#76 25/12/2018 11h01
- Ours
- Membre (2017)
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Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
Je souhaite, bien entendu, que vous ayez raison.
Vos arguments, que j’ai également considérés avec intérêt, ne me permettent pas non plus d’être entièrement convaincu, pour les raisons suivantes :
GillesDeNantes a écrit :
Je ne pense sincèrement pas qu’il y ait lieu de donner plus de sens à cette page 49 qu’elle n’en a quand on la prend au premier degré : c’est un encadré sur une mesure qui a été et est sérieusement envisagée par une poignée d’économistes. Sauf à imaginer une immense collusion entre divers puissants de ce monde, je ne pense pas que l’administration fiscale française (en 2013, celle de Moscovici) ait raisonnablement pu suggérer à des économistes distingués du FMI de faire passer un message. Et pas plus celle d’hypothétiques commanditaires plus haut placés, qui manipuleraient simultanément FMI et autorités budgétaires de diverses grandes nations.
Les limites de mes connaissances ne me permettent pas d’émettre un avis éclairé sur le poids de l’administration fiscale française ou celui des lobbies financiers internationaux sur les décisions du FMI.
Indépendamment de cela, cependant, la publication de cette page 49 me paraît au contraire être assez significative. Car le FMI ne pouvait méconnaître la probabilité de voir cette présentation interprétée de manière alarmiste par certains observateurs (l’analyse du Figaro et celle, moins prudente, du Huffington Post, en offrent d’ailleurs un parfait exemple). Or, avant la publication de tout document de ce type, les instances se montrent d’ordinaire particulièrement prudentes quant aux choix des propos et de la manière dont ils sont formulés, précisément pour éviter qu’ils ne donnent lieu à des polémiques ou à des spéculations indésirables.
Je n’affirme pas qu’il se soit agi d’un ballon d’essai ou d’une démarche destinée à influencer directement les gouvernements des pays européens, et je ne pense pas que le FMI se soit attendu à un effet immédiat de sa publication. Je continue à penser, en revanche, que celle-ci devait contribuer à préparer les esprits à l’emploi de mesures "non conventionnelles" en cas d’aggravation ou de récurrence de la crise.
GillesDeNantes a écrit :
Le fait que rien ne se soit passé en cinq ans apporte de l’eau à mon moulin.
En occident, les cinq années écoulées ont constitué une période de relative accalmie sur le plan économique. Les problèmes de fond n’étaient pas résolus, loin s’en faut, mais ils n’occupaient plus le devant de la scène. En 2013, en revanche, le souvenir de la crise de l’euro était encore bien vif. Or, il n’est pas exclu que le prochain retournement de cycle – si toutefois l’on accepte la validité de ce modèle – conduise à une situation comparable à celle qui a prévalu alors.
GillesDeNantes a écrit :
Enfin, c’est le second point, la suggestion (très évasivement) mentionnée sur ce rapport est celle d’une taxation "one shot" du capital, dans sa totalité. Pas une taxation spécifique des avoirs bancaires. Il ne s’agit pas d’un rapport sur la sauvegarde du système bancaire (c’était bien cela la problématique chypriote), mais sur les perspectives globales d’évolution de la fiscalité et des réformes souhaitables. Les réflexions sur les risques de ponction sur les comptes de dépôt sont assez déconnectées de la lettre du document du FMI.
Précisément.
Mon message initial, maladroitement étayé, avait pour but de souligner le fait que l’accumulation de l’épargne, notamment en France, amène plus que jamais certains observateurs à prendre conscience du fait que le principe de la taxation du capital est éminemment applicable aux avoirs bancaires.
Or, de même que la ponction des comptes de dépôt n’est plus aujourd’hui un sujet tabou lorsqu’il s’agit de sauvegarder le système bancaire – ce que montre le cas chypriote –, les exemples allemands et japonais rappellent aussi qu’ils permettent avant tout de résorber la dette des États.
Il est, bien sûr, plus facile et moins risqué de pratiquer ce type d’opération lorsqu’elle est ordonnée par un pouvoir extérieur, comme ce fut le cas au Japon après la seconde guerre mondiale. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’idée du prélèvement ponctuel sur le capital est fortement controversée.
C’est pourquoi je suis frappé par le fait que le document du FMI présente la mesure sous un jour résolument positif, malgré l’apparente neutralité de la formule introductrice : "The sharp deterioration of the public finances in many countries has revived interest in a ’capital levy’" et la tonalité peu directive du document considéré dans sa globalité.
Dernière modification par Ours (25/12/2018 19h17)
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