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Favoris 1    12    #1 24/12/2021 18h50

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PROLOGUE

Sur ce nouveau fil, je vais essayer de vous retranscrire du mieux que je peux l’histoire de la réussite d’une femme vietnamienne immigrée en France en 1978 à 23 ans avec en tout et pour tout 20 dollars en poche. Cette femme, c’est ma mère.

Au delà des résultats financiers et patrimoniaux, je pense que le plus intéressant est le chemin parcouru semé d’embuche par cette femme pour atteindre sa réussite personnelle.

Je ne suis pas écrivain et j’espère juste pouvoir retranscrire au mieux son histoire qui mérite amplement l’écriture d’un livre.

Quelques chiffres du patrimoine de cette personne en 1978 et 2021.

En 1978 :
Situation civile = mariée, 1 enfant de 3 ans
Patrimoine global = 20 dollars
Maitrise de la langue française = néant

En 2021 :
Situation civile = divorcée, 2 enfants (plus à charge) de 46 ans et 34 ans
Patrimoine global  estimé = 1450.000 euros
- Patrimoine financier = 120.000 euros (PEL de 90.000 euros datant de 2002 + 30.000 en compte courant)
- Patrimoine immobilier estimé net (plus aucun endettement) de 950.000 euros= maison RP (350.000 euros) + Appartement locatif 45m2 (100.000 euros) + local professionnel  de 1000m2 (500.000 euros)
- Patrimoine SCI familiale à l’IR = 300.000 euros (2 appartements d’une valeur de 150.000 euros chacun ) CRD restant de 120.000 euros/ revenu SCI = 2250 euros/mois ; crédit immobilier = 850 euros/mois
- Patrimoine professionnel = 200.000 euros

Maitrise de la langue française = très moyen

Elle a aussi un patrimoine immobilier et financier au Vietnam dont je ne vais pas tenir compte.
J’ai volontairement minoré certains chiffres, notamment la valeur du local professionnel qui vaut bien plus à mon avis. Elle a 1/3 des parts de la sci et ma soeur et moi même avons chacun 1/3 mais je considère que les biens lui appartiennent.

Dernière modification par Flairsou (07/01/2022 10h29)

Mots-clés : entrepreneur, rentier, réussite

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7    #2 25/12/2021 13h54

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Contexte géopolitique dans les années 70

Dans les années 70, la région du Sud Est Asiatique est impacté par la guerre entre le Vietnam et les USA.
Au Cambodge, pays frontière du Vietnam vit une importante communauté vietnamienne qui va être bientôt expulsé par le mouvement extremiste des khmers rouges. Les Khmers rouges prendront le pouvoir au Cambodge entre les années 1975 et 1979 et seront coupable d’un des plus grands génocide du 20e sicecle. Tous les intellectuels, tous les bourgeois, toutes les professions libérales seront expropriés, exterminés ou envoyés en camps de concentration en campagne. Les enfants seront éloignés de leurs parents et endoctrinés dans ce mouvement. On estime que ce génocide a causé la mort de plus de 20% de la population.
Les cambodgiens ayant de l’argent ou des contacts partiront à l’étranger et ptincipalement en France qui aura une vraie politique d’accueuil pour le peuple cambogien et vietnamien. Les vietnamiens du Cambodge sont renvoyés au Vietnam.

Chapitre 1 : Le départ

Ma mère est née en 1955 au Cambodge. Elle est la 3e ainée d’une famille de 10 enfants. Sa famille est pauvre.
Mon père est aussi né en 1955 et il est le 4e ainé d’une famille de 7 enfants. Sa famille est riche. il fait partie de la bourgeoisie Cambodgienne avec chauffeur de maitre, servantes et villa en mer.
Ils se rencontrent dans les années 70 et ma mère tombe enceinte en 1975. L’arrivée proche des khmers rouges dans la capitale Phnom Penh les fait fuir du pays.
Mon père ainsi que toute sa famille dans le cadre d’un regroupement familial (ces 2 soeurs ainées font leurs études à Paris) arrive en France en 1975. Ils ont tout laissé au Cambodge et ont tout perdu. C’était soit ça, soit prendre une balle dans la tête.

Ma mère repart avec toute sa famille au Vietnam et se retrouve un certain temps en camp de réfugié enceinte jusqu’au cou. Ils arrivent à trouver une location à Saigon (Ho-Chi-Minh-ville) où toute la famille (2 parents + 10 enfants) se retrouvent à dormir chaque soir ensemble dans une chambre de 10m2 et sans clim (temperature entre 38 et 40 degré avec fort taux d’humidité). En novembre 1975 naquit le petit Flairsou. L’accouchement fut à priori très difficile (entre le stress, la faim, la mulnitrition, ça peut se concevoir) et on ne donnait guère de chance de survie au petit Flairsou. Heureusement, le petit Flairsou survit pour vous raconter cette histoire. Ma mère a 20 ans, une bouche de plus à nourrir et il faudra laisser de la place au petit Flairsou dans la chambre de 10m2.

Mon père n’était à priori pas trés pressé pour faire les papiers du regroupement familial. La vie parisienne célibataire lui était à priori assez plaisante. Son meilleur ami lui a mis la pression pour sortir ma mère et moi-même du Vietnam. Cette lenteur était d’autant moins compréhensible que la France à cette époque avait une véritable politique volontaire d’accueil des réfugiés vietnamien et cambodgien qu’on surnommait les "boat people".

Les papiers ont pu être fait en 1978.
ma mère de 23 ans quittait sa famille avec une fortune de 20 dollars donné par ses parents et un enfant de 3 ans (moi) et foulait pour la première fois le sol français en 1978.

Pour aller un peu plus loin:
N’hesiter pas à taper "genocide khmer rouge" sur google ou youtube.
2 films pour comprendre un peu ce qui s’est passé à cette période : "la déchirure (1984)" , "d’abord, ils ont tué mon père (2017 actuellement sur netflix)"

Dernière modification par Flairsou (25/12/2021 17h05)

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2    #3 25/12/2021 19h23

Exclu définitivement
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Pour ceux qui voudraient se plonger plus avant dans cette période sombre de l’histoire cambodgienne, je vous conseille également les films de Rithy Panh, réalisateur franco-cambodgien, notamment « L’image manquante », « S21, la machine de mort khmère rouge », « Duch, le maitre des forges de l’enfer ».

Les films de Rithy Panh ont reçu de nombreuses récompenses internationales et permettent de se plonger dans l’atrocité du génocide khmer.


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2    #4 26/12/2021 09h07

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ISTJ

@yamcha

Je ne suis pas totalement d’accord avec vous.

Je dirais que souvent, on force le destin et ça ne vient pas à nous tout seul…

Le mental est primordial dans la réussite.

Combien de fois on m’a dit « mais t.oi , t.u as de la chance »

Mais non, ce n’est pas de la chance!

Je suis parti de rien, simple employé, je n’ai bénéficié d’aucune aide mais je me suis bougé.

Je n’ai pas eu une super rencontre ou un coup du destin…

Ça aurait été plus facile mais malheureusement ça n’a pas été le cas…

J’ai acheté ma résidence principale à 23 ans, puis j’ai renégocier mon crédit, après des années de sacrifice et de travail, j’ai pu faire un remboursement anticipé.

J’avais également fait tout les travaux sur cette maison en autodidacte, en achetant des livres de bricolage ou en apprenant sur YouTube via des tutos

A partir de là, j’ai acquis une compétence dans les travaux manuels.

C’est d’ailleurs à partir de là, que l’idée de devenir artisan m’est venu et que plus tard je ferai une reconversion professionnelle afin de créer mon entreprise. Cela me permettra par la suite de fortement augmenter mes revenus professionnels et booster mon épargne ainsi que ma capacité d’emprunt.

Mon crédit maison remboursé, j’ai investi dans l’immobilier afin de me créer un parc locatif futur.

Pour cela, il a fallu sacrifier de nombreuses journées et week-end pour visiter des biens et dénicher de bonnes affaires.

Ça se fait pas tout seul…

Avec des opérations rentables, j’ai pu enchaîner les achats.

J’ai également revendu récemment mes premiers biens qui s’étaient auto amortis avec les nombreuses années de loyer et j’ai puis investir en bourse de façon conséquente.

Je n’aurai jamais pu le faire sans toutes les étapes que je cite précédemment.

Et oui, tout ça est un cheminement et de longues journées de travail ainsi que de recherche.

Et pas de rencontre miracle dans tout ça, mais juste une envie forte de changer de condition sociale pour moi, ma femme et mes enfants.

Dernière modification par Rick (26/12/2021 09h52)

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3    #5 26/12/2021 11h45

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chapitre 2 : solidarité

Arrivé en France, nous avons été hébergé quelques semaines chez tante N (la soeur ainé de mon père) et ensuite dans une chambre de bonne de 7m2 à Neuilly avec mes parents.
C’est bizarre comme notre mémoire peut être étonnant, j’avais juste 3 ans à l’époque et de temps à autre, j’ai des flashs de ce passé très lointain confirmé par ma mère.
Pour aller aux toilettes, il fallait descendre 4 étages. Ma mère utilisait un pot pour elle et moi si on avait besoin d’uriner. Mais pour des besoins beaucoup plus contraignant, il fallait descendre les 4 étages. Malheureusement le petit Flairsou n’avait pas le temps de descendre et faisait souvent dans sa culotte. lol

Ma mère avait des cours de français pendant 3 mois pour s’intégrer. Mon père et elle ne pouvant me garder, les amis de mon père me gardait dans la semaine et elle venait me récupérer chaque week end.
Il y avait une belle solidarité à cette époque. Je me souviens qu’on allait manger souvent le week-end chez les amis des uns et des autres. je pense que ces liens sont d’autant plus fort compte tenu des souffrances identiques vécus par chacun d’entre eux.
Mais j’avais l’impression que de parler de ce qui se passait au Cambodge était tabou. Mais bon cette impression était renforcé par le fait que je ne parlais pas cambodgien (je parle vietnamien) contrairement à mes parents qui étaient bilingue vietnamien cambodgien.
Je pense que certain d’entre eux n’étaient pas forcément tout blanc non plus. Peut-être, y-avait-il d’ancien Khmer rouge repenti parmi ses amis? peut-être que pour sauver leur peau ont-ils du choisir entre tuer ou être tué ? Bref, il y a beaucoup de fantasmes dans mes interrogations.
J’avais parlé à un cambodgien il ya quelques années qui m’a raconté qu’en fuyant en forêt avec ces compagnons, ils ont trouvé une malette rempli d’or. Ils n’ont rien pris car ça les freinait dans leurs fuites. j’imagine que la priorité dans ce contexte était de vivre  et non pas de s’enrichir. Quand je lui ai demandé si il a dû tuer pour survivre, il a gardé le silence.

