"Quand je vois Kilian Jornet… je déprime… et je me trouve "toute petite nature".
"Comparison is the thief of joy" (désolé pour l’usage d’anglois mais je n’ai pas, spontanément, d’équivalent français qui me vienne en tête)
Il ne sert à rien de se comparer avec des athlètes hors normes qui constituent le top niveau mondial, personne ici ne va comparer son portfolio avec celui de Warren Buffet, pourquoi vouloir en tant que coureur chercher à voir comment on se mesure face à quelqu’un comme Jornet ou Kipchoge qui sont des professionnels qui étaient dès leur plus jeune âge prédisposés à la compétition dans laquelle ils excellent et qui la pratique à temps plein depuis des décennies.
Le marathon est quelque chose qui s’apprend par la pratique sinon, en terme de gestion de l’effort alimentation je pense avoir bien géré à partir du 3è et optimisé pleinement à partir du 4è.
Le 5è plus récemment était une promenade, toujours à demi blessé et bien en deçà de mes performances passées mais j’ai confiance que cela va revenir.
Sur des conseils généraux… en fait comme vous l’évoquez on ne va pas donner les même recommandations à un marathonien en 2h30 et un autre en 5h, ça a beau être la même distance pour tout le monde ce qui prévaut au final c’est la durée et nos deux compétiteurs ne sont littéralement pas dans le même effort et n’ont pas les même problématiques, plus la durée sera longue plus le risque de pépin physique/digestif s’accroît.
Du coup petit retour d’expérience sur mes 5 marathon jusqu’ici
- Paris : J’ai fait n’importe quoi, mon alimentation c’était des barres de pâte d’amandes Gerblé, pour éviter d’avoir à gérer les ouvertures d’emballage j’avais tout prédéballé et mis dans ma poche arrière.
Cette année là il faisait chaud et les pompiers arrosaient les participants ponctuellement, passé les 10 premiers kilomètres mes pâte d’amandes ont fusionné et sont devenus un gros gloubi boulga un peu ragoutant… j’ai fait avec malgré tout.
Pour les liquides ramasser un, voire deux selon la température (>10°), gobelet(s) d’eau tous les 5km et prendre le temps de boire, les éponges aux points intermédiaires si nécessaires.
A noter qu’il n’est pas anormal d’en baver à partir du 35è, cela correspond au passage dans le bois de Boulogne en faux plat montant, "faux plat montant" ce n’est pas grand chose quand on se contente de se balader, mais avec 35km dans les pattes en fin de marathon il y a de quoi cisailler le peu d’énergie restant dans les jambes
- Chantilly : Un marathon en 3 boucles, cette fois j’étais plus "sérieux", je me suis préparé niveau alimentaire en prenant la super poudre de Maltodextrine Decathlon pour "faire le stock de glucides dans l’organisme avant la course"
Je ne vais pas tourner autour du pot, c’était un ramassis de conneries qui m’a donné des troubles digestifs une bonne partie des 72h avant course ET pendant la course.
J’ai carburé avec des barres et gels énergétiques mais… une envie pressante m’a taraudé (et ralenti) à deux reprises, c’était extrêmement déplaisant et mon pire souvenir de course à pied mais j’ai tenu…
Comme d’habitude niveau liquide piocher à chaque ravitaillement, de l’eau en priorité, des verres de boissons isotoniques au besoin quelques fois
Aparté : Pour les efforts long en course à pied il est généralement recommandé de se "vider" pour ne pas avoir de surprise pendant la course, raison pour laquelle le réveil se fait 2-3h avant course et/ou on prend un diurétique simple (comme le café) pour évacuer. Le risque du diurétique étant la possibilité d’avoir envie d’uriner pendant la course, personnellement je prends donc la première option.
Niveau alimentaire ralentir les fibres/gras progressivement à partir de 48h avant course est effectivement souhaitable.
- Tokyo : Cette fois c’est la bonne, ou presque. La stratégie était toujours la même niveau fluide, niveau gel j’ai pioché les Apurna sur cette base. Toujours important de bien boire juste après avoir pris son gel pour favoriser le transit d’ailleurs (le système digestif fonctionnant en mode veille).
Un gel au départ, puis un au 10 au 20 et au 30, c’était … presque parfait mais j’ai fini cramé sur les 2-3 derniers kilomètres (tunnel vision, sens qui s’amenuisent…), avec du recul heureusement qu’il n’y avait pas 45km à courir parce que j’étais littéralement cramé (ce qui n’était pas le cas des deux précédents)
- Francfort : De l’ajustement pour perfectionner simplement, rien ne change niveau fluides et pour les gels je suis passé à une stratégie 0-8-16-24-32 (soit 5 gels au lieu de 4), j’ai gardé 3 Apurna mais également pris 2 Maurten qui sont des gels très digestibles au goût bien plus neutre et ne nécessitant pas d’eau pour être digéré il y a beaucoup de marketing derrière (la plupart des marathoniens pro roulent pour la marque) et c’est un peu plus cher… mais ça marche alors pourquoi s’en priver ?
