Range19, le 28/10/2021 a écrit :
À propos d’acompte : on ne m’en demande jamais.
Y compris sur des constructions, je recevais uniquement des factures intermédiaires liées à l’avancement des travaux, payées après contrôle bien évidemment.
Ca alors ! On dirait que la règle des 30 % d’acompte pour le particulier n’est pas universelle. Vous me rassurez.
Je suis surpris - les bras m’en tombent en fait- lorsque j’entends à la radio (Courbet sur RTL ) des gens qui ont filé 30 K€ d’acompte ou plus à un artisan qui était juste moins cher, sympa, arrangeant… le temps de les encaisser, voire à un inconnu qui ne vient jamais ou leur fait de la m.rde.
C’est exactement le cas de notre ami Quaterback : il a filé un gros acompte car "il le connaissait bien". Mais surtout pour une "belle ristourne". Il y a toujours une bonne raison.
Puis il a commencé à payer des équipements en direct ("matériel que j’ai avancé à sa place faute d’argent") alors qu’ils étaient sur le devis : sans se rendre compte, comme le dit fort justement Bascarol, qu’il s’expose au risque que le futur liquidateur lui réclame la totalité de la facture.
A ce sujet, car ça peut servir pour d’autres forumeurs. Si la facture finale mentionnant un avoir pour cause de matériel fourni par le client est une bonne solution, telle que suggérée par Bascarol, je vois une autre solution, encore plus clean. Pour cela, quelques explications :
- je rappelle qu’un devis est seulement une proposition commerciale. Mais, dès lors qu’il est signé "bon pour accord" par le client, il devient un contrat. Un contrat est un engagement très fort des deux parties.
- les conditions de paiement et le délai de réalisation du chantier font partie intégrante du contrat. Or, on se focalise souvent sur la liste des équipements et travaux prévus, et le prix en face. Pourtant, les conditions de paiement et le délai de réalisation du chantier sont aussi des conditions essentielles du contrat, comme la mésaventure de notre ami le rappelle. Lisez-les attentivement, et faites-les préciser ou modifier si elles ne vous conviennent pas. Les autres catégories de maîtres d’ouvrage (publics, et privés professionnels) n’oublient pas de préciser conditions de paiement et le délai de réalisation, eux. Si le particulier oublie ce sujet, il devient la "variable d’ajustement", c’est à dire que l’entreprise vient sur son chantier seulement dans le temps libre que lui laissent les clients professionnels qui, eux, sont exigeants.
- manifestement, quand le client se met à fournir des équipements parce que l’entreprise n’arrive pas à payer, c’est une modification du contrat.
- Une modification de contrat, ça s’écrit. Puisque le contrat est écrit, sa modification doit l’être également. Je vois deux façons de le faire proprement :
1) Sur feuille blanche, on écrit, en résumé : "avenant au contrat initial. Le devis n° tant de telle date, signé bon pour accord à telle date, constitue un contrat. Par le présent avenant, le contrat est modifié de la façon suivante : les lignes "X…." et "Y…." du devis sont rayées, car ces matériaux et équipements sont fournis par le client à ses frais. En conséquence, le montant total du devis est ramené à NNNN € HT soit MMMM € TTC". A tourner un peu mieux, bien sûr.
2) L’entreprise refait un devis, sur lequel elle mentionne très explicitement : "ce devis annule et remplace le devis n° tant de telle date. Si le client l’accepte, le présent devis deviendra un contrat qui remplacera le contrat constitué par le devis n° tant de telle date signé bon pour accord.". Sur ce nouveau devis, les lignes correspondant au matériel que vous fournissez sont supprimées et le montant total est abaissé d’autant. C’était d’ailleurs la solution proposée par Kabal dans le message N°13. L’entrepreneur sera peut-être plus à l’aise avec cette solution, car devis/facture, il connaît bien car il en fait à tour de bras, alors que "avenant au contrat initial", sur feuille blanche, ça risque de lui faire peur (même si ça revient au même). EDIT : à la réflexion, c’est juridiquement beaucoup moins propre. On ne devrait pas "annuler et remplacer" un contrat qui est déjà en cours d’exécution ; on devrait le modifier par avenant.
Dans la tête de Quaterback, c’est son artisan qui lui doit de l’argent, compte tenu qu’il a payé un très gros acompte et qu’il a de plus payé en direct une bonne partie des équipements, alors que le chantier n’est pas fini. Dans la tête du futur liquidateur, c’est plutôt l’inverse : facturer à tour de bras pour faire rentrer les sous ; donc facturer la totalité de la facture. Il n’a aucune trace écrite d’un accord "moindre montant en échange de matériel fourni par le client" donc il facturera la totale. Etre débiteur d’une entreprise faillie est une position peu confortable. Quaterback se prépare donc bien des soucis si le dépôt de bilan intervient avant la facture finale de solde. D’où l’intérêt d’avoir au plus tôt : soit un contrat modifié (par avenant ou par signature d’un devis qui annule et remplace le précédent), soit une facture faisant apparaître cet avoir (ou rabais).
PS : pensez à vérifier si la société n’est pas déjà en procédure de cessation de paiement. Ca pourrait expliquer pourquoi le chef d’entreprise cherche à obtenir un prêt en nom propre. D’ailleurs, vous devriez vous documenter sur le sujet de la cessation de paiement, du dépôt de bilan, et de ses suites (liquidation ou redressement), car cela risque de vous servir dans pas longtemps.
Dernière modification par Bernard2K (30/10/2021 13h45)