Pour en revenir au sujet, ma mère ne cuisinait pas au Vietnam, sa propre mère lui interdisait. Maintenant qu’elle n’est plus avec elle, ma mère a du apprendre à cuisiner pour nourrir sa famille et entre autre le petit Flairsou. Elle profitait des week-ends entre amis pour s’incruster dans la cuisine et apprendre des uns et des autres. Elle avait cette curiosité culinaire principalement lié au fait qu’il fallait nourrir sa famille et rien d’autre. Elle s’est découvert un putain de talent ! Il m’est trés difficile de manger ailleurs, que ce soit en restaurant gastro ou chez des amis et trouver leur cuisine meilleure que celle de ma mère. Apres, je pense qu’on est tous comme ça : la cuisine de maman est la meilleure du monde !

Apres les cours de français, ma mère a aussi obtenu son permis de conduire. Mais le temps pressait. Faire des études à 23 ans en maitrisant à peine la langue et avec un enfant à charge  sans revenu ?je ne sais pas combien d’entre vous ont déjà essayé. Il etait temps pour elle de chercher un travail pour nourrir sa famille.

Mon père était manutentionnaire chez carrefour et passait en même temps son diplome pour devenir maitre nageur.
Ma mère a travaillé au black pour tante N qui avait crée en 1977 une boutique qui vendait des produits asiatiques et des plats à emporter.
La particularité de cette boutique, c’est qu’elle se transformait en restaurant avec 3 tables pliantes et un comptoir qui pouvait recevoir 6 personnes. Cette boutique était ridiculement petite. Elle faisait à tout casser 10 ou 15m2 avec une largeur d’à peine 2mètre. la cuisine ne faisait même pas 1m2 et une seule personne pouvait cuisiner. c’etait à cette époque un des freres cadet de mon père qui était le cuistot.
La boutique ne marchait pas terrible car la cuisine n’était pas top et tante N n’était pas tres investi car elle étudiait en plus pour devenir infirmière.

Mon père a obtenu son diplome de maitre nageur et nous avons déménagé dans la ville de banlieue (où se trouvait cette boutique) car il a été embauché comme maitre nageur dans la piscine de cette ville.
Ma mère a arrêé de traviller au bout de 6 mois pour tante N car elle voulait acheter une maison. Elle était dejà ambitieuse ma mère à cette époque. Mon père a réussi à pistonner ma mère comme caissière pour Euromarché (les anciens de ce forum doivent s’en souvenir.) à 10mn à pied de notre nouvelle résidence. On allait enfin pouvoir habiter ensemble dans un lieu plus décent dans une cité HLM.

Teaser:
vous avez pu voir que j’ai un peu insisté sur tante N et la boutique. Mais vous allez bientôt comprendre pourquoi…

Dernière modification par Flairsou (26/12/2021 16h31)

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2    #6 26/12/2021 19h11

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Bonjour,

Le parcours de votre mère est passionnant. J’ai rencontré beaucoup d’entrepreneur du XIIIème il compte une communauté du sud-est asiatique (Vietnam, Cambodge ) très importante. Après les immigrés de Wenzhou dans le Zhejiang uneseconde grande vague d’immigration, massive cette fois, eu lieu après 1975 suite aux guerres d’ex-Indochine et à la mise en place du régime des Khmers Rouges au Cambodge : ce fut aussi une immigration principalement d’origine chinoise.

En effet, on sait peu que les boat peuple comptaient de nombreuses minorités chinoises habitant l’Indochine comme les Chao Zhou, des Chinois de la diaspora d’Indochine (ils sont dénommés ainsi car originaires lointains de la province du Guangdong au sud de la Chine et parlant le dialecte Chaozhou).

On estime ainsi que 70% des Boat People qui ont quitté le Vietnam étaient d’origine chinoise (parfois cela remonte à plusieurs générations)! Saviez-vous d’ailleurs que la chanson du groupe Gold des années 80 parle des boat people:  «ils ont quitté leurs terres, leurs champs de fleurs, et leurs livres sacrés…».

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2    #7 26/12/2021 19h15

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chapitre 5 : la boutique de tante N

La boutique de tante N se trouve dans un centre commercial régional qui a ouvert en 1974. A l’époque, il n’y avait que des indépendants dans le centre commercial en plus du supermarché Carrefour.
Cette boutique se trouvait dans une des galeries du centre en face de la boucherie Bernard. Je me souviens que c’était une grosse enseigne de boucherie dans les années 80 et j’ai été surpris de voir qu’il reste quelques boucheries avec cette enseigne aujourd’hui.
Bref, comme je l’ai déjà dit, la boutique de tante N devait faire 10 à 15 m2 à tout cassé. Elle faisaint certainement 7à 8 metres de long mais moins de 2 mètres de larges. Ce qui servait de cuisine faisait au mieux 1m2. Heureusement qu’à l’époque, les normes reglementaires dans la restauration étaient moins permissif qu’aujourd’hui.
On y vendait tout type de produits asiatiques: de l’encens, des teieres, des babioles, des soupes minutes en sachets . Il y avait aussi une vitrine de 2 mètres qui vendaient de la nourritures asiatiques : nems, samsa, rouleaux de printemps, etc. Il y avait un comptoir où 6 personnes pouvaient déjeuner le midi sur des tabourets hauts. A midi, la vitrine à roulette était poussé vers l’avant de 1 mètre pour installer 3 tables pliantes. Chaque table pouvait accueillir 4 personnes. En gros, le midi le"resto" était plein avec 20 personnes.
Mais bon, il fallait en vouloir ou la nourriture devait être vraiment bonne pour se motiver à aller manger dans ce type de resto entre le bordel des étagères rempli de babioles asiatiques et la promiscuité des tables, on se sentait un peu serré si ce n’est etouffé.
Pour faire tourner cette boutique, il n’y avait besoin que 2 personnes: Le cuistot et la personne "en salle" si on peut appeler ça une salle. Donc c’etait tante N et son frere cadet qui était en cuisine.

Leur business vivotait sans plus et de plus en plus de contraintes faisaient qu’il nétait plus possible pour tante N de garder cette boutique.  Elle avait réussi son diplome infirmiere et allait bientot être recruté à l’hopital et son frère cuisto s’est acoquiné avec une copine française qui l’a fait pistonner pour rentrer dans un groupe de restauration en compagnie aerienne (servair).

En gros, plus personne était motivé pour faire tourner la boutique. Et c’est pour cette raison que mon père a reçu un coup de fil de tante N (sa soeur ainée).
Mes parents n’étaient pas demandeur. Que ce soit ma mère ou mon père, il n’avait pas de motivation particulière à acheter cette boutique. Mon père était fonctionnaire pour la mairie et avait un métier plutot tres tranquille en tant que Maitre Nageur. Et ma mère se plaisait en tant que caissière meme si elle etait payé qu’au smic. Le métier était tres facile et pas fatiguant du tout.
A l’issue de ce coup de fil, je me souviens encore comme si c’était hier vu que j’habitais dans leur chambre, je les ai vu sauter sur leur lit de joie !
Ils venaient d’acheter une boutique pour 150.000 francs en 1982 (1 euro = 6,54 francs / smic 1982=454 euros/mois)

Le financement en banque ne fut pas difficile car mon père était fonctionnaire et avait un boulot donc sûr, ce qui leur a permis d’emprunter assez facilement à la banque les 150.000 francs. Ma mère devait demissionner de son poste de caissière pour devenir chef d’entreprise à 27 ans.
Le début de son aventure entreprenariale commence…

Analyse du montant du fonds de commerce par rapport au prix actuelle:
De mon oeil d’ancien conseiller pro et de courtier en pret, je dirais que ce type de fonds de commerce vaudrait aujourd’hui en équivalent euro entre 20.000 et 30. 000 euros.

Dernière modification par Flairsou (02/01/2022 18h19)

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2    #8 26/12/2021 20h18

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chapitre 6 : la cash machine

"même pour un million de francs, je ne vends pas ma boutique"
C’est ce que j’ai entendu mon père dire à un de ses collègues lorsqu’il a invité à déjeuner dans la boutique.

En introduction de ce chapitre, je vais faire un petit jeu et me remettre à ma place de conseiller bancaire interrogeant ma mère pour financer sa boutique.
-Alors madame, quelle est votre experience dans la restauration ? j’en ai pas.(enfin j’ai travaillé au noir pendant 6 mois mais je ne vais pas le dire)
-avez-vous un diplome de cuisinière ? non
-avez-vous de l’experience en tant que chef d’entreprise ? non, ce sera ma première entreprise
- avez-vous fait un business plan ? non. je ne sais pas ce que c’est.
-okkkkeyy je vois, qu’est-ce qui fait que vous réussirez ? j’ai un don pour la cuisine. Mon mari et mon enfant adorent ma cuisine. et je suis travailleuse.
- malheureusement, je ne pourrais pas vous accompagner dans votre projet. Desolé madame.

