Job a écrit :
Hypothèse de mon décès : est-ce que mon épouse peut régler la totalité des droits de succession, à titre de coup de pouce pour les enfants ?
Ou alors non, car ce serait assimilé à une donation ?
Comme dit par d’autres avant moi : non, car ça serait assimilé à une donation.
Le donateur peut payer les droits de mutation mais seulement lors d’une donation, c’est à dire un don de son vivant. Ca économise un peu de droits de mutation, mais ce n’est pas énorme non plus.
Exemple sur une donation où l’on consacre 118 194 k€ à chaque enfant, en supposant que la franchise de 100 k€ a déjà été entièrement consommée.
Si prise en charge des droits de mutation par le donateur : donation de 100 k€, paiement des droits sur cette somme = 18194 € (évidemment, je n’ai pas choisi la somme totale au hasard).
Si donation de 118194 € bruts, et que c’est l’enfant qui doit payer des droits de mutation sur la totalité de la somme, il doit payer, en plus de ce qu’aurait payé son parent, 20 % sur les 18194€ qui dépassent, soit 3639 €.
Ainsi, dans cet exemple, avec la même somme consacrée à l’opération, l’enfant reçoit en net 3639 € de moins si c’est lui qui paie les droits de mutation.
Job, le 06/02/2024 a écrit :
guizmaille a écrit :
Avez vous une donation entre époux?
Oui
Pour être plus précis, dans notre schéma, mon épouse serait aussi bénéficiaire d’une AV qui lui permettrait de payer les droits de succession des enfants…
à suivre avec vos sagacités intrinsèques !
Je dois voir mon notaire pour des donations immo aux enfants, je lui poserai la question aussi et vous rapporterai sa réponse
Attention à la précision du vocabulaire : une assurance-vie n’a rien à voir avec une donation entre époux. Comme précisé par les autres intervenants, une donation intégrale au dernier vivant a l’effet de spolier les enfants, puisque l’épouse survivante peut choisir une part plus importante de l’héritage.
Pour être précis sans donation au dernier vivant et en présence d’enfants non communs, la veuve n’a pas le choix : le 1/4 en PP. Les enfants ont donc un héritage conséquent des 3/4 de la succession.
Avec donation, la veuve peut choisir :
- un quart de votre succession en pleine propriété, et les 3/4 en usufruit -> les enfants ne touchent rien au premier décès.
- Soit la totalité de votre succession en usufruit -> les enfants ne touchent rien au premier décès.
Notez de plus que rien n’oblige la veuve à préserver les montants dont elle a l’usufruit. Elle peut tout dépenser !
Donc, ça semble à éviter. Puisque vous avez un patrimoine conséquent, vous voudrez sûrement préférer une forme de succession qui, sans laisser votre femme démunie, dote vos enfants d’une façon conséquente.
Pour revenir à la question initiale : puisque ce sont les enfants (et personne d’autre) qui devront payer les droits de mutation sur la succession, il faut :
1) faire des donations de votre vivant, même au-delà des 100 k€ de l’abattement, de façon à payer vous-même les droits et ainsi abaisser un peu la somme à payer à l’état.
2) et/ou vous assurer que votre succession comportera des liquidités à hauteur des futurs droits de mutation à payer. Ou bien encore, faire passer ces liquidités par une AV dont les enfants sont bénéficiaires. Ainsi, les enfants auront de quoi payer les droits sans avoir besoin que quelqu’un les paie à leur place.
A propos de l’AV en faveur de votre femme, notez que, du point de vue des droits de mutation, transmettre par AV :
- n’ a aucun intérêt entre époux, puisque la succession est de toute façon totalement exonérée de droits de mutation. On pourrait transmettre la même somme par un legs par exemple.
- en faveur des enfants : si la succession totale, par enfant, est inférieure à 552 324 €, il faut utiliser l’AV dans les limites de l’exonération (152 500 € si souscrite avant 70 ans, etc. je ne détaille pas), mais pas au-delà. En effet, l’AV, pour les sommes supérieures à ces exonérations, est taxée à 20 %, et la succession, pour les sommes inférieures à 552 324 €, est aussi taxée à 20 %. On n’a intérêt à transmettre à ses enfants par AV, au-delà des sommes exonérées de l’AV, que si ce qui reste dans la succession dépasse 552 324 € par enfant. Dans ce cas on préfèrera les 20 % de l’AV plutôt que les 30 % de la tranche supérieur des droits de mutation.
Cela dit, il peut y avoir d’autres raisons de recourir à l’AV ; là je n’envisage les choses que du point de vue de minimiser les droits de successions.
Dernière modification par Bernard2K (07/02/2024 11h16)