With Mogo, you don’t have to.
Take the stress out of borrowing
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J’imagine que leur business model c’est de refiler le stress de l’emprunteur au prêteur ;-)
Donc en gros, Mintos permet à des originateurs spécialisés sur des prêts risqués, et manifestement sans compétence (ou en tout cas sans intérêt) pour l’analyse du risque de crédit, de refiler ce risque de crédit à des investisseurs aveuglés par des rendements alléchants. ça ne vous rappelle rien ?
Oui, la crise des subprimes ne date que de 11 ans et pourtant elle est déjà oubliée ! Cette crise est arrivée parce que des banques américaines accordaient des prêts immobiliers sans vérification du risque de défaut de l’emprunteur, et refilaient ensuite discrètement ce risque à des investisseurs alléchés par le rendement, sous la forme de produits structurés (ABS, CDO).
A l’époque, le risque était "dissimulé" à l’investisseur par l’utilisation d’une technique financière, les ABS et leurs tranches (+ des agences de notation clairement complices).
Maintenant, le risque est refourgué directement à l’investisseur le plus naif possible, via la technique du crowdlending.
En cas de récession, comme en 2007-2008, les pertes seront de 80-90% pour l’investisseur final.
Mais alors, diront les fans de Mintos, Twino & Co., quid de la garantie de rachat et de la possibilité de vendre sur le marché secondaire ?
- La garantie de rachat est très probablement financée par le spread entre le taux des prêts accordés par l’originateur et le taux sur Mintos / Twino. Pour ce type de prêts très risqués, dans des pays d’Europe de l’Est, il est très probable que les taux de l’originateur soient très supérieurs aux 11-13% sur Mintos / Twino.
- Il est très probable à mon avis que la garantie de rachat ne sera plus fonctionnelle en cas de récession. Cela dépend si l’originateur provisionne pendant les années de plein soleil ou pas, et de sa compréhension de ce que signifie une récession en termes de taux de défaut. Comme ces originateurs sont pour la plupart nouveaux, n’ont pas connu de récession et ne sont que peu ou pas régulés, je ne suis pas franchement optimiste…
- En 2006, le marché des ABS subprime était très liquide. En 2008, il n’existait plus. Il en sera de même pour le marché secondaire des prêts sur Mintos / Twino : le jour où vous voudrez vendre, il n’y aura plus de marché.
Conclusions :
- Sauf si vous voulez expérimenter l’impact exponentiel qu’une récession peut avoir sur des taux de défaut, je vous conseille de rester à l’écart de ces plateformes.
- La finance, c’est génial : elle offre toujours de nouveaux moyens pour répéter les mêmes erreurs ;-)
PS : 2k€ investis (un pourcentage très faible de mon patrimoine) en crowdlending (Lendix et Credit.fr), à des fins d’expérimentation et pour ma culture financière. Pas impressionné par les rendements nets. Malgré la diversification, il suffit de quelques défauts pour les faire chuter. Et je m’attends à des pertes en cas de récession. Ces plateformes sont beaucoup moins risquées à mon sens que Mintos / Twino.
Dernière modification par Scipion8 (20/07/2018 08h22)
Mots-clés : crowdlending, kamikaze, pays baltes
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