Entre nous, j’aurais refusé de la financer, elle m’aurait sorti de son testament. 😂

Ma mère a embauché une cuisinière vietnamienne relativement agé pour l’épauler dans sa boutique.
En peu de temps, sa boutique est devenu une véritable cash machine !
Les 20 places se remplissaient tres vite. Et les gens faisaient la queue et attendaient pour manger. le directeur du centre commercial en personne faisait la queue dans ce boui boui sans classe. L’essentiel était dans la bouche.
Et je vais vous dévoiler son secret:
elle a un don pour faire de la bonne cuisine mais surtout pour l’adapter au palet des français. On peut faire de la bonne cuisine asiatique mais si le gout n’est pas adapté à la clientèle (trop épicé pour une clientele francaise, pas assez pour une clientèle asiatique) et c’était autant de clients qu’elle pouvait perdre. Elle savait ce qui plaisait à sa clientèle. Et ses clients lui mettaient la pression quand elle n’était pas en cuisine. "ce serait mieux si c’est vous qui cuisinez aujourd’hui. s’il vous plait, remplacez la cuisinière"…

Le revers de la médaille, c’est qu’elle travaillait sans relache. Elle devait être présente 6jours/7 et devait ouvrir aussi les dimanches en périodes de noël.
Mais je crois que c’est un ancien président qui disait : "travailler plus pour gagner plus. En un an, elle pouvait déjà rembourser la totalité de son crédit. L’argent coulait à flot d’autant plus que pendant les 3 premières années, il n’y avait aucune concurrence. C’etait la seule qui proposait de la cuisine asiatique dans le centre commercial et je dirais même plus dans toute la ville. Et si en plus de ça, vous proposez de l’excellente cuisine, c’est le jackpot assuré.

Ma madeleinde de proust:
Tous les mercredis matins mon père m’amenait nager à la piscine municipale. On allait ensuite manger à la boutique. Mais vu qu’il n’y avait aucune place dans la boutique et que je génais le travail de ma mère, celle-ci me donnait de l’argent pour que je fasse une petite partie de jeu d’arcade et que j’aille au cinéma du centre commercial. J’étais comme le gamin de "last action hero" (pour les cinephiles). J’étais pouponné aux films americains des années 80 et aux jeux d’arcades (pacman, pole position). Et c’est peut être à cause de ça qu’aujourd’hui j’ai une collection consequentes de films en dvd et bluray ainsi qu’une belle collectionde jeu video….

PS:
désolé pour les fautes d’orthographes. j’essaierai de les corriger au fur et à mesure.
C’est tout pour aujourd’hui. 😁

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2    #9 27/12/2021 12h23

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chapitre 8 : retour au bercail (ou "retour aux sources". J’hésite pour le titre, n’hésitez pas à me faire des suggestions)

Connaissez-vous un investissement qui vous coûte 20 dollars (150 francs) et qui vous rapporte au bout de 6 ans plus de 30.000 francs ? Et en plus de ça , vous percevez des intérêt annuels moyens compris entre 1000 et 3000 francs ?
Mes grands parents maternels si ils étaient encore de ce monde auraient pu créer une chaine Youtube, vous proposer un livre blanc et une conférence à 1997 euros en vous proposant un coaching mensuel à 197 euros /mois pour vous expliquer leur secret.

Compte tenu qu’ils ne sont plus de ce monde, je vais vous dévoiler en avant première leur secret gratuitement: Investissez en leur fille, ma mère ! lol

Trêve de plaisanterie.
En cette même année 1984 en plus d’avoir acheté sa maison ma mère allait retourner au Vietnam pour la première fois. Et elle a décidé d’amener le petit Flairsou avec elle. Mes parents ont demandé une dérogation à l’école pour que je puisse partir un mois au Vietnam avec ma mère en dehors des vacances scolaires.

Super ! je vais louper l’école et je vais en vacances !
Sauf que ce que je ne savais pas , c’est que ma mère avait besoin d’une valise diplomatique ou je devrais plutôt dire une ceinture diplomatique.

Il faut savoir qu’en cette année 1984, nous sommes seulement 9 ans après la fin de la guerre, le régime communiste a pris le pouvoir et il ne rigole pas.

Vous pouvez faire du tourisme si vous êtes étranger au Vietnam mais si vous êtes vietnamien, c’est totalement interdit ou très très surveillé ! De quel droit pouvez-vous retourner au pays alors que vous l’avez fui, espèce de traitre ! C’est en gros l’état d’esprit des communistes vietnamiens à cette époque.

Sauf que la chance de ma mère et de moi-même, c’est que nous n’avons pas un nom et prénom vietnamien mais plutôt à consonance cambodgien. D’autant plus que ma mère est née au Cambodge. Donc grâce à cette pirouette d’état civil, on pouvait revenir au Vietnam.
Nous avons certainement été l’un des premiers vietnamiens de l’étranger à revenir au Vietnam aussi tôt. Quand j’y repense, je fais parti de l’histoire.

Et pourquoi a-t-elle décidé de revenir au Vietnam ? Tout simplement car elle n’oublie pas que sa famille restée au pays est dans une extrême pauvreté et qu’elle se doit de les aider financièrement. C’était un devoir tout à fait naturelle. Je ne pense pas que cet état d’esprit soit propre à la communauté asiatique, mais c’est propre à tout les enfants de peuple en souffrance.
Il était très difficile d’envoyer de l’argent par la poste sans que les communistes viets ne prennent votre argent et arrive réellement à destination. Le seul moyen de les aider à cette époque était d’apporter l’argent sur place. Désormais ma mère avait de l’argent.

Sauf que le montant en espèce que vous pouvez avoir était très limité (peut-être 5000 francs maxi à l’époque). Mais c’est sans compter l’ingéniosité de ma mère.

Elle achetait en France des produits qui pouvaient se revendre au Vietnam : Je me souviens qu’elle a ramené une Vespa, des médicaments, de l’or, et du tissu noir pour confectionner des pantalons entre autre.
Oui oui, elle est parti à Barbès, chez Tati acheté du tissu qui était indispensable pour faire des pantalons car au Vietnam, d’autant plus à cette époque, il manquait de tout. Je vous raconte pas l’empreinte carbone si ce tissu venait de Chine et revenait au Vietnam…

Et elle s’est servi d’un enfant de 8 ans (moi) pour cacher de l’argent autour de ma ceinture.  Heureusement que les flics m’ont pas attrapé. J’avais pas envie de visiter les geôles vietnamiennes à 8 ans. lol

On s’est donc envolé de France durant la période du Tet (fête du nouvel an vietnamien en février-mars) pour retourner pour la première fois dans ce pays que je ne connais pas.
Et  je suis devenu le témoin privilégié de l’évolution de mon pays avec les nombreux voyages qui ont suivi…

Dernière modification par Flairsou (27/12/2021 17h36)

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2    #10 27/12/2021 19h25

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chapitre 9 : Saigon, mon amour.

Je ne me souviens absolument de rien concernant mon existence pendant les 3 premières années de ma vie au Vietnam. Mes oncles et tantes disent que j’étais l’enfant chéri du quartier et de la famille. Après tout, j’étais le tout premier petit enfant de mes grands parents. Je courais cul nu sous la pluie dans le quartier et j’avais un don pour chanter en vietnamien, parait-il. Ne me demandez surtout pas de chanter car c’est plus possible. J’arrive donc en territoire inconnu.

La première chose qui frappe quand vous arrivez au Vietnam que ce soit en 1984 ou maintenant, c’est la chaleur étouffante, l’humidité et l’odeur particulière de l’Asie (mélange de fruits exotiques et de street food).

Je ne comprenais pas ce qui se passait en sortant de l’aéroport de Saigon (Ho-Chi-Minh-Ville), Je me sentais oppressé par les gens, ils étaient bizarre avec leur chapeau chinois. ça criait, ça parlait fort, j’étais stressé et j’ai pleuré. A peine atterri, j’ai dit à ma mère que je ne voulais pas rester. Je voulais rentrer à ma maison en France. "je ne les connais pas tous ces gens !" Vous avez compris qu’elle ne m’a pas donné le choix…

Nous prenons le taxi et j’arrive dans le quartier de la maison familiale dans une rue étroite et exigu. Tous les voisins du quartier était de sorti, ma mère et moi étions l’attraction du quartier. Des " Viet Kieu"(vietnamiens habitant à l’étranger) arrivaient. On devait être les tout premiers en 1984. Nous étions les bêtes curieuse et de foire. La maison familiale (en location)  ne ressemblait à rien. C’était moche et ça devait faire à tout casser 30m2 entre le rez de chaussé et le 1er étage où se trouvait la chambre à coucher commune. Le plancher de l’étage était pourri et il y avait des trous où je pouvais espionner les gens qui étaient au rez-de-chaussée.
Entre temps, ils n’étaient plus 10 à être entassé car les frères et soeurs plus grand de ma mère habitaient chez leur mari. Mais ils devaient être encore 6 ou 7 à vivre avec les grands parents.
Pour se doucher, on remplissait une bassine d’eau qu’on réchauffait sur la gazinière. Et les toilettes étaient une sorte de trou dans le coin de la cuisine pour faire ses besoins.

Toute la famille était réuni mais je ne savais pas qui était qui avec autant de monde… Bref, j’ai mis beaucoup de temps les années suivantes pour connaître tous les noms de mes oncles et tantes ainsi que ceux de mes cousins.
Pour fêter notre arrivée, la famille avait préparé un repas et j’ai pris un coca. Sauf que le coca n’était pas gazeux, avait un gout sucré et était chaud. Il y avait régulièrement des coupures de courant à la nuit tombée vers 18h. Et il faisait atrocement chaud que ce soit dans la maison ou à l’extérieur.

Le soir, ma mère et moi dormions avec tout le monde à l’étage avec un matelas et une moustiquaire pour nous. De temps à autre, des cafards de la taille de ma main passait entre les matelas. Mais le pire, c’est que ça vole ces drôles de bête immonde !

Les vacances commencent pas terrible…j’aurais peut-être mieux fait de rester à l’école en France avec mes copains, moi.

