Saphyre a écrit :
Je ne pensais pas lancer un tel débat…Les idées, opinions et arguments des uns et des autres sont très intéressants et instructifs.
En tant que parents de mineurs (et même si ce n’est pas le but premier de la consultation), une telle possibilité serait bien appréciée. Je pense aussi qu’il faut apprendre jeune quelques notions d’économie, ce qui ne fait pas partie de notre culture française et explique en partie l’aversion des français pour la bourse qu’ils ne maitrisent pas. Maintenant, le but de cette consultation est effectivement d’essayer d’envoyer des capitaux vers les entreprises et là ce n’est pas gagné. Il faut du temps pour changer les mentalités et permettre de constituer une épargne à des enfants avec une fiscalité réduite peut attirer des personnes et enclencher ce changement alors pourquoi pas ?
On peut se rejoindre sur l’idée qu’il existe des mentalités (ou perceptions) qui freinent les placements en actions.
A mon sens, tous les PEA du monde, aussi créatifs qu’ils soient, ne résoudront pas le problème. Tout bêtement parce qu’ils ne tapent pas sur les causes premières de ces réticences à investir en bourse.
Je vois au moins deux causes.
D’abord, les ’prescripteurs’. Il faut bien voire que les gens ’normaux’ (pour faire simple, ceux qui ne fréquentent pas assidument des forums sur les investissements financiers ) s’informent un peu mais surtout, écoutent ceux qui sont censés ’savoir’. Donc les prescripteurs, donc souvent les ’conseillers’ bancaires. Qui eux mêmes sont parfois d’une nullité crasse dés qu’on sort du cadre des produits financiers maison et de leurs objectifs de vente (mon ancien ’conseiller’ de banque m’appelait pour me vendre un coup un livret pour mes gamins, un coup une alarme, un coup une assurance bagnole - il ne m’a jamais appelé pour me vendre un placement boursier!). Peut être faudrait-il commencer par éduquer ceux là et leurs chefs, parce qu’ils ont un pouvoir immédiat et fort sur l’orientation de l’épargne.
Il y a ensuite (vous l’évoquez) une dimension plus large, en lien avec ’l’éducation’, à l’économie en particulier. A ce niveau (mettons des adolescents ou post adolescents), se focaliser sur les ’actions’ ou placements financiers est un pis-aller.
Le problème de fond est cette idée lancinante selon laquelle l’entreprise est fatalement un lieu de souffrances et que l’économie de marché mène inévitablement à la clochardisation. Et que les patrons sont d’odieux capitalistes assoiffés de sang qui exploitent la masse laborieuse (et que ce qui est montré dans Cash Investigation est représentatif de l’économie moderne). A la limite, les manuels scolaires (en tout cas à mon époque au Lycée) accepteront de laisser filtrer l’idée selon laquelle l’économie de marché peut éventuellement avoir quelques bénéfices … si elle est solidement encadrée par la sphère publique et que ses méfaits sont corrigés par un robuste programme de dépenses publiques. Comment voulez-vous que la bourse soit tenue en estime dans ce système de pensée? Quelqu’un de normalement constitué n’ira pas confier ses sous à un truc pareil! PEA pour enfants ou pas.
Bien entendu, je force le trait et caricature (un peu). Maintenant, 20% de la population française vote pour M. Mélenchon et on doit bien avoir quelques millions de personnes de plus qui sympathisent avec ses idées (ou des idées proches). Plus quelques millions qui trouvent qu’il exagère mais que quand on y pense, peut être y a t-il un fond de vérité…
Concernant les mentalités, ce serait donc plutôt celles en lien avec le rôle et la place des entreprises et du système de marché qu’il faudrait faire évoluer.
Tant que ça n’est pas fait, vous pouvez monter autant de PEA que vous voulez, ça ne peut juste pas être efficace au niveau macroéconomique.
Maintenant, je le répète pour éviter toute incompréhension : si un PEA peut permettre à quelques uns de donner plusieurs k€ à leurs enfants dans une enveloppe défiscalisée et que ces parents y trouvent en plus des vertus éducatives (gestion d’un PEA, intro à la bourse etc.), ça ne me dérange pas le moins du monde. Ce n’est pas ma tasse de thé mais je ne vois aucun argument contre.