J’ai fini la course au top, tout roulait.
- Rotterdam : La même chose qu’au-dessus, le temps était plus ensoleillé donc j’ai fini, je crois, légèrement déshydraté mais rien de grave, tout a roulé sans problème
On recommande aussi parfois d’avoir le dernier gel avec un peu de caféine pour se "booster" à la fin, il semblerait que cela puisse aider un peu mais je n’ai pas pris la peine d’essayer jusqu’ici.
De façon plus générale aussi il vaudrait mieux se ravitailler principalement en liquide avec des boissons énergétiques (moins écœurant, plus digestible, plus facile à équilibrer/personnaliser en terme d’apport), seulement la contrainte est ici logistique, à moins d’avoir envie de se trimballer avec tout un barda sur soi (on parle de 2L de préférence) et/ou d’avoir des ravitaillements personnalisés sur le parcours (comme les pro) c’est malheureusement plus difficile à mettre en place.
A noter que j’ai évoqué ma stratégie alimentation en évoquant des ravitaillements par kilomètres, mais il serait plus pertinent de raisonner en temps, généralement on recommande prendre quelque chose toutes les 30-45mn, si on a pas de liquide sur soi s’aligner avec les ravitaillements fournis par l’organisation (tous les 5km le plus souvent) est préférable.
Le marathon est une distance où une sous alimentation/hydratation en début de course se paie vers la fin, quand on a faim/soif il est déjà trop tard.
ColombC a écrit :
Le marathon comme toutes les pratiques sportives de très longues distances (trail et tous les sports ultra) en demandent sûrement trop à votre organisme. Regardez ce qu’il est arrivé à notre marcheur français Diniz aux JO:
https://www.huffingtonpost.fr/2016/08/1 … 06820.html
De façon générale il semblerait que si l’objectif de la pratique sportive soit purement pour la santé effectivement le marathon ce soit trop.
Cela dit il y a de multiples facteurs sur lesquels jouer pour rester dans le cadre d’une pratique saine
- S’entraîner convenablement/suffisamment pour l’objectif visé : un marathon ce n’est pas quelque chose de trivial, sous le vernis marketing de l’exploit individuel du "finisher" il y a beaucoup de réalités contrastées, passé 4-5h je pense que ce n’est généralement tout simplement pas raisonnable, marcher pendant la course (sauf si la chose est anticipée et préparée proprement, ce qui est rarissime) est aussi une forme d’échec soit faute d’une préparation suffisante (sous-entraînement) soit par orgueil (parti trop vite au vu de la distance)
- Il y a des conditions plus recommandables pour la pratique d’un effort long, pour un marathon le temps idéal oscille entre 8-12° de préférence temps nuageux voire légèrement pluvieux. De but en blanc je peux vous le dire, les JO d’été et les sports long d’endurance comme le marathon et le 50km marche c’est une connerie incroyable, c’est d’ailleurs bien pour ça que l’immense majorité des marathon se court sur les périodes Février-Avril et Septembre-Novembre, faire des efforts longs et intenses en plein été c’est de l’irresponsabilité pure et simple de la part des organisateurs (c’est d’ailleurs pour cela qu’aux derniers JO l’épreuve a été délocalisée de Tokyo à Sapporo 800km au nord, manque de chance il a fait plus chaud à Sapporo qu’à Tokyo au moment de la compétition par contre)
- Il faut ménager son système digestif avant course, Diniz n’est ni le premier ni le dernier à se faire dessus pendant une compétition, Paula Radcliffe (ex recordwoman du monde) a déjà eu cette mésaventure également et à l’époque elle a blâmé… le fait d’avoir mangé du saumon la veille au soir !
Cela peut prêter à sourire mais c’est pour cette raison que l’on recommande de diminuer les fibres et le gras avant course pour limiter le travail du système digestif
- Chercher à optimiser sa nutrition d’avant et pendant (et après) course n’a rien d’une conduite dopante, cela s’apprend, ou alors chercher à manger sainement relève également de la conduite dopante, le terme de conduite dopante est suffisamment flou pour englober tout ce que l’on veut bien y mettre, certes l’alimentation n’est pas le facteur le plus important ni celui sur lequel se concentrer (cela sera toujours l’entraînement, la pratique et la répétition de l’effort, mais il est toujours tentant de penser qu’il y a des raccourcis trouvables autre part) mais cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut pas s’y intéresser.
Dernière modification par Drystan (12/11/2021 19h43)