Les jours suivants nous avons  visités la ville de Saigon avec ma mère.
De mes souvenirs, en 1984, il y avait énormément de vélos, des cyclo pousse nombreux, quelques motos et très peu de voiture circulait. Mais la ville était belle. C’était la période de la fête du Tet et de nombreuses fleurs jonchaient la ville. Et il y avait cet héritage colonial français qui donnait à Saigon énormément de charmes. Ajouter à cela, tout ces vendeurs de rues et les nombreux Street food jonchant les trottoirs créaient une odeur enivrante. Il n’y avait pas de centre commercial comme je peux le connaître avec la boutique de ma mère mais de nombreux marchés installés un peu partout dans différents quartiers. Et ce que j’adorais par dessus tout, c’était les marchands de canne à sucre pressé qui jonchait les trottoirs (j’adore le jus de canne à sucre ! )
Les écoliers étaient tous habillés pareils avec leur tuniques bleus. Et les lycéennes étaient super belles habillés toutes pareils avec leurs longues tuniques blanches (Ao Dai)
Bref, ce mélange détonnant était incroyable et la ville m’avait envoutée en quelques jours.

Une de mes jeunes tantes m’avaient amené avec son petit copain de l’époque au cinéma. Chouette ! Je vais pouvoir regarder les "Gremlins" qui sortaient à l’époque…
Grosse erreur Flairsou !
En guise de cinéma, nous étions dans une salle de 15 m2 dans un immeuble miteux avec une vingtaine de chaises pliantes .En face de nous trônait une télé cathodique de 60 cm de diagonale  avec un ventilateur bon marché qui faisait office de climatiseur. Et ce n’était pas un nouveau film américain de 1984 qui allait être diffusé mais "sur un arbre perché" avec Louis de Funès datant de 1971. Il y avait une voix vietnamienne qui faisait office de doublage pour tous les acteurs du film. Et je me souviens très bien de ce film car j’ai rien compris et surtout les 3/4 du film se passait dans une voiture accroché à un arbre. ça m’avait marqué à l’époque.

Entre temps, je me suis fait des amis de mon âge dans le quartier et on passait des après-midi entières à jouer aux cartes. Je m’étais fait assez vite des copains et je commençais à apprécier mes vacances.
Les cafards, les toilettes archaïques , les douches, les coupures d’électricité ne me posaient plus aucun problème.
Je m’accommodais de tout ces petits tracas au bout de 5 jours et je commençais à adorer mes vacances. Je m’étais trouvé des copains , je buvais de la canne à sucre et je mangeais super bien ! Bon après, je n’ai plus bu de coca de tout le séjour…

Revenons à ma mère.
Ma mère a donné tout son argent et tout les produits à mes grands parents.
Grâce à ce premier gros don, ils pourront acheter un premier petit immeuble de 90-100m2 pour laquelle ma mère a officieusement 50% des parts pour 20.000 francs ( cet immeuble vaut aujourd’hui 600.0000 euros). Au rez-de chaussée de l’immeuble, la famille pourra créer un "café" où les gens pourront déjeuner le matin et prendre un café l’après midi. Ce café a existé jusqu’en 2018. Il y a 3 étages dans cet immeuble et ma mère gardera le dernier étage pour elle et aussi pour moi lorsque je retourne au Vietnam.

1 mois passe vite. Quand l’heure du départ a sonné, j’étais devenu un véritable petit vietnamien. Et j’ai pleuré le jour de mon départ. Mais cette fois-ci parce que je voulais rester au Vietnam pour toujours.

Dernière modification par Flairsou (27/12/2021 21h24)

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3    #11 27/12/2021 21h23

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C’est bien 600.000 euros. Par contre, je me suis trompé sur la surface, le petit immeuble doit faire entre 90et 120m2.
Le prix est juste dans le sens où il devait être vendu à ce prix là en 2018. il y a un litige encours que j’expliquerai plus tard. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le nombre de m2 habitable n’est pas super important car la construction n’est pas si cher au Vietnam. Par contre l’emplacement et la surface au sol sont super important surtout pour faire du business.

Un autre point très important, c’est que l’immobilier ne valait rien en 1984, vu que la très grande majorité des vietnamiens étaient très pauvre à la sortie de la guerre et le Vietnam faisait partie des pays les plus pauvres du monde à cette période.

Il faudrait que j’arrive à retrouver les chiffres mais ma mère a dû apporter en argent l’équivalent de 20 à 30 ans du revenu moyen annuel d’un vietnamien en 1984.

Dernière modification par Flairsou (28/12/2021 07h56)

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3    #12 28/12/2021 10h19

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chapitre 10 : Viet Kieu

"Viet Kieu" est un terme qui désigne les vietnamiens vivant à l’extérieur du pays.
Dans la bouche d’un vietnamien, ce mot a une connotation négative, péjorative voir insultante suivant l’intonation de la voix.
Pour les vietnamiens, il désigne les "lâches" exilés politiques qui ont fui le pays alors qu’eux sont restés.
Il désigne aussi ces vietnamiens qui ont réussi à l’étranger et qui sont venus étaler leur richesse en rentrant au pays.
Et les vietnamiens sont d’autant plus haineux à l’égard des hommes Viet Kieu car les vietnamiennes sont attirés par le Viet Kieu quelque soit la "beauté" extérieur de ce dernier.
Pour la vietnamienne, c’est une chance de pouvoir épouser un Viet Kieu pour partir à l’étranger et sortir de la pauvreté. Les familles favorisent le mariage avec les "Viet Kieu" pour cette raison.

De ce fait, les relations amicales ou familiales entre Viet Kieu et Vietnamiens sont souvent biaisés et faussés.
D’autant plus qu’il y a quoi qu’on en dise une différence culturelle entre un Viet Kieu et un Vietnamien et je suis très bien placé pour en parler.
J’ai fait toute mon éducation en France, je pense et je réfléchis en français en gros, je suis une "banane" (terme aussi utilisé pour désigner un asiatique de l’étranger : jaune à l’extérieur et blanc à l’intérieur).
Et forcément, j’ai une différence culturelle avec mes cousins vietnamiens.

En France, par exemple quand on va au restaurant entre amis, chacun paie sa part. Au Vietnam (et en Asie), c’est la personne qui fait l’invitation qui paie pour tout le monde. Et lorsqu’il y a un Viet Kieu à la table, c’est systématiquement lui qui doit payer. C’est pas bien gênant et pas très grave si c’est une fois de temps en temps. Par contre, ça devient fatiguant, quand on invite le Viet Kieu trop souvent de manière intéressé.

Les relations sont vraiment pas simples entre Viet Kieu et Vietnamien :
Si on paie systématiquement, les vietnamiens peuvent considérer qu’on étale notre richesse simplement car on a eu la chance de partir à l’étranger.
Si on paie pas assez, ça veut dire qu’on est radin.
Mais le Viet Kieu est tout aussi fautif, en tout cas certains. Il est vrai qu’un certain nombre de Viet Kieu lorsqu’ils rentrent au Bled veulent montrer qu’ils ont réussi et se vantent de leur réussite pour sortir avec des vietnamiennes facilement. Il y a des Viet Kieu avec de vrais réussites, mais plus de la moitié qui rentrent au Vietnam ont fait un crédit à la consommation pour flamber alors qu’à l’étranger ils sont payés l’équivalent d’un smic.

Bref, trouver un juste milieu pour considérer les gens pour ce qu’ils sont et non pas en tant que Viet Kieu est quasiment impossible.

Ma mère et moi étions historiquement peut-être les premiers "Viet Kieu" à rentrer au pays d’autant plus du caractère très contraignant mis en place par le régime communiste à l’époque.

En 1985, mon père était peut-être le troisième Viet Kieu à venir au Vietnam. Et il a découvert le paradis sur Terre. Il était l’un des premiers Viet Kieu homme à rentrer au Vietnam avec tout son argent (en tout cas il a ramené l’argent gagné par ma mère) pour donner à la famille. Mon père, du haut de son mètre 60 était certainement considéré par les vietnamiennes comme l’homme le plus beau du Vietnam. Et il a bien profité de ce statut de Viet Kieu, peut-être trop (mais on parlera de ça plus tard).

Mais il était aussi venu au Vietnam pour épouser une de mes tantes avec la bénédiction de ma mère… (je sais que vous attendez la suite avec impatience avec ce cliffhanger)

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4    #13 28/12/2021 18h18

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Chapitre 12: La sœur modèle

Les 2 personnes que ma mère a hébergé (tante et nièce d’une amie) nous ont quitté pour partir en Australie en 1985. J’étais vraiment très triste à leur départ et le pire c’est que je n’ai plus du tout de nouvelle de cette fille qui a vécu avec moi pendant 3 ans et que je considérais comme ma soeur. 

Ma tante L les a remplacé en habitant à la maison.
Ma mère et mon père ont quasiment tout le temps hébergé du monde à la maison (soit les soeurs de ma mère, soit des "amis") jusqu’en 1991. La maison était pleins de vie, c’était chouette.

Tante L a longtemps vécu avec nous entre 1985 et 1989 et que ce soit tante L et les autres tantes et l’oncle, ma mère les a tous formés à la restauration en travaillant au restaurant.
Sur les 5 personnes qui sont arrivés en France, 3 tantes sont devenus restauratrices, une tante est  mère au foyer et l’oncle est salarié.

Les 3 tantes ont toutes réussies dans la restauration et ont toutes très bien gagné leur vie. elles sont toutes propriétaires de leur maison et ont des investissements locatifs en France et au Vietnam.
Elles ont suivi le modèle de ma mère et ont toutes ouvert leur restaurant dans les centres commerciaux.
Avant les années 2000, c’était à priori le bon plan pour bien gagner sa vie d’ouvrir un resto asiatique en centre commercial. Elles ont "damé le pion" aux amis de ma mère présent en France depuis bien plus longtemps qu’elles.
Je pense aussi que ma mère était une excellente formatrice. wink

Celle qui a le mieux réussi et qui doit certainement dépasser le patrimoine de ma mère aujourd’hui, c’est tante L qui avoue elle-même cuisiner beaucoup moins bien que ma mère.
Elle a aujourd’hui 2 restaurants dont un tenu désormais par son fils qui lui crée une rente bien méritée. Et quand je vois comment il gagne bien sa vie, je me dis que j’aurais peut-être du faire pareil. lol

J’ai énormément d’affection pour tante L (j’ai d’ailleurs déjeuné avec elle ce dimanche) car elle est restée longtemps chez moi et c’est la seule soeur qui est restée fidèle à ma mère.

Une petite anecdote "marrante" raconté par le mari cambodgien de tante L (qui a vécu avec nous aussi) qui est resté entre 1975 et 1979 en camps de réfugié en Thaïlande :
Il habitait près de la frontière Thaïlandaise et pour fuir les Khmers rouges, il est parti en Thaïlande en 1975. Mais ces vicieux de Khmers rouges attendaient les cambodgiens près de la frontière pour les mitrailler. heureusement, il s’en est sorti et est resté pendant 4 ans en camps de réfugié attendant la fin de la guerre. Dans le camps, Il y avait plusieurs bureaux de pays étrangers pour faciliter le départ des réfugiés cambodgiens :  Il y avait un bureau US, un Bureau canadien, un bureau australien et un bureau français. Tout le monde se précipitait sur les 3 bureaux sauf celui de la France qui était désespérément vide car personne voulait y aller. Même aujourd’hui, les immigrés préfèrent partir aux USA.
Mon oncle comme beaucoup d’autres cambodgiens ne voulaient pas partir en attendant la chute du régime des Khmers rouges. A la chute du régime Khmer par les vietnamiens, la rumeur disait que les viets était aussi pire que les Khmers. A choisir entre la peste et le choléra, ils se sont tous précipités sur le bureau français en 1979 ! lol

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2    #14 29/12/2021 17h33

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Chapitre 16 : le fils modèle (?)

"Garder votre enfant. Elle vous apportera chance et richesse comme vous n’en avez pas eu jusqu’à présent." une voyante

Quand ma mère a un doute ou une décision importante à prendre, elle a l’habitude d’aller voir une voyante une à deux fois par an pour essayer de se rassurer. Elle m’a donné aussi ce virus et il m’arrive de consulter une voyante à chaque nouvelle année asiatique.

Ma petite soeur est née en septembre 1987.
Mes parents étaient content. Ils avaient un fils et une fille.
Et ma mère a vite repris ses esprits. La "Tiger mom" avait ressorti ses griffes.

Le petit Flairsou est devenu un adulte maintenant.
J’avais 12 ans en 1987 mais à l’échelle de parents asiatiques, les enfants sont capable de travailler à la mine à cet âge. lol

Donc ma Tiger mom avait édicté ses 7 commandements au Padawan Flairsou:
- quand j’aurais besoin à la boutique, vous irez
- votre petite soeur, vous garderez
- A la crèche chaque jour la chercher, vous irez
- chaque soir à manger, vous lui donnerez
- a chaque popo sa couche, vous changerez
- Chaque mercredi et samedi le ménage à la maison, vous ferez
- Naturellement, pour vos devoirs, vous excellerez

Je vous l’ai pas dit,, mais depuis que j’étais devenu "adulte" en rentrant au collège en 6e, je commençais déjà à aider ma mère à la boutique pour vendre les plats à emporter le midi quand je n’avais pas cours. Je l’ai fait de mes 11 ans à quasiment mes 35 ans de manière ponctuel. Et naturellement, je n’ai pas cotisé pour la retraite pour cette tâche. :p

Et j’ai dû suivre ses commandements quasiment jusqu’à mes 15 ans. 
Heureusement que "Olive et Tom, Jeanne et Serge, Dragon Ball" m’ont accompagné durant ses commandements. Je faisais faire un sprint à ma petite soeur avec sa poussette de la crèche jusqu’à la maison pour ne pas louper un seul épisode à la télé.

Pour le ménage de la maison, je devais tous nettoyer du rez-de-chaussée aux chambres en passant par les toilettes. Je me souviens qu’à l’époque sortait "Karaté Kid" et je suivais les instructions de Maitre Miyagi en faisant des ronds avec mon chiffon mouillé quand je nettoyais les escaliers. Je ne suis pas devenu karatéka pour un sou. :p
Par contre, en peu de temps, je maitrisais l’art du changement de couche et le nettoyage de popo.

Et j’avais comme argent de poche si je respectais scrupuleusement ses commandements 50 francs/semaine alors que certains de mes camarades avaient le double uniquement en jouant à la console NES (grrrr)

Elle a trouvé la solution pour gérer le nouveau restaurant avec un nouvel enfant en bas âge en la personne de Flairsou.
La voyante lui a raconté n’importe quoi. C’est Flairsou qui la rendrait riche. lol

Dernière modification par Flairsou (30/12/2021 11h41)

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2    #15 30/12/2021 12h06

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Je vous dirais bien d’aller au restaurant que ma mère a vendu, la nouvelle patronne y fait plutôt de la bonne cuisine mais je risque de griller ma couverture. :p

A Paris 13, pour le Pho, je vous conseille Pho 14. Et sinon les restaurants vietnamiens dans cet arrondissement sont plutôt très bons dans l’ensemble. Mes parents allaient particulièrement à un restaurant viet mais je crois qu’il est fermé.

Si vous voulez manger le banh mi Vietnamien qui est considéré comme le meilleur sandwich du monde, je vous conseille "Khai Thi" toujours à Paris 13 qui est une sorte de bilbiothèque vietnamienne qui vends des sandwichs  que je considère les meilleurs de Paris entre midi et 14h.
Je n’ai pas eu le temps de vous parler des sandwichs viets qui sont une tuerie et qui n’ont absolument rien à voir avec le très fade jambon beurre.
Ma mère n’en faisait pas dans son resto car ça demande vraiment beaucoup de travail mais elle m’en fait régulièrement à titre perso  (et forcément, c’est une tuerie) et si elle était plus jeune, je la pousserai à créer une franchise.

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2    #16 30/12/2021 15h06

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Chapitre 18 : Chintok !

Chintok ! Face de Citron ! Bol de riz !

Dans mes souvenirs, je n’ai pas subi de racisme ou en tout cas d’injure raciste qui m’a marqué quand j’étais enfant.
Comme je l’ai évoqué, j’ai vécu une grande partie de mon enfance en cité HLM où il existait une vraie mixité culturelle et de nationalité : il y avait des arabes, des africains, des européens et des asiatiques dans la cité. On se chambrait peut-être entre gamins mais rien de véritablement haineux ou volontairement méchant.
A mon sens, les choses ont changé quand les européens (français de souche, d’origine portugaise, espagnole, italienne) sont petit à petit sortis de la cité avec les asiatiques.
Je ne fais pas de politique donc je ne pourrais pas dire ce qu’il faut faire pour habiter dans un monde meilleur  mais ce qui est sûr, c’est que le communautarisme exacerbé, le repli sur soi et notre manque d’ouverture d’esprit n’aident pas à vivre en harmonie.

Le racisme, j’ai commencé à l’entendre et à le subir vraiment quand je suis devenu adolescent. Est-ce aussi lié au fait que je comprenais mieux ce que les gens disaient ? je ne sais pas. Fort heureusement, Ce n’était pas tout les jours, mais ça fait toujours mal quand on le subit.
Même si j’étais un peu turbulent et que je méritais mes punitions, j’avais une enfance plutôt heureuse. L’adolescence s’est quand même un plus compliqué pour ma construction personnelle. J’avais une certaine rage quand je subissais le racisme et je répondais. Mais je n’étais pas fou non plus, si ils étaient plus de 2 ou plus costaud que moi en face, je traçais mon chemin et je fermais ma bouche de rage. Il peut m’arriver de subir de temps à autre aujourd’hui encore un racisme insidieux, mais je n’y prête plus trop d’attention de manière générale.

Ce que je regrette un peu, c’est que les médias se font fort écho du racisme ou injustice subi par d’autres communautés (africaines ou arabes par exemple), mais très peu lorsque ça concerne la communauté "docile" asiatique. Ce n’est pas parce que la communauté asiatique ne se manifeste pas qu’elle n’en est pas moins affecté. Pour avoir eu comme client en banque, l’un des anciens présidents de SOS Racisme, je comprends mieux l’inutilité de ces gens là.
Le racisme anti-asiatique aux yeux de l’opinion publique est vu comme moins grave . Il est banalisé car l’asiatique ne se manifeste pas , ou fort peu. Mais peut-être que cet asiatique a tout autant mal, et par l’éducation de sa tiger mom , on lui a appris à ne pas répondre par la violence, ni par des insultes.
Je ferme juste cette parenthèse.

Bref, ma mère qui parlait moins bien français l’a aussi subi, des fois de manière insidieuse et non pas frontal. Du fait qu’elle parlait moins bien français, les gens en face se sentaient supérieur à elle à certain moment, que ce soit des caissières au supermarché (j’étais avec elle) ou des banquiers entre autre. Quand elle disait aux banquiers que son fils faisait le même métier qu’eux, ça les calmait tous. Elle a subi aussi ce racisme insidieux avec certains clients indélicats ou tout simplement mal élevé mais elle prenait souvent sur elle vis à vis des clients.

Mais le pire dans tout ça, ce ne sont pas ses étrangers "racistes" qui pouvaient la blesser, je pense que ce qui pouvait la blesser c’était surtout moi.
Moi, la banane (jaune à l’extérieur, blanc à l’intérieur) qui avait honte adolescent de son manque de maitrise du français quand elle parlait aux gens. Moi, la banane qui la reprenait régulièrement sur sa façon de m’éduquer ado. Moi qui lui disait systématiquement "je sais, je sais" sans l’écouter réellement.

Et pourtant, ma mère parle cambodgien, le vietnamien et le français. Ma mère a monté un business qui fonctionne. Et je parle aussi bien vietnamien que ma mère parle français, c’est à dire très mal mais tout comme elle, je comprends ce qu’on me dit lorsqu’on se fout de  moi. J’aurais dû la comprendre bien mieux.

Bref, plus jeunes, je ne valais pas mieux que ce banquier qui prenait ma mère de haut.
Et si il y a bien une personne qui mérite de m’insulter de "Chintok", c’est ma mère.

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Favoris 1    1    #17 30/12/2021 15h21

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Excellent et passionnant récit. Je signale juste une petite lacune : quand se sont mariés vos parents ? Dans quel pays ? Mariage civil et religieux ? Comment ont réagi les familles ? Votre mère était-elle déjà enceinte, ce qui a hâté le mariage ?

Dans votre récit, vous passez de vos parents qui se fréquente à votre mère qui tombe enceinte, puis à votre père qui part à Paris avec sa propre famille, sans passer par la case mariage.

EDIT suite à l’information apportée sur ma réputation. Si vos parents n’étaient pas mariés quand ils ont quitté leur pays, ça change pas mal de choses :
- vraiment, votre mère est tombée enceinte alors qu’ils n’étaient pas mariés ? Les familles n’ont-elles pas alors forcé le mariage, au moins religieux, compte tenu que la morale et la réputation réprouvent un enfant hors mariage ?
- si vos parents n’étaient pas mariés, votre père n’avait aucune obligation de reprendre la vie commune. Vos parents et leurs familles auraient très bien retenir un truc du genre "certes, il a fait un enfant à un flirte de jeunesse. Mais bon, la vie les a séparés ensuite, alors maintenant, la mère célibataire (et d’origine trop modeste) n’a qu’à se démerder toute seule".

Je veux dire que la composition du couple et son caractère officiel ou non, puis la recomposition une fois arrivés en France, sont loin d’aller de soi !

Sinon, sur votre dernier message : tous les enfants dédaignent leurs parents, particulièrement à l’adolescence. Vous n’avez pas à vous stigmatiser de n’avoir pas assez écouté, respecté, (ou que sais-je d’autre) votre mère, car vous avez fait comme tous les ados ! C’est une étape normale de la construction : on rejette ses parents, tout ce qu’ils font paraît nul, has been, etc. Et quand on vieillit, on les comprend mieux et on réalise que ce qu’ils faisaient et disaient n’était pas si nul que ça ! C’est comme ça.

Dernière modification par Bernard2K (30/12/2021 18h27)


Il faut que tout change pour que rien ne change

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3    #18 31/12/2021 08h31

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Flairsou, le 29/12/2021 a écrit :

Chapitre 16 : le fils modèle (?)

Elle a trouvé la solution pour gérer le nouveau restaurant avec un nouvel enfant en bas âge en la personne de Flairsou.
La voyante lui a raconté n’importe quoi. C’est Flairsou qui la rendrait riche. lol

Avec tout le respect que j’ai pour votre parcours familial, je me pose des questions sur ce point. C’est un sujet qui m’intéresse de par ma profession (professeure des écoles).

C’est quelque chose que je vois de façon constante chez les personnes très investies dans leur travail : les enfants sont élevés n’importe comment. Ou plutôt, ils ne sont pas élevés de manière efficiente, selon mes critères de professionnelle de la petite enfance de culture occidentale. (Parce que, à l’échelle du monde, des millions d’enfants bossent d’une façon ou d’une autre, très jeunes, et ça n’empêche pas le monde de tourner).

Mais quand même… Ce que je remarque, dans ces familles, c’est que la construction affective des enfants est bancale et ne permet pas un continuum familial. (Je ne parle pas de la cassure de l’adolescence. Comme le dit B2K, ça, c’est tout à fait normal.) Mais les enfants, dans ces familles, ont des parcours adultes assez décapants : rejet des études, addictions, vie affective difficile, santé difficile. Ils ont une vie riche (en France, on vit bien) mais absolument pas en continuité avec ce qu’ont fait leurs parents. Pas de capitalisation générationnelle.

Je vois que vous n’êtes pas en reste. Un redoublement au lycée (alors que le reste de votre parcours ne montre pas de grosses lacunes), poker à Las Vegas (alors que vous savez qu’il faut, pour certains, tout une vie pour amasser un peu d’argent), rupture avec Madame…

Je suis une vraie fleur bleue et j’aime que mes théories les plus noires soient invalidées. Votre parcours de vie ne me rassure absolument pas de ce côté là. C’est assez compliqué d’expliquer cela par forum interposé… De plus, cela nécessite d’attaquer les parents, ce qu’un enfant refuse de la part de quelqu’un d’extérieur. Je vous souhaite, néanmoins, de trouver une vie apaisée et à la mesure de votre personnalité.

🌲🎅🌲🎅

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3    #19 31/12/2021 19h55

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Flower a écrit :

C’est quelque chose que je vois de façon constante chez les personnes très investies dans leur travail : les enfants sont élevés n’importe comment.

Je ne prétends pas disposer des mêmes éléments d’expérience sur un sujet dont la pertinence de vos interventions montre la qualité de votre expertise.
Mais je vous trouve bien catégorique dans cette affirmation qui laisse supposer le caractère systématique de la corrélation. Peut etre la qualificatif de "fréquemment" ou "communément"  serait plus adapté que "de façon constante".
Pour ma part je vois "fréquemment" dans mon entourage familial ou social  des familles hyper investies, par choix ou par contrainte, dans leur travail et dont l’éducation de leurs enfants reste une priorité.
Je trouve même que cet investissement familial, malgré les contraintes professionnelles, est souvent apprécié par les enfants comme étant exemplaire. J’ai la naïveté de croire à la force de l’exemplarité en matière d’éducation et au quasi atavisme de cette vertu.
J’ajoute que ces caractéristiques ne sont pas nécessairement liées au statut social, ou au lieu de résidence (urbain ou rural). Je vois des entrepreneurs, des indépendants, des artisans, mais également des agriculteurs , comme mon voisin en Normandie. Parfois (souvent) les 2 conjoints travaillent. Eventuellement ce sont même des familles mono parentales.
Le meilleur ami de ma fille  en prépa était un jeune franco-marocain, fratrie de 2 garçons élevés par la maman , le papa ayant laissé tomber tout ce petit monde après la naissance du cadet. La maman travaillait au service nettoyage d’une société, faisait des ménages chez des particuliers et du repassage à domicile les week-end. Elle veillait à l’éducation de ses garçons, surveillait leurs relations. L’ainé était boursier et faisait le veilleur de nuit dans des hôtels. Les deux ont fait des études brillantes,  ont des emplois à très hauts revenus, des familles et des enfants remarquablement élevés et éduqués. La Maman est âgée et bien sûr bichonnée par tout ce petit monde. L’exemple de la mère et la volonté de lui témoigner leur reconnaissance au travers de leurs propres réussites professionnelles et familiales est un sujet de discussion quasi systématique lors de nos rencontres épisodiques.

Je suis une vraie fleur bleue et j’aime que mes théories les plus noires soient invalidées.

Je suis un peu comme vous. J’espère avoir contribué sinon à l’invalider , du moins à relativiser celle que nous évoquons.  smile
Bon réveillon à ceux qui ont encore l’opportunité de pouvoir le faire.

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2    #20 02/01/2022 10h51

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INTJ

Bonjour,
J’ai du respect pour votre histoire Flairsou, mais je suis aussi bluffé par la puissance d’une histoire, du  "Storytelling" avec vos dizaines de points de réputations gagnés nous pouvons avoir une idée de ce qui peut animer la foule c’est stupéfiant et enrichissant et très utile pour ceux qui aiment entendre les petites histoires mais aussi pour ceux qui veulent avoir un idée de ce que ça provoque comme sentiment chez les gens.

Mercii sincèrement d’avoir relater votre expérience.

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2    #21 02/01/2022 11h14

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Flower, le 31/12/2021 a écrit :

C’est quelque chose que je vois de façon constante chez les personnes très investies dans leur travail : les enfants sont élevés n’importe comment.

Pour ma part j’ai plutôt l’impression de voir l’inverse dans bien des familles de mon entourage, des parents qui "se laissent aller", les enfants livrés à eux-même ( j’évite volontairement le cliché "en bas des tours" ) pendant que maman mate le dernier épisode des marseillais et papa joue à FIFA avant d’aller au bistrot. Aucun investissement dans les devoirs, intérêt pour la culture générale la plus basique proche du néant….Pas le meilleur exemple d’épanouissement à mon avis.

Je ne discute aucunement votre avis, je tenais juste à vous opposer mon ressenti même si certains risquent de crier au flagrant délit de caricature réac’.

Mais vous avez peut-être raison, c’est sûrement ce nouveau mode de l’éducation à l’occidentale qui semble devoir s’imposer.

Bon dimanche

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3    #22 18/01/2022 20h22

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chapitre 40 : réconciliation

Cela faisait quasiment  20 ans que je n’avais plus revu mon père. Enfin quand je dis ça, j’exagère un peu.
Peu après mon mariage, il avait rencontré ma femme au Vietnam sans que je le sache. C’est ma femme qu’il me l’avait dit et je me souviens que j’étais très énervé contre elle quand je l’ai su. Mais avec du recul, je pense qu’il voulait voir sa belle fille et qu’il était triste de ne pas avoir été invité au mariage.
Je l’avais revu en 2006  quand ma mère m’a prévenu d’une opération chirurgicale relativement grave qu’il avait subi. Je l’avais revu aussi en 2008 à l’enterrement de tante N.
Mais il était pour moi complètement sorti de ma vie.

La réconciliation a eu lieu véritablement en fin d’année 2013. Et c’est ma mère qui en est l’initiatrice. 
C’est elle qui m’avait parlé du don de la voiture que mon père avait fait au temple ( cf chapitre 20) et ça m’avait fait cogité. Je me suis rappelé qu’il avait aussi de très bon coté et qu’il pouvait être vraiment généreux.
Malgré le divorce, elle m’avait dit qu’il restait mon père quoi qu’il arrive et de toute façon je ne peux rien y changer. Il fallait passer outre les rancœurs du passé.
J’ai pris l’initiative de l’appeler pour lui proposer de diner ensemble au restaurant avec ma soeur. J’avais fait le premier pas.
Je pense qu’il n’attendait que ça. Mon père comme moi avons de la fierté qui peut des fois être très mal placé, surtout lui.
Et puis peut-être qu’intérieurement, je me suis dit qu’il fallait que je lui montre que je n’étais pas devenu un minable sans lui.

Mais ce qui est sûr et certain, c’est que ma mère a encore des sentiments à son égard. Elle ne m’aurait jamais convaincu de le revoir si ce n’était pas le cas. D’autant plus qu’en 2015 pour fêter ses 60 ans, mon père m’avait invité avec ma soeur et ma mère qui n’était pas invité lui a offert un cadeau.

Cette réconciliation a été réellement acté en 2016. Avant de quitter le salariat, je suis parti un mois au Vietnam et il partait à la même  période que moi. Il m’a proposé de venir à sa maison près de la plage à Nha Trang et j’ai accepté en me disant que j’allais juste rester une semaine et partir ensuite éventuellement au Cambodge. Finalement, je suis resté 3 semaines dans sa maison.

Mon père à 61 ans est resté très sportif. Dès le lendemain de mon arrivée à Nha Trang,
il m’a obligé à me lever avec lui à 6h du matin pour aller nager en mer.
Le premier jour, je me suis dit qu’il était fou et j’étais en vacances pour me reposer, pas pour me lever plus tôt que pour aller au travail  Mais je l’ai suivi en étant pas forcément content et encore endormi.
J’appréhendais un peu car  à l’époque j’aimais pas trop nager en eau libre. Je suis traumatisé par "les dents de la mer" et surtout les méduses qui pouvaient piquer. Surtout qu’il m’avait raconté être resté plus d’une semaine à l’hôpital à cause d’une piqure de méduse.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à 6h du matin, il n’y a pas de vague à Nha Trang , la mer est plate comme une piscine sauf qu’il fait plus de 30 degré dans l’eau. Donc c’est super agréable de nager malgré l’heure matinale.
Les vietnamiens se lèvent entre 5h et 6h du matin avant d’aller travailler pour faire du sport (Tai chi, musculation, courir).
Ils se lèvent aussi tôt car la chaleur est encore supportable mais il y en avait aucun qui osait nager à cette heure matinale. Il y avait 2 viet kieu un peu fou qui longeait la côte pendant quasiment plus de 2 km en nageant. Ma nage était un peu rouillé et forcément il était loin devant moi le premier jour. J’ai apprécié ce premier jour et je me suis dit "bonne expérience", "super sympa". Sauf que lui il allait tous les jours nager à cette heure matinale et donc j’ai du l’accompagner chaque matin. Et plus je nageais, plus j’étais accro et je commençais à le rattraper petit à petit.
La récompense une fois qu’on arrivait au bout de la côte, c’était de se reposer sur le sable, de faire des étirements avec en face de nous le lever du soleil et le bruit des vagues. J’étais au paradis.
Et chaque fois qu’on finissait notre séance de sport, on allait prendre un petit déjeuner dans un des street food du marché . C’était notre routine matinale.
J’étais tellement accro à cette routine matinale que lorsque je suis resté seul dans sa maison pendant une semaine( car il devait rentrer en France et m’avait laissé à disposition sa maison) j’ai continué chaque matin cette routine tout seul en me levant à 6h du matin.
C’était vraiment des moments très fort de nager ensemble chaque matin au Vietnam et je m’en souviendrais toute ma vie.

Aujourd’hui, on se parle normalement car il habite  toujours dans la même ville et on se voit de temps à autre. La relation n’est pas totalement comme avant, mais elle s’est apaisé, surtout de mon côté.
Même si ce n’est pas évident et je suis bien placé pour le savoir, si vous avez des rancunes tenaces légitimes (ou pas) à l’égard des membres proches de votre famille, apprenez à mettre de l’eau dans votre vin car vous risquez de le regretter à un moment donné. J’ai mis presque 20 ans pour mettre de l’eau dans mon vin. Il n’est jamais trop tard.

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3    #23 20/01/2022 19h33

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chapitre 41 : trahison(s)

En introduction de ce chapitre, je vais vous raconter 2 histoires.
La première histoire concerne mon père.
Dans les années 80, il était revenu au Cambodge et un de ses "très bons amis" cambodgien sans le sou lui a proposé de s’associer pour acheter un terrain à 10.000 dollars, ce qu’il a fait. pour rappel, on sortait de la dictature des Khmers rouges et tous les gens intelligents et riches ont été exterminés durant le génocide, personne n’avait de l’argent. Quelques années plus tard, avec la flambée des prix, le prix du terrain acheté quelques années plus tôt a été multiplié par 20. Mon père voulait récupérer sa part du gâteau. Sauf qu’à l’époque, mon père avait soi-disant mal compris le deal. Son "ami" cambodgien lui avait juste demander un prêt sans intérêt et rien d’autre… Il a récupéré ses 10.000 dollars alors que son ami s’est considérablement enrichi.

La deuxième histoire concerne la famille de ma belle mère.
En 2001, j’avais rencontré toute ma belle famille et notamment la grand-mère de ma femme. Elle était à l’époque très mal en point. Elle avait des difficultés à marcher et elle était presque aveugle.
Mis à part ma belle mère, le reste de sa famille (oncles et tantes) était relativement pauvre. La grand mère par contre avait comme unique fortune quelques hectares de terrain dans la ville de Thu Duc qui ne valaient rien dans les années 80. Sauf qu’en ce début des années 2000, les prix des terrains proche de Saigon ont flambé surtout que la ville Thu Duc faisait parti des arrondissements de  la capitale économique et il y avait encore beaucoup de place pour des constructions immobilières.
Un des oncles de ma femme s’occupait de la grand-mère dans une petite maison d’une de ses parcelles de terrain. Je trouvais l’oncle plutôt gentil. En revenant l’année suivante (2002) voir ma futur femme, "le gentil oncle" est devenu persona non grata au sein de sa propre famille et ses frères et soeurs lui font désormais la guerre. Que s’est-il passé en 1 an ? Et bien le gentil oncle, profitant de l’handicap de sa mère (donc la grand mère de ma femme) lui a fait signer tout un tas de document qu’elle était incapable de lire. Ces documents donnaient tout simplement le titre de propriété des nombreux hectares de la grand mère à un seul de ses enfants, le "gentil oncle". Grace à ce transfert de propriété, le "gentil oncle" est devenu du jour au lendemain millionnaire en dollar et spoliant par la même occasion tout ses frères et soeurs. Le gentil oncle savait que le gouvernent vietnamien voulait racheter ses terres et a revendu à prix d’or l’ensemble des terrains.

La troisième et dernière histoire concerne ma mère.
Elle avait acheté ce fameux immeuble avec le café à Saigon pour quasiment rien (20.000 francs) dans les années 80. Mais au fil des années, le prix de l’immobilier a fortement grimpé dans la capitale économique du pays.
L’immeuble en lui même vaut que dalle. La construction au Vietnam ne coute pas chère. Les vietnamiens préfèrent détruire et reconstruire. L’immeuble de ma mère au bout de plus de 30 ans était très vétuste.
Il y a deux éléments importants qui font le prix d’un bien immobilier au Vietnam et surtout à Saigon. La surface au sol et l’emplacement. Vous me direz que l’emplacement, c’est quelque chose de classique. La subtilité, c’est que si vous souhaitez faire du business, un immeuble qui se trouve en croisement d’une rue vaut beaucoup plus chère qu’un immeuble mitoyen. Et par chance, elle avait acheté ce type d’immeuble en croisement.
Les viet kieu et les étrangers , que ce soit au Vietnam ou dans les autres pays d’Asie ne peuvent pas être propriétaire de terrain (uniquement des appartement en condominium pour une durée limité). C’était l’un de ses frères qui en était officiellement propriétaire.
Elle avait fait un deal avec son frère cadet, très gentil au demeurant.  il y habitait gratuitement avec sa famille (plus de 30 ans donc). Il était propriétaire à 50/50 avec ma défunte grand mère. Et il aurait 50% de l’immeuble si un jour ma mère décidait de le vendre.
Mais en 2018, son chère frère a vendu l’immeuble sans avertir ma mère pour le prix de 600.0000 dollars. Ma mère ayant eu l’information a pu suspendre de justesse la vente avec l’aide de certains de ses frères et soeurs. Sauf que certains autres étaient de mèche avec mon gentil oncle, et notamment une de ses soeurs que ma mère a amené en France.  Ma mère a aidé sa soeur (donc ma tante) a monté un restaurant en France. Sa soeur n’a pas d’enfant et continue à travailler. Donc contrairement à ma mère, elle envoyait encore de l’argent au Vietnam et peut-être que certains de ses frères et soeurs pensent qu’ils auront une partie du magot à son décès (je sais, je me fais des films…).
Sa sœur voulait faire de cet immeuble un centre esthétique, business qui a l’air de bien fonctionner au Vietnam.
Ma mère a engagé un avocat pour contester la vente. En gros, les 50% de ma grand mère est censé faire l’objet d’une succession (donc ne peut être vendu sans l’accord des héritiers) et certains de ses frères et sœurs sont prêt à restituer la somme à ma mère si ils gagnent le procès toujours en cours.

Ma mère était en colère, ce qui peut se comprendre. Et je l’étais aussi. Non pas à cause de l’argent éventuellement perdu mais à cause du manque de moralité d’une partie de certains membres de sa famille. Ils ont balayé d’un revers de main tout ce qu’elle a fait pendant plus de 30 ans pour les aider financièrement.
Mais plus je vieillis, plus je crois au karma. Quand on fait le mal, on le paie d’une façon ou d’une autre.

Moralité de l’histoire :
Quand l’argent entre en jeu, il n’y a plus de moral, il n’y a plus de famille.

Dernière modification par Flairsou (20/01/2022 21h47)

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Favoris 1    4    #24 21/01/2022 19h59

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Chapitre 42 : la fierté d’un fils

Je n’ai jamais dit à ma mère que j’étais fier d’elle. Et je ne sais pas si je serai capable de lui dire de son vivant. Nous avons des relations complexes, fait de non dit. Je peux me fâcher très vite contre elle pendant quelques jours et lui reparler normalement quelques temps après sans vraiment m’excuser.
Nous avons tout les deux un caractère bouillant, ce qui n’aide pas forcément.
Tout ça est peut être lié à l’éducation maternelle que je n’ai pas reçu étant petit qui fait qu’en grandissant j’ai un caractère plutôt solitaire. Je ne suis pas du genre à exprimer mes sentiments en publique ou même en privé comme beaucoup d’asiatiques d’ailleurs.

Mais nos vies sont étroitement liées. Elle n’a pas vraiment connu une jeunesse facile à cause de la guerre et de la pauvreté. En devenant adulte, elle n’a pas connu les joies du célibat à cause de ma naissance à l’âge de 20 ans. En arrivant en France à 23 ans, elle a du s’assumer tout de suite car elle avait une famille à nourrir. Elle a dû apprendre l’école de la vie très tôt. Et ce qu’elle a fait de sa vie est admirable compte tenu de toutes ces contraintes de départ.

Je n’arriverai jamais à la cheville de ma mère malgré mes diplômes. Contrairement à elle, je n’ai jamais connu la faim quand j’étais enfant. Quand j’étais adolescent, je me rends compte aujourd’hui que j’étais vraiment gâté contrairement à mes camarades. Et ma mère m’a toujours soutenu malgré mes déboires personnels et financiers, même jusqu’à aujourd’hui. Je pense que son amour à mon égard est lié à nos existences étroitement liés mais aussi au choix irrévocable que j’avais fait lors du divorce de mes parents. Je reniais mon père pour défendre ma mère. Et elle le sait.

Sa réussite financière, elle l’a apprise d’elle même sans avoir besoin de lire un quelconque livre. Sa réussite, elle le doit surtout à beaucoup de bon sens et à son caractère affirmé. Les bons coups immobiliers qu’elle a pu réalisé n’est pas dû à une analyse quelconque mais principalement à de la chance qu’elle a su provoqué.

Si je dois établir les 4 clés de la réussite financière de ma mère, ce serait  :

1/ le travail
Elle n’a jamais cessé de travailler plus de 70 heures par semaine pendant plus de 30 ans. Elle était très peu malade.
Lorsqu’elle a vendu son restaurant en 2013, le repreneur qui avait mon âge se demandait comment elle a pu gérer toute seul le restaurant car il s’est rendu compte très vite de la charge énorme de travail.

2/ la rigueur
Elle avait peur des contrôles sanitaires et de l’inspection du travail. Elle en avait subi plusieurs pendant sa carrière. Du coup, elle était extrêmement rigoureuse sur l’hygiène, la propreté et le paiement de ses charges. Elle payait toujours en temps et en heure, les fournisseurs, les impôts, l’URSSAF. Certains des amis de ma mère restaurateurs qui savaient mieux parler, lire et écrire en français ont fait faillite car ils manquaient tout simplement de rigueur.

3/ la "radinerie"
Il faut être radin pour bien gérer une entreprise. Eviter de dépenser n’importe comment l’argent gagné. Elle faisait extrêmement attention au prix et à la quantité des matières premières dont elle avait besoin. Et puis quand vous travaillez 70 heures par semaine, vous n’avez tout simplement pas le temps de le dépenser. Pendant 30 ans elle avait très peu dépensé sur le budget loisir. elle partait au mieux une fois par an en vacance pendant un mois maximum.

4/ Le don
Ma mère a toujours donné à sa famille pendant plus de 30 ans pour les sortir de la misère. Elle a donné sans compter que ce soit dans les périodes fastes comme dans les périodes plus sombre (lors du divorce). Personne ne lui obligeait à donner. Et elle a donné que ce soit pour moi ou ma sœur sans compter. Elle a donné sans attendre quoi que ce soit en retour, mis à part peut être un peu d’amour. C’était normal et naturel pour elle.
Et je pense que celui qui nous gouverne tous d’en haut le voyait. C’est peut être pour ça qu’elle n’a jamais eu de grave maladie jusqu’à présent et c’est peut être aussi pour ça qu’elle n’a jamais eu de mauvaises fortunes immobilières ou financières. Ce que je raconte, c’est un peu du paranormal, mais j’y crois. Quand on fait le bien, il y a aussi un juste retour des choses même si c’est pas forcément immédiat et visible au premier abord.

Cette réussite financière a eu comme revers une vie personnelle plus chaotique.
Elle a connu quelques hommes après le divorce avec mon père mais aucun n’est resté dans sa vie. Elle avait des exigences fortes vis à vis des hommes et lorsque vous êtes une femme qui a réussi financièrement, vous attirez 2 types d’hommes : les gigolos ou les hommes faibles (ou en tout cas trop faible pour elle).
Même si le divorce était inévitable, je pense qu’elle a la nostalgie de la vie avec mon père. Mon père, malgré certains défauts, avait le caractère nécessaire pour vivre avec ma mère. Elle ne l’a pas retrouvé avec les autres hommes.

Quand vous faites le bilan d’une vie, ce n’est pas le nombre de million que vous accumulez qui est important, mais plutôt la façon dont vous l’avez vécu (avec droiture si possible) et dont vous avez contribué à aider votre prochain qui fait que vous avez eu une vie remplie ou pas. Ma mère a aidé plusieurs dizaines de personnes soit directement, soit indirectement. Les vies de nombreuses personnes dont la mienne auraient pu être totalement différente si elle avait fait un autre choix en 1978.
La vie de ma mère est d’une richesse fabuleuse fait de haut et de bas comme nous tous. Elle n’avait rien à sa naissance. Et lorsqu’elle est parti du Vietnam en 1978, elle avait juste 20 dollars et un enfant de 3 ans dans ses bras. Le chemin n’a pas été simple durant toute sa vie mais elle s’en est sorti dignement  et si il y a bien une personne qui mérite de se reposer aujourd’hui, c’est ma mère.

Je vais conclure par ces mots : Maman, je suis fier d’être votre fils ! Je vous aime !

PS :
C’était le dernier chapitre. Il va y avoir juste un épilogue. Merci de m’avoir lu. smile

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Favoris 1    6    #25 22/01/2022 10h55

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EPILOGUE

En ce mois d’août de l’an 2000, je me baladais en cyclo pousse dans les rues de Saigon. Les conducteurs de cyclo pousse se ressemblent tous. Il n’y a que des hommes qui pratiquent ce métier. Ils portent tous une casquette, ils sont fins, leurs visage et leurs corps sont brulés par le soleil. C’était un métier difficile. Les cyclo pousses nombreux dans les années 80 faisaient office de taxi pour les vietnamiens mais ils transportaient aussi des marchandises très lourdes. Avec l’évolution du mode de transport des vietnamiens qui privilégiaient de plus en plus les déplacements en motos, les cyclo pousses disparaissaient petit à petit du paysage vietnamien.
J’aime bien discuter avec les conducteurs pour passer le temps. En discutant avec mon conducteur, j’apprenais qu’il avait le même âge que moi. Il avait 25 ans tout comme moi mais il avait l’air d’avoir 10 ans de plus sur son visage. Il était marqué par la difficulté de son travail.

Je me souviens avoir eu cette réflexion à l’époque:
Que serais-je devenu si j’étais resté au Vietnam en 1978 ?
J’aurais pu être à la place de mon conducteur pédalant toute la journée pour essayer de gagner ma vie. Il ne faut pas grand chose pour qu’un destin bascule.
Ma mère n’aurait jamais été restauratrice avec grand-mère qui lui interdisait de cuisiner alors qu’elle avait un don extraordinaire. Elle aurait fait parti de ses millions de personnes qui n’ont pas pu accomplir leur véritable destinée.

Que serais devenu ma mère si elle avait refusé d’acheter la boutique de tante N ?
Elle serait certainement restée salariée toute sa vie. Mais je pense qu’elle serait quand même devenu propriétaire de sa maison avec mon père mais elle n’aurait jamais pu se construire un patrimoine financier comme aujourd’hui. Ses sœurs seraient certainement restés au Vietnam.

Que serions nous devenus si mes parents n’avaient jamais divorcé ?
Nous serions peut-être aujourd’hui extrêmement riche de plusieurs millions d’euros entre les investissement immobiliers qu’ils ont commencé à faire au Vietnam et en France. Et mon père qui s’intéressaient à la bourse dans les années 90. J’en suis certain.
Mais peut-être qu’avec cette richesse familiale, je serai devenu un enfant pourri gâté, fainéant, drogué attendant juste l’héritage familial pour le dilapider au poker.

A vrai dire, toutes ces questions sont futiles et inutiles. On ne peut pas modifier son passé, ni présager de ce qui serait passé si ce passé aurait été différent.

L’expérience de ma mère m’a appris une chose.
Rien est écrit dans la vie. On peut être né pauvre dans un pays en guerre et finir rentière dans un pays étranger sans maitriser la langue. 
On a tous nos moments de gloires et de difficultés.
C’est la manière dont on réagit que ce soit dans la gloire ou dans la difficulté qui forge notre caractère.
La gloire apporte finalement peu de chose mise à part flatter son égo et attirer les convoitises. Rester humble dans la gloire, c’est faire preuve de noblesse d’esprit.
La véritable richesse, c’est dans la difficulté qu’on la trouve.
Il y a 2 façons de faire face aux difficultés : soit on abandonne, soit on trouve les moyens de les surmonter.  Surmonter les difficultés nous obligent à sortir de notre zone de confort et à assumer nos décisions. Chaque décision amène à un renoncement, mais aussi à un choix de direction. Nous dirigeons notre destinée par nos décisions.
Nous sommes seuls maître de nos décisions.

Dernière modification par Flairsou (22/01/2022 13h32)

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